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pafti’cuiîèfS', qui fe gouverne par une magiflrature
nombrèüle, 8c qui dans quelques - uns de fes établif-
fémèrî?piiblics, fe reffent des bienfaits & dé la ma-
ghificehcë du cardinal "^ o l fe y , né dans fes murs,
l ’an 1475.' Long. 18. S i. lût. 52.1 2 . ( D . G . )
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IR A N C I , (Géogr.) petite ville de Bourgogne dans
l’Auxèrrois , entre Crucan & Auxerre. Elle appar-
tenoit à l’abbâye de Saint-Germain-l’Aux errois, dès
le 9e fiecïe. Richard le juftiçier , duc bénéficiaire de
Bourgogne , en étàn't ab b é , donna Iranci aux religieux
, éc Hé r ib e r t, évêque d’Auxerre , donna à
l’abbé Héldric l’églife du lieu en 990.
D e tems immémorial le vin d'Iranci eft en-réputation
; les celliers où on le renfermoit fur le bord de
l ’Y o n h é , s’appelloient vini ctlluloe, d’où on a forme
le nom de vincellous; de même que ceux où l’on gar-
doit les vins de C oulange s, ont été nommés vini a lla ,
vincelles. On lit à la fin de la chronique de Saint-
M a r ien , qu’en 1223 , il y eut dans Iranci une fi
grande chiite d’e au , que les maifons furent abattues;
l’on fut obligé de fe réfugier fur les prefloirs, 8c que
beaucoup d’hommes & d’animaux furent emportés
par la rapidité du torrent. Prife d'Auxerre, par le
Boe u f, >723,ypag- 1S7.
Roger de C ôle ré y é , poëte fous François I , dit :
Faut aller boire à Iranci,
E t engager robe & pourpoint.
V6yt{ Bibl. Frahçoife de G o u g e t , tom. X ,pag. 382 .
Cêtte ville , qui fouffrit beaucoup des ravages des
Câlviniftes, a été oùbliéè par la Martiniere, 8c même
par l’àutéiir du Dict. de là France, en 6 v o l. ( C.)
IR IS , ( Gramih. ) Quoique j’aie , ce me femble ,
de bonnes raifons 8c de grandes autorités pour ne
point faire ce nom féminin , foutes lès fois qu’il lignifie
autre chofe que la divinité fabuleufe ainli nommée
, ou unë maîtreffe , je ne me fouviens pourtant
pas de l’avoir fait mafculin ; quand j’ai eu à m’en
fervir , j’ ai éludé la difficulté par un tour de phrafe ,
ou par un fynonyme , 8c cela , parce que le Dictionnaire
de Ü Académie Françoife fait toujours Iris féminin
, ou que ce di&ionnaire eft du moins fort équiv
oque fur cet article. Voulant donc fa vo ir une fois
pour toute s, à quoi m’en tenir, & ne fut-ce que pour
aider à re&ifier , s’il le fa u t , cet article du diûion-
na ire, je vais expofer à la compagnie ce que j’ai pu
recueillir 8c ce que je penfe fur ce fujet.
Le mot d'iris eft certainement toujours féminin en
latin, dans toutes fes lignifications quelconques. Les
auteurs qui ont écrit en françois , il,y a 80 ou 100
ans, l’ont fait aulîi de ce g en re , dans la lignification
d’a r c - e n - c ie l , à en juger du moins par M. de la
Chambre , qui donna un traité de Yiris, pris en ce
fens , en i6 6 z . Mais je crois que les phyliciens modernes
l’ont fait toujours ou prefque toujours mafculin.
C e qu’il y a ici de fingulier, c’ eft qu’avec une bibliothèque
remplie de livres fur ces matières, je n’ai
pu retrouver les endroits où j’avois lu le mot d'iris
mafculin ou féminin , quoique j ’aie parcquru des
chapitres entiers qui traitent de ce météore ; par la
circonftance de l’élilion avec l’article le ou la , c’eft
toujours Yiris. Il faut donc en venir au détail des
raifons, 8c à d’autres autorités qui feront peut-être
en même tems plus concluantes.
L'iris, fynonyme d’arc-en-ciel, météore, cerc/e luminaire
& co lo ré , tous fubftantifs mafeulins, a fans doute
invité d’abord les phyliciens modernes à le faire mafculin
dans la même acception, fans compter qu’on
évite par-là l’équivoque d’une b e lle , d’une grande
Irist av e c ime belle Philis ou une grande Célimene.
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Et en effet, il n’eft pas plus quéftiôh alofs de la mef-
fagere de Junon où d’une belle femme , qu’il n’eft
qiieflion de Jitnon en parlant de l’air. Mais, comme
une pareille induélion ne fuffiroit pas pour conftater
un u fa g e , j’ai cru plus à propos de confulter là-
deffus l’académie des fciences , & je me fuis âdréffé
à ceux de fes membres qui font le plus au fait de la
m a t i è r e , 8c que je connois aufli pour les plus attentifs
à fe bien exprimer. Les uns m’ont fait' l’honneur
de me dire qu’ils me Idemandoiént la chofe à moi-
même ; les autres m’ont répondu fut le champ &
fans héfiter, mafculin, trouvant même ridicule qu’on
en put en ufer autrement. Le Dictionnaire de Trévoux
, nouvelle édition , dit aulîi fort bien , que les
philofophes font ce mot mafcïtlin ; mais enfuite , dans
les explications 8c dans les exemples , il le fait tantôt
mafculin , tantôt féminin , t e n a n t fans doute un
peu en cela de l’ufage ancien 8c dù moderne.
C ette efpece de zone ou d’arinéau circulaire 8c
diverfement coloré qui entoure la prunelle dé l’oe i l ,
8c qu’on appelle aufli Yiris, eft certainement mafculin
fous ce nom', félon nos plus célébrés ahatO-
miftes, MM. W in flow , Mo rand, Ferrein, &c. C ’e f t ,
m’ont-ils d i t , l’ufage reçu parmi nous. Le premier ,
qui tout Danois qu’il eft , ne laiffe pas de bien parler
françois , quand il s’agit des termes de l’ a r t , m’a fait
remarquer à cette occafion qu ’on difoitle tibia, quoiqu’il
n’y ait pas de mot plus pleinement latin 8C féminin
en cette langue. Quant aux ouvrages imprimés
, je trouve dans le volume de l’académie des
fciences , 1 7 0 4 , un grand mémoire de M. Méry ,
qui roule entièrement fur Yiris, 8c d’où je n’ai pu
t ir e r , non plus que de l’extrait de M. de Fontenelle,
qui eft de 5 à 6 pages, de quel genre ils font Yiris de
l’oeil ; car c’eft toujours Yiris , les fibres de l'iris, les
mouvement de L'iris. Mais j ’ai été plus heureux dans le
mémoire de M. P e tit, médecin , fur les yeux de
Chomme & de plufieurs animaux , lu à la même académie
en 1726. On y trouve fans é q u iv o q u e , un
iris fort brun, tel qu'on le voit dans des bûeufs & des
chevaux.
Enfin la fle u r , la plante , la racine ou la poudre
d'iris, quand elle eft défignée par le feul mot d'iris ,
devient un fubftantif mafculin dans le langage des
botaniftes 8c des naturaliftes. Les fleurifies, remarque
encore fort bien Trévoux,yè/zr iris mafculin, 8c l’on
dit en ce fens de Yiris commun, les iris bulbeux portent
ordinairement neuf feuilles à chaque fleur , 8cc. C e pendant
S a v a r y , dans le Dictionnaire du Commerce
que l’académie françoife veut bien quelquefois confulter
, fait ce mot féminin ; mais je crois ^u’il fera
plus fur de nous en tenir au feïitiment des Juflieux
& des Du h am e l, qui le font fans difficulté mafculin
, 8c qui font les gens du monde qui entendent le
mieux cette langue. ( Article tiré des papiers de M.
DE MAIRAN.)
IR R A D IA T IO N , ( Afiron. Optique. ) expanfion
ou débordement de lumière qui environne les aftres
en forme de couronne de fran ge , 8c qui forme l’e x -
tenfion apparente de ces objets lumineux provenant
de l’abondance de lumière.
A la vue Ample cette irradiation eft fi grande, que
T ycho-Brahé eftimoit le diamètre de -vénus douze
fois plus grand qu’il ne paroît réellement dans les
lunette s , 8c Keple r fept fois trop grand. Après la
découverte des lunettes d’approche, 8c fur-tout du
micromètre de Huyghens, on a e u , fur la grandeur
apparente des aftres , des idées beaucoup plus exactes
; mais on n’a pas connu pour cela l’effet de Yirra-
diation : Caffini & Flamfteed, dans le dernier fiecle ,
faifoient le diamètre apogée du foleil de 3 1' 40" ;
il a ëtc diminué fucceflivement par M. Halley , par
M. de la Caille , par M. Bradley 8c par moi. A me-
fure qu’on a employé des lunettes plus longues ôç
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plus parfaites , on a trouvé le diamètre de plus en
plus petit; ce qui femble indiquer que ces lunettes,
en terminant 8c circonfcrivant mieux les objets , diminuent
la largeur de la couronne d’aberration , ou
la quantité de Yirradiation. Cependant vénus, paroif-
fant fur le fôleil 8c mefurée avec foin, n’a pas paru
avoir un diamètre fenfiblement plus petit que quand
on l’obferve hors du foleil, comme je l’ai remarqué
en comparant les obfervations de M. Short avec les
miennes , Mémoires de l'académie de Paris , i jG'*.
Ainfi 1 ’on ne peut rien encore prononcer fur la quantité
abfolue 8c véritable de l’irradiation. ( M. D E
l a La n d e .')
IRRITABILITÉ , f. f. ( Phyfiol. ) L’irritabilité eft
entièrement différente de la fenfibilité; quand même
elle en dépendroif, elle en feroit toujours diftin-
guée, parce qu’elle opéré invariablement un rac-
courciffement qui n’eft jamais l'effet de la fenfibilité.
Cette force mouvante étant regardée aujourd’hui
allez généralement comme la fource de tous les
mouvemens vitaux, mérite d’être approfondie 8c
d’être mife à fon jufte prix.
Il y a dans les fibres animales trois forces côn-
traâiveS j o u , fi l’on veu t, trois dégrés , mais très-
diftin&s , déjà même force ; la force morte , {'irritabilité
& le mouvement nerveux.
La force morte eft commune à toutes les fibres du
c orps animal, aux membranes, aux vaiffeaux , au
îiffu cellulaire : elle fe borne à tendre continuellement
au plus grand raccourciffement poffible., à ré-
fifter à l’extenfion, & à rétablir la fibre dans fa brièveté
naturelle, quand elle a été forcée à fe laifl'er
étendre. Cette force n’a rien de commun avec la vie ;
elle fubfifte dans les cordes de mufique, formées par
des inteftins d’animaux defféchés. Elle eft toute entière
dans la fibre du cadavre ; chaque membrane fe
retire, quand on la coupe, pendant qu’elle eft flexible
, & la bleflùre qu’on y auroit faite, fe dilate.
La peau , dans laquelle on ne découvre pas de
fibre mufculaire, fe contra&e aifément par le froid,
par les pallions. Le tiffu cellulaire fe contrarie, mais
avec lenteur, & aucun ftimulus n’accélere fon mouvement
; mais il ne laiffe pas que d’agir avec bien de
la force. J’ai vu le fémur dans une perpétuelle con-
traftion , le bas-ventre dans le même état , fans trouver
d’autre caufe de cet accourciffement fi durable,
que le tiffu cellulaire même, qui avoit acquis plus
de dureté & de folidité.
Les poifons chymiques de la claffe des efprits
acides mettent cette force en jeu ; répandus fur la
peau, fur les vaiffeaux, ils y excitent une contra&ion
violente, & les font même ramper, comme s’ils
étoient en vie. Ce n’eft pourtant qu’une force morte,
car cet effet de ces poifons dure avec toute fa force
plufieurs jours après une mort parfaite.
Cette force morte agit fans interruption, du moins
quant à l’effort ; & fi fon aélion ne s’offre pas aux
lens, c’eft que l’aftion d’une fibre eft balancée & détruite
par l’aélion d’une autre fibre. La force morte
agit même dans le relâchement, lorfque la force de
l’irritation a diminué. Elle agit fans difeontinuer, &
n’a pas les qccès alternatifs de relâchement & de con*
îraâion qu’on remarque dans Y irritabilité.
Cette derniere force, qu’il vaudroit mieux ap-
peller yôrcc innée, mais qu’on s’eft accoutumé à ap-
peller irritabilité, eft différente de la force morte, i
Celle-ci domine dans toutes les fibres, Y irritabilité
ne réfide que dans la fibre mufculaire. C ’eft cette
fibre feule qui, piquée , égratignée , irritée par le
f e r , par la chaleur, par l’a ir , eft mile en jeu ; & fi
les poifons chymiques produifent des mouvemens
dans d’autres parties du corps animal, la force morte
eft évidemment différente de l'irritabilité , parce
qu’elle dure fans difeontinuer dans la fibre, lors
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thème qu’elle eft defféchée 8c entièrement détruite
par la force du tems & le changement total de là
ltru&ure ; elle fe conferve dans le cuir tanné ; dans
le cuir mis en oeuvre, dans les tendons defféchés.
L irritabilité, en qualité d’aptitude au mouvement ;
ne dure que peu de tems après la mort: dans les animaux
à fang dhaud, elle exifte à-peu-près auffi long-
tems que la chaleur ; dans les animaux à fang froid ;
elle eft un peu plus durable; mais le defféchement
la détruit. Si on confidere l’irritabilité comme le mouvement
meme , elle eft encore moins durable.
, ÏRe ” e ^.ure A116 Peu tems aPrès Tirritation, ëïlé
s affoiblit bientôt, & ceffe , à moins qüe le ftimulus
n e p p renouvelle. Un coeur qui ne bat plus, foufflé
& irrité , recommence à battre ; mais ces mouvemens
ceffent au bout d’un certain tems, à moins
qu une nouvelle irritation ne les rappelle.
L irritabilité n’agit pas par elle-même comme le
fait la force morte ; elle eft l’effet d’une violence ex^
terieure. Le coeur eft irrité par le fang veineux ; parfaitement
évacué, il ceffe de battre dans l’animal en
vie,& recommence fes battemens quand on le fouffle ;
ou qu en déliant la veine-cave , on Jui a rendu une
certaine quantité de fang. Les inteftins paroiffent
louvent tranquilles dans l’animal vivant ; l’air, l’ali—
ment ? une irritation quelconque, les remet en jeu.
L'irritabilité agit prefque toujours par des alternations
de relâchement & de contra&ion : telle eft l’action
du coeur, des mufcles en général. Il y a cependant
des cas où l’irritation produit une contraftion
continuée ; tel eft celui de la veflie urinaire qui ; irritée,
ne ceffe de fe contra&er que Iorfqu’elle eft vuide.
Les poifons chymiques opèrent une contrâdion fem-
blable fur l’inteftin , fur l’eftomac. Peut-être eft-ce
dans ce dernier cas la force morte feule qui agit.
Les expériences ont prouvé que cette force nè
réfide ni dans les membranes , ni dans les vifeeres;
ni dans le tiffu cellulaire, ni dans le tendon, le ligament
, le cartilage ou l’os ; en un mot, l’irritation ne
met en ?eu que les fibres mufculaires & les parties
du corps animal qui en font douées. L’artere eft irritable
, à proportion des fibres charnues qui entrent
dans fa compofition ; la veine n’a guere qu’une force
morte. Il paroît, par les phénomènes , que Yirritabi-
Lite eft vigoureufe dans les vaiffeaux lactés & lymphatiques.
Toute forte d’irritation réveille & met cette forcé
en mouvement ; mais elle n’agit pas dans la proportion
du poids, ni de l’âcreté du ftimulus. Les mufcles
creux ne font jamais mis en mouvement avec plus
de force qu’en y foufflant de l’air ; il fait plus que
l’eau mille fois plus pefante, plus encore que les
poifons les plus âcres. Le ftimulus le plus puiffant
eft l’étincelle éleârique, elle réveille avec force
dans l’animal entièrement mort j le mouvement des
mufcles , & même celui des grandes àrteres.
Un mufcle déjà contra été ne fent point l’irritation.
Une grenouille dont la tête vient d’être coupée, fé
roidit par un tetane général, & l’irritation n’y produit
point de mouvement. Le coeur, fon oreillette
infiniment irritable, ne font cependant aucun mouvement,
quand ils font farcis de fang, & qu’on les
irrite. La même chofe paroît avoir lieù dans l’efto-
mae & dans la veflie urinaire trop remplie.
Cette çnême force n’agit pas avec la même vivacité
, ni avec la même confiance dans différehs mufcles
; elle eft la plus foible dans les mufcles fournis à
la volonté , elle y eft bientôt éteinte après la mort
de l’animal. Le diaphragme a paru conferver plus
long-tems Y irritabilité qüe d’autres mufcles. Les inteftins
ia confervent beaucoup plus lbng-tems, 8c
fur-tout dans les animaux à fang chaud, & quelquefois
même aufli long-tems que le coeur.
Mais en général, 81 dans les animaux à fang froid