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ligueurs commandés par Mayenne , en 1 59®*.
de livrer'cette bataille décifive, ce grand prince dit
à Tes foldats ce peu de paroles, qui valent bien les
longues harangues des généraux de Tite-Live : « Si
» vous perdez vos enfeignes, ne perdez pas de vue
„ mon panache blanc ; vous le trouverez toujours
» au chemin de l’honneur & de la vi&oire ». Penfée
que le chantre immortel de Henri IV a fi bien rendue.
Vous eus nés François & je fuis votre roi, ... ;
Voilà nos ennemis, marche[ & Juivs^ - moi :
Ne perde^ point de vue, au fort de la tempete ,
Ce panache éclatant qui floue fur ma tête ;
Vous le verrez toujours au chemin de lhonneur.
(Ch . VIII.)
Le commerce d'Ivry eft en cuir : il y a de riches
tanneurs ; une manufacture de peignes eh fournit
Paris & la Normandie. Près d'Ivry eft le bourg de
la Couture, l’endroit de France oh l’on fait les meilleurs
hautbois, flûtes allemandes 6c autres inftru-
mens de cette efpece. Moreri. Ed. tyâg. ( G. )
Iv r y -sur-Seine, près de Paris, (Géogr. Phyf.)
Le 23 juin 1768, un remouleur repaffoit, dans ce
village, des uftenciles de cuifine à l’entree d une
grande cour: à la quatrième piece la meule faute en
l’air toute en feu , fe partage en mille éclats avec
explofion 6c bruit violent; un- des éclats, pefant
trois livres, paffe par deffus le bâtiment, élevé de
quarante pieds, & va tomber dix-huit toifes au-delà
dans le jardin, où il caffe une branche de tilleul par fa
chiite ; une partie de la meule étoit réduite en pouf-
fiere furie pave de la cour, fans accident. Le remouleur
a affuré que la même chofe lui étoit déjà arrivée
en une autre occafion. Voye%_ Journal de Verdun, août-
i j€ 8. Voilà un fait qui mérite l’attention des Phyfi-
ciens, 6c c’eft pour cela que nous en faifons mention.
wmJ
USTE, ( Mujîa.) ce mot. eft auffi quelquefois
adverbe en Mu fi que ; chanter jufte, jouer jufte. (S j
* § J u s t e , f. m. ( Couturière. ) Nous ajouterons à
cet article du JD ici. raif. des Sciences, 6cc. quelques
détails qui concernent la conftruâion de cet habit des
femmes de la campagne , 6c que nous tirons de P Art
de la Couturière, par M. de Garfault.
Pour un jufte. il faut deux aunes d’une étoffe de
deux tiers.de large. Il fe taille à-peu-près comme,
une vefte d’homme. Voye£ T a i l l e u r d ’h a b i t s ,
dans ce Suppl. Laftg. '/2, art de la Couturière, dans ce
Suppl, montre les deux devans, & la ftg. 13.les deux
derrières. Le jufte n’a aucun pli, fes bafques ne s’af-
femblent point, on ne coud le derrière & les côtés
que jufqu’aux tailles : les bufques tant par devant
que par derrière, finiffent en pointe plus alongée
par les côtés ; quelquefois aiiffi les bafques font
toutes égales, 6c le jufte le termine par derrière
comme un manteau-de-lit : c’eft affezla coutume des
Servantes .dans les villes.
On affemble, on pofe la doublure, on la glace,
&c. comme à tous les autres habillemens que tra-
.vàille la couturière. Voye% C o u t u r i è r e , dans ce
Suppl. On borde tout le tour Aw jufte haut 6c bas,
& toutes les bafques, d’un ruban de foie, & on
attache des cordons ou des rubans de fil par devant
pour le nouer, à moins qu’il ne doive fe lacer, auquel
cas on fait un rang d’oeillets à'chaque bord du
devant , comme à un corfet, pour paffer le lacet. Il
y a des juftes qui fe lacent par derrière.
On coud les manches, il y en a qui font toutes
Amples, 6c vont jufqu’au coude ; il y en a qui font un
peu plus courtes, & auxquels on ajoute un parement
pliffé, à-peu-près comme au mantçau-de-lit. Foye^
Ma n t e a u - d e - l i t , dans ce Supplément.
La vignette de la planche de L'art de la Couturière ,
J U S
Supplément, fait v o i r , en C , une fervante en jufte
dont les bafques font égales.
JU ST IN , ( Hift. des Empereurs. ) né dans un v illage
d e la T h r a c e , fu t , comme fo n p e r e , gardien de
pourceaux 6c enfuite de boeufs, il quitta ces fondions
abje&és pour fe faire charpentier : ennuyé de ce nouv
el é ta t, il s’enrôla dans la milice , où s’étant diftin-
gué par fon courage 6c fa capacité il paffa par tous
les dégrés avant de parvenir à l’empire. C e fut plutôt
par fon adreffe que par fon mérite qu’il s’en fraya le
chemin. Un eunuque l’ayant fait dépofitaire d’une
fomme confidérable pour gagner les fuffrages de
l’armée en faveur de Théoc r itien , il s?en fervit pour
fe faire élire ; dès qu’il fut monté fur le trône, il fit
oublier fa naiffance, 6c quoique fon éducation eût
‘été celle d’un barbare, il fembla qu’il étoit né fur la
pourpre. Les impôts furent adoucis ; les loix furent
réformées, 6c les abus furent corrigés ; il parut perfua-
dé que pour être heureux, il falloit fa voir en faire. Les
déferts étoient peuplés d'exilés qui avoient fouffert
pour la foi. Les Ariens, jufqu’alors perfécuteurs,
furent perfécutés à leur tour ; la pro ted ion qu’il
accorda aux ortodoxes leur devint funefte. T héodoric
crut devoir ufer de repréfailles, & l’Occident dont
il régloit le deftin, fut expofé aux perfécutions de
l’ennemi des partifans de la Divinité de Jéfus-Chrift.
Juftin aimé de fes fu je ts, 6c fur - to u t , des ortodox
e s , mourut en 5 1 4 , après avo ir nommé Juftinien,
fils de fa foe u r , pour lui fuccéder. Son régné fut heureux
, mais il ne gouverna l’empire que pendant neuf
ans.
J u s t in I I , furnommé le jeun e, fils de la fille de
Juftinien lui fuccéda à l’empire (l’Orient. Les premiers
jours de fon régné furent fouillés par le meurtre
de fon plus proche parent, qu’il fit étrangler dans-fon
palais, parce qu’il avo it des droits à-l’empire ; il fe
fit apporter fa tête qu’il eut l’indignité de fouler aux
pieds. Juftin trop borné pour gouverner un grand
état en abandonna les rênes.à fa femme Sophie.. Il
fit une paix glorieufe av e c les P er fes , 6c le tribut que
fes prédéceffeurs avoient eu la baffeffe de payer aux
Perfes fut aboli : Narfès, qui avoit le commandement
des armées, remporta fur les Goths une v iâ o ir e qui
lui mérita le gouvernement d’Italie. L’impératrice,
qui haïffoit ce grand capitaine parce qu’il étoit eunuque
, écouta les. envieux de fa gloire qui l’accu-
ferent d’avo ir abufé de fon pouvoir dans fon gouvernement.
Sophie rappella Narfès à Conftantinople', 6c
joignant l’infulte à la difgrace, elle lui manda qu’il
n’étoit propre qu’à manier des fufeaux. C e guerrier
offenfé d’une raillerie qui lui rappelloit fa mutilation ,
lui manda qu’il alloit lui ourdir une fuféè qu’e lle
auroit bien de la peine à démêler. Les Lombards v e -
noient d’envahir la Pannonie, ce fut par fes confeils
qu’ils firent une invafion dans l’Italie , dont il leur
facilita l’ entrée. Ils y fondèrent un empire qui fub-
fifta 204 ans, depuis Aboin jufqu’à Didier qui en fut
le dernier roi. Les Perfes ravagèrent en même tems
les provinces de l’O rient; Juftin, après avoir perdu
Narfès, n’avoit plus de général à leur oppofer, il
étoit fujet à des accès de frénéfie qui ne lui laiffoient
que quelques intervalles de raifon. Il mourut d’un
mal de pied l’onzieme année de fon régné, l ’an 571
de J é fu s -C h r if t . (T—N .)
JUST IN IEN , ( Hiftoire des empereurs. ) fils de la
foeur de'Juftin l’ancien, monta fur le trône d’Orient
après la mort de fon oncle. Il étoit né dans un village
de là Dardanie de pàreris obfcurs , qui vivoient du
travail de leurs mains. Quoiqu’il paroiffe que Juftin
l ’avoit défigné fon fucceffeur, quelques-uns lui reprochent
de n’être monté fur le trône que par l’affaf-
iinat de Vitellien q u i , fous lé dernier ré gn é , avoir
joui de toute l’au to r ité , dont il pouvoit abufer pour
envahir l ’empire. Il eut d’habiles gén érau x, 6c fur
l
g
J U s
tout Bélifaire 8c N arfès , qui le firent triompher en
Orient & dans l’Italie. Le premier fignala la valeur
contre les Perfes, dont il fit un grand carnage dans
plufieurs combats. Il les força de repaffer l’Euphrate,
6c de fe refferrer dans leurs poffeffions. Bélifaire,
pacificateur de l’O r ien t, entra dans Conftantinople
avec les honneurs du triomphe. C e grand capitaine
fut enfuite employé contre les Goths , qu’il chaffà
de Rome dont i l s . s’étoient emparés. Et après
avo ir détruit leur domination dans l’Italie, il paffa
en Afrique contre les Vandales * qui furent prefque
tous exterminés. Gélimer , qu’il fit prifonnier, ferv
it d’ornement à fon triomphe. Tandis que Bélifaire
rétabliffoit le calme dans la Mauritanie, Narfès, autre
général de Juftinien, exterminoit les reftes des Goths
épars dans l’ Italie. Juftinien, par-tout triomphant par
la valeur de fes généraux , vou lut encore être le
légiflateur de l’empire. Les loix- étoient alors fans
fo rce & fans vigueur , parce qu’elles étoient ignorées.
D ix jurîfconfultes furent chargés de les tirer
de la confufion où elles étoient tombées , 6c ce fut
le favant Trébonien qui préfida à leur travail. T andis
que l’empire triomphoit par les armes d’habiles
g én érau x, & que l ’o rdre étoit rétabli par la fageffe
des lo i x , Juftinien, fans génie 6c fans moeurs, fe fai-
fo it détefter par fes vices. Il prit pour femme Théo-
dora , qui avo it monté fur le th é â tre , & qui s’étoit
rendue moins célébré par fes talens que par fes pro-
ftitutions. Sa nouvelle grandeur ne la rendit pas plus
réfervée. Son mari dominé par e lle , lui abandonna
le foin de l’ empiré. Les peuples affervis aux caprices
de cette courtifanne, murmurèrent fans ofer être
rébelles. Les provinces gémirent fous le poids des
impôts. Juftinien devenu avare en vieilliffant, accré-'
dita les accufateurs qui fuppoferent beaucoup de
coupables pour multiplier les confifcations. Il fe
mêla des conteftations qui déchiroient le fein de
l’E g life , 6c s’étant laiffé infeéter des erreurs d’Eu-
t ic h e s , il perfécuta les o rth od o xes , qui n’ ont pas
ménagé fa mémoire. Il favoit qu’il étoit déte fté , 6c
cette id é e , au lieu de le corrig e r, le rendit plus cruel.
Les papes Anaftafe, Silveftre 6c V ig i le , ne purent
apprivoifer ce monftre farouche, dont ils effuyerent
la perfécution. Juftinien environné d’ennemis 6c de
mécontens , mourut chargé de la haine publique à
l’âge de qüatre-vingt-deux an s , il en avoit régné
trente-deux. C e fut dans fon fiecle que l’ufage de la
foie paffa de la Perfe dans la Grece.
J u s t in i e n I I , furnommé le jeune , étoit fils de
Conftantin P o g o n a t, dont il fut le fucceffeur à l ’empire
d’Orient en 68 ç. Il n’avoit que feize ans lorf-
qu’il parvint à l ’empire. Son début fut marqué par
des y iô o ir e s , dont il fouilla l’ éclat par les cruautés
qu’il e xerça contre lés freres dont il fit couper le
nez , afin qu’ë n îe s défigurant ils fuffent jugés indignes
de gouverner. Les Sarrafins vaincus furent
obligés de lui reftituer plufieurs provinces : il ne
leur accorda la paix qu’à des conditions humiliantes
pour eux. Tandis qu’il triomphoit au-dehors , l’intérieur
de l’empire é toit en proie à fes cruautés. Importuné
des plaintes de fes fujets opprimés, il ordonna
à l’eunuque Etienne , fon fa v o r i, de mettre le
feu à Conftantinople, & d’enfevelir fous les flammes
en une feule nuit tous les habitans de cette ville
immenfe. C e t ordre barbare fut découvert 6c prévenu
, le peuple fe révolta contre c e nouveau Néron
, 6c Léonce fut proclamé empereur, il fit couper
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le nez à Juftinien, qui fut relégué dans la Cherfon-
nefe , où il languit pendant fept ans. T rébé lliu s, roi
des Bulgares , pour entretenir les divifions de l’empire
, le tira de fa retraite pour le rétablir fur le
trône : fes fautes 6c fes malheurs ne le rendirent ni
plus humain , ni plus fage ; il né goûta le plaifir de
fon rétabliffement que par celui de la vengeance.
Léonce 6c T ibe re Abfimare, qui avoient occupé le
trône pendant le tems de fa dégradation , expirèrent
dans la to rtu r e , & leurs partifans eurent les y e u x
crevés. Toutes les fois qu’il fe mouchoit, il pronon-
çoit un arrêt contre un de ceux qui avoient adhéré
au parti de fes deux rivaux. Quoiqu’il eût juré la
paix avec les Arabes 6c les Bulgares , il leur déclara
la guerre ; mais fes mauvais fuccès le firent repentir
d’av o ir v io lé la foi des traités. 11 fut plus heureux
contre les Sarrafins qu’il força d’abandonner l’Afrique.
Ilfepréparoità ravager la Cherfonnefe, lorfquil
fut affaffmé avec fon fils T ibere par Philippique Bar-
dane , qu’il avo it condamné à l’exil. C e mauvais
prince s’érigea en théologien : il convoqua des conciles
où fes décifions devinrent des- décrets. Les
papes s’oppoferent à cet abus ; mais il avoit la force
en main. C e fu tken 7 1 1 que l ’empire fut délivré de
ce prince devenu le fléatr-du genre humain. Ses mi-
niftres, auffi avares 6c auffi cruels que lu i , attentèrent
à la vie 6c au droit de propi iété des citoyens les
plus riches & les plus vertueux. Ils furent tous enveloppés
dans la ruine de leur indigne ma ître , qui les
avo it fait fervir à l’exécution de fes crimes. Juftinien
I l fut le dernier de la famille d’Héraclius. ( 7’— N .j
JU V IG N I , (Géogr. Antiquités.j village du Soif-
fonno is, à deux lieqes de Soiffons : on voit dans le
c im etie re , & fur une petite place publique, deux
colonnes milliaires, dont les infcriptions font prefque
entièrement effacées. V o ic i ce qui en refte :
R . . . . r i . . . i m i a .
P . . . . VIAS.
M. ABSARIIS M. V IL
AB AUG .
Sur la fé c o n d é ,
M. P. GA. T I .
SEVERO PIO PERTI. AUG .
A R A B ICO . . . . B. POETHICO
MA . . . . I I I . P. I. M. AURELIO
C O . . . . PROC. IC O . . . . L E . . . . '
La première préfente une fingularité remarquable
en indiquant la diftance par milles, centre l’ufage des
Gaulois. Le nom de l’empereur Sévere qui fe trouve
dans la fé con d é , nous apprend le tems auquel cette
colonne fut placée fur la route de Soiffons à Con-
drain , Contraginum , ancien château des Romains.
Sévere régnoit fur la fin du fécond fiecle. Voyez
antiquités de Soiffons , t. /. l y y i , p. 13S. (C .)
I Z
IZIUM , ( Géogr. ) ville de la Ruffie en Europe i
dans le gouvernement de B elg oro d , l’un des méridionaux
de cet empire : elle eft fituée fur la riviere
de D o n e z , & elle préfide à un diftriâ qui comprend
divers autres lieux peu confidérables, 6c tous habités
de Cofaques. ( D . G . )