L’orifice de la matrice eft pareillement fillonné intérieurement
, 8c crenelé par fon bord. Toutes ces'
dentelures, ces palmes 8c ces plis s’effacent dans la
groffeffe avancée, 8c renaiffent après la délivrance ;
mais leur première régularité ne fe rétablit jamais.
La matrice eft arrofee par deux efpeces d’humeurs,
fans parler du fang. J’ai vu conftammeht dans la matrice
des filles en bas-âge une liqueur muqueufe,
féreufe 8c blanchâtre, 8c quelquefois très-reffem-
blante à du lait. On trouve une humeur toute pareille
dans la matrice des femmes de trente-fix ans ou au-
delà , & elle s’écoule naturellement fous le nom de
fleurs blanches; je parle de l’efpece la plus bénigne
& la plus naturelle, dont l’humeur eft abfolument
fans odeur 8c fans âcreté.
L’autre humeur qui fe produit dans la matrice de
la femme, & dans celle des quadrupèdes , eft une
véritable mucofité tranfparente, fouvent rougeâtre,
qui abonde fur-tout dans la groffeffe, 8c qui remplit
le col de la matrice.
La liqueur blanchâtre paroît bien être l’humeur
naturelle des vaiffeaux, qui fous de certaines cir-
conftances rendent du fang ; c’eft apparemment une
liqueur artérielle, qui exhale par de petits vaiffeaux
entr’ouverts.
La mucofité eft féparée dans les lacunes du col de
l’utérus , placées entre les plis valvuleux 8c dans le
fond des plis réticulaires de ce col. J’ai vu fix ou fept
de Ces lacunes ouvertes du côté de l’orifice, com-
pofées 8c rameufes, & pleines d’une mucofité qu’on
pouvoit exprimer : on y put introduire une foie. On
les apperçoit le mieux dans les femmes accouchées
ou qui font mortes fans être délivrées.
Je n’ai jamais vu de glandes dans la matrice de la
femme. __
On ignore encore la véritable nature des véficu-
le s, que l’on trouve très-fouvent attachées à la fur-
face interne du col de l’utérus , de l’orifice même.
Ces véficules font rondes, tranfparentes, fans orifice
apparent & remplies d’une mucofité limpide ;
elles, ont quelquefois des pédicules. Je crois ne les
avoir vues que dans les femmes, à l’exclufion;des
vierges 8c des jeunes filles : ce ne font certainement
pas les véritables oeufs, defquels fort le nouvel animal
: d’autres auteurs les regardent comme quelque
chofe d’accidentel; elles fe trouvent cependant pref-
queconftamment à un certain âge.
De toutes lés parties de la matrice le col eft celle
qui change le moins par la conception.
La defcription de la matrice feroit incomplette
fans celle de fes ligamens 8c de fes trompes.
Lesligamenslarges font le péritoine même, qui
de la veffie s’élève de toute la largeur du baffin,
fait une efpece de cloifon entre fa cavité antérieure
& la poftérieure, redefcend contre lui-même, & va
couvrir le reâum, La partie mitoyenne de cette lame
du péritoine eft la tunique même de la matrice ; les
parties latérales portent le nom {le ligamens larges ,
les deux pages du péritoine y font unies par une
Cellulofité, dans laquelle il y a beaucoup de vaiffeaux
, mais aucune fibre mufculaire.
On a regardé comme des ligamens particuliers un
rebord du péritoine, qui de la matrice fe porte au
reâum 8c l’embraffe.
Les ligamens ronds font des replis du péritoine
doublés de cellulofité, & qui renferment quelques
vaiffeaux. Ce ligament fort de chaque côté de la
matrice vuide de Tes angles, fous la trompe, un peu
plus antérieurement. Il fe porte en-dehors à l’anneau
des mufcles du bas-ventre, arrive au haut de la cuiffe
un peu moins bas que le pénil & s’y difperfe : il- en
fort des vaiffeaux qui communiquent avec l’épigaf-
. trique. Plufieurs auteurs ont cru parmi la cellulofité
y reconnoître des fibres mufculaires, qu’ils ont cru
pouvoir déprimer la matrice dans le coït, & la porter
au-devant de la liqueur fécondante.
Comme le fond de la matrice s’étend beaucoup
dans la groffeffe , le ligament rond y paroît fortir de
la partie inférieure de cet organe. On a remarqué
qu’il fe gonfle dans cet état, & que fes vaiffeaux deviennent
plus gros.
Le ligament de la trompe, auquel on a donné le
nom d'ailt de chauve-fouris, eft un détachement du
ligament large. La lame antérieure de ce ligament
remonte par-deffus la trompe , defcend contre elle-
même, fait la lame poftérieure de ce même ligament,
paffe par-deflus le ligament de l’o vaire, 8c le couvre
même, 8c au côté extérieur de cet ovaire ; & après
en avoir gagné le bord fupérieur, redefcend par fa
face poftérieure & par celle de fon ligament, 8c fe
rend au re&um. Une partie du même ligament remonte
par-deffus la trompe, fe porte en-arriere 8c
en-dedans, fait une efpece d’aile qui eft plus large
dans fa partie moyenne, 8c plus étroite dans l’extrémité
extérieure 8c intérieure. Elle joint la trompe à
l’ovaire.
La duplicature de ce ligament eft remplie de vaiffeaux
8c de nerfs.
La trompe de Fallope eft différente dans l’efpece
humaine, de ce qu’elle eft dans l’animal. Dans celui-
ci la matrice fe partage en deux cavités ; l’extrémité
de chacune d’elles diminue infenfiblement, devient
un canal extrêmement mince, & s’attache à l’ovaire
par le pavillon de fon extrémité. Dans l’efpece humaine
la matrice eft fimple, & la trompe eft un canal
conique, qui s’implante dans chaque angle du corps
de la matrice. Deux membranes forment ce canal :
l’interne eft la plus longue. Entre ces membranes il
y a de la cellulofité, 8c un nombre immenfe de vaiffeaux
rouges. Le canal entier eft reçu entre les deux
feuillets du ligament large.
La partie de la trompe qui s’oqvre dans une efpece
d’appendice de la cavité de la matrice, eft extrêmement
étroite ; elle fe dilate en s’écartant, 8c fe rétrécit
un peu avant de s’ouvrir, l’ouverture eft un
peu plus étroite que ne l’étoit la trompe avant de
s’épanouir. Une cellulofité extérieure la replie 8c
lui donne quelque chofe de tortueux.
La direâion en eft extrêmement variable, rien ne
la fixe ; en général cependant elles vont en-dehors ,
8c fe replient à la fin, 8c leurs orifices font contournés
l’un contre l’autre.
La membrane interne de la trompe eft molle &
pulpeufe, fillonnée par des lignes parallèles, fans
être mufculeufes. Dans l’efpece humaine ces plis fe
prolongent au-delà de la membrane extérieure, &
forment ce qu’on appelle le pavillon. C’eft un ornement
frangé 8c découpé, beaucoup plus large que
n’eft la trompe, 8c dont une des dentelures les plus
longues s’attache à Fovaire.
Je ne connois à la trompe ni valvules ni fphinéier.'
On avoir placé la valvule à l’ouverture utérine, &
le fphinâer à celle qui communique avec la cavité
du bas-ventre.
On appelle ovaires à caufe de leur reffemblance
avec les ovaires des oifeaux, ce que les anciens
appelloient les teflicules de la'femme. Leur nouveau
nom leur peut convenir à caufe des véficules, qui
effeâivement ont beaucoup de rapport aux oeufs des
poiffons : les quadrupèdes ont cependant de plus que
les autres animaux, une fubftance cellulaire molle &
abondante > dans laquelle ces véficules font comme
enchâffées.
L’ovaire a fon ligament, qui eft le bord épaifli &
doublé d’une cellulofité filamenteufe du ligament
large, & qui eft placé entre la matrice 8c l’ovaire. On
l’a regardé çonyne un canal, mais il eft certainement
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rempli du tiffu cellulaire. L’ovaire eft encore attaché
par l’aile de chauVe-fouris.
Cet ovaire s’élève du bord fupérieur du ligament
large plus poftérieurement que la trompe ; fa membrane
extérieure eft le péritoine, qui porte le nom
de ligament large ; il monte jufqu au bord fuperieur
de l’ovaire, redefcend de meme, & 1 enferme dans
fa duplicature. La bafe repofefur la cellulofité com-
prife entre les lames du ligament large; c’eft par-là
qu’entrent les vaiffeaux. , t
Dans le foetus, les ovaires font plus elevés 8c places
hbrs du baffm ; ils y font plats, larges & liffes : dans
la femme adulte ils ont la figure d’un oeuf coupé par
la moitié, mais applati : fa lurfaee eft inégale 8c fou-
yent pleine de petites fentes. La fituation eft tranf-
yerfale.
L’intérieur eft formé par des véficules, 8c par une
cellulofité fucculente 8c formée en lames.
Les véficules ne paroiffent pas dans le foetus humain
; leur nombre eft, inégal & beaucoup plus grand
dans les animaux multipares. Je ne crois pas qu’elles
paffent le nombre de quarante dans la femme.
Elles font encadrées , comme je l’ai dit, dans la
fubftance cellulaire de l’ovaire , 8c elles débordent
plus ou moins, mais fans jamais être libres, comme
elles le font dans les oifeaux. Leur grandeur eft
inégale.
Chaque véficule a deux membranes, que j’ai
quelquefois féparées, l’interne eft pulpeufe & vafcu-
îeufe. La cavité eft remplie par une humeur limpide
, mais qui prend de la confiftance comme les fucs
albumineux par la chaleur, par l’alcohol, ou par les
acides concentrés. Elles font trop confiantes pour
être regardées comme des hydatides.
Je ne parlerai pas ici des corps jaunes qui ne font
qu’une fuite de la conception , & une véritable 'dégénération
des véficules. Mais on trouve dans les
ovaires des femmes qui ont eu des enfans, les
reftes de ces corps jaunes, des efpeces de fquirres ,
qui reffemblent à du fang caillé, &&,qui ne s’effacent
jamais.
Les arteres de la Patrice font nombreufes. Les
premières font les fpermatiques, dont les troncs fe .
portent aux ovaires 8c à leur bafe. Leurs branches
intérieures 8c poftérieures vont dans l’ovaire même,
8c fe diftribuent aux véficules. Mais les principales,
les plus extérieures &les plus antérieures de ces artères
paffent par les ailes de chauve-fouris, fournif-
fent des vaiffeaux innombrables à la trompe, atteignent
l’angle fupérieur de la matrice, defcendent le
long de fes côtés, 8c communiquent par de groffes
branches avec les arteres de la matrice 8c du vagin ;
elles font aufli des arcades avec les branches analogues
du côté oppofé. Quelques filets de ces mêmes
arteres vont au ligament rond, fortent du bas-ventre
8c communiquent avec des branches de l’artere
épigaftrique.
Les plus groffes des arteres de la matrice proviennent
de l’hypogaftrique. L’utérine naît ou du tronc
même ou de celui de la honteufe : elle donne deux
branches au bas de la veflie, & quelques filets à l’ure-
tere 8c au ligament rond. Le tronc atteint l’utérus à
l ’extrémité du col, fes branches remontent 8c defcendent
le long de cet organe en ferpentant : elles communiquent
du côté droit au gauche, 8t de la partie
antérieure à la poftérieure , & s’unifient avec les
branches des fpermatiques. Des branches vont au
ligament des trompes, 8c y communiquent encore
avec les fpermatiques. Il y a quelquefois une feule
artere principale de la trompe, qui en fuit toute la
longueur. D’autres branches plus groffes fe perdent
dans la fubftance de la matrice. Un tronc confidérable
vasau vagin, 8c le fuit jufqu’aux parties extérieures
de la génération. Ce tronc donne quelques branches
Tome III,
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à la veflie, à l’uretre, au reftum. Elles communiquent
avec la vaginale propre & avec l’hémorrhoïdale
moyenne.
L’artere honteufe ne fe diftribue qu’aux parties
extérieures de la génération.
Les ;veines de la matrice naiffent également des
fpermatiques 8c de l’hypogaftrique. Elles reffemblent
en general aux arteres, mais les veines fpermatiques
font un réfeau plus compliqué , qui porte le nom de
pampiniforme. Leurs branches vont à l’ovaire & à la
matrice , comme celles des arteres du même nom.
Quelquefois la veine fpermatique va droit au clitoris,
& peut être regardée comme la principale veine
de la matrice: elle donne alors des branches à la veflie
8c au vagin.
La veine utérine principale1, fimple ou double,
naît d’un plexus formé par de groffes branches des
veines hypbgaftriques. Les branches de la veine utérine
8c leurs anaftomofes font à-peu-près les mêmes
que celles des arteres du même nom. Elles n’ont
point de valvules.
Dans l’intérieur de la matrice les arteres exhalent
une liqueur féreufe : on connoît deux maniérés, par
lefquelles elles répandent cette humeur. La première
ce font des floccons, que M. Ferrein appelle vaiffeaux
blancs, très-petits hors du tems de la grofieffe, qu’on
a cependant injeétés quelquefois, 8c pouffé la matière
jufque dans la cavité de la matrice. Ce font
apparemment ces mêmes petites .arteres, qui groflies
par l’effet de la groffeffe, deviennent les arteres fer-
pentines décrites par Albinus. ,
On a quelques traces de ces arteres colorées par,
le chyle. M. Aftruc a même cru voir une véficule
laftée, dont les vaiffeaux de cette couleur fe répan-
doient en forme d’étoiles.
On trouve entre ces floccons de petits pores dans
la matrice, par lefquels on peut faire exhaler l’eau,
le mercure même , dans la cavité de cet organe.
Les veines de la matrice .communiquent avec la
cavité auflï-bien que les arteres : les liqueurs injec-,
tées dans-leurs troncs fuintent par des pores de la
tunique interne. Il y a plus , on à vu une liqueur colorée
pouffée dans la cavité, fortir par les troncs
veineux des ligamens larges.
Tout devient plus apparent dans la groffeffe. Les
veines de la matrice y augmentent en groffeur , 8c
paroiffent faire plufieurs plans de réfeaux appliqués
les uns fur les autres, tous formés par de gros troncs ,
fans branches capillaires, 8c dont les membranes
font très-fines. C’eft ce qu’on a appellé finus de la
matrice, 8c regardé comme des réfervoirs différens
des veines, creufés dans la fubftance même de cet
organe.
Ces veines s’ouvrent dans la cavité par des orifices
ordinairement affez fins , mais qui font quelquefois
très-gros, & qui laiffent paffer ie fang avec facilité,
aufli-bien que la liqueur , 'qu’on aura féringuée par
les veines. Les arteres qui communiquent avec les
veines de la matrice, s ouvrent de même dans ces
finus.
Les finus particuliers, 8c les culs-de-facs décrits
par M. Aftruc, paroiffent être la même chofe que
nos veines , mais envifagées d’un point de vue particulier.
On a vu dans les animaux des vaiffeaux lymphatiques
dans la matrice 8c dans lés ovaires. Ils font très-
vifibles dans la vache pleine, oit je les ai vus de la
groffeur du petit doigt. On n’eft pas bien fur qu’ils
aient jamais été vus dans la femme.
Les nerfs fupérieurs de la matricepartent du plexus
rénal. Un gros nerf s’en détache , accompagne le
paquet fpermatique, reçoit quelques filets du tronc
du fymphatique, & 'va à l’ovaire..
D’autres nerfs partent du plexus méfocolique, du
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