extravasé clans le tiffu cellulaire. Les califes de l’hy-
dropifie font i° . tout ce qui ralentit le mouvement
du fang & qui empêche la circulation ; i° . la fup-
preffion de quelque évacuation , comme de l’urine
ou de la tranfpiration ; 30. l’obftruâion dés vaifleaux
abforbans, On connoît l’hydropifie afcite , par la
difficulté de refpi-rér , par l’enflure du ventre & par
la fluctuation de l’eau qui y eft contenue : on s’en
aflure en frappant un côté de la main & en appuyant
l’autre fur le côté oppofé. Cette maladie efl fort
difficile à guérir, fouvent même incurable , parce
qu’elle vient prefque toujours de quelque obftruc-
tion cônfidérable , & formée depuis long-tems. On
emploie pour la curation les diaphoniques, les
diurétiques & les purgatifs hydragogues. Mais
comme ces remedes font fouvent infuffifans, lors
donc que malgré leur ufage, le ventre fe remplit
d’eau, qu’il eft confidérablement diftendu, il faut
tenter la pon&ion : fi on la différé ou fi on la prof-
crit,le cheval ne tardera pas à périr. 11 furvient quelquefois
une hydropifie au fourreau ; dans ce cas il
faut y faire des fcarifications, ou.une ouverture pour
donner iffue à l’eau.
Il y a fupprejjîon d'urine, lorfqu’elle ne fe fépare
pas dans les reins ,, ou qu’elle ne s’y fépare qu’en
petite quantité, ou qu’elle ne trouve pas de paffage
libre pour fe rendre à la veffie. Dans cet état, le
cheval fouffre de vives douleurs, qui font annoncées
par la grande agitation oh il efl : la fïevre eft confi-
dérable; il plie les reins & les regarde. Cette maladie
vient, ou de l’inflammation des reins & des
arteres , ou de l’obftruClion de ces parties , ou de la
préfence d’une pierre, &c. Le mal eft fans remede ,
lorfqu’il eft caufé par obftru&ion, c’eft-à-dire, par
des calculs ou des pierres. S’il vient de l’inflammation
des reins, il peut fe guérir, mais il n’eft jamais
fans danger. ‘La fuppreffion d’urine qui vient de l’inflammation,
demande les faignées, les adouçiffans,
les antiphlogiftiques, &c.
L’incontinence d'urine eft un écoulement perpétuel
de ce liquide par le fourreau, fans que la verge
forte , & fans que le cheval reffente la moindre
douleur. Cette infirmité eft occafionnée par une
paralyfie de la veffie , ou par un relâchement du
fphinder. Les injections aftringentes pouffées dans
la veffie , feroient très - convenables dans ce cas ;
mais comme il n’eft pas poffible de fonder le cheval,
dont la verge fe retire dans le foureau , on doit s’en
tenir aux aftringens internes.
La rétention Aurïne eft la difficulté ou l’impoffi-
bilité d’uriner. Le cheval fe préfente pour piffer, &
ne rend que quelques gouttes d’eau. Les caufes font,
l’inflammation & la paralyfie de la veffie, une pierre
dans ce vifcere , l’engorgement des glandes profitâtes
qui compriment le commencement du canal
de l’uretre. Pour l’inflammation , les remedes font
les faignées , les antiphlogiftiques , &c. S’il y a paralyfie
, il eft difficile d’y porter remede. Si le mal
eft produit par une pierre, il n’y a pas d’antre parti
à prendre que de faire l’opération de la taille.
Le piffement de fang eft un accident de fort mauvais
augure ; les fuites en font prefque toujours
funeftes. Cette hémorrhagie vient de la veffie ou
de fon col, rarement du canal de l’uretre , mais plus
ordinairement des reins. Les caufes qui produifent
la rupture des vaifleaux de ces parties , font les
efforts que font les mufcles pour vaincre de grandes
réfiftances , les fortes contractions réitérées, la pléthore
des. vaifleaux des reins , l’inflammation , les
plantes échauffantes , le fourrage pourri, la pierre
dans les reins : cette derniere caufe eft fort commune.
Le piffement de fang eft incurable. Tout ce
qu’on peut faire dans les commencemens , c’eft de
pallier le mal ; pour cet effet on faigne , on donne
les lavemens émolliens , les boiffons adoitcifîan-
tes, &c. "■ :
On entend par futurs , non celles qui font produites
par un exercice violent, l’inflammation , &c.
mais celles auxquelles certains chevaux font fujets
au moindre mouvement, Ôc même dans le repos;
elles font quelquefois très - abondantes. Elles ont
pour caufe le relâchement des vaifleaux excrétoires
de la tranfpiration : elles ne font pas dangereufes;
on les modéré & on les arrête facilement, en lavant
le cheval, pendant quelques jours , avec une dé-
coClion de plantes aromatiques.
Le tremblement à la fuite d’une maladie inflammatoire
ou d’une hémorragie, eft prefque toujours un
fymptôme de mort. 11 n’eft pas rare de voir des
chevaux en bonne fanté, être faifis de tremblement :
le froid & la peur peuvent en être la caufe, la
boiffon d’eau froide étant en fueur. Nous avons vil
la maniéré de remédier à cette derniere caufe.
La rage eft M.ine efpece de folie, ou de fureur
fans fïevre, dans laquelle le cheval mord & ronge
la mangeoire & ce qu’il rencontre, il mord ,indif-
tinClement tous ceux qui s’approchent de lui; il eft
toujours en mouvement & frappe du pied: fesyeux
font rouges & étincelans ; il mange peu & ne boit pas ;
il tire la langue & rend beaucoup d’écume. Il y a
deux dégrés dans cette maladie ; la rage commençante
& la rage confirmée. La première eft annoncée
par les fymptômes que je viens-de décrire ; dans
la fécondé, le cheval fe tourmente beaucoup , il
fouffre confidérablement , il tremble de tous fes
membres, le poil fe hériffe & il meurt enfin. La rage
ne s’engendre point dans le cheval, il faut qu’elle
lui foie communiquée par la morfure d’un autre animal
enragé. La maladie fe déclare ordinairement
entre le vingtième .& le cinquantième jour, rarement
avant le vingtième & quelquefois après le cinquantième.
En général la rage eft une maladie fort
grave & très-funefte. La commençante eft prefque
incurable ,& la confirmée ne fe guérit jamais, c’eft
pourquoi il eft inutile de tenter aucun traitement
pour elle : nos foins doivent féborner à la prévenir.
Ainfi après avoir coupé en rond toute la partie mordue
, fi elle eft chârnpe ,,on y appliquera les caufti-
ques & le feu ; on fera deà fcarifications, & on excitera
une fuppuration abondante, afin d’attirer tout le
virus dehors. Si la morfure a été faite à une-partie
tendineufe ou membraneufe, il faut faire desrfeari-
fications à la peau & appliquer deffus les ventoufes,
afin de faire fortir tout le virus. Quand ces remedes"
ne réuffiffent point, il faut abandonner le cheval
& le tuer.
Le marafme, dans les chevaux, reconnoît toujours
quelque caufe interne. Il eft la fuite d’une maladie
aiguë ; il vient auffi d’un défaut de fecrétion dans les
différentes parties, & quelquefois chez les jeunes
poulains d’une rigidité très-grande dans les fibres.
Mais on voit des chevaux relier dans cet état de maigreur,
fans jamais engraifler, quoiqu’il n’y ait en
eux aucune caufe morbifique ; ce font ordinairement
ceux qui font ferrés des,épaules, ou qui ont
la poitrine étroite (ce que l’on appelle avoir la côte
plate ) , ce font encore les chevaux fortraits, qui
ont la croupe avalée , & qui font haut montés fur
jambes. Tous les remedes qu’on preferiroit pour
ces défauts de conformation feroient inutiles. La
maigreur qui vient à la fuite de quelque maladie fe
guérit par le repos, la bonne nourriture, &c.
La rupture du diaphragme arrive à la fuite de
quelques tranchées. Lorfque cet accident eft arrivé,
le cheval fe tourmente beaucoup, fe couche, fe débat
, & a une grande difficulté de refpirer ; le ventre
monte avec la poitrine en refpirant ; la mort furvient
bientôt.
JDe la ferrure. Il manqueroit une partie êffehtielle
à cet extrait d'hippiatrique , fi nous ne parlions
pas de la ferrure. Elle intérefle les maréchaux, les
écuyers & ceux qui veulent exercer l’hippiatrique.
Aucun d’eux n’ignore que , fi une màuvaife ferrure
expofe le pied à une foule d’accidens, une bonne
ferrure les répare & rectifie même certains défauts
de conformation. Mais pouf mettre à portée de bien
entendre tout ce que nous avons a dire fur cet article
, nous avons cru devoir commencer par une def-
cription abrégée du pied du cheval. Il n’eft point de
partie dan$ le cheval qui foit fujette à autant de
maladies. On place ordinairement dans la jambe ,
dans lrépaule ou dans d’autres parties, une infinité de
maladies qui n’ont leur fiege que dans le pied : parce
qu’on ne voit ni plaie, ni tumeur apparente ; on dit
que le mal n’eft pas dans le pied, &on va chercher
la maladie ailleurs : c’eft une erreur encore commune
aujourdhui.
Le pied du cheval èft compofé de parties dures
& de molles.. Les dures font les os, & les molles
font les chairs. Toutes ces parties font contenues
dans une boîte de corne qu’on appelle fabot à deux
faces: l’une antérieure & fupérieure, pour Tordi-
naire convexe, qu’on appelle muraille: elle fe trouve
concave dans certains chevaux, c’eft ce qu’on appelle
pieds-plats. L’autre face eft inférieure Ôc fe nomme
foie proprement dite, laquelle eft concave, mais convexe
dans certains chevaux, ce que l’on appelle pieds
combles. Ces deux exceptions font des défauts, dont
le premier eft naturel & héréditaire, le fécond ne devient
comble que par la ferrure. La muraille fe divife
en trois parties ; celle qui 1e préfente en avant, eft
nommée muraille de la pince ; celle des côtés, muraille
des quartiers; celle de derrière, muraille des talons.
La partie qui paroît la première, en levant le
pied du cheval, fe nomme Joie de corne proprement
dite, cette foie fe divife en quatre parties. La première
répond à la muraille delà pince, & s’appelle
foie depince; la fécondé fe nomme foie des quartiers,
& répond à là muraille des quartiers; la troi-
lieme, qui répond à la muraille des talons, retient
le nom de foie des talons; la quatrième eft ce corps
eu forme de V , qui eft fitué au milieu , & qu’on appelle^
fourchette.
Lei parties, tant dures que molles, renfermées
dans le fabot, font, la chair de la couronne, la chair
cannelée, la foie charnue , la fourchette charnue ,
l’os du pied, une partie de l’os coronaire, l’os de la
noix, des ligamens ; des vaifleaux veineux, artériels,
lymphatiques; des nerfs , des glandes , des cartilages
, &c.
La chair delà couronne eft dure, grifâtre extérieurement
, blanchâtre intérieurement, & forme
un bourlet qui recouvre le tendon extenfeur. Elle
eft logée dans la demi-gouttiere de la muraille , à
l’infertion du poil ; elle a très-peu de vaifleaux fan*
guins, mais beaucoup de houppes nerveufes. Cette
partie fe tuméfie aifémentdans l’extenfion du tendon
extenfeur, dans les javarts encornés, & dans le cas
oh la matière a foufflé au poil.
La chair cannelée eft une fubftance bien différente
de la chair de la couronne. Entre ces couches parallèles
, elle reçoit les prolongemens de la corne can-
uelee. Elle eft parfemee de vaifleaux faaguins, elle
a beaucoup de houppes nerveufes, ce qui la rend très-
ienfible. Elle eft adhérente à toute la convexité de
1 os du pied. C’eft cette partie qui fouvent, à la fuite
d une enclouure ou d’un fil qui a gagné les quartiers,
fe fépare de la corne cannelée. La foie charnue
recouvre toute la furface inférieure de l’os du
pied, à laquelle elle eft très-unie, excepté à l’endroit
où s’attache le tendon fléchifleur du pied. Elle
recouvre auffi la fourchette charnue ; elle eft canhelee
à l’endroit de la foie des talons \ dans le refis
de fon étendue, elle eft coriace , grenue & verget-
tee. Les filets nerveux n’y paroiffent pas en auflî
grand nombre que dans la chair de la couronne & la
chair cannelée. Elle eft cependant très * fenfible. La
fourchette charnue recouvre poftérieurement le tendon
fléchifleur à l’endroit de fon attache, & s’étend
latéralement jufqu’aux cartilages ; elle eft d’une fub*
fiance, molaffe, fpongieufe & blanche ; elle a très*
peu de vaifleaux fanguins & peu de nerfs, car ellô
n’eft pas fenfible. Ce qui le prouve, c’eft que les fies
ou crapauds, quelque volumineux qu’ils foiem, pour»
vu qu ils n’aient pas gagné la chair cannelée, ne font
jamais boiter le cheval. En effet on remarque tous les
jours que le cheval qui a pris un clou de rue dans cette
partie, ne fait aucun mouvement quand une fois
on a coupe la portion de la foie charnue qui la
recouvre.
L os du pied a la figure d’un croiffant ou d’un talon
defoulier de femme renverfé. On y diftingue dif»
■ férentes eminences & différentes qualités.
. Los coronaire approche d’une figure quarrée ,
il eft fitué en partie fur l’os du pied & en partie fur
l’os de la noix.
L’os de la noix reffemble affez , par fa figure, à
une navette de tifferand: il eft fitué derrière l’os du
pied & l’os coronaire fur le tendon d’Achille. Tous
ces os font contenus &c liés enfemble par des ligamens
; la plupart font, outre cela, enveloppés de
membranes capfulaires, qui contiennent la finovie
deftinée à lubréfier les furfaces des os dans les articulations
avec mouvement.
Les cartilages du pied font au nombre de deux,'
leur figure eft à-peu-près triangulaire, ils font fitués
fur la partie latérale de l’os du pied, s’étendent de*
puis le tendon extenfeur du pied, jufqu’au repli de
la muraille des talons, & font attachés par des fibres
ligamenteufes aux apophyfes latérales de l’os du
pied. Ils ont quelques trous par lefquels paffentdeux
veines confidérables ; ils font moitié dans le fabot,
moitié dehors. La partie de dehors eft mince , celle
qui eft dans le fabot eft épaiffe. La partie antérieure
du cartilage eft liffe, polie & compofée d’une feule
piece; celle qui eft vers les talons eft compofée de
plufieurs petits paquets joints par des fibres ligamenteufes
; c’eft ce qui fait que dans les atteintes de la
pointe du talon, où à la fuite de bleimes, il fe détache
des bourbillons qui procurent une prompte
guérifon au cheval.
La ferrure eft cette opération par laquelle un
maréchal applique un fer fous le pied du cheval,
La fetrure aéluelle a bien des défauts que nous ne
pouvons nous difpenfer d’indiquer, afin qu’on puifl'e
îes éviter. i°. Les fers longs & forts d’éponge font
fujets, par leur poids, à ne point tenir fermement
& font peter les rivets. 2*. Il faut de gros clous, à
proportion de la force des fers, pour les tenir ; ce
qui fait éclater la corne , ou fouvent les groffes
lames de ces^ clous preffent la chair cannelée & la
foie charnue , & obligent le cheval à boiter. 30. Les
chevaux font fujets à fe déferrer par la longueur
des fers ; favoir, lorfque le pied de derrière ou quelque
autre chofe attrape l’éponge du pied de devant,
40. Les ferspefans fatiguent le cheval, qui alors mar»
che lourdement. ç°. Les fers longs & forts d’épon*
ge,éloigaent la fourchette de terre & empêchent
le cheval de marcher fur elle ; alors s’il y a de la
matière dans la fourchette, il lui viendra un fie ou
crapaud, caufé par le féjour de l’humeur ; ce qu’on,
évite en ferrant court. Le cheval étant forcé de marcher
fur la fourchette, l’humeur fe broie , fe divife
& fe diffipe, fur-tout aux pieds de devant,
parce que l’animal s’y appuie plus que fur les pieds
de derrière, 6°. Les fers longs forts d’éponge aux