que la police ordonnât de faire de fimples fenêtres à
la place des vaftes arcs de boutique : il feroit pour
lors très-difficile aux voleurs de piller les magafins
des négoeians, 6c l’on verroit très-rarement écrouler
des maifons dans les villes.
L’on a remarqué dans les pays tempérés que les
greniers qui ont des ouvertures, c’eft-à dire, des
fejiêtres du côté dit nord 6c du couchant, n’ont pref-
que jamais de charanfons : l’air libre 6c froid qui circule
fur le grain, empêche la génération de ces infectes.
L’air froid du nord eft également utile pour la
confervation des vins,des viandes 6c des fruits. Les
fenêtres des dépenfes , des caves, des fruiteries doivent
toujours être placées au nord,à moins que l’on
nes’apperçoive que le vent du nord eft humide, parce
qu’il parcourt la furface des lacs ou des marais;
pour lors, on fe borne à faire les ouvertures des fenêtres
& l’occident.
On voit dans plufieurs bâtimens des anciens Romains
, qu’ils donnoient à leurs fenêtres à-peu-près
la même coupe que nous leur donnons, c’eft-à-dire,
un parallélogramme re&angle, dont la hauteur eft le
double de la largeur; ils les formoient fimplement.
en cadre de tableau: ils coupoient un peu les bords
inférieurs de la pierre qui couvre la fenêtre^ pour procurer
plus de jour, 6c pour donner à la couverture
la forme d’une petite voûte apparente. En un mot,
la forme des fenêtres qui font en ufage aujourdiiui
dans la France, eft la même que celle qui étoit obfer-
vée dans les bâtimens du tems de l’empereur Augufte:
maïs les Romains les faifoient beaucoup plus petites.
L’on voit , dans les tableaux d’Herculane , que les
anciens connoiffoient l’ufage dégarnir les fenêtres en
jaloufie , c’eft-à-dire, en petits treillis de bois ; mais
il paroît qu’ils ignoroient l’art de former des jaloufies
en liteaux mobiles qui donnent par le moyen de la
tringle, ou d’une corde qui les lie tous , la quantité
de lumière que Fondefire. ( V. A . L. )
FER, (Métall.' Fonderie. Fabrique des armes. FujîL
de munition.) J’ai dit qu’on corroyoit 6>C foudoit trois
morceaux de fer enfemble pour former les maquettes
( Voyeç Maquettes, Suppl.') , avec lefquelles
on fabrique les canons de fufil ( Voye^ Canon ,
Supplément.). Cette méthode, dont on ne peut adopter
l’ufage que lorfqu’on a de gro(Tes forges , de
gros marteaux & des martinets, offre plufieurs avantages.
' Il eft rare que le fer foit égal, c’eft-à-dire , d’une
qualité exa&ement uniforme dans toute la longueur
cFqne barre. Cette inégalité a tant de caufes, qu’il
me paroîtroit furprenant que cela fût autrement. La
matière en bain, ëft-elle parfaitement homogène au
fond , au milieu, au-deflus de l’ouvrage, lorfqu’on
coule la gueufie ? La mine qui y tomboit à cet inftanr,
a-t-elle la même coéîion que le refte ? Le charbon
qu’on emploie, plus ou moins cuit, plus ou moins
fec ; les différentes efpeces de bois dont on l’a fait ;
les variétés des terreins oit a crû ce bois, ne doivent-
ils pas influer fur la qualité de la fonte ? Les lavages
&C les grillages des mines, font-ils fcrupuleufement
toujours les mêmes? Les parties terreftres, falines,
&c. dont la mine eft chargée, font-elles toujours
combinées avec elle dans la même proportion ? Les
charges font-elles toujours exaûement égales ? Mille
autres raifons , trop longues à détailler, 6c que la
vue feule d’un fourneau fera appercevoir, concourront
à produire des inégalités dans la fonte ? Si nous
fuivons la gueufe à la chaufferie , nous en apperce-i
vrons quantité d’autres, bien capables de produire
des inégalités dans la loupe, & tout autant lorfque la
piece eft faite & qu’on étire en barres. Etant donc
difficile de fe promettre, fur-tout dans une grande
manutention , d’employer du fer égal, il en réfulte
qu’en fabriquant les maquettes au bout des barres,
fans les cafter, pour connoître le grain, & fans leè
doubler & tripler, tous les canons qui en proviendront
, feront de différente qualité : au lieu qu’en caf-
fant le fer en morceaux, 6c en les examinant à la
cafte, on en réunit trois dont on combine les efpeces;
de maniéré que les réfultats en viennent auffi fembla-
bles qu’il eft poffible : ce que l’on jugeaifément pat*
la néceflité oit l’on eft de cafter dans fon milieu , la
maquette que l’on a fait double à cette intention.
Cette méthode procure encore l’avantage de pouvoir
rejetter totalement les parties d’une barre de
fer qui paroiffent ne pas convenir.
On fe trçmperoit fo r t , fi l’on imaginoit qu’en
chauffant 6c battant le fer plus fouvent, on rendroit
les parties métalliques plus pures, 6c qu’on les dégag
e a it plus exaftement des parties terreftres, fulphu-
reufes 6c falines qui les accompagnent. Cette hypo-
thefe ne s’accorde point avec l’expérience qui nous
apprend qu’en tourmentant ainfi le fe r, à un certain
point, & l’expofant plus fouvent à l’aôion du feu ,
on l’appauvrit, on le décompofe , au lieu de le per-
feélionner.
Nous ne devons donc chercher à dégager de fes
partieshétérogenes, le/èrdont le canon doit être formé
, qu’autant qu’il eft néceflaire relativement au
nombre de chaudes qu’il doit efluyer fuccefîivement;
enforte qu’à la derniere chaude, il fe trouve parvenu
au plus hautdégré de qualité dont il foit fufceptible.
Cette attention eft très-eflèntielle , 6c elle eft fondée
fur une théorie neuve, mais qui ne demande qu’à être
préfentée clairement, pour être adoptée par les phy-
ficiens 6c les gens de Part.
Toutes les fois que le feu agitfur le fe r , il attire fa
fubftance, la dénature même , 6c y produit des chan-
gemens, d’autant plus confidérables, que fon aûion
eft plus vivement ou plus long-temsappliquée. Tant
que ces changemens rendent le fer plus propre aux
ufages auxquels nous le deftinons , nous les appelions
des degrés de perfection ; mais lorfque le fer eft
parvenu au maximum de cette perfection relative ;
s’il éprouve de nouveau l’aétion du feu , il fe détériorera
, 6c perdra fuccefîivement la qualité qu’il
avoit acquife par cette même aétion. Ainfi, la mine
expofée au fourneau devient fonte : la fonte paftant
enfuite par lecreufet d’une chaufferie devient loupe:
6c je l’appelle fer du n° i : la loupe devient piece ; 6c
je l’appelle fer du n° z : la piece devient barre, que
j’appelle fer du n° 3 : ainfi de fuite jufqu’au fer qui a
acquis tout fon nerf 6c toute fa qualité, que j’appelle
fer dû n° S. •*'
Maintenant je fuppofe que l’on veuille avoir des
canons de fufil de la meilleure qualité : il eft clair que
fi j’emploie, pour former la maquette , du fer du
n° (T, ce fer, qui doit éprouver trois ou quatre chaudes
blanches 6c fondantes, avant d’avoir pris la forme
d’un canon, aura perdu toutes les bonnes qualités
qu’il avoit acquifes par les fix premières : 6c cela
arrive en effet, car j’ai obfervé que les chaudes fu-
rabondantes changeoient le meilleur nerf en un grain
fec , calciné 6c fans adhérence ; au lieu que fi j’euffe
employé, pour la maquette, du fer du n°3 , les trois
autres chaudes néceflaires pour former le canon,
n’auroient fait que perfectionner ce fer 6c lui donner
la plus haute qualité, fixée par la fuppofition à la
fixieme chaude. Or ce n’eft pas ici unefimple hypo-
thefe appuyée fur des conjeâures vagues , mais une
obfervation généralifée d’après un nombre d’expériences
faites avec le plus grand foin, & dont je
vais rapporter les plus décifives.
Première expérience. Ayant pris une barre de fer
d’un bon grain , que j’appelle du n° 3 , provenant de
la forge de Berchiwé, dans le Luxembourg, 6c l’ayant
fait chauffer au rouge v if, mais non foudant, je fis
étirer une double maquette au bout de cette barre ;
je la ns cafter à froid, au milieu , .& elle me môntrà
quelques couches de nerfs mêlés d’un bon grain. Je
fis faire , avec ces maquettes , des lames à canon,
un peu plus longues qu’elles ne doivent l’être, afin
d’en pouvoir cafter l’excédent 6c en obferver la cafte :
je retrouvai à-peu-près la même qualité defer qu’aux
maquettes, parce que la maquette qu’on étire en
lame , n’effuyant qu’une chaude douce, l’adion du
feu ne doit pas être auffi fenfible fur elle, que lorfque
la chaude eft vive 6c fondante. Je fis faire deux
canons avec ces lames, dont je fuivis la fabrication
fans les perdre de vue ; 6c lorfqu’ils furent finis ; je
ne pus jamais parvenir à les faire cafter : on les plia,
& le bout vint s’appliquer fur le tonnerre, fans qu’il
y eût même aucune crique fur la convexité de la
courbure : on les cifela pour les cafter à la moitié de
l’épaiffeur de la matière, en plufieurs endroits ; &
le fer avoit acquis la qualité du dernier numéro*
Deuxieme expérience. Ayant pris une barre de fer
delà forge de Longhyon près Montmedi, laquelle
ne montroit à la cafte qu’un très-beau nerf dans toute
fon épaiffeur, tel en un mot que celui que jappelle
du n° (f, j’ai fait forger une maquette au bout de cette
barre 6c avec cette maquette , une lame à canon :
j’ai cafte l’extrémité de cette barre, qui s’eft déjà
trouvée mêlée de nerf 6c de grain : ayant p lié, corroyé
6c foudé le refte de cette barre, j’en ai fait faire
une maquette 6c une lame. L’extrémité de cette lame
, que je fis cafter, me montra moins de nerf que
lu première, plus de grain , 6c d’une moins bonne
qualité. Je fis faire un canon, avec cette derniere lame
, fans le perdre de vue : lorfqu’il fut fini, je voulus
le faire marquer, avec un poinçon, au tonnerre ;
mais la matière en étoit devenue fi aigre , fi défunie
& fi fragile, qu’il cafta net au milieu au coup, de marteau
que l’on donna fur le poinçon pour le marquer:
je le fis cafter , fans efforts, en plufieurs tronçons ; 6c
tous ne montrèrent, à la cafte, que des grains bril-
lans, deflechcs 6ç fans adhérence.
Troifietrie expérience. Ayant pris fix morceaux de
fer de la forge de Berchiwé du n° S , à qui par con-
féquent, d’après notre hypothefe, il ne manquoit
plus qu’une chaude pour acquérir la meilleure qualité
poffible, 6c ayant fait faire deux maquettes doubles,
je les fis cafter dans leur milieu , 6c je n’y apperçus
effe&ivement que du nerf. Je fis mettre au feu les
quatre maquettes fimples, pofées l ’une fur l’autre ,
6c fortement ferréesdàns les tenailles : lorfque cette
maffe eut été chauffée au dégré qui opéré la foudu-
re , je la fis battre au gros marteau, 6c remettre à
l ’échantillon de la barre avec laquelle j’avois fait ces
maquettes. Je fis enfuite cafter cette barre à froid : le
commencement de fa décompofition étoit déjà fenfible.
Je fis replier cette barre, chauffer, fouder&
étirer au même échantillon : la cafte manifefta une
décompofition plus marquée. Enfin après la quatrième
chaude foudante, le fer étoit entièrement defl’é-
ch é , & ne montroit plus que des gros grains brillans
6c fans adhérence.
■ Qiiatrieme expérience. Ayant fait cafter , à froid ,
après la première chaude, la partie des quatre maquettes
de l’expérience précédente qui étoit dans les
tenailles, 6c qui avoit par confisquent efluyé une
chaude v iv e , fans être battue fous le gros marteau ,
le fer s’en trouva entièrement décompofe, 6c je
n’apperçus, à la cafte, que des grains très-gros, très-
brillans , entièrement défunis. D ’oit l’on peut juger
qu’on altéré, qu’on détériore, 6c qu’on décompofe
même le fer en une feule chaude foudante, lorfqu’on
ne le bat pas ; au lieu que le fe r, lorfqu’il eft battu,
après chaque chaude , par le gros marteau, ne dégénéré
, à ce point, qu’après la quatrième chaude.
J ai trouvé dans Pline cette quatrième obfervation,
que j’avois cru nouvelle, lorfque fe faifois,
fur le fe r,. les expériences que je viëns de Rapporter;
Voici ce qu’on y lit, lib. X X X IV t cap. t5 : Ferrunt
accenfum igné , nifi duretur iclibus corrumpitur.
D ’après les trois premières expériences dont je
viens de rendre compte , j’appelle les différens états
par lefquels paffe le fer dans les chaudes fucceffivcs
qu’il reçoit, jufqu’à ce qu’il ait acquis le maximum
de qualité, dont il eft fufceptible, la compofition du
fer: & j’appelle les dégradations qu’il éprouve aux
nouvelles chaudes qu’ on lui donne, après être parvenu
à ce maximum , la décompofition du fer.
La quatrième expérience nous préfente une nouvelle
caufe des inégalités qu’on apperçoit dans und
même barre de fe r , 6c dans un canon de fufil : une
partie qui aura été chauffée , 6c non battue, n’aura
certainement pas le même grain 6c la même qualité
que celle qui aura été battue, après avoir été chauffée.
On ne doit donc pas s’attendre qu’une piecé
étempée, ou formée dans une efpece de clouïere,
comme là tige de la noix d’une platine de fufil, aura
la même qualité qu’une piece battue après avoir été
chauffée.
Il feroit à defirer qu’on continuât ces recherches
jufqu’à l’entiere décompofition du fer * & que l’on
s’en procurât, pour répéter les mêmes expériences
de toutes les forges du royaume 6c des pays étrangers
: on répandroit par-là un très-grand jour fur la
nature peu connue de ce métal. Mais comme ces fortes
d’expériences font très-pénibles 6c très- couteii-
fes, je me fuis borné à celles qui pouvoient m’inftrui-
re avec certitude , des précautions à prendre, pouf
que le/<?r des canons fe trouvât, étant faits * de la
meilleure qualité poffible. , Et c’eft un avantage que
procure la méthode que j’ai rapportée, en nous four*
niffant le moyen de compofer des lames à canon,
dont le centre ait du nerf, 6c le refte del’épaiffeur,
une maille capable de préferverle milieu de l’action
trop vive du feu , par le bain dont elle l’enveloppe,
de foutenir plufieurs chaudes v iv e s , fans s’altérer,
de s’améliorer même, à chacune de ces chaudes, 6é
d’opérer facilement la foudure.
Je ne prétends pas combattre ici l’opinion généralement
reçue fur les moyens de rendre au fer altéré
par des chaudes vives 6c nombreufes, la qualité
qu’on lui a fait perdre. Les métallurgiftes difent
qu’on l’a privé de fon phlogiftique , 6c qu’on peut le
lui rendre & le rétablir. Sans entrer dans la difcuffion
du fait, 6c des procédés en ufage pour remettre le fer
ainfi gâté, dans fon premier état, s’il eft vrai qu’il
le reprenne jamais, en entier ; je dis que la chofe eft
impoffible dans le cas dont il s’agit, parce que le ca*
non d’un fufil, étant une fois fait, on ne peut plus
le remettre au feu , fans diminuer fa maflè 6c fians déranger
fes dimenfions : ainfi en admettant qu’il fût
poffible de recompofer la matière dont il eft fabriqué
, il deviendroit trop léger, trop foible 6c trop
mince pour être employé comme canon. Il n’y a
donc plus de remède ; 6c l’épreuve eft la feule ref*
fouree qui refte pour s’aflurer de fa bonté : peut-être
celle qui eft en ufage eft-elle trop forte ; la charge
confidérable qu’on emploie , 6c la maniéré dont le
canon eft fixé , pour Fempêcher de reculer, caufent
un ébranlement fi violent, que les parties de la ma*
tiere doivent tendre à fe défunir ; 6c Fon rend peut*
être fon arme dangereufe en voulant trop s’affurer
de fa bonté. Quoi qu’il en foit, comme il n’y a pas
d’autre maniéré de s’en convaincre, on l’emploie. Si
on veut les frapper avec violence fur une pierre ou
fur une enclume, on les fauffe , s’ils font bons, de
maniéré à ne pouvoir plus les redreffer : & s’il fê
trouve quelqu’endroit oîi la matière ait été un peu
décompofée, on les cafte ; 6c dans l’un ou l’autre
cas, le canon eft perdu. Cette maniéré d’éprouver
les canons, en les frappant avec violence fur us