confiftant & réfifte à la rupture, on fait qu’étant abreuv
é par la liqueurde l’amnios, & tiraillé par le travail
de l ’accouchement, il peut fe rompre dans quelques
cas rares à la v é r it é , avant même la féparation du
placenta.
Parmi les caufes de mort des enfans qui leur font
communes a v e c les ad u ltes, font les différentes lé-
lions de la tête ou des autres parties. Ces léfions
peuvent s’annoncer fenliblement aux y eu x & au
îadl. Mais outre la différence de leurs fu ite s, qui font
uelquefois peu dangereufes pour les premiers, elles
ifferent encore par la difficulté du traitement. Les
enfans ne peuvent point être fournis à la régularité
des moyens que l’art indique , l’opération du trépan
n’ efl point praticable fur eux à caufe de la mobilité
des os du crâne.
Les comprenions violentes du cerveau que les
adultes fupportent difficilement, fe font très-fouvent
Tans aucun inconvénient fur les enfans. Dans les
accouchemens difficiles, ceux qui ont la tête un peu
volumineufe font froifles au paflage , leur tête s’ap-r
platit & s’alonge au point de changer de forme , &
l ’on eft obligé après l’accouchement, par des comprenions
faites en un autre fens , de la remettre dans
la forme primitive. Il fa u t , pour ainfi d ir e , pétrir la
tête des enfans nouv e au x-ne s , non pa s, comme dit
M. RoufTeau , dans la vue de lui donner une forme
à notre fantaifie, mais feulement pour réparer ce
que l’accouchement a caufé de défectueux. La forme
extraordinaire de la tête de quelques peuples (tê te
applatie des C araïb e s , Hunaud, Mèm. de l'acad.
1740) prouve affez avec quelle facilité & combien
peu d’inconvénient on fait fubir au cerveau des enfans
les compreffions les plus confidérables.
Lorfqu’on trouv e plufieurs coups portés fur un
en fan t, comme, par e x em ple , fur la tête , la poitrine
, le bas-ventre , que le cordon ombilical eft
fans ligature ; il importe de connoître en premier
lieu quels font les coups mortels (en fuppofant toujours
que l’enfant ait re fp iré ), on examine l’ extérieur
des plaies pour voir fi elles font accompagnées
d’équimofes , on parvient enfuite dans la cavité du
corps qui leur correfpond pour découvrir l’épanchement
; fi l ’on n’en trouve aucune p a r t , & qu’on
trouv e d’ailleurs les vaiffeaux veineux vuides de
fa n g , il eft clair qu’il eft mort par l’hémorrhagie du
cordon. C e fang épanché dans la t ê t e , la poitrine
ou le bas-ventre, ou même dans les bronches, fi la
plaie eft portée au g ofier, indique bien aifémentque
les plaies ont été faites fur un enfant qui v iv o i t , &
la quantité de l ’épanchement, le fiege de la plaie ,
les parties ou les vifeeres léfés, &c. annoncent bientôt
fi la bleffure étoit mortelle.
L’examen de ces bleffures exige la plus grande
circonfpeétion pour découvrir fucceffivement leur
étendue, leur fieg e , leur figure , les équimofes, les
fraCtures, le fie g e , & la quantité des épanebemens,
& fur-tout pour ne pas confondre les accidcns qui fe
font pendant l’ouverture ou la diffeCtion a v e c ceux
qui font la fuite des coups.
On a vu des fcélérats affez artificieux pour donner
la mort à des enfans, en enfonçant une aiguille dans
la fubftance du cerveau par. les tempes, la fontanelle
ou la nuque. Gui Patin rapporte qu’on pendit à Paris
line fage-femme qui avo it tué par ce moyen plu-
fieurs enfans lorfqu’ils étoient encore dans l’utérus,
& qu’ils ne prélentoient que la tête à l’orifice. AI-
berti ,Brendelius rapportent de pareils exemples. On
trouve dans ces cas , en rafant la tête avec fo in , une
légère équimofe autour de la piquure.
Les épanchemens qui facilitent la découverte des
caufes de mort dans les enfans, n’ont lieu que dans
les cas où il y a rupture des vaiffeaux ; mais la cruauté
de quelques meres ne laifle pas toujours des traces
aufîi fenfibles. Tou te s les caufes de mort qui dépendent
des léfions de nerfs font dans ce dernier cas. On
a vu des enfans cjui avoient été tués par la feule tor-
fion du cou , foit en le pliant avec fo r c e , foit en le
contournant d’avant en arriéré. La moelle épiniere
eft pour l’ordinaire froiffée ou déchirée par les v ertèbres
, dont les ligamens font quelquefois rompus
dans ces diilocations, & l’on fait que la mort fuit
de près les léfions de cet organe. Dans ces cas on
trouve quelque fang répandu dans les mufcles du
c o u , dans le canal v er téb ra l, & il y a même frafture
à l’une des deux premières v er teb res , ou à toutes
les deux enfemble.
Toutes"ces différentes contufions, ou équimofes;
doivent être diftinguées avec foin des taches ou des
liv id ité s , qui paroiffent à l’extérieur dans un commencement
de putréfaction.
La fuffocation dans les nouveaux-nés peut dépendre
de plufieurs caufes ; celle qui réfulte de l’étranglement
, préfente les mêmes lignes que dans les
adultes: on voit des taches liv id es , des équimofes fur
le cou ou au g o f ie r , la face eft livide ou noire , la
langue enflée, faillante, les vaiffeaux de la pie-mere
& le s veines jugulaires font engorgées, les poumons
livides parfemes déta ch és , la b oucheécumeufe, &c.
quelquefois même on trouve fur le cou les traces
d’une corde. C es fignes indiquent affez bien que
l ’étranglement a eu lieu , pourvu que d’ailleurs on
ne reconnoiffe pas qu’ils ont été l’effet d’une fuffocation
accidentelle faite dans la matrice ; ainfi, par
e x em ple , il eft poflible que l’entortillement du c o r don
autour du cou du foetiw ait .produit dans la
matrice l’impreffion circulaire du cou & les autres
Agnes d’étranglement : mais dans ce cas le foetus
naura pas refpiré , il fera né m o r t , & ce ne fera pas
la fuffocation, proprement d ite , qui en fera la caufe
mais l ’apoplexie , ou , pour mieux d ire , l’engorgement
des vaiffeaux fanguins de la tête ; les lignes de
la refpiration de l’enfant font dans ce cas le moyen
qui décide fi la caufe eft accidentelle , ou fi elle eft
l’effet d’une violence extérieure qu’on puiffe attribuer
à la mere ou à d’autres perfonnes. Je ne v ou drais
pourtant pas trop me fier à ce moyen pour établir
que ce genre de violence a été employé ; car fi
par hazard, cet étranglement av o it été fait par le
cordon durant le travail de l ’accouchement, lorfque
le foetus eft comme ballotté dans la matrice, ou qu’il
y prend différentes pofitions , il me patoît poflible
que l’impreffion du cordon fut telle qu’elle procurât
une apoplexie mortelle , accompagnée de tous les
lignes d’engorgement dont j ’ai p a rlé , & qu’enfuite le
foetus forti de la matrice refpirâr encore avant de
mourir. Les effets de l’apoplexie ou des engorge-
mens fanguins ne font pas d’intercepter tout de fuite
la refpiration ; on la voit au contraire é ga le , profonde
, & même libre dans les momens où le mouvement
du coeur & des arteres fouffre les change-
mens les plus confidérables. Le pouls eft prefque imperceptible
vers la fin des apoplexies mortelles lorfi
que la refpiration eft encore (ènfible ; elle ne fait
que devenir moins fréquente jufqu’à ce qu’elle foit
tout-à fait fufpcndue par la mort.
Si le cou ne préfente point de lignes de violence
il eft très-difficile d’afîigner la véritable caufe des
autres fignes de fuffocation ; ils peuvent être l’effet
d ’un froid confidérable , d’un accouchement laborieux
, fur-tout fi la tête de l’enfant eft volumineufe.
On trouve encore quelquefois différentes fubftances
dans la bouche des enfans, comme des p a illes , des
plumes, de la t e r r e , des matières ftercorales même
ou des linges lorfqu’ils font nés vivans & qu’ils ont
été fuffoqués entra des matelas , dans des tas de
paille de foin , qu’ils ont été jettés dans des cloaques
a 6 v , on connut par la lividité des poumons» au
rapport d’ A lb e r t i, qu’une femme avo it étouffé fon
fils avec la vapeur de foufre allumé.
Ces caufes de m o r t, qui fuppofent une aCtion criminelle
de la part de la mere ou des affiftans, ne
font pas les feules. L ’enfant peut aufli perdre la v ie
p a r l’omiflion des.fecours qu’exige fa foibleffe. S’il
relie couché fur le ventre , 6c que la bouche porte
fur quelque c o rp s , le paflage de l’air peut en être
interrompu , la dilatation de la poitrine laborieufe
ou incommode ; & comme il eft dans l ’impoffibilité
de fe retourner, il peut fuffoquer dans cette pofition.
S ’il refte couché fur le dos , les mucofités, dont fa
bouche & fes narines font remplies, peuvent tomber
dans la trachée-artere, l’obftruer ou même excite
r des toux convulfives qui font fuivies de la mort
tant que la caufe n’eft pas enlevée ; les fages-femmes
obfervent aufli la précaution de les coucher fur le
c ô té , & comme cette pratique univerfellement reçue
eft à la portée de tout le monde , il peut fe faire
qu’une mere mal intentionnée profite de cette con-
noiflance pour fe défaire de fon enfant, & f e dérober
aux pourfuites de la juftice.
La prompte féparation du placenta d’avec le foetus
eft importante à caufe du peu de vie dont il jouit
lorfqu’il eft féparé de l’utérus ; le fang qui va du placenta
à l’enfant après l’accouchement, eft un fang à
demi coagulé , froid , de mauvais c a raû e re , & l’on
doit blâmer la pratique de quelques fages-femmes
qui v oy ant des enfans foibles , croient les ranimer
en pouffant avec leurs doigts le fang contenu dans le
cordon vers le foetus (Spigel & Sennert ont approuvé
cette pratique fur des vues bien peu fondées). Il n’eft
pas difficile de concevoir qu’une maffe fpongieufe,
comme l’arriere-faix , expofée fans vie & fans chaleu
r à l’aCtion de l’a i r , dégénéré bientôt, & n e peut
fournir à l’enfant que des fucs d’un ui'age très-pernicieux.
L ’habitude où nous fommes de laver les enfans
nouveaux-nés & de les envelopper dans des linges
chauds, eft fondée fur des vues utiles. L’enfant fort
humide ou couvert de mucofités, il s’échappe d’un
lieu chaud , & le nouvel ordre de fondions qui fe
développent en lu i , exigent quelques précautions.
Il eft néceffaire que fes pores foient libres pour que
la tranfpiration s’exécute librement. Il paroît qu’une
alternative trop fubite du chaud au froid blefl'eroit
fon organifation délicate , faudroit - il néanmoins
taxer de crime l’omiflion de ces précautions, parce
qu’ elles font reçues parmi nous? Je n’en vois pas la
néceffité, à moins qu’il ne fut évident qu’il en réfulte
quelque chofe de funefte à l’en fan t, fk qu’il y a eu
.mauvaife intention de la part de la mere ou des autres.
Si le froid eft r igoureux, on fent bien que l’enfant
peut en fouffrir ; mais outre que notre méthode
n’eft pas efl'entiellement bonne, l’exemple de tant
d’autres peuples qui agiffent différemment nous apprend
à ne donner jamais pour réglé du bien ce que
i ’ufage feul autorife.
On a fouvent recours aux fignes qui peuvent indiquer
dans une femme, fi elle a réellement accouché,
lorfqu’on eft dans la néceflité de rechercher les auteurs
d’un infanticide. J’ai dit déjà au mot Av o r t e m e n t ,
quels étoient ceux qui pouvoient éclairer dans cette
recherche ; il n’y a aucune différence , à cet égard,
entre l’avortement & l’accouchement à terme, fi ce
n’eft que dans ce dernier cas , ces fignes font encore
plus fenfibles, & durent plus long-tems. 11 eft pourtant
e flentiel, comme je l’ai déjà d it , de procéder à
cet examen aufli promptement qu’il eft poflible :
toutes les parties fe remettent dans leur état primi-
tif quelques jours après l’accouchement, & ce réta-
bliffement eft d’autant plus prompt, que la femme
eft plus vigoureufe & mieux organifée. Or on fait
en général que les femmes, qui attentent à la vie de
leur fru it , fe raffurent fur leur crime par l’efpoir du
fe c re t, & la confiance qu’elles ont en la vigueur de
leur tempérament & fa facilité à fe rétablir.
Lorfqu’on n’a que des pré emptions contre leS
auteurs d un infanticide, il eft très-eflentiel d’établiir
un^rapport entre le tems de la naiflance de l ’enfant
qu}on R trouve mort, & les fignes de l’accouchement
qu’on obferve fur la femme foupçonnée : la fraîcheur
du cadavre de l’enfant, la fermeté des chairs, leur
couleur v erme ille , Pabfence de la putréfaaion indiquent
un accouchement très-récent, & conféquem-
ment l ’on doit trouver fur cette femme, fi elle en eft
la mere, les fignes démonftratifs d’un accouchement
fait depuis peu. Si ce rapport manque, & qu’on n’ap-
perçoive que des fignes équivoques , & qui font la
lutte éloignée des accouchemens , il eft évident que
la préfomption eft détruite. Cette attention , qui me
paroît de la plus grande importance, a fouvent été
négligée, fur-tout dans les cas où les Experts nommés
, prévenus par la rumeur publique , & jugeant
pour ainfi dire , par anticipation , n’ont pas lu fe
garantir de l’efprit de v ertige qui fait paffer les apparences
pour des preuves. ( Cet article ejl de M. L a
F o s s e , docl.cnMéd.)
§ INFLAMM AT ION, (Phyjîol.) Dans Vin/tam-
motion qui arrive au cçrps an ima l, il faut que le
fang fe porte avec plus de vîteffe dans la partie enflammée
: il faut que cette partie en reçoive une
plus grande partie dans un tems donné, & que la
retour de ce lang ne fe faffe pas avec la même facilité
par les veines.
Il ne fuffit pas pour faire naître une inflammation„
que l’artere foit obftruée. M. de Sauvages a fore
bien remarqué que dans le corps humain , où chaque
artere a plufieurs branches , l’obftruûion ne feroit
d ’autre effet que de détourner le fang de la branche
obftruée , & de le dériver dans la branche libre la
plus à portée. J’ai bien des fois lié une artere dans
l’animal v iv a n t , j ’ai fu iv i, le microfcope à la main ,
les changemens de la circulation qui naiffoient de
cette ligature ; j’ai vu le lang abandonner la branche
lié e , & enfiler une branche voifine. 11 eft vrai aufli-,
& c’eft ce qui a échappé à M. de Sauvages , fi cette
artere n’avoit pas de branche à portée , qu’alors Ir
ligature feroit un effet très-différent ; I’artere liée
s’étend roit, fe dilateroit , s’alongeroit à chaque
pulfation du coe u r, & il en naîtroit en gros les ly mp-
tômes de l'inflammation.
Pour produire l’inflammation , il ne fuffit pas que
le fang s’accumule dans les vaiffeaux d’une partie ,
il faut que ce foit av e c une certaine fupériorité de
vîteffe & un effort particulier, fans laquelle ce ne
feroit qu’une obftru&ion. Cette vîteffe additionnelle
a fa fource dans la partie enflammée même ;
car dans les inflammations légères d’un doigt ou de
quelque partie de la pe au , le pouls n’eft pas accéléré
& le coeur n’eft pas affeCté; & cependant la chaleur,
la rougeur, la pulfation même de la partie enflammée
démontrent que le fang s’y porte avec une vélocité
nouvelle.
Il eft difficile cependant de découvrir ce qui peut
être dans la partie même la caufe de cette célérité
additionnelle. C ’eft fouvent un fimple ftimulus , une
épine dans l’exemple de Helmont, une douleur quelconque
, la bleffure d’une partie n e rveu fe, une friction
trop forte. Je ne hafarderai point de conjectures
fur la manière dont l ’ébranlement des nerfs attire
le fang ; car ce n’eft pas uniquement la douleur, la
volupté fait le même effet fur la circulation.
L’éreftion me paroît un exemple naturel de l'inflammation.
La friCtion des nerfs du gland attire à
la partie , dans laquelle réfident les nerfs ébranlés ,
une affluence de fang extraordinaire , cette partie