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de ces inflincls induftrieux, M .R e în ïa r en d év e loppe
les propriétés , qui font les fuivantes.
1. Tou s -le s inflincls induftrieux en général tendent
à Iacoùfervation’de chaque animal en particulier
, de de' fon efpeee en général.
2. Tou s les injlincls des animaux ne s’étendent pas
au-delà des bornes de la repréfentation & des defirs
fenfuels.
3. Ils ont néanmoins en eux quelque chofe de
plus que le fimple empreffement d ’obtenir ; ce font
les moyens de parvenir à ce but.
4. Ces moyens fo n t, fnivant le'genre de v ie de
chaque animal, les plus fages ôc les plus adroits
qu’il foit poffîble d’imaginer.
5. C ’eft dans les befoins des différens genres de
v ie que réfide la vraie caufe des injlincls induftrieux
des animaux, ôc la raifon pour laquelle ils ont tel
ou tel injlincl induftrieux à l ’ exclufion de tout autre ;
de-là vient que les in feô es les plus informes ôc les
plus méprifés, ont beaucoup plus dl inflincls induftrieux
que les-animaux qui.paroiffent plus parfaits
par les forces de l’ame ôc du c o rp s , & par l ’e xpé rience.
6. Il n’eft donc aucun animal qui ne foit pourvu
des injlincls induftrieux néceffaires à fon bien-être
& à fa con fervation, ainfi qu’ à celle de fon efpeee.
7 . Aucune efpeee animale n’a d’injlincls induftrieux
, inutiles ôc fuperflus.-
8. Aucun animal n’eft pourvu naturellement d'inf-
tincls in du ftrieu x, faux ÔC étrangers à fon efpeee.
9. Les injlincls induftrieux n’empêchent pas que
des milliers d’individus de chaque efpeee animale ne
périffent avant le terme ordinaire de leur v i e , mais
ils fervent toujours à en conferver une quantité dans
telle efpeee proportionellement à telle ou telle
autre.
10. Les injlincls des animaux font mis en aCtion
par la perception externe ôc fenfuelle du plaifir ou
de la douleur , & d’après l’impreflion des corps
étrangers, ou par la perception interne de leur nature
ôc de leur lituation.
1 1 . La repréfentation confufe du paffé influe quelquefois
fur les injlincls des animaux.
12. Tou s les inflincls communs aux animaux ont
leu r type dans la repréfentation du p a flé , d’où fuit
le delir fenfuel.
13. Le méchanifme du corps des animaux, foit
dans les organes des fens , foit dans les organes du
mouvement, a la plus parfaite harmonie avec la
perception r e çu e , ôc les conduit toujours fûrement
à l’accompliffement fpontané des defirs qui en
naiffent.
14. Les parties même de plufieurs infe&es ôc de
quelques animaux qu’on a privés de la tête ôc du
coeur , paroiffent encore témoigner de l’ëmpreffe-
ment à faire ufage de leurs injlincls induftrieux.
15. Les injlincls induftrieux des animaux de la
même efpeee dans l’état de lib erté, agiffent toujours
d ’après les mêmes réglés ôc les mêmes méthodes
déterminées , au moins en ce qui eft effentiel ; les
différens accidens peuvent feuls donner lieu à d ’autres
déterminations.
16. C ’eft pourquoi l’on n’apperçoit aucune différence
dans les injlincls induftrieux, en quelque contrée
que ce fo i t , dans les points effentiels. Les. générations
préfentes ôc celles à venir ne perfeftion-
neront point les injlincls des générations pafiées ;
mais li l’on ne v oit point les animaux acquérir de
nouvelle induftrie, on ne v o it pas non plus que celle
qu’ils ont reçue de la nature s’ aitere ou fe perde dans
aucun' cas. ;
17. Chaque animal fait exercer les inflincls induftrieux
de fon e fpe ee , à la première occaûon, fans
le ç o n s ,fa n s expérience.
18. Les inftruétions ôc les exemples ne font point
neceffaires aux animaux pour exercer avec habilité
leurs injlincls induftrieux, qui par conféquent leur
font innés & héréditaires.
19. Une patrie des inflincls induftrieux ne fe ma-
nifellent qu’à un certain â g e , dans certaines circon-
ftances , fouvent même une feule fois dans la vie ;
cependant ils fe rèffemblent to u s , ôc font mis en
aélion av e c une égale habileté, ce qui prouve que
ces injlincls ne s’acquierent pas par l’e x ercice , mais
feulement que leur développement fixé par la nature
ne doit avoir lieu qu’à certaine époque.
20. On découvre dans quelques animaux, 1 "mf+
tincl de faire un emploi déterminé de leurs o rganes,
même avant que ces organes exiftent réellement :
par conféquent ce n’eft point la poffeïfion de ces o rganes
q u i les inftruit à en faire ufage; mais le v i f
empreffement de s’ en fervir démontre qu’il eft de la
nature de ces animaux d’en connoître l’emploi même
avant que d’en être pourvus.
21. La foibleffe de quelques animaux encore jeu nes
, rend leur injlincl inutile à leur confervation ;
aufli le foin de les nourrir ôc de les é le ve r eft-il,entièrement
confié à leurs pere & mere.
22. On ne peut pas nier que quelques animaux
qui d’abord, à caufe de leur fo ib le ffe , font confiés
aux foins de leurs pere ôc mere , n’en foient guidés
& conduits aufli long-tems qu’il eft néceffaire , ôc
.jufqu’à ce que devenus affez fo r ts , ils puiffent faire
ufage de'Yinflinct qui leur eft propre,
2.3. Les inftincts induftrieux ne font pas entièrement
déterminés.paf la nature dans tous les points ;
il arrive que les animaux font obligés de les déterminer
différemment, d’après leurs notions, & fuivant
les-différentes circonftances.
24. Lorfque les animaux font interrompus dans
leurs ouv ra g e s, ils cherchent à réparer les dommages
, ou ils fe réfolvent à en conftruire de nouveaux.
2 5. S’il arrive quelquefois aux animaux de s’ écarter
du plan régulier de leurs travaux induftrieux, ils
cherchent bientôt à réparer les défauts, en ajoutant
du en retranchant quelque chofe à leurs ouvrages.
26. Les animaux peuvent fe tromper; mais cela
n’arrive que très-rarement, fur-tout lo r fq u ’ils jouif-
-fent d’une entière liberté.
27. On ne peut pas infpirer aux animaux d’autres
inflincls que ceux dont la nature les a pourvus. C e pendant
en 'faifant ‘dépendre le bien ou le mal-être
des animaux, de certaines opérations fervant à l’utilité
ou au plaifir des hommes, ces injlincls peuvent
'être étouffés, dirigés & dreffés-; pourvu toutefois
qu’on confulte l ’effence de Y injlincl de chaque animal
, ôc qu’on n’exige rien au-delà de ce qui peut
s’exécuter par l’effet d’une repréfentation confufe.
Mais toutes les habitudes qu’on fait eontraéler aux
animaux, tous les tours auxquels on les dreffe, leur
font inutiles ôc fuperflus.
C e tte divifion des injlincls induftrieux étoit néceffaire
pour écarter toute confufion, & pour faire
v o ir par la diverfité même des genres de vie ôc des
befoins des animaux, que tous leurs injlincls induftrieux
tendent au bien-être & à la confervation de
chaque animal & d e fon efpeee, ôc qu’ils renferment
les moyens les plus convenables pour parvenir à ces
fins. Il démontre par les forces animales, ôc par le
développement des propriétés que l’on v ient d’énoncer
, que les inflincls induftrieux ne confident
pas en une adreffe acquife à l’aide de l’expérience ,
de la raifon, ou même du moindre degré de raifon ;
mais que ces adreffes innées des animaux font les
produits de leurs forces de nature déterminées.
Vo ilà très en raccourci ce que contient cet o u v ra g e ,
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le meilleur ÔC le plus méthodique que nous ayons
fur cette matière.
IN S T ITU T IO N d’Agriculture. C ’eft chez les
Anglois que fe font formées les premières fociétés
qui ont tourné leurs travaux ôc leurs études vers les
objets d’agriculture ; c’eft en Angleterre qu’on a commencé
à propofer des prix aux citoyens qui fe dif-
tinguent de ce côté , tant dans la pratique que dans
la théorie. Le premier journal ruftique a paru dans
cette île. Peu ap rè s , Florence v it s’établir dans fon
fein une académie de Géorgophiles, pour hâter les
progrès des études d’agriculture. Mais la fociété établie
en Bretagne en 175 7 , a fervi de modèle à celle
de Berne ôc à celles qui s’établirent à Paris & dans
plufieurs provinces de France en 1 76 1. La fociété
de Paris fe diftingue parmi toutes les autres , par la
réunion d’une fage théorie à une pratique éclairée.
L a fociété économique de Soleure , la fociété des
arts utiles établie à Z u r ich , éclairent ôc dirigent les
agriculteurs de leur p a y s , ôc cette lumière fe répand
encore au loin. Les membres fàvans de ces fociétés
s’appliquent a v e c fuccès à faire connoître les différentes
qualités des terres ; combien il y en a de fortes
propres aux différentes fortes de productions ; à
quelles marques on doit les re conno ître , relativement
à chaque efpeee de production, à la nature du
clima t, aux in tempéries de l’air. Ils s’étendent à fixer
les momens des différentes r é c o lte s , la meilleure
maniéré de les faire & de les con ferv er, ainfi que
le tems des femailles ôc la meilleure maniéré de
jfemer ; les qualités & les quantités des femences
neceffaires ; la maniéré de les préparer; la meilleure
maniéré de préparer les terres , de leur donner les
divers engrais qui leur conviennent, fur-tout de les
rendre propres à recevoir les influences de l’atmo-
fp he re , l’engrais le plus na turel, le meilleur de tous
les engrais ; de détruire les mauvaifes herbes, les
ennemis les plus redoutables du bon grain : ils nous
apprennent la maniéré la plus sûre & la plus avanta-
geufe d’é le ve r desbeftiaux,de les nourrir, de les multiplier
; de rendre la toifon des moutons d’une meilleure
qualité, de reconnoître ôc de fixer fon dégré de
maturité ; l’art de cultiver ôc de conferver les arbres
de toute efpeee. Us fe réunifient pour demander des
bras au luxe , des bras & des encouragemens à l’ad-
miniftration de la finance , qui peut trou v er dans
une fàge économie , de quoi enrichir en même tems
l ’agriculture ôc le tréfor public ; elles demandent des
cultivateurs aux riches propriétaires , à la nobleffe
oifive.
Mais il manquoit une école ou injlitution etagriculture
, où de jeunes laboureurs puffent re c e v o ir ,
fans frais , les inftruâions néceffaires & les élémens
d’un art fi im portant./Nous venons de v oir fe former
en France le premier établiffement en ce genre par les
foinsde M. Sarcey deSutieres, & avec l’approbation
du gouvernement. Quels éloges ne’mérite pas ce cito
y en zélé ! Cérès eut des autels, il mérite des ftatues.
V o ic i le projet ou profpeCtus de cette injlitution,
tel qu’il a paru imprimé en 1771. (AL B e g u il l e t J)
* Les fociétés d’agriculture ont procuré de grands
avantages dans les différentes provinces où elles
ont été établies , par l’exemple Ôc l ’encouragement
qu ’elles ont donnés aux cultivateurs. Il reftoit un
bien à fa ire , c’étoit de s’aflùrer de la meilleure maniéré
connue jufqu’à ce jour de cultiver les te rre s ,
afin de la répandre par-tout ; mais elle ne peut être
enfeignée, ôc les leçons du premier des arts ne peuvent
être données que fur le terrein av e c la charrue
o u le hoyau dansfles mains.
O n eft enfin parvenu à trouver un propriétaire de
bonne volonté ( M. P ane lie r) qui veut bien prêter
les terreins dépendans de fa terre d’Annel ,_près
Çompiegne , ôc formant a y e c ceu x de Beftinyal qui
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la joignent, une étendue de plus de fix cens arpens,
pour fervir à des enfeignemens de toute efpeee de
cu ltu re , ôc qui confent à fournir gratuitement les
logemens ôc les uftenfiles néceffaires pour les jeunes
laboureurs qu’on enverra pour re c e vo ir les inf-
truôions.
D une autre pa rt, on a reconnu, par les fuccès
multiplies ôc bien confiâtes dans les provinces où
elle a ete mife en ufage depuis plufieurs années , que
la méthode de cultiver les terres du fieur Sa rcey
de Sutieres , membre de la fociété d’agriculture de
Paris , eft la plus sûre & la plus utile ; il veut bien
donner gratuitement tous fes foins, pour inftruire
chaque année douze laboureurs, de la meilleure
maniéré de cultiv er, qui leur fera enfeignée conformément
aux détails ci-après.
i ° . A connoître les principes généraux de la végétation
ôc du développement des p la n te s , ôc l’on
aura foin de fe mettre à leur portée .pour leur apprendre
cette, opération de la nature.
20. A bien diftinguer chaque efpeee de terre par
les produttions naturelles de chacune, c’eft-àrdire ,
que quand la terre fans culture produit telle plante ,
telle graine, ôc pouffe telle racine , elle eft propre
à la culture de tel ou tel autre grain.
3 ° . La culture qui doit convenir à chacune de
ces terres.
4 0. Les différentes efpeces de charrues, ôc les
raifons de préférence çn faveur de la charrue de Brie
rectifiée.
50. Le nombre des lab ou rs , leur profondeur né-
ceffaire, fuivant chaque nature de terrein pour une
bonne production, ôc le tems de faire ces labours.
6°. Les engrais convenables à chaque nature de
terre ôc leur quantité. On leur démontrera à cette
occafion , que trop d’ engrais nuit aux plantes , ÔC
que trop peu ne produit qu’un médiocre effet.
7 0. Le tems ôc la faifon pour appliquer les
engrais.
8°. Le bombage des terres labourées plus ou
moins f o r t , fuivant leur nature feche ou humide.
90. La maniéré de former des fangfues ou faignées
dans des terreins trop humides ; ce qui conduira naturellement
à leur apprendre les moyens de deffé-
cher les terres maréçageufes ôc de les rendre propres
à donner de bonnes productions.
io ° . La qualité ôc la quantité des femences qui
conviennent à tel ou tel f o l , c’eft-à-dire , que celui-
ci peut porter du fromen t, un autre du bled ram é ,
un autre du gros , moyen , p e t i t , méteil ou fe igle.
O ni fera connoître les moyens de rendre les épis
plus forts ôc plus grenés, ôc de donner plus de qualité
aux grains ; ce qui leur fait rendre beaucoup plus
de farine ôc de meilleure qualité.
i i °. La maniéré & la néceflïté d’apprêter les femences
, la compofition de ces ap prê ts, leurs avantages
, ôc les inconvéniens qui réfultent pour les
femences quand le chaulage en eft mal fait. On comprend
dans cet article l ’explication des maladies des
bleds , de leurs caufes ôc les moyens d’en garantir
les grains.
1 2P. Le véritable tems de faire les femences, &
la raifon de les enterrer plutôt avec la herfe qu’av e c
la charrue.
13 ° . Les foins qu’il faut donner aux terres enfe^
mencées jufqu’au mois de Mai.
140. La maniéré de faire & de ferrer une récolte.'
150. Les moyens de co n fe rv e r , fans rifque ôc
fans frais , les bleds pendant plufieurs années.
160. Quelles font les caufes & l’origine de tous
les infeCles ôc v ermines, tant fur terre que dans les
granges ôc greniers ; les précautions pour en g a rantir
les grains, ainfi que des çharanfons Ôc autres
infeftes,
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