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•fignifîer les deux opérations de faire les trous & y
mettre la graine. Mais lorfque les trous font fouilles,
on fe fert du ternte de femer.
3°. Le travail le plus pénible de la culture de
y indigo n’eft point de femer la graine dans les trous.
Les negres font véritablement, obligés d’ê tre courbés
pour le faire ; mais pour fa rder &: cou p er, ils
l e font également ; par conféquent, prefque tout le
travail d’une habitation à indigo fe fait étant courbé
; & les negres fe font à cette pofture. Le plus
•pénible travail eft de defloucher , de couper ôc de
porter les paquets d’herbe aux indigoteries. En def-
■ fouchant , les negres manient la houe fortement
toute la journée ; & en coupant , il faut , étant
c ou rb é s , faire agir la faucille , que nous nommons
couteau à indigo. T outes ces opérations font plus pé nibles
que celle de femer. C e n’eft point auffi avec
les pieds que les negres couvrent la graine, mais
•avec des balais faits de plufieurs petites branches
d’arbres , garnies de leurs feu ille s , qu’ils paffent
-légèrement fur le t-errein fem é , afin de ne pas mettre
trop de terre fur la graine. C a t au lieu d’en mettre
deux pouces d’épais, comme on le dit au meme
e n d ro it , on n’enfauroit mettre trop peu. {Cet article
c jl de M. G r e s s i e r . )
IN D U S T R IA , ( Géogr. anc. ) ancienne colonie
romaine dont parle P lin e , étoit entièrement oubliée
, lorfqu’ôn en a découvert les ruines en 1745 :
MM . R ico loi & R ivaute lla, fovans P iémontois, déterrèrent
, à Montedipô, terre fituée fur le Pô >
à 16 milles de T u r in , des médailles ,■ du m arbre, des
inferiptions, qui citoient des magiftrats & des prêtres
, une pierre dans laquelle il étoit parlé d’une
ftatue décernée à C o c c e ia , aux dépens du public
À B IN D . Peu après on leur porta une belle inf-
cription dont v o ici le contenu.
Genio 6* honori Pompeii L. F. p o l Herenniani Eq.
Rom. Eq. pub. Q . Ær. p. & alim Ædil. I I viro ,
curatori Kalendariorum reip. col'legium pajlophororum
Indujlrienjîum , patrono ob mérita.
O n voit que cette infeription étoit confacrée à
L u c Pompeius, fils de Lucius , furnommé Herert-
nianus, qui étoit de la tribu Pollia , chevalier ro main
, tréforier de la v ille d’Indujlria, commiffaire
des v iv r e s , édile & duumvir , dépofitaire des ré-
giftres, enfin, patron de la v i l l e , décernée par le
college des prêtres paftofores.
On trouva auffi en 1745 , des v efiiges d’un ancien
temple, un pavé mofaïque, beaucoup de médailles
, huit in feriptions , des idoles , & .fur-tout un
beau trepied de bronze, une ha rpie, un v ieux fa ty re
ou lilene.
En 1750 on déterra , par ordre du r o i , un petit
vafe de b ro n z e , contenant 196 médailles en o r ,
toutes du haut f ie c le , & quantité de médailles d’argent
, & plufieurs petites ftatues de bronze , dont le
cabinet du ro i eft enrichi. Depuis la mort de M.
R ivautilla , arrivée en 1753 , on a difeontinué les
recherches.
Les recherches que nous devons à M. de la Lande
dans fon premier volume du voy ag e d’Italie, p. 253,
font v o ir combien fe font trompés Baudrand, la
Martiniere,Cellarius & C lu v ie r , e n la ç a n t Induflria
àC a fa l dans le Montfe rrat,à huit lieues de l’endroit
o ù l’on a découvert les ruines de cette ville. ( C. )
IN F A N T IC ID E , ÇMéd. lég.) On appelle infanticide
la mort violente & méditée d’un enfant né
v iv a n t , ou prêt à naître.
C e délit confidéré dans le fens le plus g én é ra l,
s’étend fur l’embryo.n & le foetus encore renfermés
dans la matrice , & conféquemment tout ce qui a
rapport aux avortemens par caufe violente appartient
à l’infanticide confidéré fous ce point de vue ;
mais l’étendue de la matière ôc fa complication m ’onf
I N F
déterminé à n’appeller de ce nom que l’attentat fait
fur la vie d’un enfant à te rme , né ou prêt à naître.
C e t attentat différé dé l’homicide proprement dit
en ce qu’outre le genre de caufes que des meres
dénaturées, ou des fcélérats , peuvent mettre en
ufage pour ôter la v ie à ces foibles viélimes , la
feule omiflion ou la négligence des fecours nécef-
faires peut également leur donner la mort.
Le crime eft le même dans ces deux cas , fi
la mauv^ife volon té eft démontrée ; plufieurs cir-
conftances néanmoins en diminuent l’atrocité dans
le fécond cas principalement, &: c’eft ce qu’il importe
beaucoup de diftinguer.
Le malheureux empire du préjugé qui nous aveugle
fur la nature des v ic e s , nous exagere tous ceux
qu’il eft impoffibfe de couvrir du manteau de la vertu.
Nous réfervons l’infamie à la foibleffe d’un moment,
& nous puniffons av e c la derniere rigueur
les triftes effets que la crainte de cette infamie produit
fur des âmes foibles pour la plupart, & qui ne
font criminelles que pour être trop vivement frappées
de la perte de leur honneur. Le cri de la nature
n’eft pas étouffé dans ces meres criminelles & nial-
heureufes tout-à-la-fois, mais la force eft affoiblie1
par la crainte de l’Opprobre qui les attend : doit-on
s’étonner que ce m a l, dont peu fupportent l’idée ,
l’emporte lur la pitié qu’excite un erlfant incapable
de (entir la perte de la vie , lorfqu’elles font foute-
nues par l’elpoir de l’impunité & du fecret ?
La juftice civile eft par-tout occupée des moyens
de découvrir le crime & fes auteurs ; on donn e,
pour ainfi dire , la torture aux efprits dans la vue
de ne laiffer aucun nuage qui le ca che , les médecins
font confultés, les expériences encouragées , les
loix multipliées, les punitions fréquentes, on n’o u blie
que les précautions juftement néceflaires pour
les prévenir. Je pourrois me difpenfer d’entrer dans
un détail odieux pour tout le â eu r fenfible , humiliant
pour l’humanité, & qui coûte beaucoup à mon
coeur , fi l’on eût écouté les voeu x de tant d’hommes
illuftres (l’amides hommes, l ’auteur du traité des délits
& des peines) ; les établiffemens qu’ils ont propo-
fés n’ont rien de chimérique, l’exécution en eft facile
& les effets très-avantageux. Tant d’autres projets
bien moins importans & plus difpendieux ont été
mis en exécution ; mais je lais que la caufe publique
n’a prefque jamais l’a&ivité requife pour perfuader
tant qu’elle eft ifolée ; trop d’intérêts particuliers la
e ro ifen t, & tous les refforts font lâches ou épuifés
lorfqu’il n’eft queûion que du bien général.
Je vais donc remplir ma pénible tâche , en faifant
des voeu x pour qu’elle foit mife un jour au rang des
connoiffances fuperflue^ que le défaut d’emploi fait
oublier. Il me fuffit de dire av e c un auteur ami de
l’humanité , qu’on ne peut appeller précifément ju jle
ou nécejfaire la punition d ’un crime , tant que la loi n ’a
pas employé pour le prévenir les meilleurs moyens pojjl-
I blés. D e i deliti e delle pene.
T ou te femme enceinte qui cache fa groffeffe devient
fufpe&e , & les loix obligent les filles qui ne
font pas mariées de la déclarer. Il eft pourtant des
fubterfuges dont le crime fe fert pour fe mafquer,
quelquefois même il eft des circonftances qui le rendent
moins puniffable.
Quelques auteurs ont prétendu qu’à raifon de l’incertitude
des fignes de groffeffe, une femme enceinte
pouvoit ignorer fon é ta t, fur-tout fi cette groffeffe
n’avoit pas été précédée par d’autres qui puffent lui
donner quelque expérience.
Je conviens’que la fuppreflîon des réglés ne con-
ftitue pas la groffeffe affez fpécialement pour qu’on
ne puiffe l'attribuer à quelqu’autre caufe ; l’enflure
où l’élévation du ventre , principalement vers la
région de la matrice, peut encore dépendre du fang
ou
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o u des férofités épanchées dàfns là CâVifé dè ce v if-
c e r e , il peut y avoir dëS hydatidés confidérâbles
placées dans cette cavité ou vers lès ligaiiiens larges
& les o va ires , comme on en trouve affez communément
, le méfentere peut être fquirrhèux, il pèut
y avoir afeite. Les mouvemérts de l’enfant peuvent
être d’ailleurs fi imperceptibles , qu’il foit aifé de les
confondre av e c les borborygrties. Toutes ces poffi-
bilités ne fuflifent pas cependant pour exeufer une
femme qui porté à terme un enfant vigoureux &
bien formé ; elle peut être novice au point de fe
méprendre dans les commencemens de fa g roffeffe,
fur-tout fi fon éducation & fa maniéré de v iv re l’ônt
mife hors de portée de s’inftruire des particularités
du fexe ; quelques circonftances bien rares fans
doute peuvent encore contribuer à perpétuer cette
ignorance (y? dormiens, vel convulfa, vel timuUnid
comprimatUr') ; mais une femme qui a fouffert le
commerce d’un homme q u i , félon toutes les probabilités
, fa voit qu’elle étoit dans le cas de devenir
m e re , quis’eft apperçue du changement fucceflif
de fon é ta t, qui a vu enfin fon fein fe gonfler & le
lait s’échapper par les mammelles ; une pareille
femme , dis-je, ne peut être foupçonnée par aucun
prétexte d’avoir ignoré fa groffeffe, fi le foetus eft
parvenu vers fon terme & s’il eft du volume ordinaire.
Les conformations extraordinaires du foetus
ne font une allégation légitime qu’autant qu’il eft
p e t it , infirme, exténué , & la mere valétudinaire
ou malade.
L ’accouchement eft-il affez prompt pour qu’une
femme n’ait pas le tems de s appercevoir qu’elle va
enfanter & d e prendre les précautions néceffaires ?
Cette queftion eft encore liée aux moyens d’excu-
fer l ’infanticide ; plufieurs obfervatiôns prouvent
qu’il eft des femmes affez heureufemertt conformées
pour que l’enfant s’échappe avec facilité dans les
premières douleurs. H a rvé e , Bartholin, le crédule
Schenckius, Pechlin& plufieurs autres en rapportent
des exemples : j’ai v u dans un hôpital une ferrïme qui
fentant les premières angoiffes de l’accouchement,
s’imagina qu’elles dépendoient d’une caufe différente
, & fe leva pour aller à la felle ; elle ne fut
défabufée que lorfque l ’enfant fu t à demi fo r ti, &
l ’on fut heureufement affez prompt pour le retirer
& en prévenir la chute.
Si c’eft une première groffeffe, il paroît difficile
d’imaginer que la dilatation des parties fe faffe avec
cette rapidité : on fait que les premiers accouche-
mens font beaucoup plus laborieux que les fuivans ,
& prefque toujours ils font précédés par de vives
attaques qui laiffent des intervalles. I l n’eft pourtant
pas impofîible q u e , par des exceptions qui fans être
communes ne laiffent pas d’av o ir lieu. r une jeune
femme accouche la première fo is av e c la. facilité
qu’on obferve dans celles qui ont fait beaucoup
d’enfans. La nature n’eft pas uniforme-dans fes procédés
; dans un corps robufte , dont le s parties font?
avantageufement conformées, lai dilatation-eft pour
l ’ordinaire facile & prompte.
Une femme qui vient d’accoucher peut-elle être
cenfée hors d’état de prendre le s précautions abfo-
lument néceffaires pour conferver là v ie de foi»
enfant ?
C e tte troifieme queftion , dont les meres d dénaturées
fe fervent fouvent pour pallier leur
mauvaife f o i , ne peut avoir lieu que par le concours
de quelques circonftances : il fout qu’une
femme fe trouve feule ou hors de portée de troue
fecours , qu’elle foit faifie fubitement par le travail1
de l’accouchement ; & pour rendre l’ excufe plus
plaufible, il faut encore qu’elle fo it incertaine; fur
le tems de la groffeffe , o u qu’elle l’ignore , ou bien
que par défaut d’expérience elle n’a it point con-
Tome I I I .
I N F 59J
n'ôiffàhce du terris d'éTâ'ccouchément & des dangers
qui en réfultent. C e concours fuppofé, il paroît
encore très-difficile de croire qu’une mere Bien
intentionnée foit rédüite au point d’abandonner fon
enfant après l’avbii1 mis au monde", & de le laiffer
périr d’herhorrhagie, de froid , par une chute ou
toute àutre eâüfe femblable.
Il arrive quelquefois qüé l’accouchement eft
accompagne de pertes exceffivés , de fyncopes-; de
convulfioris qui précèdent même l’inffant de la Yor-
tie de Fenfant ; ces accideriS perfévérant encore
après l ’accouchement , il eft clair que la mere ne
jouit poirit de fes férts ; elle peut être dans l’impoffi-
bilité dé prendre urte fitüàtiori favorable qui prévienne
la chute de l’enfant lorfqu’il fera forti de la
matrice ; fi cés défaillàrfces piï ces' convulfions
durent encore t il pourra s’écouler un tems fuffifant
pour que 1 hémorrhagie Ou le froid portent une
atteinte mortelle à l’enfant. Mais'tous ces cas fo n t
extraordinaires , & ne doivent être admis qu’avec
des preuves füffifantes. Il eft poffible de s’ affurer par
1 examen de là mere fi raccouchement a été accompagne
de pareils âccidens ; ils laiffent des veftiges
qu ijes annoncent: la pâ leur, la foibleffe, l’oedeme,
les evanouiffemens font leurs fuites ordinaires; l’état
du p o u ls , celui des parties de la génération, le
volume de l’enfant & de l’arriere-faix , le tempérament
de la mere , fon genre de v ie fur-tout, & la
quantité de fang qu’elle" a perdu dans l’accouchement
comparée aux pertes ordinaires, portent le
plus fouverit le jour le plus complet d’ans^ cette
recherche.
Si- ces indices manquent, & s’il n’eft pas clair
que les âccidens ont été fuffifâns pour ôter toute
connqiffance à la m'ere , il me paroît qu’elle eft criminelle
d’avoir refifté à l’impulfion fi naturelle & fi
preffante qui la portoit à donner des feCours à l’ in-,
fortuné qu’elle a mis au monde.
Ge tendre mouvement que la nature excite dans
toutes-lès meres pour la confervàtiOU de leur fru it,
eft une efpece de néceflité'phyfique inhérente à
leur être1; Famour maternel fe peint avec douleur
dans les animaux les plhs féroces", leu r vigilance eft
extrême', leurs-efforts étonnans lùrfqu’ils défendent
leurs pe tits , & le dëfefpoir fe plhs v i f les accable
lôrfqu’ils deviennent la- p roie d’un aggreffeur. Nos
femmes q u i v iv en t en fbciété & fous la proteéHon
des lo i x , font prefque toujours à l’abri de la cruelle
néeeffité d e défendre" leurs enfons contre de pareilles
attaques ; les fecours mutuels qu’elles fe donnent
fuppléent aux foins-que chaque mere doit prendre
dans lünftitution- primitive , mais cet arrangement
de convention ne détruit point le defir intérieur
qu'elle fent'd’être utile par elle-même. Cefentiment
e ft auffi involontaire & artflr indépendant que celui
qui- rapproche' lès deux fexeS. C ’e ft en vain que
l’ iifage force" une1 mere à fe repofer dès petits foins
d e fon fruit fur des femmes mercenaires qui l’entourent
, elle; v eu t le contempler, le preffer contre
fon*fein, & Fàrrofer de larmes délicieufes qui effa-
centfo peine pa ffé e'j& fonrlè fceau de l’union qu’elle
contra ô e .
La1 fbibfeffe qu’éprouve une femme qui vient
d’accoucher, ne fuffitpas pour éteindre le charme
que procure llidëè- d’avoir un enfant, il femble au-
contraire qu e lle reprend fes forces, & que l’inftinû
qui* l’âtrire v ers c e nouvel être e f t en même proportion
que là peine qu’il a caufée.
Oh me pardbnnera de m’arrêter fur une vérité
de fentiment qui ttent de fi près à l’ordre. Si je parois
exagérer ce principe & lui donner trop d’influence
dans cette queftion , n’en accufons que la funefte
habitude où nous femmes de ne juger que par le foit
& de ne croire aux impulfions naturelles qu’a v e c
F F f f