réduit à la finim repos ,,fans (ecouffe, fans brufque
féfi fiance, en évitant tout choc capable d ébranler
l’obllacle qu’on lui oppofe. On flatte auffi un che-
val fougueux qui s’emporte, non en lui oppofant
brutalement un mords contre lequel il fe revolte-
roit toujours davantage, mais en paroiffant.ceder un
peu à la fantaifie, & en ralentiffant & détournant
infenfiblement fa courfe par un mouvement des rênes,
qui n’ait rien pour lui de douloureux, & qui
femble accompagner & aider fes mouvemens, tout
en les dirigeant avec délicateffe ; on le flatte auffi de
la main & de la voix par des careffes qui lui plaifent,
& par un fon de voix qui n’annonce rien de contrariant,
mais qui l’encourage, l’adôuciffe, & lui inf-
pire de la confiance.
C ’eft dans un fens à-peu-près femblable que 1 on
emploie le mot flatter 9 en y joignant quelque rapport
au moral, lorfque l’on dit qu’il faut flatter les
fots, les furieux , les personnes emportées par un
accès violent de colere. Ici le phyfique & le moral
fe réunifient, & leur aétion a tant d’analogie, que
les mêmes termes fervent à exprimer 1 une & 1 autre.
On fegarde bien, avec ces gens-là, d’oppofer
ni force de corps direfte, lorfqu’on n’eft pas lur de
vaincre leurs efforts par une force très-fupérieure,
ni contradiction marquée dans les idées, les raifons
& les confidérations ou les confeils qu’on emploie,
auprès d’eux ; on fait au contraire femblant de vouloir
les aider , on paroît approuver leurs deffeins ,
on loue leurs réfolutions, mais on a foin de leur offrir
de nouveaux motifs auxquels ils n avoient pas
penfé, & qui peuvent les engager à fe laifler conduire
un peu différemment; on paroît prendre un
v i f intérêt à ce qui les touche, avoir une grande ef-
time pour leur fageffe, leur être tout dévoué : par-
là on gagne leur confiance, ils nous regardent comme
leurs amis, ils nous laiffent faire à notre g ré , ils
nous aident eux-mêmes , fans s’en défier, à réuffir
dans le deffein oit nous fommes de nous les affujet-
tir, & d’exécuter par eux & fur eux toute autre
chofe que ce qu’ils avoient d’abord dans 1 ame.
C’eft dans le même fens qu’un homme galant,
qui connoît la paflion qu’une femme a naturellement
pour la gloire d’être préférée à toutes fes femblables,
fe garde bien de louer en fa prefence ou a fon pre-
juaxee d’autres femmes, quelque fuperieures qu elles
lui foient, ou de blâmer en elle des défauts que
fincérement il devroit y reprendre : il l’irrïteroit par
cette conduite mal-adroite, il choqueroit fon amour-
propre ; cette paflion décidée s’efforceroit de ren-
verfer i’obftacle qu’on lui oppofe, blanchifoit d’écume
cette digue imprudemment élevée, & enfin,
au lieu de la confiance que le galant vouloit infpirer,
il ne s’attireroit que la haine la plus violente, & au
lieu des fuccès qu’il efpéroit d’obtenir, il fe verra
chaffé comme un objet odieux & detefte : au lieu
que flattant adroitement fa vanité, louant tout ce
qui eft en elle, même fes vices, faifant femblant
d’y voir des perfections qui lui manquent, rabaiffant
par fes fatyres toutes les autres femmes, celle-cîle
regarde comme un homme intéreflant pour fa gloire,
cfleniielà fon bonheur, digne de toute la.confiance,
en faveur de qui elle ne peut rien faire de trop pour
le récompenfer du plaifir qu’elle goûte à contempler
le mérite dont il lui a fait croire qu’elle étoit
douée.
Le courtifan, plus adroit encore, parce qu’il a à
ménager des intérêts plus confidérables auprès des
grands & des princes, les regardant comme des animaux
terribles, auxquels il feroit dangereux de s’op-
pofer directement, & de réiifter, les traitant comme
les eaux fougueufes d’un torrent, ou comme les flots
delà mer en furie dont on a tout à craindre, ou comme
des infenfés que la fureur transporte, ou comme
un cheval v if fujet à s’emporter, dont on difpofe
quand on fait l’aflujettir au frein , dont on tire les
plus grands fervices lorfqu’on fait le conduire jivec
douceur, fe fait un art de la flatterie : à celui dont
il veut captiver la faveur, il dérobe la vue de tout
ce qui pourroit lui déplaire ; il n’offre à fes regards
que des objets agréables qui l’affeCfent délicieufe-
ment. Or rien ne déplaît plus à un grand que la vue
de fes défauts qui, à fes propres y e u x , le rabaifi
fent au-deffous de ceux à qui il commande ou veut
commander : on 1 ç flatte donc en Pempêchtint d’ap-
perce voir fes propres imperfections, on lui perfuade
qu’il en eft exempt ; dominant ou voulant dominer,
il feroit bien aife de juftifier dans fon propre efpric
l’ufage de fon autorité, & d’en établir le droit incon-
teftable fur une fupériorité de mérite naturelle & a c -
quife, au-deflîis de tous ceux qu’il vent voir fournis
à fes ordres. C ’eft ici un nouveau torrent que l’adroit
courtifan fait flatter ; il loue dans un grand dont il
brigue la faveur & la confiance, & les qualités qu’il
a , & les vertus qu’il n’a pas, mais qu'il de vroit avoir;
il applaudit à toutes fes aCtions , quelles qu’elles
foient : toutes fes prétentions font jüftes, toutes fes
entreprifes légitimes j tous fes projets poflibles & glorieux.
A-t-il des défauts, on les imite; a-t-il des
goûts mauvais, on les adopte ; fait-il des fautes, chacun
s’empreffe à les juftifier & à les faire envifager
comme des démarches convenables & dignes d’éloges.
Les grands, peu fàtisfaits des avantages de leur
puiffance, recherchent encore ceux de l’eftime , &
l’on fent bientôt qu’ils font redoutables , fi on ne
leur fait pas fentir qu’on croit qu’ils méritent d’être
eftimés. Us ont en main les châtimens & les récom-
penfes, dont ils difpofent au gré de leur volonté;on
ne fe fie pas aflez à leur bon fens, pour croire que
d’eux-mêmes ils fuivront les- confeils de la raifoti
dans leurs diftributions ; on n’a pas aflez bonne opinion
de leur jugement pour fe promettre qu’en ne
confultant que lui, ils préféreront toujours le plus
grand mérite; plusfouvent encore,un courtifan qui
fent le peu qu’il en a réellement, & par-là même
qu’il ne doit pas efpérer des preuves d’eftime d’un
prince qui connoîtroitfon peu de valeur, s’efforcera
de paroître aux yeux de fon maître mieux inftruit
qu’un autre de fa mpériorité, & plus fenfible à fon
mérite ; par-là il fe rend agréable; & s’il ne fe fait
eftimer, il trouve, en flattant, lë moyen de plaire, qui
eft le plus fûr de tous pour gagner la>confiance & obtenir
des témoignages d’affeCtion. Moins le prince
aura de pénétration & de lumières, plus aifément
on le conduira, plus facilement on l’induira en erreur,
& on le préviendra. Or le vrai'moyen d’empêcher
un homme de fe perfectionner, d’acquérir
des connoiffances & du mérite, & de parvenir àune
capacité néceflaire à fon rang, mais redoutable aux
mauvais fujets qui l’environnent, c’eft de lui per-
fuader qu’il eft parfait, que fon mérite eft fupérieur
à celui de tous fes fujets; que fon goût, fon jugement,
fes volontés, font la réglé du v ra i, du bon»
du convenable: & quelle obligation n’a pas un prince
, un grand feigneur, une femme coquette, en général
un homme, à celui qui lui perfuade une pen-
fée fi flatteufe ? Ainfi flatter les hommes , c’eft les
conduire où l’on veut par l’attrait du plaifir qu’ils
goûtent en les repréfentant à eux-mêmes comme
ayant toutes les perfections qui leur manquent, &
comme exempts de tous les défauts qui les rendent
méfeftimables ; c’eft fe rendre par-là maître de leurs
mouvemens, de leurs volontés, de leurs goûts, de
leurs réfolutions. Si on y fait bien attention , on'
trouvera la plus entiers analogie entre le fens propre
& phyfique & le fens figuré & moral du mot
flatter. Cette analogie e#-elle bien honorable pour
ceux qùei’on flatte, U pour les flatteurs? & peutelle
mettre la flatterie en honneur? ( G . M. )
§ FU A V IG N Y , (Géogr.}Flavia Æduorum^ Flavinia-
cum, petite ville de l’A u x o is , en Bourgogne , près
d e Sainte-Reine, à trois lieues de Semu r(non cinq,
comme dit le Dictionnaire raif. des Sciences, & c . ) ,
quatre de Monb ard, dix de Dijon (non i z ) , avec
une abbaye de bénédictins fondée au v n e fiecle par
V a r e y , grand feigneur Bourguignon.
C ’eft la patrie de Nicolas de Flavigny, doyen de
Langres,a rch ev êque de Befançon; de Quentin Me-
n a rd , auffi archevêque de Befançon , fondateur du
mépart deFlavigny , mort en 1462; des deux C ou r
ie r , 1 un evêque d’Amiens, l’autre archevêque de
R e im s ; d’Hubert Maillard, bénédictin vifiteur de
fon o rd re , & très-eftimé pour la fcience & fa vertu,
mort en 17 10 à Flavigny. Hugues de Flavigny, auteur
de la Chronique, continuée jufqu’en 1 10 2 , étoit
de la maifon Impériale, petit-fils d’Otton III; Jean
B a rbu o t, médecin, qui a donné une Dijfertationfur
les eaux de Sainte-Reine, eft mort en 1664.
Les reliques de Sainte-Reine, du tems des Normands,
furent transférées à Flavigny en 864.
Remarquons que Flavigny, renommé pour fes ex*
cellens ams, fut la première v ille de Bourgogne qui
fe déclara pour Henri IV durant les troubles de relig
io n ; c eft la feu le , a v e cS em u r , Saulieu & Saint-
Jean-de-Lone, qui ne fut point infeftée du poifonde
la ligue : le parlement royalifte s’y retira en 1 «81.
(C )
§ F LE CH E , (Art militaire, Armes.} L afléché eft
une arme fort con nu e, compofée d’une verge &
d un fer pointu au b o u t, qui fe lance a v e c l’arc ou
a v e c 1 arbalète. Il y en avoit dediv erfes fortes chez
le s François , chez les Romains & chez les autres nations;
mais je n’en ferai remarquer que de deux ef-
peces qui ont un nom particulier dans les hiftoires
de France. La première eft celle qu’on appelle quar-
reau ou garra, fig. Q 9 pl. I , art milit. armes & machinesdans
ce Suppl, en latin, quadrellus, quarellus9
quadrillas, quadruno. Qn l’appelloit ainfi , parce
que le fer en étoit quarré. Les quarreaux étoient
empennes, & quelquefois empennés d’a ira in , les
autres fléchés étoient jettées av e c l ’a r c , & les quarreaux
avec la ballifte ou l’arbalête. Il y avoit de ces
•quarreaux fort grands, & ceux-là étoient lancés par
les balliftes; il y en avo it de plus petits^ & ceux-ci
«toient. tirés avec l’arbalêre.
L’autre e fpe ced e fléché s’appelloit vireton,flg. R ;
il en eft fouvent fait mention, & entr’autres, l ’au-
teur de l'Hifloire de Charles VI en parle au fujet d’un
i a u 1 onn® * Melun par les Allemands de l’armée
<1 An gleterre, où ils furent repoufles. L e nom devi-
rtton, par fon étymo lo gie , pouvoit convenir à toutes
tortes des fléchés empennées, parce qu’elles vi-
roient ou tournoient en l ’air ; mais onTa vo it fpé-
cialement attaché aux plus grandes. On trouve enc
o re dans quelques cabinets de curieux des fléchés
dont on fe fervoit autrefois en France ; la plupart
font toutes unies, & n’ont qu’un fimple fer pointu,
lequel dans les unes eft quarré, dans les autres arrond
i , dans d autres plat & triangulaire; mais il y en
av o it d autres, où l’on avoit plusrafiné pour la figure
du fe r , afin de rendre les. bleflures plus dangereufes.
L a feiile infpeétion de la planche / , art militaire, armes
6* machines dans ce Supplément, fera connoître
les différens fers des fléchés, fans autres commentaires.
Il y avo it des fléchés dont le manche étoit inféré
dans le fe r , & d’autres dont le fer étoit inféré dans
le fuft; le fer de quelques-unes tenoit fortement au
*uf t , y étant cloué ou inféré à force ; & dans quelques
autres, le fer tenoit peu au manche, afin qu’il
demeurât dans le corps de celui qui étoit ble ffé , ce
qui ren doit la plaie très,-dangereufe. Le fer de quel-
lome I I I , ^
ques-unes étoit de la longueur de trois doigts , &
moins grand dans les autres : on fe régloit pour la
longueur fur celle de l’arbalête , qui étoit tantôt
plus longue, tantôt plus courte. (F ’.}
Les fléchés empoifonnées font malheureufement
de la plus haute antiquité; ce fatal fecreta par-tout
précédé l’ufage du fer ; c’étoit pour repouffer les
bêtes feroces, à quoi les pierres, les dents, les cornes
& les arrêtes ne fuffifoient pas. Bientôt après les
fauvages les employèrent dans leurs guerres nationales:
les Gaulois nen ont jamais fait d’ufage que
pour la chaffe. Le fuc le plus dangereux dont les
Américains fe fervent, eft celui du mancanilier ou
mancenillier, qui croît dans 111e de Saint-Jean ou de
Porto-Rico, à la hauteur d’un grand noyer; quand
la feve les fait tranfpirer, on incife le tronc, on reçoit
cette feve dans des coquilles au pied de l’arbre,'
on y trempe la pointe des fléchés 9 qui acquierentpar-
là la propriété de donner la mort la plus prompte.
On a vu qu’au bout d’un fiecle & demi l’aftivité du
poifon s étoit confervée : les Efpagnols, dans leurs
guerres contre les Caraïbes, ont cherché en vain des
contre-poifons pour fe garantir de ces traits : un enfant
fauvage l’indiqua enfin : c’eft d’avaler quelques
pincées de fel, ou, à fon défaut, de boire trois
, ou quatre gobelets d’eau de mer, ou du fucre de
cannes.
La pianeou le curare eft un autre végétal qui fournit
aux Américains méridionaux le venin de leurs armes
; l’arbre nomme ahouai-guacu eft auffi venimeux.
On trouve dans la plupart des îles de l’océan Indien,
& le long des côtes de l’Arabie jufqu’à la Chine, l’u-
fage des armes empoifonnées. Dans la prefqu’île du
Gange, à Malaca, au Pegu, à Java, à Sumatra, on
fe fert des crics & des canjaxes , poignards dangereux
, empoifonnés jufqu’à la moitié de la lame.
^ Ceux de Java plongent.leurs traits dans le venin du
Iéfard geuho, dont le contre-poifon eft la racine du
faffrand’Itierra.
Les infulaires de Macaffar ont le plus horrible fe-
cret pour empoifonner leurs petites fléchés à fârba-
canes, d un miel brûlant qui coule d’un arbre ; les
fauvages de Surinam, colonie Hollandoife, au fixie-
me dégré de latitude, empoifonnent auffi leurs fléchés
dans le fuc du même arbre. Voyez la Defcription
kifl. de cette colonie, 1769, z vol. in 8°. Les Scythes
& les Brachmaneslancerent des traits funeftes à plu-
fieurs Macédoniens. Rech.fur PAmériq. Journ. Ençy-
clop.fept. iyCç). (C.)
FLECHE, f. f. fagitta, ce, ( terme deBlafon. ) meuble
qui repréfente une verge de bois , armée d’un
fer pointu en forme de dard, avec deux ailerons ou
rangs de plumes de chaque côté au bout oppofe
au fer.
On fe fervoit autrefois de fléchés à la guerre ;
on ne s’en fert plus depuis l’invention de la poudre
à tirer, fi ce n’eft aux jeux de l’arc. Les fauvages
s’en fervent encore a&uellement & font fort adrefits
à les décocher. ,
On dit d’une fléché , empennée, des plumes, lorf-
qu’elles font d’un autre émail que le fer ; encochée,
fi la fléché eft fur l’arc qui fert à la tirer; émoujfée9
lorfque le fer n’a point de pointe & paroît coupé.
Poney de Jeancey , en Bourgogne; de gueules a
trois fléchés d or rangées en trois pals, les pointes en
bas. ( G .D .L .T .)
§ Fléché, (Aflron.} fagitta,9 htreulea , telum
jaculum , canna, arundo, calamus, virgq , mïflflle \
vec^is, fofforium (inftrumentà percer dans Cicerôn )
mijfor; lelon d autres deemon, efpnt, temomeridianus.
javelot. Cette petite conftellation n’eft compofée
que de cinq étoiles dont trois font de quatrième
grandeur : il y a des poètes qui ont prétendu que
c’étoit la fléché de l’amour ; d’autres difent qu’on a