1 7 ° . Les moyens de faire les défrichemens à peu
de frais , & de tirer promptement du profit des
terres nouvellement défrichées , même de faire rapporter
aux plus mauvaifes les trois premières récoltes
, fans avoir befoin d’engrais. On comprendra
dans cet article l’explication des défrichemens néceffaires
dans les différens terreins oit l’on voudroit
planter des bois ; on y apprendra aux éleves jufqu’à
quel point un fol doit être défriché plus qu’un autre ,
puifque par le défaut de ce fo in , fouvent les meilleures
plantations dépériffent.
180. Les moyens d’améliorer les prés bas & les
prés hau ts , fans avoir befoin d’engrais. En parlant
des pré s , on traitera des prairies artificielles ; on
expliquera les terres propres à chacune, & dans
quels climats les unes ou les autres doivent être fe-
mées : on fera vo ir en même tems le danger de les
établir indifféremment dans toutes fortes de terres
& dans tous les climats.
190. Le moyen de détruire dans les terres les
mulots & les autres animaux deftru&eurs.
20?. On apprendra quels font les moyens qu’ il
faut employer pour fe mettre à l’abri des mauvaifes-
h e rb e s , plantes, racines ou grain es, foit par les
lab ou rs , herfages , engrais , &c. On y expliquera
les trois façons d’appliquer le parc fuivant les différentes
qualités des terres.
2 i ° , On enfeignera la forme des labours, la façon
d’appliquer les engrais, les différentes natures de
femences analogues aux efpeces & aux qualités des
terres : on leur fera voir que l’apprêt appliqué à ces
mêmes femences , en les enterrant avec la herfe au
lieu de la charrue, peut garantir toutes les récoltes
de bled d’être v e r fé e s , comme il n’arrive que trop
fouvent.
220. On leur enfeignera une vraie culture é co nomique
, à ménager les engrais , les femences, les
chevaux même -pour les labours ; & de cette é co nomie
néceffairej ils retireront de plus fortes productions.
230. On leur apprendra quelles font les productions
analogues au pays & aux c lima ts, & ce qu’ils
pourroient faire de leurs grains, fourrages & autres
produ&ions, dans le cas oii ils ne feroient pas à portée
de pouvoir les tranfporter, foit par rapport aux
défauts de communication, foit à caufe des mauvais
chemins.
240. On entrera enfuite dans les détails des dé-
penfes néceffaires pour monter une ferme avec é conomie
; fa v o i r , combien il faut de chevaux pour
une cha rrue, combien d’arpens par cha rrue , &c.
enfin leur produit net. On fera connoître en même
tems aiix éleves combien la culture par les chevaux
e fl fupérieure à celle qui efl faite av e c les boeufs.
2 50. On leur enfeignera les moyens d’é le ve r des
chevaux & de fe procurer des fourrages pour les
bien nourrir & les entretenir fains & vigoureux.
a6 ° . Qn leur apprendra aufli à éle ve r d’autres
be ftiau x, comme vaches , boeufs , moutons, cochons,
volailles , &c. & à les garantir des maladies
auxquelles ils font fujets par le défaut de foin ou de
•bonne nourriture.
27?. O n fera connoître les précautions qu’il faut
prendre pour prévenir les maladies du b é ta il, en
leur faifant obfèrver le tems & la qualité des pâturages
& des nourritures.
28°. On leur fera connoître quelles font les efpeces
de beftiauxqu’il convient d’avoir dans une ferme,
foit par rapport au fo l , foit par rapport aux climats,
& quels font les dangers d’en ufer autrement.
290. On leur enfeignera les moyens de bien con-
norfre les fols propres aux communes, & ceux qui
doivent être défrichés.
30°. On apprendra encore aux éleves à cultiver
la vigne par principe ; ce qui la garantira d’une
grande partie des intempéries auxquelles elle eft
iujette.
3 1°. On leur expliquera quelles font les terres
propres à planter tels ou tels arbres fruitiers, leurs
différentes cultures & leurs tailles.
Le roi a daigné approuver cette inflituùon d’agriculture
, & pourvoir aux autres dépenles néceffaires
à cet établifTement.
Conditions. Les laboureurs qui feront envoyés
au château d’A n n e l, près C ompiegne, pour y recevoir
des inftruâions pratiques, feront pourvus de
'l ’agrément de M. Bertin, miniftre & fecrétaire d’état.
20. Ils feront âgés de vingt à trente ans, de bônne
v ie & moeurs ; ils donneront de bons répondans de
leur fidélité.
30. Us feront fous la conduite & direélion du fieur
Sa rcey de Sutieres , à qui ils feront tenus d’o b é ir ,
o u à les prépo fés , & de fe conformer en tout à fes
ordres dans les travaux ; à peine , en cas de défo-
béiflance ou de mauvaife conduite, d ’être ren vo yé s,
fans q u e , fous quelque prétexte que ce fo it , ils
puiffent être admis de nouveau dans Vinfiitutïon.
40. Les laboureurs fe rendront, à leurs frais , au
château d’A n n e l, munis de l’agrément du miniftre ;
ils feront lo g é s , nourris & blanchis gratuitement
dans ce lieu d’inftru&ion pendant une an n ée , &:
leurs répondans feront tenus feulement de leur entretien
en habillement &c chauflure.
$°. A la fin de leur année d’inftru&ion, il fera
délivré à chaque laboureur qui aura bien m é rité ,
par fa conduite & par fon travail , une charrue
neuve conftruite fuivant les principes de Vinjlitution
, & une herfe.
6 ° . Le fieur Sa rcey de Sutieres donnera à chaque
laboureur, un certificat de fa capacité & de fa bonne
conduite, pendant l’année dans laquelle il aura reçu
fes inftru&ions.
IN STRUM EN T Balistique, ( Méch. Artill.')
C ’ eft ainfi que M. Daniel Bernoulli a nommé une
petite machine de fon in vention, très-propre à exercer
ceux qui fe vouent au fervice de l’artillerie , &
dont je lui ai vu faire un emploi fi avantageux dans
un petit cours expérimental fur le jet des bombes,
que j’ai lieu de croire qu’on en verra a v e c plaifir
ici une defcription , av e c quelques remarques , tant
de pratique que de théorie , propres à en faciliter
l’ufage.
A B & C D (fig- i. planche I I .d e Méchanique ,
dans ce Supplément. ) , font deux planches de b o is ,
dont les dimenfions f e proportionnent à la fo rce de
la machine. Sur la piece A B efl: couché dans tuae
couliffe un tube de cuivre qui doit être bien poli en
dedans & d’un calibre parfaitement égal. 11 efl attaché
à la planche par deux bandes de cuivre en deux
endroits o , o. On introduit dans cette efpece de
canon ou de mo r tie r , un fil d’acier tourné en Tpi—
raie ; il formera un refîbrt propre à lui donner une
charge plus ou moins grande : on bande ce reflort
par le moyen d’un poids accroché à un fil de fer ou
de laiton qui va de l’extrémité / jufqu’en a , oh il
efl: vifle dans une petite piece de bois ou de cuivre
faite en forme de tampon, fur laquelle on met une
balle. A la planche C D , qui tient à l’autre par une
charnière , efl fixé en F un quart de cercle de cuivre
divifé en dég rés , & qu’on arrête avec une v is H ,
à telle inclinaifon qu’on veut donner au canon. Cette
piece C D doit être ppfée verticalement, & attachée
à une table ou un établi bien folide , en différens
endro its, comme en m , m , & c . pour éviter un
ébranlement dans le tems qu’on fait partir le coup.
T ou t le méchanifme au refte de cette décharge,
confifte à couper promptement le fil par lequel on
fpfpend le poids au fil d’archal en 1 ; mais vo ici à
préfent plufieurs autres remarques qu’il efl: bon de
ne pas perdre de vue.
L e calibre du canon le plus con venab le , elt de
4 jufqu’à 6 lignes ; on perdroit plus qu’on ne gagne-
roit en le faifant plus grand , & on auroit peine à fe
procurer un reflort tel qu’il le faudroit : le tube dont
mon oncle fe fe r v o it , & qui etoit de v e r r e , n avo it
qu’entre 3 & 3 ÿ lignes de diamètre ; & en bandant
le reflort av e c une l iv r e , nous jettions une balle de
plomb à 10 pieds fous un angle de 45°*
L ’inftrument doit être d’une folidité proportionnée
aux poids dont on peut charger le reflort jufqu’à fa
plus forte compreflion. Les planches auront donc environ
1 pouce d’épaifleur & 2 de largeur. Comme la
charnière fur-tout qui joint les deux planches l’une à
l’autre , fouffre beaucoup , tant de la preflion de la
v is H (cette preflion devant vaincre tout le poids P ) ,
que des ébranlemens de la machine quand on coupe
le 9 , on fera bien de faire appuyer la vis fur- un
reflort p la t , & de faire pafler le ni fur une poulie
détachée de la machine. Il efl fort effentiel que le
reflort fe lâche av e c la plus grande promptitude. ; il
faut couper le fil adroitement, foit a v e c des cifeaux
bien tranchans, foit en le brûlant avec un fer rougi
au feu. Il faut tâcher d’éviter les frpttemens, tant
en graiffant d’huile l’intérieur du canon, qu’en obtenant
que la poulie tourne librement fur fon axe. On
fera bien, avant l’ob lervation, de donner de petits
coups de doigt au tuyau pour obtenir le v rai point
d’équ ilib re , & même de prendre le poids av e c la
main polir le mettre tantôt un peu aurdefliis & tantô
t au-deflous du point cherché ; enfin il efl bon
de pincer le fil avec les doigts à l’ endroit où on
veut le couper , & de prendre cet endroit affez près
du poids. Il y a encore quelques autres frottemens
qu’il faut chercher à é v ite r ; il importe, par exemple
, que la direûion du fil fur la poulie foit exactement
dans une même ligne av e c l’axe de la petite
ouverture par laquelle pafle le fil d’archal. Il faut
faire attention que la bafe foit bien ronde qu elle
coule librement dans le tuyau. On ne fera pas mal
de donner au tampon, fur lequel la balle repofe t
un petit rebord d’environ 3 lignes de hauteur, mais
en ménageant au refte la matière autant que fa defti-
nation le permet. Quant à la longueur du can o n ,
e lle n’eft pas non plus- indifférente ; pour éviter
plufieurs petites correttions à faire dans le calcul
des expériences, fi on lui donnoit plus de longueur
qu’il n’en fa u t , on fe contentera de faire cette longueur
égale à celle du reflort dans l’état naturel,
.augmentée du diamètre de la balle. Je ferai remarquer
enfin que l’efpace 1 K. doit être exattement divifé
en pouces & lign e s , ou en d’autres parties égales,
pour qu’on piaffe toujours mefurer les raccourcif-
femens du reflort.
Venons à la théorie de Vinjlrument dont il s ’agit.
On s’appercevra facilement que le rapport entre les
forces du reflort &. fes raccourciflemens , e fl un
des principaux élémens de çette théorie; & voici une
expérience fondamentale qui déterminera ce rapport
: qu’on dreffe le canon verticalement ; qu’on
obferve av e c exa&itude le point de la planche auqu
e l répond l’extrémité du fil d’a rch a l, & qu’on
examine toujours de combien le point l defcend
quand on attache fucceflivement au fil les poids
p , * p 1 $p> 4 P , & c . en commençant par un poids !
peu confidérable qui ait feulement la force de raccourcir
très-peu le reflort. On connoitra de cette
maniéré le rapport qu’ on cherchoit ; mais quant à la
charge du canon , autre élément important, ce ne
font pas ces poids fans doute qui l’expriment ; on
le trouvera au moyen du théorème fuivant :
Soient p , 2 p , 3 p , 4 p , &c. les poids qu'on pend
au rejjo/t ; que \>faflc defcendre le point I de la quaatitè
a y & qu enfuite Vefpace que le point I parcourt
a chaque augmentation du poids ; ou bien que chaqût
nouveau raccourciffement du reflort fq.it indiqué refpec-
ttvement par b , e , d , &c. la charge fera, exprimée
par p. a , + 2 p . b - j - 3 p . c + 4 p . d + , &c. eii continuant
jufqu au point pour lequel on veut favàir là
charge. Moyennant ce théorème , les principales
queftions de la théorie de Vinjlrument baliflque
pourront facilement être réfolus. Qu’il s’agifle , par
e x em ple , de trouver la montée verticale de la balle
pour une charge donnée ; foit cette hauteur =x * o ;,
la charge — C , & la mafle de la balle = m , on
aura m s — C ; donc s = ^ C e la fuppofe à la vérité
qu’il n’y ait point de frottement ni aucune autre
jréfiftance étrangère, & que le reflort foit fans poids,
de même que le tampon fur lequel repofe la balle. :
mais v oici comment on pourra corriger de beaucoup
la hauteur trouvée , pour mettre enfuite fur le
compte des divers frottemens toute la différence
qui fe trouvera entre les réfultats des expériences
Ôc ceux que donnent les formules. D ’abord on fait
que le reflort a autant d’inertie qu’ en auroit le tierç
de fon poids mis à l’extrémité immédiatement devant
la balle ; en fécond lieu , le tampon efl pareillement
une maffe qui fe trouve à la même extrémité
du r e f lo r t, fi l’on nomme donc -n le poids dil
tampon, & tp celui du refîbrt , la hauteur s devrai
être multipliée par— - — On pourroit encore
confidérer aufli la petite augmentation de la chargé
caufée par le poids de la balle ; mais , pour s’en
épargner la p e in e , on la conjpenlera en eftimant la
hauteur de la montée verticale depuis l’extrémité
du reflort lib re , au lieu de la prendre depuis celle
du reflort bandé.
La même fuite qu’ on a v u exprimer la charge ,‘
fert à d o u b le r , tripler , &c. la charge ; car ayant
fommé , par e x em ple , les quatre premiers termes
de la fuite pour déterminer la charge Ample , pouf
le poids 4 p , il fuflira d’ajouter autant de termes
fuivans qu’il en fa u t , jufqu’ à ce que l’on trouve
une fomme double ou triple de la première.
Ces principes fuffifent pour qu’on foit en état d’approfondir
l’exaftitude de Vinfrument baliftique, & dé
fe guider dans le calcul des expériences qui doivent en
déterminer le dégfé ; j ’ajouterai feulement que plufieurs
expériences que j’ai faites , m’ont appris qu’on
peut fuppofer aufli les raccourciflemens proportionnels
aux poids fufpendus; au m oyen de qu o i, fi le raç-
cpurciflement entier pour un certain poids P efl == a ,
on trouve la hauteur du je t vertical exprimée Amplement
par Quant aux expériences mêmes qu’il
s’agira de faire pour apprendre à connoître Vinfrument
& pour montrer l’application dans les cours fur
le jet des bomb es , on fent bien qu’on peut lès
varier extrêmement. J’indiquerai donc feulement les
principales : lorfqu’on aura obfervé quels font les
raccourciflemens à mefure qu’on augmente le poids
qui tend le reflo r t, en a llan t, par exem ple , depuis
J de ib , 7 de ib , &c. jufqu’à 20 ou 24 ib quarts de
liv r e , on en formera une table, dans laquelle on fera
entrer aufli une colonne pour les produits des poids
multipliés, avec les différences des raccourciflemens
oui répondent à ces p o id s , & une autre colonne
qui indique les charges ou les fommes des termes
de la colonne précédente. Après cela , on pourra
commencer par une fuite de jets v e r tica u x , en
mettant une perche graduée à côté du canon, &
voir fi en doublant, triplant, &c. la charge, la hauteur
devient double , triple , &c. de ce qu’ elle eft
avec le poids qu’on aura employé pou f la charge
Ample prife pour bafe. Ces exercices demanderont
qu’oja calcule d’avance , de la maniéré que je l’ai