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parallels ; fa figure , fa couleur, fa confiftance eton*
noient les observateurs, quand des recherches ultérieures
augmentèrent leur furprife. Us trouvèrent
que de la partie Supérieure du côté droit, partoit
une véritable trompe deFallope qui, fe contournant
à deux ou trois lignes de fon origine, paffoit par def-
fous ce corps, &c alloit embraffer, par fon pavillon
& fon morceau frangé, un ovaire qui étoit place à
droite & uni au même corps par une efpece de ligament
: cet ovaire avoit la confiftance, la couleur, la
figure & le volume d’un ovaire ordinaire; mais, la
néèeflité où l’on avoit été d’emporter le bafliri du
fujet pour le difféquer plus à l’aife, & l’impoflibilité
où l’on fut de procéder aufli promptement qu’on
auroit voulu à la diffeélion de ces parties, mirent
hors d’état de vérifier fi les vaiffeaux Spermatiques
du côté droit aboutiffoient à cet ovaire ; on en vit
affez cependant pour ne pas douter que ce corps
ne fût réellement un ovaire.
L'ouverture du petit corps rond & applati, dont
cet ovaire ôc la trompe étoient des appendices ,
prouva qu’il étoit réellement une matrice ; on ob-
ferva dans fon centre une cavité de quatre à cinq
lignes de longueur, fur deux à trois de largeur; en
fouftlant dans cette cavité , l’air paffa dans la trompé,
cette manoeuvre ne découvrit aucune autre ouverture
; ce corps étoit donc une matrice, mais imparfaite
, qui n’avoit aucune communication avec les
parties extérieures.
L’hermaphrodite que -l’on yient de décrire, réunif-
foit donc, aux parties qui annoncent les deux fexes,
celles qui les caraâérifent l’un & l’autre ; mais quoique
la nature aitparu en quelque forte prodigue en fa
faveur, les dons qu’elle lui avoit faits ne dévoient pas
exciter fa reconnoiffance, puifque par cette prodigalité
, il avoit été rendu inhabile aux fondions auxquelles
l’un & l’autre fexe font deftinés.
Une femence prolifique fe préparoit en vain dans
un tefticule, puifque l’imperforatiori de la verge
& l’endroit d’où cette liqueur pouvoit s’échapper,
s’oppofoient fenfiblement à ce qu’elle pût jamais
être d’aucun ufage pour perpétuer l’efpece humaine.
Une trompe embraffoit en vain un ovaire bien conformé,
puifque la matrice à laquelle cette trompe
aboutifloit étoit borgne & n’avoit aucune communication
extérieure. En un mot Jean-Pierre qui étoit
fenfiblement homme & femme, n’étoit cependant
dans le fait ni l’im ni l’autre , & fon état, qui augmente
le nombre de cette efpece de monftres, rend
l’exiftance des hermaphrodites parfaits bien peuvrai-
femblable.
Il feroit intéreffant de favoir fi dans le tems où
les menftrues dévoient paroître, la fanté de cet hermaphrodite
étoit altérée ; il feroit curieux d’être inf-
truit s’il éprouvoit quelquefois des éredions ; mais
ce qui feroit bien plus fatisfaifant, ce feroit la con-
noiffance morale du coeur de cet individu, elle don-
neroit probablement quelque notion de l’influence
de notre organifation fur notre façon de fentir & de
penfer ; mais les recherches que l’on a faites n’ont
pas fourni fur ce fujet beaucoup de lumière , tout ce
que l’on a pu apprendre des perfonnes chez lefqtielles
il a demeuré en cette ville, c’eft qu’il aimoit paflion-
nément la danfe, que fon goût ne paroiffoit pas le
porter vers le fexe, & qu’il n’a jamais fait de caref-
fes, même innocentes, à de jeunes filles fort jolies
avec lefquelles il demeuroit ; fon fon de voix étoit
celui d’un garçon de fon âge : mais il aimoit à parler.
(JW.Af.)
* On peut diftinguer les hermaphrodites en quatre
claffes; i° . les hermaphrodites parfaits, ou que l’on
fuppofe réunir parfaitement & diftinftement les deux
fexes, avec la faculté de fe reproduire au dedans &
au dehors \ 2°, ceux qui ont 1$ fexe mafçulin parfeit
HER
& quelque apparence du fexe féminin; 3®. ceux
qui font réellement femmes avec quelque chofe des
parties de l’homme ; 4°.ces êtres infortunés qui avec
les apparences équivoques des. deux fexes, n’ont
réellement ni l’un ni l’autre. Nos pldnches ePHifioire
naturelle dans cé Supplément, font voir plufieurs hermaphrodites
de diverfes efpeces ; il n’y..en a point que
l’on puifle ranger dans la première claffe.
La figure 1: eft un hermaphrodite femelle, dans qui
la conftruôion du corp's annonce le fexe féminin ;
mais cette femme avoit une verge a,ifolée & im-
perforée, au-deffus de la vulve c; b eft l’orifice de
l’uretre. Cette figure eft prife deColumbus, ainfi que
la fuivante.
Figure 11 hermaphrodite mâle dont la verge a eft
dans l’état naturel, le fcrOtum divifé en deux parties
forment les deux levres de la vulve b ; ce qui donne
à cet homme une apparence du fexe féminin.
Figure 3. Dans les deux figures précédentes la
verge eft au-deffus delà vulve ; dans celle-ci elle eft
au-deffous: c’eft une femme parfaite, comme l’annonce
toute l’habitude du corps ; elle a cependant
une verge Æ, perforée & affez bien formée attachée
à l’angle inférieur de la vulve a , & au - deffous de
la verge un ferotum c, contenant les tefticules, de
forte que fi la conformation intérieurë, & les fonctions
de ces organes répondoient à leur annonce extérieure,
on pourroit croire que cette femme-homme
réuniffoit les avantages des deux fexes, pouvoit fe
fervir avec un égal mccès de l’un & de l’autre, &
& fucceflivement concevoir & engendrer.
Figure 4. Ici 'la vulve a eft à côté de la verge b ,
au bas de laquelle pend le ferotum c , contenant les
tefticules. Cet hermaphrodite femble encorejréunir les
deux fexes ; & ne différé du précédent que dans la
fituatipn des parties, & dans l’habitude du corps qui
annonce plutôt un homme qu’une femme.
Figure 5. Deux jumeaux hermaphrodites joints en-
femble par le dos. Cette figuré eft prife d’Ambroife
Paré. On voit les verges <*, <z, & les ferotum c , c;
& à côté des ferotum, un peu plus bas que les verges
, les vulves c , c.
Figures 6 b y repréfentent unTujet mal conformé
par fes parties de la génération, & qui ne peut guere
être rangé dans aucune des quatre claffes à?hermaphrodites
énumérées ci-deffus. Ces figures ont été
deflinées par le do&eur Parfons, favant médecin An-
glois, d’après le fujet lui - même qui portoit tout le
caraftere du fexe féminin. La figure 6" reprife, eft le
fujet vu debout : a , le clitoris ; b, la levre du côté
droit contenant une hernie ; c , la grande fente. La
fig. y eft le fujet vu couché, les cuiffes écartées & la
vulve ouverte ; a, a, les levres ; b, le clitoris plus
gros & plus long que dans l’état naturel, & adhérent
au pubis. C’eft la feule circonftance qui donne
à cet être quelque apparence d’hermaphroditifme.
Figure 8 repréfente un hermaphrodite examiné &c
décrit par M. Arnaud, do&eur en médecine, &
membre de la fociété des chirurgiens de Londres ,
dont nous avons fait plufieurs £ois mention dans ce
Supplément , & particuliérement en parlant de la
C h a ise c h ir u r g ic a l e de fon invention.
« En l’année 1715 ( dit cet habile chirurgien
connu dans toute l’Europe par fes excellens ouvrages,
& fon habileté dans la cure des hernies), une
efpece à.'hermaphrodite s’adreffa à moi en habit de
femme ; elle fe plaignoit d’une defeente qu’elle
croyoit avoir dans l*aîne droite. Je trouvai hors de
l’anrieau une petite tumeur e ,fig. 8 , qui me parut
être tout autre chofe que la maladie dont elle fe
plaignoit : elle me dit qu’elle en avoit été incommodée
toute fa vie ; que cette groffeur defeendoit quelquefois
plus bas, & que lorfqu’elle remontoit elle
étoit fprt douloureufe, Je fis.coucher la malade fur
HE R
Ê f t rfôùf avoir plus de facilité à l’exammet. La
weïnieré chofe que ]’«pperçus fut une efpece de
Verge H qui nte donna lieu ide croire que cette
E— de l’k te étoit un tefticule : ençomparant le
?ôtc prétendu malade avec le côte gauche, je 1 ou-
vai à — ufie tumeur | B H I . «?ts ■ B
plus élevée. Il me fut aile de diftmguer att toucher
que ce’s deux grofl'ettrs étoient deux tefticules.Je ne
pus me tromperfurleurcàraaere , tant parlafotme
de ces organes'que parcelle des epïdtdyjnes & des
vaiffeaux fpermatiquesi Je fus oblige de tuer un peu
en-bas'celui du côté gauche pour l’examiher plus particuliérement,
parée qu’etânt trop près de 1 anneau ,
îe ne pouvois pas le manier alternent. Ce teiticule
qui étoit de moitié plus petit que l’autre, remontoir
toujours quand la malade étoit hors du tems de fes
6 Lesdeux tefticules e, ƒ »étoient renfermés chacune
dans une efpece de bourfe ou de ferotum. Ces deux
bourfes repréfentoient tres-parfaitement les deux
grandes levres de la partie naturelle aux femmes e ƒ.
La peau qui couvroit Tintérieur de ces deux levres
étoit rouge & parfemée de glandes fébacées très-apparentes,
& hume&ées par l’humidité qui eft ordinaire
ces parties. La verge fortoit de la partie fupérieure
de ces deux levres : on vo yo it, en les écartant, toute
l ’étendue de cette verge, dont le gland feul paroif-
foit hors des levres, lorfqu’elles étoient fermées.
Elle étoit très-bien formée & tout-à-fait ifolée-; elle
avoit deux pouces neuf lignes de longueur & autant
de circonférence, dans,l’état de flaccidité. Il ne me
fut pas poflible de favoir pofitivement fi cette verge
étoit fufceptible d’aucune des fenfations particulières
à cette partie, foit parce qu’en effet elle ne fût capable
d’aucun mouvement , foit que la modeftie
diftât à la malade cette diferétion. Elle me dit feulement
que dans le tems des réglés elle devenoit un
peu plus groffe, mais fans éreftion. Je compris cependant
, malgré tous les difeours contraires, qu’elle
en étoit très capable ; car la malade vouloit abfolu-
ïment que je la lui amputaflè, parce que, me difoit-
e lle , elle lui caufoit beaucoup d’embarras. Cet embarras
n’étoit autre chofe, à n’en pas douter, que
des érettions fpontanées qui dévoient lui caufer plus
de mal que de plaifir, par les raifons que je vais rapporter.
Cette verge avoit la figure de celle d’un homme,
lelle paroiffoit compofée de deux corps Caverneux ,
d’un uretre & d’un gland : elle étoit couverte d’une
peau de même couleur que celle qui couvroit les
autres parties du corps ; elle étoit lâche & pliffée au-
deffus de la couronne du gland ; elle s’alongeoit &
fe retiroit de même que le prépuce dans les hommes,
pour couvrir le gland fuivant fa difpofition ; le frein
ou filet étoit très-marqué, court & fort épais; La
portion de la peau qui couvroit la partie poftérieure
de la Verge étoit rouge, très-fine & parfemée de
glandes fébaçées qui la rendoient humide.
Le gland b étoit très-bien formé & proportionné
au refte de la verge : il n’étoit point percé à fon extrémité,
mais on y obTervoit une petite dépr^flioii
qui s’étendoit tout le iqng de la partie poftérieure
de la verge jufqu’à fa racine, & fe terminoit au bord
fupérieur de l’orifice urinaire. Cette déprèflion qui
avoit la figure de la cannelure d’une fonde, pàfôiffoit
être un uretre affaiffé ; car lorfque la malade urinoit,
cette déprèflion fe gonfloit ; ce qui donnoit lieu dé
croire que l’urine avoit la liberté d’eiitrer dans ce
canal qui, n’ayant pas d’iffue, forçoit la colonne de
ce fluide à retourner vers l’orifice que la nature
avoit difpofé pour fon évacuation.
Lë canal urinaire tout-à-fait femblable à èelui des
femmes j étoit fitué aii même endroit que dans le
fexe ; une fonde crçufe y entroit dans la même
Tome III»
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'dirè£Kón , &c àmenoit l’uririe hors de la veflie de là
même maniéré que dans les femmes.
Aux deux côtés de cette déprèflion dont je viens
dé parler, on appercevoit très-diftinâement au toucher
les deux corps caverneux: ilsfembloient fe terminer
à la face moyenne de l’os pubis.
Immédiatement au-deffous du bord inférieur du
méat urinaire, fe réuniffoient les deux portions deè
bourfes ou fetotums qui eontenoiént les tefticules*
Leur commiffure inférieure reflembloit, mais afféi
imparfaitement, à ce que Tón nomm e la fourchette f
de la commiflùre inférieure des levres à l’anus, il ÿ
avoit deux pouces & demi : cette diftance étoit occupée
par une peau lâche & molle qui cëdoit à l’irn-
pulfion du doigt ; elle paroiffoit s’enfoncer dans une
cavité: il n’y avoit aucune marque de ce que Tori
nomme le raphé; il y avoit beaucoup de poils;
comme à tout le refte de la partie, mais il n’y eii
avoit pas autour de l’anus.
La cavité dans laquelle la peau dii périnée fem-
bloit s’enfoncer j indiquoit celle du vagin qui;
n’ayant point d’orifice j ne permettoit-pas au (ang
menftruel de fortir avec facilité ; il étoit obligé dé
prendre là route de l’anus tous les mois, en paflant
vraifemblablement par une communication qui alloit
du vagin dans le rectum.
Quelques jours avant Ie tenis.des regies, il fe for-
moit une tumeur d au périnée qui augmentoit peu-à-
peu , & en trois ou quatre jours elle devenoit de là
groffeur d’un petit oe uf de poule ; parvenu à cet état,
le fang commençoit à couler par l’anus, fans que l’on
apperçûtà cette partie aucun gonflement intérieurement
ni extérieurement. Cela fait croire avec raifort
que le fang s’àmafloit dans la cavité du vagin ; où il
devoit.être retenu jufqu’à ce qu’il y en eût une
quantité fuffifante pour gagner la hauteur de la corn-1
munication qui a été fuppofée venir de ce réfervoif
dans le reûum, quand une fois il avoit commencé à
couler par l’anus. Il y avoit de plus à obferver que
la peau qui couvroit l’entrée du vagin, & qui s’éle-
voit fur la tumeur que le fang formoit lorfqu’il s’a-5
maffoit, ne changeoit pas de couleur.
Tel étoit l’état des parties'lorfque la malade fë
préfenta à moi pôur la prémière fois. Deux des plus
célébrés chirurgiens de ce tems-Ià, MM. Malaval &£
Puzos, Texamineferît avec moi. Ces meflieurs fuf-
pendirent leur jugement, ils rie voulurent pas décider
fous quelle efpece d’hermaphrodites ils pouvoienf
la ranger, avant d’avoir bien eonfidéré la nâtufe des
écoulemens périodiques qu’elle nommoit fies regies.
Tous les paffages pour l’évacuation de la femencé
ayant été ainfi fermés, il n’eft pas étonnant que certè
créature fentît plus de peine que de plaifir dans Tétât
d’éreftion qu’elle avoit felôn toutes les apparences;
puifque , croyant que fes peines venoient toutes dé
fa verge, elle vôuloitque je la lui amputaflè; : r
Cette fille étoit alors âgéé de trènte-cinq ans ;
elle étôit de la taillé de cinq pieds cinq polices. Son
tempérament étoit délicat, foible & fort maigre : fa
peau étoit rude , épaifle Ôi bafâoée ; fon vifage étôit
rempli de barbe ; les poils en étoient noirs &: minces;
fa voix étôit rude & hommafle ; ellé avoit la
poitrine étroite; fon feirt étoit plat & fée ; fes bras
étoient maigres & niufeüleux; fes mains grandes;
fes doigts longs & forts ; ëüë avoit lé véntre plat;
les ôs du baflîn étoient fort évafés; l’os pubis très-
élevé; les feflés grofles ; lés cuiffes & les jambes
rondes ; les pieds pèt-its'. Par les proportions de toutes
.les parties de fon corps, On eût pii tirer cette cOnfe*
quence, que de la tête jufqu’à là ceinture elle durcit
pii paffer pour un honijnè s &c que de là céirituré juf-
qu’aux pieds On eût pu là prénd.re pour line fille ;
'excepté lès parties extérieures de la génération qui
étoient mixtes« Elle s’oçeupoit dans l’état de pauvret^