Dictionnaire raifonné des Sciences, &c. M. Fontaine
& M. Euler ont donné un recueil de ce qu’ils ont
fait de plus important fur cette matière. Les PP. Jacquier
& Lefueur ont publié , en 1768 , une collection
des principales méthodes connues jufqu’alors,
& qu’ils ont fouvent expofées d’une maniéré qui
leur eft propre. Cette colleâion eft plus complette
que l’ouvrage de M. de Bougainville, qui auroit à prélent
befoin d’une continuation où on expoleroit les
progrès qu’à fait dépuis 1756 la théorie générale du
calcul intégral, & ce que Mrs d’Alembert, Euler &
de la Grange ont donné de méthodes ou de réflexions
importantes, depuis la même époque, & qu’on
trouve difperfées dans les mémoires des académies
de Paris, Berlin, Petersbourg & Turin, &c-.
Applications du calcul intégral. Les applications
qu’on a faites du calcul intégral font dé trois fortes;
les unes ont pour objet l’analyfe pure ; d’autres la
fcience du mouvement ; d’autres enfin la connoif-
fance des phénomènes de la nature. La mefure des
courbes des efpacés qu’elles renferment, des fur-
faces & des folides qu’elles terminent, eft le premier
objet à quoi l’on ait penfé appliquer le calcul
intégral, M. Euler l’a employé à perfectionner la
théorie des fuites infinies ; M. d’Alembèrt s’en eft
fervi pour celle des imaginaires. Voye^ les articles
Q u a d r a t u r e , Im a g in a ir e , l'ouvrage de M. de
Bougainville, 6* le calcul intégral de M. Euler.
La théoriè des maximum que j’ai expofée à cet
article , eft une des plus brillantes & des plus fécondes
applications du calcul intégral.
• C ’eft par le calcul intégral qu’on a déterminé avec
la plus grande généralité le centre de gravité, d’of-
cillation, ou de pereuffiondes corps curvilignes..
La théorie du mouvement curviligne d’un point
ou d’un folide, une partie de celle du mouvement
des fluides n’a été perfectionnée que par le calcul
intégral. M. d’Alembert eft le premier qui ait donné
d’une maniéré rigoureufe & indépendante de
toute hypothefe arbitraire les loix du mouvement
des corps dont chaque partie eft animée de forces
différentes, & qui conferve toujours fa figure , &
celles du mouvement ou de l’équilibre des corps
fluides, qui confervant toujours la même maffe, con-
fervent encore le même volume, ou en changent
félon une loi donnée. Voye^ Varticle Pr in c i p e s .
Dès l’année 1686, Newton avoit publié fa théorie
du mouvement des planètes dans des orbites
elliptiques , & ébauché le calcul des perturbations
& des changemens que pouvoit produire la non fphé-
ricité des corps céleftes , & depuis ce tems jufqu’en
1747, que Mrs d’Alembert, Euler & Clairaut trouvèrent
leurs folutions analytiques du problème des
trois corps , la connoiffance du fyftême du monde
fît très-peu de progrès. Jean Bernoulli ne s’en occupa
que pour le combattre , il ne voulut pas être en
philofophie le difciple de Newton, dont il étoit l’égal
en mathématiques. Il dédaigna d’affervir fon génie
à calculer d’après les principes d’un autre, & le tems
qu’il employa à oppofer des chimères à la théorie
de la gravitation fut perdu pour les fciences & pour
fa gloire ; heureufement les fucceffeurs ont bien
réparé cette perte ; le flux & reflux de la mer, le
mouvement des fatellites , des planètes principales
qui s’attirent, des cometes qui s’en approchent, l’effet
de la réfiftance de l’éther fur tous ces corps , la
figure de la terre & de planètes , la préceffion des
équinoxes, la nutation dé l’axe de la terre, la libration
de la lune , les vibrations des cordes, les ©foliations
de l’air fonore, les caufes des vents ont été
traités d’après des principes nouveaux & plus certains,
& des méthodes direéles d’intégrer par approximation,
plus exafles & moins fujettes à des erreurs.
Voyei L'article MÉTHODE, {Math.) Suppl.
Tel eft FouVrage immenfe qu’ont élevé à I’aidè
du calcul intégral & que perfectionnent encore tous
les jours les Géomètres qui ont remplacé Newton,
& rendu au continent de l’Eùrope , & fur-tout à la
France , la Supériorité que Newton avoit donnée à
l’Angleterre. (0 )
INTENSE, adj. {Mujiq.) Les fons intenfes font
ceux qui ont le plus de force , qui s’entendent de plus
loin; ce font auffi ceux qui, étant rendus par des
cordes fort tendues, vibrent par là même plus fortement.
Ce mot eft latin, ainfi que celui de remijfe qui
lui eft oppofé : mais dans les écrits de mufique théorique
on eft obligé de franeifer l’un Si l’autre; (SJ
INTERCALER, v. a. (Gram. Chronol. ) lignifie
inférer.
Il fe dit particuliérement du jour que l’on ajoute
au mois de fé vrier daps l’année bïffe xtile , afin que
la maniéré décompter cadre plus exactement avec le
cours du foleil. Voyeq_ In t e r c a l a ir e ,Dicl.raif.
des,Sciences , & c . (-J-)
INTERCIDENCE, ( terme de Plain-chant. )
Voyei D i A P TO S Ë , ( Mujtq. ) Suppl. ( S )
I INTERCOLONATION, f. f. ( Architecl. ) eft
l’efpacè qui eft entre deux colonnes, & qui fe mefure
au bas du fût. Vitruve en rapporte cinq efpeces;
favoir, le picnoftyle , où les colonnes font éloignées
de trois modules ; le'ftyle , qù les colonnes
lont éloignées de quatre modules '; l’euftyle, où les
colonnes font éloignées de quatre modules & demi ;
le diaftyle, où les colonnes font éloignées de fix
modules .;■ & l’aréoftyle, où les colonnes font éloignées
de huit modules.
Quelques, auteurs prennent cetefpace, de l’axe
d’une colonne à l’axe de l’autre..( •+■ )
§ INTERCOSTAL, adj. ( Anatomie. ) L’origine
du grand fympathique eft double. Le premier filet
vient du nerf de la fixieme paire , lorfqu’il paffe le
long du bord antérieur de la ca&tida. Ce filet eft
quelquefois double , il y en a un antérieur'& postérieur
, mais plus fouvent il eft fimple dans fon
origine, & fes deux filets naifl’ent de fa divifion.
L’angle fous lequel ce nerf fort de la fixieme paire,
eft un peu rétrograde , c’eft-à-dire , qu’en confidé-
rant le nerf de la fixieme paire comme le tronc dont
fort Yintercojlal, ce dernier nerf fait avec celui de
la fixieme paire un angle obtus, du côté de l’oe il,
& aigu du côté de la moelle alongée.
Cet angle ne doit pas nous faire, regarder le nerf
intercofialcomme une racine acceffoire de la fixieme
paire, qfii partirait de la moelle de l’épine, & qui
fe porteroit à l’oeil. La groffeur du nerf de la fixieme
paire, qu’on attribue à l’augmentation qu’il rece-
voit par l’arrivée du nerf fympathique, ne commence
pas après la jonCfion des deux nerfs, elle commence
avant cette jon&ion, & paroît l’effet .de l’a-
moliffement des enveloppes du nerf opéré après la
macération dans le fang du finus caverneux. L’angle
rétrogradé ne prouve rien dans les nerfs,,il y eft
fort commun. Bien certainement le nerf récurrent
n’eft pas un nerf qui naiffe de l’oefopage pour fe
mêler avec la huitième paire. L’angle du nerf inter-
cojtal eft d’ailleurs très-peu récurrent, il eft la fuite
néceffaire de la direftion de la carotide, que le nerf
eft obligé de fuivre; & fi cet. angle décidoit de la
direâipn d’un nerf, le fympathique ne fe porteroit
pas uniquement à l’oe il, il fe rendroit également
dans les narines & dans la face , puifque dans cette
fuppofition le fympathique fe joindroit comme une
fécondé racine au nerf palatin.
A la racine du nerf fympathique, que produit
celui de la fixieme paire, fe joint une fécondé racine,
qui ne provient pas du nerfophthalmique de
la cinquième paire, comme on l’a cru généralement.
Ce que l’on a cru voir à cette place, n’eft qu’une
artere
artere fortie de la carotide, & qui fe perd dans le
nerf de la cinquième paire. Ce nerf ne fauroit donner
une branche au fympathique dans fon trajet à
côté du finus caverneux : le nerf de la fixieme paire
& Yintercojlal paffent feuls par le fang du finus, &
la cinquième paire eft féparée de ce fang par une
cloifon fort dure, produite par la dure-mere.
La racine que le nerf fympathique reçoit de la
cinquième paire , eft beaucoup plus cachée. Elle
fort de fa fécondé branche & de fon rameau palatin.
Ce rameau enfile le canal ptérygoïdien, & paffe
par-deffus les apophyfes de ce nom, en fe rendant
de devant en arriéré. Ses principales branches vont
dans les narines.
Le petit tronc du nerf rentre dans le crâne, &
l ’une de fes branches va fous la dure-mere fe joindre
au nerf dur de la feptieme paire par une fente de l’aqueduc.
L ’autre branche plus groffe & plus inférieure
, a été indiquée par R a y, & mife dans tout
fon jour par M. Mekel. Elle entre dans le canal de
la carotide par une ou deux branches, & va fe
joindre au nerf fympathique, produit par la fixieme
paire, fur la tunique même de la carotide. Il eft
plus gros que le filet forti de la fixieme paire.
Le grand nerf fympathique fort avec la carotide,
partagé le plus fouvent en deux petits troncs, qui
fe réunifient à la fortie du canal, par lequel cette
artere entre dans le crâne.
Le grand ganglion donne plufieurs branches, qu’il
faut ajouter à la defeription du nerf fympathique.
Les nerfs mous qui en fortent font très-gros, &
méritent beaucoup d’attention ; il feroit à fouhaiter
qu’on en connût toute la fuite. Ce font des nerfs .
rougeâtres, fort liffes, & peu folides , qui fortent
conftamment du ganglion cervical fupérieur. Ils forment
un plexus derrière la carotide, & quelquefois
un ganglion. Ce plexus communique avec une branche
du tronc de la huitième paire, avec la branche
pharyngienne de la même paire, & avec fa branche
laryngienne. Les branches de ce plexus accompagnent
toutes celles de la carotide externe, & font
intimément attachées à la membrane de ces arteres;
elles accompagnent de même & la carotide vertébrale
& la carotide commune. On n’a pas encore
découvert la fin de ces nerfs ; il donnent à la vérité
une/branche au pharynx.
Ils produifent une des racines du nerf fupérieur
du coeur. Ce nerf reçoit des branches du tronc du
fympatique de la huitième paire & de fa branche
pharyngienne. Il donne des filets au ftilopharyngien,
au hyothyroïdien ; il defeend vers le tronc de l’aorte
; il communique en plufieurs maniérés avec le
fympathique, avec les branches inférieures du ganglion
moyen, & avec le récurrent ; il fe termine à
la fin dans le grand plexus cardiaque. Je ne donne de
ce n erf, d’ailleurs fort variable, qu’un précis fort
abrégé.
Il faut ajouter encore à la defeription de Yintercojlal
, ou du grand fympathique , le ganglion cervical
moyen , très - différent de l’inférieur, & que
j ’y ai; prefque conftamment trouvé. Une branche
de ce nerf le forme. Il eft placé plus fuperficiel-
lement que le ganglion inférieur, fur l’artere thyroïdienne
inférieure ; j’en ai vu deux. Il communique
quelquefois avec le nerf phrénique, & toujours
avec le tronc de Yintercojlal, & donne un grand
nombre de branches , qui font des anfes autour de
1 artere thyroïdienne , de la vertébrale, & de la
fouclaviere même. Une partie de ces branches rentre
dans le ganglion cervical inférieur ; d’autres vont
au c0®ur » & forment conjointement avec les branches
de 1 intercojlal, ou de fon ganglion inférieur, &
avec celle du récurrent, le plexus cardiaque.
Le ganglion cervical inférieur eft placé fut la fep-
Jome III.
tieme vertebre du cou, & fur la première côte 4 il
eft grand & rond , il eft même double; il communique
avec le ganglion moyen , avec le phrénique
avec les nerfs cervicaux inférieurs, avec les coftaux
luperieurs, &avec les gros troncs du bras. Il fourbit
une grande partie des nerfs du coeur , tant des anterieurs
, que fur-tout des poftérieurs & de ceux du
poumon. Quand il eft double, on peut appeller la
partie iuperieure du nom de cervical, & laiffer celui
H B B f uPéruur à la partie inférieure : un
îlthme fepare alors les deux ganglions.
Le nerf fpianchnique forme le grand plexus femi-
lunaire. Mais H y a ordinairement un fécond fplan-
chnique hé du fympathique fur les trois dernierés
cotes j il y a même un troifieme nerf analogue
au fplanchnique. Ces petits troncs percent le diaphragme
, defeendent dans l’abdomen, & fe joignent
au grand plexus lêmilumiire, à celui des reins , & à
celui du mefocolon, ils defeendent même jufqu’aux
ovaires & à la matrice.
Les deux ganglions fémilunaires méritent ce nom,
parce qu’avec le plexus mitoyen qu’ils produifent,
ils forment effectivement un corps nerveux de la figure
d un croiffant, dont les cornes remontent. Les
fympathiques, leurs branches fplanchniques,& quelques
branches de la huitième paire produifent ces
plexus.Tl y a beaucoup de variétés dans cette ftruc-
ture ; j’ai vu que le plexus étoit mêlé de huit ou
neuf petits ganglions, & qu’il n’y en avoit point de
grands, comme dans la ftruûure ordinaire.
C’eft de ce plexus & du huitième nerf, que naif-
fent les nerfs de l’épigaftre. On ne les a pas encore
entièrement développés, & on n’en poffede aucune
figure complette. Elle feroit d’ailleurs bien difficile
à faire, & on n’y réufîiroit peut-être qu’en ouvrant
le bas-ventre par le dos. On pourroit alors commencer
par les troncs, & en fuivre fucceflivement
les branches , au lieu que par la préparation ordinaire
on eft obligé de commencer par les branches,
& de chercher les troncs dçrriere les vifeeres qui les
recouvrent. Ce que je vais en dire ne fera pas complet
, mais vrai du moins, & calqué d’après le corps
humain. 1
Les plexus fémilunaires donnent naiffance à diffé-
rens plexus, qui accompagnent les arteres nées de
l ’aorte fous le diaphragme. Un de ces plexus fuit l’ar-
tere phrénique, & fè diftribue au centre du diaphragme.
Une branche fe rend au eul-de-fae de l’eftomac '
communique avec le plexus antérieur de la huitième
paire, & fuit par un filet l’origine de l ’épiploon le
long de la grande courbure de l’eftomaç.
D ’autres branches fuivent l’artere coeliaque ; quelques
unes d’entr’elles accompagnent la fplénique;uf-
ques dans la rate.
D ’autres vont au foie avec la branche hépathique.
D ’autres plus'antérieures accompagnent la duo-
dénale, & vont au duodénum, au pilore, au pancréas,
au foie; quelques-uns de leurs filets fuivent
l’artere gaftroépiploïque droite le long de l’origine
de l’épiploon.
D ’autres branches plus poftérieures accompagnent
la veine - porte & vont au foie; tant au lobe
gauche qu’au lobe d roit, & à la veficule du fiel. Il
y a quelquefois un ganglion dans ce plexus.
Il y a des branches encore plus poftérieures, &
couvertes par la veine-porte, qui vont à la partie la
plus poftérieure du foie, & au lobule de S'pigel.
D ’autres poftérieures auffi, mais placées à gauche
entrent dans le lobe gauche du foie par la foffe du
conduit veineux. Elles communiquent avec les branches
de la huitième paire.
Un plexus plus confidérable encore, accompagne
& enveloppe l’artere méfentérique ; il eft
K K k k