étenda,rts,& tout leur canon, deux mille déferteurs
s’enrôlèrent dans l’année de Frédéric; la Saxe con-
quife, la Bohême entamée, furent le fruit de cette victoire.
La guerre fe çoramuniquoit à toutes les. parties
de l’Europe : Frédéric la .déclara au roi de Pologne,
comme .à l’allié de Marie-Thérefe. « Tous ceux qui
» ,fe liguent, difoit-ff , aves les puiffances que je
»> .combats, Font mes ennemis : le roi de Pologne a
» un traité défenfif avec Marie-Thérefe ; il eft mon
» ennemi, je lui déclaré que je marche contre lui ».
Ce manifefte n’étoit pas des plus réguliers, mais il
n’ep prit pas moins Leipfiçk &C Dr eide. Ce prince,
qui fait allier le plaifir au tumulte des guerres, donna
des fêtes brillantes dans la capitale qu’il yenoit de
conquérir.
Le roi d’Angleterrg yoyoit avec inquiétude les
fuccès des Prufiiens : il multiplia fes efforts pour engager
Frédéric à terminer les différens avec la reine.
Ses négociations ne fyrent point infruâueules : la
.paix fut rétablie entre ces deux puiffances : le roi de
Pologne fut compris dans le traité ; qui cpnfirmoil
au monarque Pruffien lapoffeffion de la Siléfie &: du
comté çle-Glatz ; ce prince ,.à; cette condition, con-
fentit à reconnoître François pour empereur. Louis
X V afpiroit à fe venger du roi d’Angleterre, qui le
privok d’un allié ff puiftant ; il fit un effort pour remettre
le prétendant fur le trône de ^Grande-Bretagne
: ainli cette guerre, allumée contre Marie-
Thérefe, commençok à lui devenir étrangère. L’a-
vénement de Ferdinand VI au trône d’Elpagne, fit
croire à. l’Europ.e, épuilée par taat de combats,
qu’elle touchoit à la fin de fes maux. Ce prince pacifique
envoya des .ordres. 3 fes généraux de fortir de
l’Italie , où ils avoiept combattu avec des fuccès mêlés
de revers, & de.ceiïer toute efpeçe d’noftiliiés.
Gênes, alliée des Efpagnols & des François, demeura
expofée au reffentiment des Impériaux, qui furent
chaffés par cette république, pour avoir voulu lui
impôfer un joug trop pefant. Louis X V , quoiqu’a-
bandonné de fes alliés, ne pourfuivit pas moins l’exécution
de. fes projets. Ce monarque fentoit le befoin
de la paix , mais il vouloit la faire en vainqueur : la
prife de Berg-op-zoom &deMaftrichtneluilaiffarien
à defirer , pacifia l’Europe. La maréchal de Saxe,
q u i, dans cette guerre , avoit donné à nos armées
un état qu’elles n’avoient point eu depuis les Co.ndé
& les Turenne, avoit fou vent dit que la paix étoit
dans Martçiçht. La prédiéfion de ce grand général fut
juffifféé:par l’événement: les préliminaires entre la
France, l’Angleterre & la Hollande, furent fignés
après,quinze jours de tranchée ouverte devant cette
ville : ils portaient une fufpenfion d’armes & la rémi
fe de Maftricht, parprovifion, entre les mains des
François. La reine les fi.gna peu de tenjs après: ainû
le calme ferma enfin les plaies de l’Europe, après-
huit ans, d’une guerre opiniâtre ôt fanglante; le traité
fut ligné.à Aix-la-Chapelle ( 18 o&obre 1748) en
forme de paix perpétuelle. Toutes les conquêtes furent
reftituées de part & d’autre : la reine céda à
l’infant don Philippe, Parme-, Plaifançe &Guaftalla,
avec çlaufe de reverfibilité au défaut de poftérité
ipafculine : le duc de Modene fut rétabli dans les
états, à l’exception de quelques places: toutes les
poffeffions du»duc de S.avoie lui furent confirmées :
la pragmatique SanéHon, de Charles V I , qui allure
aux femmes la fucceffiori d’Autriche au défaut de
poftérité mafculine, fut garantie par toutes les puif-
lànces ftipulantes, qui maintinrent-le;roi de Pruffe
dans, toutes les poffeffions qu’il avoit avant la
guerre.'
. Louis X V s’étoit acquis beaucoup de gloire pendant
la, guerre ; il en acquit encore plus par cette
paix. Ge monarque , oubliant les droits de la viftoi-
r e , ne fortit point de cette modération qu’il s’étoit
prefcrite ; il fit le généreux facrifice de fes conquêtes,
& ne parut fenfible qu’au bonheur de fermer
des plaies que l'inquiétude de l’Angleterre devoir
bientôt rouvrir. L’efpoir de nous ravir nos poffeffions
d’Amérique , d’anéantir notre marine & notre
commerce , fut le véritable motif de cette guerre
qui exerça fes;ravages dans l’ancien & dans le nouveau
monde , & déchira fu!r-touf le fein de l’Allemagne.
Le roi d’Angleterre, qui prévoyoit'bien que
x Louis XV nemanquèroit pas de fondre fûr'fon électorat
d’Hanovre, jetta les yeux fhr le prince d’Allemagne
qu’il fa voit le pl us en état de le défendre : il
conclut avec Frédéric un traité de ligue défenfive ,
dont le but étoit d’empêcher les troupes étrangères
de pënétr er fur les terrés de l’empire. Le roi de France,
de fon côté, chercha un allié qui put en impofer à
Frédéric ; il fe lia étroitement avec Marie-Thérefe :
un traité.conclu entre les cours de Verfâilles & de
Vienne ,;:portoit une neutralité abfolne quant à ce
qui concernoit l’Amérique ; mais en cas que l’une
des deux puiffances viendroit à être inquiétée dans
fes états du continent, Tautr-e s’obli-geoit à lui donner
unfecours de vingt-quatre mille hommes. Cette
alliance déconcerta tous les- politiques, & ce fut le
premier noeud qui réunit les maifons d’Autriche
&C de Bourbon fi long-tems rivales. Cependant Pfel
déric fe laffa bientôt du rôle d’allié : jaloux de paroî-
tre le premier fur ce nouveau théâtre , 'il fait une irruption
dans la Saxe, alliée de la reine avec foixante
mille hommes ; & 'i l ne fe fait précéder par aucune
déclaration de. guerre, par aucun manifefte. Ces
formalités indifpenfables ne furent remplies que
quand il eut mis le pied fur -lés terres erinèriiies;
alors , fon miniftre à la cour de Vienne, déclara
à Marie - Thérefe que fon maître , inftruit de l’alliance
offenfive conclue entr’ellè, la czarine & le
roi de Pologne, contre lui, il exigèoit que la reine ,
pour détruire les alarmes qu’il en concevoir, déclarât
que fon intention étoit de n’attaquer ni cette année
, ni la fuivante, ni de faire aucune entreprife
fur la Siléfie.
Ce traité , dont Frédéric feignoit de fe plaindre y
étoit ancien, il regardoit la Porte, & non pas la cour
de Berlin. Ce n’étoit pas ce traité qui excitoitfes inquiétudes;
mais celui que la reine avoit conclu avec
la; Errance, dont il ne parloir pas. Marie-Thérefe lui
fit wne’réponfe pleine d’élévation & de fageffe: ellè
lui dit que le traité conclu contre lui entre la czarine
, le roi de Pologne & elle, étoit imaginaire ; que
fes préparatifs en Bohême étoient poftérieurs à ceux
qu’il avoit faits en Siléfie ; que quant à la promeffe
de ne point attaquer fa majefté Pruffienne, elle ne fe
croyoit point obligée de fe lier les mains j qu’elle
fuivroitle cours des événemens ; & qu’ait furplus, la
cour de Berlin devoit fe repofer fur le traité d’Aix-
la-Chapelle.
Leroi de Pruffe , qui ne cherchoitqu’un prétexte,
prit cette rëponfe pour une déclaration de guerre,
répandit un manifefte à la cour de Drefde. Augufte
eût bien voulu prévenir l’oragé, il fit au roi de Pruffe
des propofitions qui furent rejettées, non fans une
efp.ece de dureté. Tout ce que vous me propofez ,
lui répondit Frédéric , ne me convient pas y & je n’ai
aucune condition à vous propofer. Augufte , qui ne
s’étoit point mis en état de défenfe , abandonna
Drefde , capitale de fon éleâorat, & fe retira à fon
qamp de Pidna , d’où il fe rendit enfuite à Varfovie :
il laiflâ fon époufe à Drefde : cette princeffe y mourut
du chagrin, que lui occâlîpnnerent les excès des
Pruffiens dans l’éle&orat. Le roi de Pruffe , s’étant1,
fait ouvrir les archives , ne trouva aucune trace du;
prétendu traité qui lui avoit mis les armes à la main ;
mais il n’en continua pas moins fés projets de conquête.
On vit pendant le cours de cette guerre , ce
que l’on n’avoit point encore vu , & ce qui n eft
point à defirer que l’on, voie jamais : les annales- du
monde ne préfentent point d’exemple d’un fembla-
ble événement. Neuf armées confiderables parurent
à la fois en Allemagne ( 1 7 5 7 ) \ “ne ^eu^e
campagne il s’y livra neuf batailles rangées. Nous
n’entrons point dans les détails de ces différens Combats,'
ni dans les'autres qui fe donnèrent pendant
cette guerre, l’une des plus vives qui fe foient jamais
faites dans notre hemifphere. Les généraux de Marie-
Thérefe redonnèrent à fes armes cette fupériorité
que le roi de Pruffe avoit prife dans les guerres précédentes.
Daun &ç Loudôn montrèrent à Frédéric
qu’il n’éto.it point inyincible, & que l’on pouvoit
l’égaler. Une paix durable fut enfin conclue ( 15 février
1763 ) entre le roi de Pruffe, la reine & le roi
de Pologne. Marie-Thérefe rendit à Frédéric la ville
& le comté de Glatz, que les Autrichiens av’oient
conquis: & Frédéric, en reconnoiffance, promit,
par un article fecret, de faciliter , à Jofeph II, la
route du trône impérial. Ce jeune prince, qui rem-,
plit aujourd’hui fes glorieufes deftinées au gré unanime
de fes fujets ’, reçut le titré de roi des Romains-
(avril 1764) qui fe donne à l’empereur défigné. La
reine voyoit fa jufte ambition fatisfaite : elle venoit
de faire une guerre & une paix également glorieufes:
elle fe livroit au plaifir fi doux pour une mere , de
contempler fon fils fur les degrés d’un trône que fes
aïeux avoient occupé, ôc que pendant un rems ,
on avoit cru perdu pour fa maifon. Tant de fujets de
joie s’évanouirent par le coup le plus amer pour une
époufe vertueufe 6c fenfible : l’empereur, fon mari,
fut frappé d’apoplexie, & mourut (août 1764) à’,
ïnfpruk, au milieu des .fêtes qui fe donnoient au mariage
de l’archiduc Léopold fon fils. Ce prince, que
le ciel réeompenfa -par une nombreufe poftérité,,
reffembla prefqfi’en tout à laugu.fte Marie Therefe.
François fut époux tendre, perefenfible, fouverain
populaire, ; il. eut la folidké des talens, avec cette
qualité rare & vraiment ineftimable de n’en point
ambitionner l’éclat ; économe fans être avare ; il remplit
le tréfor public, même en foulageant fes peuples
épuifés. Le courage étoit en lui une vertu héréditaire
xnais il fut régler cette vertu trop commune & trop
vantée ; il regardoit les conquérans comme des brigands
, que l’idée d’une faufle gloire encenfe ; il n’étoit
touché que du bonheur d’exercer cette bienfai-
fance qui s’entretient parmi les princes de Lorraine
comme un héroïftne domeftique. François ne par-
çouroit qu’avec horreur l’hiftçire de ces princes fan-
guinaires, injuftement qualifiés du titre de héros,
qui, pour fatisfaire leur ambition , n’ont pas craint
de traveftir en bêtes féroces des milliers d’hommes
qu ils ont lances fur des millions d’autres qui, tranquilles
auprès de leurs foyers, cultivoienr des vertus
pacifiques. Une douleur univerfelle honora fa
pompe funebre , & ne fut adoucie que-par le fpefta-
cle de fes enfans héritiers de fes vertus. Quelle eût
été fa joie, s’il eût pu voir une poftérité fi belle occuper,
c’eft peu dire , remplir les plus beaux trônes
de l’Europe , où ellefemble n’être montée que pour
donner aux autres rois le fignal de ces mêmes vertus
(M - r . )
§ FRANÇOIS, Langue Françoise, (Gramm.)
On a dejîré de trouver fous cet article un abrégé dé la
Grammaire Françoife, aujjî exact que conçis. Ce n étoit
pas une petite tâche : mais M. F abbé Valart, un des
plus habiles Grammairiens que nous ayons eù , Va rem-
P if avec tant de fuccès , que nous ne faurions mieux
paire, que d’inférer ici une excellente feuille peu répant’
meri‘ e l'étr& davantage.
, Le 7 ' ,ou!r,s F.rançois eft compofé de neuf fortes
Ko ‘ .artlc^e » du nom , du pronom , du verla
1 1 l’adverbe, de la prépofition, de
l a c o n j o n a i o n & d e l ’ in t e r j e é r i o n . P ’
Warticle eft un mot qui fert à marquer le genre Sc
le nombre des noms: le pere, la mere, les hommes,
Les particules à & de, qu’on appelle articles indéfinis
, en marquent le cas.
Le nom eft un mot qui fert à nommer les perfon-
nes & les chofes ; hùmme, animal, arbre , diamant.
Le nom cùfubjlantij ou adjectif: le fubflantif marque
une choie qui lubfifte par elle-même, Dieu ,
ange, homme, femme : Y adjectif en marque la qualité,
beau , bon, grand. Pour reconnoître furenient fi un
nom eftfiibftantifou adjeûif, il faut voir fi on peutou
fi on ne peut pas ajouter à fon féminin le mot de chofe ou
dcperforine : fi on le peut, c’eft un nom adjeûif ; finon,
c’eft un fubftantif. Par exemple , bon eft un adje&if,
parce que fon féminin bonne fe joint fort bien avec
le mot chofe o\x(personne, &c qu’on dit bien bonne
chofe , bonne perfonne : roi au contraire eft un fubftantif
, parce qu’on ne dit pas chofe roi, perfonne
Le genre marque la différence des fexes. Il ÿ en a
deux principaux ; le mafeulin , qui comprend tous
les noms d’homme, ou qui ont rapport à l’homme;
le féminin -j qui comprend tous les noms de femme,
ou qui ont rapport à la femme.
Il y a deux nombres; le fingulier, qui ne marque
qu’une perfonne ou une chofe , Dieu , le ciel: le plur
ie l, qui en marque plufieurs, les anges, les hommes.
Il y a ûk cas , qui fervent à marquer les différens
ufages des noms : le nominatif, le vocatif, V accufatif,
le génitif, le datif, & Y ablatif. Enfin la déclinaifon
fert à marquer les différens .cas. .
D é c l i NA is;ô n DE L’ART CLE FRAN ÇOÏS le, la
Singulier. av ant une corifonne. avant une voyelle.
M -fciilin, féminin. Mafeulin,
N. V . A c. le' >ere, la m ere, P efprit, /’ame. *
D . au pere. à la mere, à /’efprit, à Vame*
G. Ab; dupere, de la mere </e»/’ei’prit, de famé, .
Pluriel.
N. V . Ac. les peres les meres, les efprits, les âmes.
D . *peres aux meres aux efprits aux âmes.
G. Ab. de peres des meres, des efprits, des âmes.
Le pronom eft un mot qui-fe met au lieu du nom y
pour en éviter la répétition. ; par exemple , j e , moi,
_ qu’on met au lieu du nom de celui qui parle ; tu,, toi,
vous, qu’on met au lieu du nom de celui à qui on
parle ; i l , lu i , qu’on met au lieu du nom de celui
dont on parle.
Il y a cinq principales fortes de pronoms ; le« per-
fonnels qui défignent les perfonnes , moi, toi, lui, on9
Ikc-Uspofiffifo, qui marquent la poffeffion,mon, ton,
f °n l le mien, le tien, le jien : les démonflratifs, qui fervent
comme à montrer au doigt ies perfonnes & les
chofes ; ce ou cet ; celui, celui-ci , celui-là ; ceci, cela :
les. relatifs, qui ont rapport au nom qui précédé ;
qui, que, quoi, quel, lequel : les indéfinis, qui n’ont
qu’une-fignification vague &c indéterminée ; quico/i»
que, quelque, &c.
DÉCLINAISON des pronoms perfonnels françois.
N. J ê , 1
Singulier.
moi. tu, toi. i l , lui. elle.
Ac. me, moi. te,.to i, le , M . la , elle.
G. Ab. de nipi,. de toi. de lui. d’elle.
D . me,rnoi,à moi. te, toi, à toi. lu i, à lui. lui , à elfe.
N. nous
Pluriel.
. . vous. . ils, eux. elles. .
Ac. nous. . vous. les , eux. le s , elles.
G. Ab. de ne>us. de vous; d’eux. d’elles.. .
D . nous,«à nous. vous,à vous, leur, à eu;x. leur, à elles.
Le verbe eft un mot qui fert principalement à marquer
l’affirmation ou le jugement que nous faifons
des chofes. II y en a de cinq fortes : des actifs , qui
gouvernent l’accufatif; boire, manger : des paffifs ,
qui font formes du verb eje fu is , & du participe paffif
d’un verbe ; je fuis battu : des neutres, qui ne gouvernent
aucun cas ; dîner 9 dorrtiir : des neutres paffifs s