une danfe nommée gingras, parce qu’on la danfoît
au fon de ces flûtes. (F. D . G.)
GINGROS & GINGRIA , {Muflq. inftr. des anc.)
Au rapport d’Athénée les Phéniciens avoient des flûtes
longues d’une palme qui rendoient un fon aigu, mais
lugubre. LesÇariens s’en fervoient dans leurs funérailles
: peut-être a-t-on nommé ici les „Phéniciens
Cariens, comme dans Corinna & Bathillydes. Ces
flûtes tiroient leur nom des lamentations des Phéniciens
fur la mort à!Adonis, qu’ils appelloient'
gingres. (F. D .C .)
GIRAFFE ou C amelot-par d al is ,(^/?.) conf-
tellation’ feptentrionale, formée par Royer, en 1679,
& adoptée dans le grand Atlas de Flamftéed, dans
le Planifphere Anglois, gravé par Senex , dont les
aftronomes fe fervent journellement, & dans celui
de M. Robert de Vaugondy; on l’appelle aufli le
caméléopard. Cette conftellation contient trente-deux
étoiles dont les plus belles font de quatrième grandeur
: la tête de la giraffe eft fituée entre la queue
du dragon & l’étoile polaire, & elle occupe l’efpace
qui eft entre la tête de la grande ourfe & cafllopçe;
les pattes de derrière font entre perfée & le cocher,
& celles de devant fur la tête du cocher & fur celle
du linx. {M. d e la La n d e .)
GIROFLIER DES MOLUQUES, {Bot. Exot.)
en 1771 , les gazettes nous ont appris que M.
Chéri, commandant d’un vaiffeau François dans les
Indes, avoit rendu un fervice fignalé à un roi des
Moluques, & qu’il n’avoit voulu en recevoir du
fouverain, d’autres marques de reconnoiffance que
vingt mille pieds de girofliers, ou de mufcadiers , &
fix efclaves pour les cultiver dans l’île de France où
il les a tranfportés. Dans le même tems M. Poivre a
fait inférer dans les Mémoires de Vacadémie de Lyon',
lin détail circonftancié fur la culture des girofliers &
des mufcadiers que l’on a tranfplantés dans File de
Bourbon. ( V. A . L. )
§ GIRON, f. m. gremium, i i , {terme de B La fon.)
figure en forme de triangle ifocele , c’eft-à-dire ,
dont les deux côtés longs lont égaux. Voye\fig. 2/0.
planche IV.de fart Héraldique, dans le Dictionnaire
raifonné des Sciences , &c.
Ce meuble d’armoiries eft affez rare.
D ’Eftampesde Valençay, à Paris; tfa{ur à deux
girons d'or, appointés en chevron ; au chef d'argent ,
charge de trois couronnes ducales de gueules.
GIRONNÉ, adj. ( terme de Blafon. ) fe dit de l’écu
divifé en fix, huit, dix ou douze parties triangulaires
égales entr’elles, de deux émaux alternés. Voye^fig.
4$ , 46*, 4 7 , planche V. de Blafon, Suppl. & figure
6i. planche II. Dictionnaire raifonné des Sciences ,
& c .
Le gironné de huit pièces eft formé du parti, du
coupé, du tranché & du taillé.
On ne nomme le nombre des girons que lorfqu’il
y en a fix, dix ou douze.
Le terme gironné vient du mot giron, qui eft
le deflus du tablier d’une femme, depuis le deflus
des genoux, jufqu’à la ceinture ; lorfqu’elle eft aflife,
ou des robes longues des anciens, qui étoient larges
par en bas & étroites vers la ceinture, & repréfen-
toient une efpece de triangle à l’endroit que les
Latins nommoient gremium.
Ce dernier fentiment eft l’avis de Ducange, qui
dit que les habits longs de nos aïeux étroits en haut
& larges en bas, étoient ainfi nommés ex eo quod
veflis giret & circuit formarn efficiat.
De Cugnac de Dampierre , en Périgord ; gironné
d?argent & de gueules.
DeBerenger d eGua, en Dauphiné, gironné d'or
de gueules.
De Maugiron de la Roche, dans la même province
; gironné de f ix pièces dl argent & de fable,
Lamoureux de la Javelliere, en Bretagne ; gî-
'■ ronné de dix pièces d'argent & de gueules. {G. D. L. T. )
§ GIRONO, en Catalogne, ( Géogr. ) Gerunda
félon Ptolomée; Pline en nomme les habitans Genen-
denfes & les place dans le département de Tarragone.
Elle devint le fiege d’un évêché, au milieu du
111e fiecle. Du tems du poète Prudence , elle étoit
petite, mais riche en reliques, fur-tout de celle de S.
Félix, martyr, honoré le 18 mars :
Parva Felicis decus exhïbebit
Artubus J'anclis locuplcs Gerunda •
Prud. hym. IV. v. /<).
Le diocefe s’étend fur 339paroiffes , 11 abbayes
& 4 prieurés. Les fils aînés des rois d’Arragon prirent
le titre de comtes, enfuite de princes de Gironné :
elle eft capitale d’une vigtierie de fort grande étendue
qui palfe pour la partie la plus fertile de toute la
Catalogne.
En 1653, le maréchal d’Hocquincour leva le fiege
de cette ville, après 70 jours d’attaque ; en 1684,
le maréchal de Bellefonds fut oblige d’en faire autant
: mais elle fut prife en 1694 par le duc de Noail-
les. Eh 1705, les habitans s’étant déclarés pour l’archiduc
, le maréchal de Noailles prit d’affaut la ville
baffe en 1711, & la ville haute fe rendit par capitulation.
Il y mit pour gouverneur M. de Morot de
Grefigni, brave officier Bourguignon , qui fe fit
beaucoup d’honneur à la défenfe de cette place : il
eft mort en Bourgogne, brigadier des armées du roi,
vers 1735.
On conferve dans les archives de l’églife de Gi-
ronne deux bulles, l’une de l’anti-pape Romain,
l’autre du pape Formofe , toutes deux de la fin du
IXe fiecle : elles ont plus de deux aunes de long fur
un pied de haut. Le I^.Toiirnemine prétend qu’elles
font écrites fur de l’écorce d’arbre qui eft tiffée
comme la toile. Voy. Journ. de Trev.fept. tyn pag.
§ GIROUETTE, ( Ares. ) Il eft étonnant que
jufqu’à ce jour l’on n’ait pas fu profiter du mouvement
des girouettes, pour les employer à divers ufa-
ges économiques ; on s’eft borné à leur faire indiquer
la direâion des vents, comme on l’a remarqué
en parlant de la tour des vents d’Athenes, que l’on
nomme mal-à-propos la lanterne de Demoflhenes ; ce
monument curieux fubfifte encore aujourd’hui, il ne
nous refte que des décombres de la voliere du célébré
Varron, oh l’on avoit également placé un ven-
tilogium. Depuis quelques années, l’on a perfectionné
cet infiniment, & à l’aide de quelques rouages
& de plufieurs timbres, l’on a compofé Y anémomètre
fonnant qui marque l’efpece de vent ; i°. par
le moyen d’un cadran ; 2®. par celui d’un carillon.
On voit ces machines Utiles dans plufieurs ports de
mer des villes capitales de l’Europe. ( V. A. L. )
GIROUETTÉ, ée, adj. ( terme de Blafon. ) fe
dit d’un château, d’une tour, lorfqu’il y a une girouette
fur leur toit.
Quand les girouettes ont des armoiries peintes ou
évuidées à jour, on les nomme panonceaux ; c’étoit
anciennement des marques d’ancienne nobleffe.
Les feigneurs qui permettent à leurs vaffaux de
mettre des girouettes fur le faîte de leurs fiefs ou
maifons, font en droit d’exiger d’eux des droits fei-
gneuriaux & l’hommage.
De Vieuxchaftel de Kergrift, en Bretagne; d'arur
au château d?argent girouetté d'or. ( G. D . L. T. )
GISORS , Gifortium, ( Géogr. ) ville du Vexin
Normand, dont Guillaume le Roux, en 1097, fit
bâtir le chateau, objet de diffentions entre les couronnes
de France & d’Angleterre. Henri I, roi d’Angleterre
* en fit prefque une place imprenable.
Philippe Augufte, après-la bataille de Courcelles ,
& qui penfa périr fur le pont, échappé du danger,
fit dorer l’image de la Vierge qui étoit au-deffus de
la porte de Gifors, pour perpétuer la mémoire de
cet événement, d’où la porte a retenu le nom de
porte dorée.
Près de Gifors étoit un orme fous lequel les Fran-'
çois & les Anglois s’étant croifés pour la tçrre fainte
en 1188, crurent voir une croix en l’air quifem-
bloitratifier leur confédération.
Gifors y chef-lieu d’un des fept grands bailliages
de Normandie, fut érigé en duché-pairie en 1748,
en faveur de Louis Fouquet, maréchal de Bellifle ,
dont le fils pöttoit le nom de comte de Gifors, nom
cher aux militaires qui l’ont vu périr à la tête des
carabiniers en 1758, à la, malheureufe affaire de
Creveltz. Ce jeune feigneur le mieux élevé du
royaume, les délices de la cour, l’unique efpérance
de fa maifon, l’héritier de celle de Nivernois, fut
pleuré des foldats, regretté du roi & de nos ennemis
même.
M. de Bellifle fon pere, a laiffé en mourant, en
1762, le duché de Gifors au roi, qui l’a donné au
comte d’Eu, en échange de la principauté de Dom-
bes, réunie au domaine.
Pierre Neveu, jacobin, curé de Gifors en 1562.,
s’y eft diftingué par fon grand zele pour la religion.
Robert Deniaud, qui l’a été aufli depuis 1611 à
1664, fut honoré du titre d'hifloriographe du roi en
1663. Outre quelques ouvrages imprimés, affez peu
eftimés, il a laiffé aux Trinitaires de Gifors l’hiftoire
manuferite de cette ville, en deux gros volumes, où
il y a de longues tirades d’inveûives contre les
moines. Voy. Hifi. dé la haute-Normandie, par D.
Dupleffis, T. I I t in-40. p. 297.
Le Dici. raif. des Sciences , &c. dit qu’Oderic
Vital nomme cette place Gifors y au génitif Gifortis.
Il eft vrai qu’il dit caflrum Gifortis; mais Gifortis n’eft
point ici le génitif de Gifors, c’eft le nominatif du
nom Gifortis que cet auteur fait indéclinable. ( C.)
* § GIULA , ( Géogr. ) ville forte de haute Hongrie.
. . . Les Impériaux la reprirent en iSc)5 , lifez en
16()5 , & ils l’ont gardée par le traité de Carlowitz
en 1699. lettres fur C Encyclopédie.
* § GIUND , {Géogr.) ville d'Afle.. . Le Sihon
efl le Jaxarre des anciens, lifez le Sihun efl le Jaxarte
des anciens. Lettres fur l'Encyclopédie.
GL
GLA AM A , {Géogr.) nom de l’une des montagnes
glacées de l’Iflande : die eft dans le quartier occidental
de l’île, & c’eft la plus confidérable du pays,
après celle de Jeuklu. {D . G. )
§ GLACIERS, en allemand gletfehers, ( Hifl.
nat. ) On a donné le nom de glaciers, & d’autres
celui de glacières , à ces amas énormes, ou à ces
montagnes de neige & de glace permanentes, que
l’on voit en différentes contrées de notre globe, à
une grande élévation, au-deffus du niveau des mers
& que les chaleurs de l’été ne peuvent fondre entièrement
, mais feulement à la furface , en quelques
lieux. Les montagnes de l’Iflande & du Nord, les
Cordelieres du Pérou , les Alpes de la Suiffe & de
la Savoie, préfentent aux voyageurs curieux &
étonnés ce Brillant fpeftacle, avec des variétés &c
& des changemens , qui naiffenî des circonftances ,
des différences de climat, de la pofition des lieux,
& de la différente hauteur & profondeur des montagnes.
Tous ces phénomènes finguliers ont été expofés
avec du plus ou moins d’étendue, pour les montagnes
du Pérou, par les célébrés académiciens de
Paris, qui en ont fait le voyage : pour l’Iflande,
Tome III.
par MM. Thorkelfon & Olavius : pour les Alpes
Suiffes, par MM.Scheuchzer, Hottinger, Çhriftçn,
Cappeler , Altmann , Mérian, de Haller & Bertrand
; pour. 1/a vallée du Siementhal en partit
culier, par M. Langhans: pour les montagnes.dç
Savoie , par MM. de Sauffure & de Luc. Mai?
perfonne n’a raffemblé plus de faits intéreffans, fuf
ces, objets que M. Grquner, ^ns fip^Mifloire naturelle
des glacières de Suiffe, en 3 vol. ïn-8tf. oyyragiç
traduit en françois par M. de Kéralio , Paris 177q.
in-4?. avec de fort bqlles planches ;.tradu£lion.fingu-
liere, où l’on a tronqué l’original , 911 Pop n’a pas
traduit les noms, propres allemands, ni dans le livre
, ni fur la carte topographique,, qui eft orientée
à rebours; enfor,te que le livre françois, eft inintelligible
en divers, endroits, pour qui ne fait pas l’allemand;
voyez fur cette traduction le journal helvétique,
juillet 1770.
M. Grouner décrit fort en détail \çs glaciers de
la Suiffe: d’abord, de la vallée d’Oberhasly, du
Grindeiwald, du Lauterbrunnen , de la vallée de la
Kander, des monts de Froutiguen & du Siementhal,
du bailliage de Geffenay, enfin du gouvernement
d’Aigle, tous dans le canton de Berne.
. Il décrit enfuite les glaciers, qui font fur les montagnes
feptentrionalesdu pays de Valais, &qui tiennent
auffi aux Alpes; & ceux des montagnes méridionales
du même pays, qui tiennent aux monts
Apennins, qui font les extrémités des Alpes P.en-
nines.
Delà il paffe aux grandes Alpes Lépontines & aux
glaciers des bailliages italiens de la Suiffe, du côté
du Milanez ; après cela aux glaciers du canton d’Uri,
ou des petites Alpes Lépontines.
Les Alpes Rhétienes , où font les glaciers du pays
des Grifons, font enfuite décrites : enfin les glaciers
des cantons de Glaris, d’Appenzel , de Schwitz ,
d’Undervald & du mont Engelberg, limitrophe de
ce dernier canton.
L’affemblage entier de ces monts de neiges éternelles
& de glaces permanentes, étant mefuré en
ligne droite, occupe environ 66 lieues du levant
au couchant. Il s’étend depuis les bornes occidentales
du pays de Valais , vers la Savoie , jufqü’aux
bornes orientales du pays des Grifons, vers le Tirol ;
ce qui forme dans toute cette longueur de la Suiffe
une chaîne de montagnes quelquefois interrompue.
Il en part différens bras, qui s’étendent du midi au
nord, & dont les plus longs occupent un efpace
d’environ 36 lieues. Le centre de ces monts neigés
eft occupé par le grand.Saint-Gothard , la Fourke &
le Grimfel ou la Grimfule.
Quoique ces deferiptions offrent diverfes Angularités
frappantes, nous n’entrerons cependant pas
dans tous cés détails, renvoyant les curieux aux
ouvrages que nous venons d’indiquer. Nous nous
bornerons ici à faire des obfervations .effentielles
fur les glaciers en général, en cherchant à mettre
dans nos réflexions un ordre & une précifiôn, qui
puiffeot fervir à donner une idée- jufte de ces phénomènes
finguliers de la nature & de leurs vraies cau-
fes. Ces recherches appartiennent en général à l’hiftoire
naturelle , & font partie de la géographie phy-
fique en particulier. Je rapporterai toutes mes obfervations
à fix articles généraux.
I. Des divers genres de glacier s .La neige tombée
du 'ciel, eft le principe , l’origine & la caufe de
tous les monts de glace. Le dégel & le regel de cette
neige ( je demande grâce pour ce mot ) joints à la
pofition des lieux, forment les divers genres, les
efpeces, & les variétés que l’on obferve dans les
formes fingulieres de ces glaciers.
Nous pouvons les rapporter en. général ù trois
F f ij