
les le&eurs à cet ouvrage, où nous prenons les
détails fur nos efpeces / & 3 , que nous ne cultivons
pas»
La première croît naturellement en Virginie, &
dans d’autres parties de l’Amérique feptentrionale.
C ’eft de toutes les efpeces celle qui ait été connue la
première en Europe, & ce n’eft que depuis quelques
années qu’elle eft moins rare dans les jardins d’Angleterre.
La racine de cette plante eft perenne,
mais fes tiges font annuelles dans fon pays natal :
elles meurent auffi l’hiver en Angleterre , à moins
qu’on ne conferve la plante dans une ferre chaude.
Ses tiges font minces , & s’élèvent à environ quatre
pu cinq pieds au moyen de vrilles ou maiiis qui
fortent de chaque joint, & faififfent les fupports
qu’elles accrochent ou qu’on leur donne. De chaque
joint fort une feuille qui eft portée par un
pétiole court ; ces feuilles ont la plupart trois lobes
oblongs qui fe joignent par leur bafe ; mais -les deux
lobes extérieurs l'ont quelquefois divifés en deux
lanières étroites , de forte que la feuille paroît
avoir cinq lobes. Ils font minces, d’un verd clair
& légèrement dentelés. De l’aiffelle des feuilles
auprès des joints fortent les fleurs qui font attachées
par des*pédïcules minces & longs. Le calice de la
fleur eft compofé de cinq feuilles oblongues, dont
les.bouts fe terminent en pointes obtufes d’un verd
pâle. Ces feuilles, en s’ouvrant, laiffent aux pétales
la liberté de .fe déployer. Ces pétales , au nombre
de cinq, font de couleur blanche, &ont une double
frangé de couleur pourpre qui environne le ftyle.
Le rang le plus bas eft le plus long. Au centre s’élève,
en forme de colonne , le ftyle terminé par un-embryon
arrondi : il eft environné à la baie , là où il
adhéré au ftyle, par cinq étamines un peu applatis
qui s’étendent çà & là, & ont chacune un lommet
oblong. incliné vers le bas, & couvert en-de do us
d’une pouflïere jaune. Ces fleurs ont une odeur
agréable, mais elles ne durent que très^-peu : elles
s’ouvrent le matin pour fe fermer le loir , & ne
plus fe rouvrir ; mais elles font remplacées le lendemain
par de nouvelles qui naiffent des joints
fupérieurs. La fleur paflee, l’embryon s’enfle , &
devient un fruit de la grofleur d’une pomme médiocre
qui, en muriffant, prend une couleur orangé-
pâle. Ce fruit renferme plufieurs femençes rigides
enveloppées d’une pulpe douçâtre.
Cètte efpece fe multiplie ordinairement par fes
graines qu’on apporte d’Amérique ; elles ne murif-
fent pas lôuvent en Angleterre ; ces grenadilles plantées
en pleine terre n’y fructifient pas , mais celles
que j ’ai élevées en p o t , dit Miller, & plongées
dans une couche de tan , fous une caifle à vitrage
élevée , ont produit des fruits qui font parvenus à
une maturité parfaite. Il faut femer ces'graines
dans de petites caiffes fur une couche tempérée :
les plantes parvenues à deux ou trois pouces de
haut, doivent être plantées chacune dans un pot
empli de bonne terre de potager : ces pots feront
plongés dans une couche tempérée pour que les
plantes s’enracinent promptement. On leur fera
paffer l’hiver fous une caifle' à vitrage. Au priri-
tems, on pourra fixer les plantes en pleine terre
avec la motte dans une platte-bande bien expofée
contre un mur. En mettant du tàn ou de la litiere
au pied des grenadilles, elles fubfifteront plufieurs
années , & fleuriront très-bien dans les étés chauds.
A l ’égard des plantes qu’on pourroit conferver fous
une caifle à vitrage , on peut aifément en marcotter
les tiges fouples dans les pots voifins , elles prendront
racine très-aifément.
La fécondé efpece qui eft à préfent la plus corn- i
mune, eft naturelle du Bréfil , & cependant elle j
réfifte en pleine terre à nos hivers modérés ; cette
plante farmenteufe peut s’élever jufqu’à la hauteur
de quarante pieds , fi on lui donne des'fupports, &
les tiges peuvent parvenir prefqu’à la grofleur du
bras : leur écorce eft d’une couleur tirant fur le
pourpre ; mais elles ne deviennent jamais bien boi-
feufes : les pouffes de l’année prennent quelquefois
de douze à quinze pieds de longueur. De chaque
joint de ces tiges fort une feuille palmée, compofée
de cinq lobes unis, non dentelés , dont les pétioles,
longs d’environ deux pouces, ont à leur infertion
deux petites feuilles ou oreillons qui embraffent la
tige par leur bafe. De ce même point fort une longue
vrille que la plante jette autour des fupports
voifins qu’elle accroche : les mêmes joints donnent
auffi naiflance aux fleurs qui font attachées par des
pédicules d’environ trois pouces de long. Le calice
compofé de cinq feuilles oblongues & obtufes d’un
verd pâle , a une couverture de trois feuilles ovales
& concaves, dont le verd eft plus pâle que celui
des’ feuilles de la plante. Ces feuilles font un peu
moins de moitié auffi longues que celles du calice.
Des intervalles des feuilles du calice fortent les
pétales qui font à-peu-près de la même forme. Au
centre de la fleur s’élève une colonne épaiflè comme
une maffue, d’environ un pouce de long. A fon
extrémité eft affis un embryon ovale, de la bafe
duquel fortent en divergeant cinq étamines horizontales
en forme d’alêne. Elles font terminées par
des fommets larges & oblongs , attachés par le milieu
à l’étamine , inclines vers le bas , & pouvant
fe tourner tout autour fans fe-détacher. Leur fur-
face intérieure eft chargée d’une pouffiere jaune;
aux côtés de l’embryon s’élèvent en divergeant
trois ftyles d’environ un pouce de long , minces ,
purpurins , & terminés par des ftigmates obtus.
Autour de la bafe de la colonne qiii fuppofte l’embryon
, fe trouvent deux rangs de rayons ou filets :•
celui du centre qui eft le plus court, s’élève vers
la colonne ; le fécond, qui fe trouve près du milieu
des pétales, s’étend à plat par-deffus : ces rayons
font compofés d’un très-grand nombre de filamens
de couleur pourpre par-deffous & bleus par defliis.
Les fleurs ont une odeur légère & ne durent qu’un
jour.; dès qu’elles font fanées, l’embryon fitué au
haut de la colonne s s’enfle & devient un gros fruit
ovale qui renferme une pulpe douçâtre & défagréa-
ble , dans laquelle font logées des femençes oblongues.
Cette plante commence à fleurir dans- les
premiers jours de juillet, & les fleurs fe fucçèdent
journellement , jufqu’à ce que les froids de l’automne
les empêchent d’éclor.re.
On peut multiplier cette plante par fes graines
fuivantla méthode détaillée pour la première efpecè,
& traiter les jeunes plantes de la même façon juf-
qu’au printems fuivant : à cette époque, il conviendra
de les tirer des pots, & de les planter contre un
mur bien, èxpofé & affez haut pour laiffer aux
tiges leur êflor naturel. Il faut efpacer & attacher
ces tiges contre la muraille à mefure qu’elles pouffent.
Avant l’hiver , on mettra de la litiere , de la
paille ou du tan autour du pied , pour garantir les
racines de l’aftion de la gelée : fi l’on revêt les tiges
de paillaflons, de paille de pois ou autre couverture
, on fera certain de les préferver ; mais il faudra
ôter ces couvertures par les tem's doux & moites ,
fans quoi, en faifant chancir les tiges , elles leur
©ccafionneroient plus de mal que ne leur en eût
fait la gelée. Le printems fuivant, il faudra retrancher
toutes les pouffes foibles , & rabattre les branches
les plus fortes de quatre à cinq pieds ; ce qui
en fera jaillir des jets vigoureux qui donneront de
belles fleurs l’année fuivante. On reproduit aufli
cette plante en couchant fes branches qui, au bout
4’un an , feront bien enracinées, & pourront alors
être févrées & tranfplantées où l’on voudra les
fixer. Les boutures reprennent également bien, fi
on les plante dans une terre douce & onftueufe qui
ne foit point trop compare , & que cette opération
fe faffe au printems, avant que la plante ait pouffé.
En les couvrant de chaffis &c de cloches , on accélérera
leur reprife ; mais il faut leur rendre l’air
dès qu’elles ont pouffé, fans quoi les jets feroient
étiolés : il faut enfuite les traiter comme lés marcottes.
Les plantes provenue^ par les marcottes &
les boutures ne donnent pas alitant de fruit que les
plantes venues de graines , & même celles qui ont
été fucceffivement multipliées deux ou trois fois
par ces premières vo ie s , n’en produifent que rarement
, ce qui eft commun à plufieurs autres plantes.
S i , par des hivers très-rigoureux, les tiges de cette
grenadille périffent jufqu’au pied, fouvent les racines
pouffent de nouveaux jets l’été fuivant ; c’eft pourquoi
il ne faut pas dans ce cas les arracher ; mais
avec la précaution de mettre de la litiere au pied
On n’aura guere à craindre que les racines périffent
quand même les tiges feroient détruites : les variétés
de cette efpece fe multiplient & fe conduifént de
même. M. Duhamel dit en avoir vu un gros pied
dans la cour de M. de Juflieu, qui a fupporté à
découvert le froid affez rude de 1753. Il ajoute que
les Indiens ouvrent fon fruit comme on fait des
ceufs, & fucent avec grand plaifir le fuc aigrelet
qu’il contient. Gela ne s’accorde pas avec ce qu’en
dit Miller qui lui attribue un goût douceâtre, i
La troifième efpece croît naturellement en Virginie
& dans la Jamaïque : elle a une racine perenne
& rampante, d’où il s’élève plufieurs tiges foibles
à environ trois ou quatre pieds , garnies de feuilles
à-peu-près femblables à celles du lierre, & font
prefque auffi larges, mais d’un verd pâle & d’une
mince confiftance : les fleurs naiffent aux côtés des
branches fur des pétioles déliés d’un pouce & demi
de long. De la bafe de ces pétioles fortent des
vrilles très-menues : leurs fleurs font d’un jaune
fale, & leur diamètre , lorfqu’elles font étendues,
n’a pas plus de fix lignes ; ainfi elles ne font pas de
grand effet. On multiplie cette efpece par les fur-
geons de fes racines qu’on fépare en avril pour les
planter où ils doivent demeurer : cette efpece peut
fubfifter plantée dans une plate-bande bien expofée
, en la traitant comme la première. Plufieurs ont
bravé le froid au jardin de Chelféa dans une plate-
bande expofée au fud-oueft ; mais l’âpreté du froid
de 1740 les a fait périr.
L’efpece n°. iff de Miller, qui [croît dans les
Indes occidentales, porte un fruit jaune, de la grof- .
feur d’un oeuf dépoule. La pulpe a un acide agréable
*qui étanche la fo if , calme les chaleurs de l’eftomac,
donne de l’appétit, & réveille les efprits. On l’ordonne
fouvent dans les fievres. C’eft apparemment
à cette efpece qu’il faut attribuer ce que dit M. Duhamel
du fruit de notre n°. 2. {M. U Baron d e
T s c h o u d i , )
§ GRENOBLE , [Géogrl)...;'M. de Bouchenu de
Valbonnais, dit le JDicl. raif. des Sciences, & c . il
falloit dire Bourchenu. Son hiftoire n’a que deux
volumes in-fol. & non trois. On peut mettre encore
parmi les favans nés à Grenoble, Chorier & Allard.
Si nous voulions parler des vivans, nous citerions
M. l’abbé de Condillac, M. l’abbé.de Mabli, &c. ;
( c )
§ GRENOUILLE, ( Hijloire naturelle.) Nous ne
parlerons ici que des métamorphofes fes grenouilles.
Le frai nouvellement rendu eft comme une grappe
de petits oeufs gros comme la tête d’une épingle,
luipendus dans une matière glaireufe - blanche.
Planche I. cCHiftoire naturelle ,fig. t. dans ce Supplément.
G t frai fe précipite d’abord au fond de l’eau,
Tome III.
puis remonte à la furface au bout de quelques jours.
La màtiere blanche s’étend ; vers le feizieme ou dix-
feptieme jour, on apperçoit au centre de chaque
blanc un petit point noir : c’eft le premier rudiment
de l embryon grenouille , fig. 2 . Bientôt cette petite
tache organifée pouffe une queue , & on la voit fe
mouvoir dans la matière vifqueufe où elle nage
comme dans une fphere liquide. Elle en fort, c’eft
une petite pelote ovale , diftin&e avec une. queue
naiffante >fig. 3 . Ces petites têtards pouffent enfuite
des pattes, dont le relief très-peu éminent dans les
commencemens, prend enfuite des accroiffemens
rapides. Les pattes de derrière fe montrent les premières
à l ’oeil de l’obfervateur, quoique quelques
naturaliftes prétendent que les pattes antérieures
foient formées avant les poftérieures. Dans ce
dégré de développement, fig. 4 , on apperçoit très-
bien la petite queue garnie d’ailerons, & fous le
ventre une apparence qui imite affez le cordon ombilical.
Les embryons un peu plus avancés femblent
etre à-la-fois poiffons & grenouilles , ou n’être
encore déterminément ni l ’un ni l’autre. La tête
eft équivoque : ils ont une queue de poiffon & des
pattes de grenouilles, fig. 5. Au bout de trois mois,
ïa tête reffemble pardevant beaucoup plus à celle
d’une grenouille, qu’à celle d’un poiffon. Les pattes
font prefqu’entiérement forties & formées. Cependant
la queue longue & pointue refte encore entière,
fig> ôV^Enfin tandis que la métamorphofe s’acheve,
la queue fe raccourcit de jour en jour 9 fig. y ; puis
elle difparoît entièrement , & le têtard ou petit
poiffon eft devenu une grenouille parfaite ,fig. 8.
Dans la grenouille d’A fiè, beaucoup plus groffe
que celle d’Europe , les progrès du changement
font plus fenfibles. La fig. cj repréfente l’embryon
d’une grenouille d’Amboine au dégré d’accroiffement
correfpondant à celui de la fig. 3 , fans aucune apparence
de pieds qui puiffe faire foupçonner que ce
foit une grenouille. On voit les pieds de derrière
prefqu’entîérement développés à la fig. 10. Il y a
une altération fenfible dans la face, la gueule s’élargit
en s’applatiffant ; mais le rèfte' du corps tient
encore beaucoup de là figure du poiffon. A la fig. 1 /,
trois pattes font déjà forties., & la quatrième fem-
ble faire effort pour fe produire- au-dehors. Quand
les qùatre pattes font forties;/^. 12, l’animai n’a
plus que la queue du poiffon , & le corps liflè porte
une tête de grenouille. La queue diminue, fig* /3 , &
petd fa bordure membraneule ; enfin la queue étant
tout-à-fait fupprimée, fig. 14 , la grenouille n’a plus
rien de fon ancienne figure. Mais «ce n’eft-là qu’une
première métamorphofe. Le poiffon, après s’être
changé en grenouille, redevient encore poiffon.
Les grenouilles de tous les pays font de petits
poiffons ou des têtards avant que d’être grenouilles ;
il n’eft pas également avéré que par-tout les grenouilles
fe changent derechef en poiffon, comme
celles de Surinam , de Curaçao & d’autres parties
de l’Amérique. Nous avons vu le poiffon prendre
des pattes & perdre fa queue pour fe transformer
en grenouille ; nous allons voir la grenouille prendre
une queue & perdre fes pattes pour devenir un
poiffon.
Dès que les grenouilles d’Amérique font parvenues
à leur grofleur, il leur croît une qùeue .qui,
dès fa naiflance , commence à prendre une peau
ou bande membraneufe voyè%_ fig. i 5. Dès-lors il
fe fait une altération fenfible dans toute l’habiitude
du corps, préfàge de la métamorphofe. Les extrémités
des pattes, fur-tout-des. pattes antérieures ,
fe replient & fe retirent. A mefure que la queue fe
prolonge, lès groffes articulations des mêmes pattes
difparoiffent, & les ongles font entièrement .effacés,
fig. 16 . La tête a aufli changé déformé ; les pieds