■ qui en furent le fruit, entraînèrent auffi la chiite de
la république, ainfi que cela étoit arrivé à Rome.
Mais il faut convenir que ce fut par la douceur êc les
bienfaits, & non point par des guerres, des profcrip-
tions & des crimes , que changea la forme du gouvernement
de Florence; ce fut un citoyen qui, en
méritant le furnom de pere de la patrie, en devint
prefque le fouverain : je parle ici de Corne de Mé-
dicis, appelle quelquefois Côme le grand, Corne le
■ vieux , Côme pere de la patrie.
II étoit fils de Jean de Médicis, & naquit en 1399 :
ce fut lui qui donna le plus d’eclat à cette maifon ,
par la fortune immenfe que lui rapporta le commerce
qu’il avoit avec toutes les parties du monde connu,
& fur-tout par le bon ufage qu’il en faifoit dans fa
patrie. C’étoitune chofe auffi admirable qu’eloignee
de nos moeurs * de voir ce citoyen qui faifoit toujours
le commerce, vendre d’une main les denrees
du Levant, & foutenir de l’autre le fardeau de la
république; entretenir des fafteurs & recevoir des
ambaffadeurs ; rélifteraupape , faire la guerre & la
pa ix, être l’oracle des princes , cultiver les belles-
lettres , donner des fpe&acles au peuple, & accueillir
tous les fàvans Grecs de Conftantinople.
Des ennemis, jaloux defon bonheur & de fa gloire;
parvinrent à le faire exiler : il fe retira à Venife, il fut
rappellé à Florence unan après, & il.jouit de fa fortune
& de fa gloire jufqu’à l’année 1464, qu’il mourut :
il fut furnommé pere de la patrie, & i l fut aufli le pere
des lettres ; car il raffembla les favans , & les pro-
tégea de la maniéré la plus marquée. L’académie
Platonique de Florence lui dut fa première origine,
& il forma une des plus belles bibliothèques de
l’Europe.
Lorlque la maifon de Médicis eut donne des papes
à l’Eglife ; & que par leur médiation elle eut formé
des alliances avec là France, fon autorité s’accrut,
& les Médicis s’élevèrent au-deflùs de tous leurs rivaux.
La bataille de Marone , que Côme I gagna
contre les Strozzi & ceux de fon parti, le mit aur
deffus de tous fes ennemis. Le pape Pie V lui donna
le titre de grand duc, en 1569» régna jufqu’en
1574. , . , . . ..
Il tranfinit fes états à fa poftérité, qui en a joui juf-
qu’au tems où elle s’eft éteinte dans la perfonne de
Jean Gafton de Médicis, VIIe. grand duc de Tofcane,
& le dernier de fa maifon. Ce prince mourut le
9 juillet 17 3 7 , devenu incapable, par fes débauches
, d’avoir jamais des fucceffeurs. Ferdinand, fon
frere, & fils de Côme III, étoit mort le 30 oélobre
1713 ; François Marie fon oncle, fils de Ferdinand II,
& qui avoit été cardinal, étoit mort le 3 février
17 19 ; & Anpe Marie-Louife, fille de Côme III,
qui avoit époufé l’éle&eur Palatin , eft morte le 18
février 1743 ; elle étoit la derniere perfonne du nom
de Médicis.
Don Carlos, fils du roi d’Efpagne Philippe V ,
& roi d’Efpagne lui-même aujourd’hui, fut défigné
dès 17 18 , pour héritier de le Tofcane; mais lorf-
qu’il eut conquis le royaume de Naples , & que le
duc de Lorraine , gendre de l’empereur Charles V ,
eut cédé fes états à la France, on fit un traité à
Vienne en 173 5, par lequel le duc de Lorraine reçut
en échange le grand duché de Tofcane. Il y eut cependant
entre l’Empire & l’Efpagne quelques difficultés
au fujet de la ceffion de la Tofcane ; mais elles
furent terminées au congrès de Pontremoli, par un
aûe de ceffion & de.garantie, figné le 8 Janvier 1737.
La mort de Jean Gafton de Médicis, rendit le duc de
Lprraine paifible poffeffeur de laTofcane : il en a joui,
quoiqu’il fût devenu empereur ; & il l’a tranfmife au
fécond de fes fils, dans l’année 1765.
Ce jeune prince , qui régné actuellement, e ft, à
tous égards, l’oppofé du dernier des Médicis dont
je viens cle parler : il eft rempli de connoiftances &
de mérite; il eft laborieux &c occupé de tous fes
devoirs; il eft bon, affable, 8c cher à tout le monde
: c’eft un grand bien pour la Tofcane, que d’avoir
un fouverain qui réfide, & qui porte dans fon état
de pareilles dilpofitions.
Florence eft pourvue de fontaines, comme toutes
les villes d’Italie ; mais elles y font cependant en plus
petit nombre que dans bien d’autres villes moins
importantes. Un acqueduc part de la colline d’Arce-
t r i, 8c traverfantla ville fur le Ponte Rubaconte, qui
eft lé plus oriental des quatre ponts de Florence , va
fournir de l’eau à la fontaine qui eft fur la place de
Sainte-Croix, 8c à quelques autres.
La ville eft pavée d’une maniéré très-agréable
pour les gens de pied , avec de larges dalles de pierres
, à-peu-près cofnme Naples, Gênes ; mais on
n’y a point la reffource des portiques de Bologne Sc
de Modene.
L’Arno, qui traverfe Florence,z foixante-dix toifes
de largeur environ : il defeend comme le T ib re, de
la partie la plus élevée de l’Appennin, & il va fe jetter
au-deffous de Pife, dans la mer de Tofcane: ce fleuve
produit de tems à .autre des débordemens très-nui-
fibles à Florence.
Cette ville, ayant été ruinée plus d’urte fois , iî
n’y refte prefqu’aucun monument antique de quel-
qu’importance , fi ce n’eft peut-être trois anciennes
tours de conftruélion Etrufque, dont M. Lami a
donné la figure 8c la defeription dans fes Lefionî di.
Antichita Tofcane, fpécialement de celle qui eft ap-
pellée de Girolami ; il y donne auffi le plan de l’amphithéâtre
de Florence ; il parle des reftes de l’ancien
aqueduc, mais ce ne font que de foibles veftiges
d’antiquité , à peine reconnoiffables pour un habile
antiquaire.
L’empereur qui eft mort en 176 5 , ne tenoit à Florence
que trois mille hommes de garnifon , qui mon-
toient régulièrement la garde au palais Pitti ,, 8c au
vieux palais. Depuis que cette ville étoit privée de
la préîence de fon fouverain, elle étoit gouvernée
par un confeil de régence, compofé de trois confeil-
lers d’état 8c un préfident ; mais la préfence du nouveau
fouverain a changé la forme de ce confeil.
Les affaires civiles y font décidées dans les tribunaux
ordinaires : à l’égard des affaires criminelles ,
elles fe jugent par un tribunal appellé la confulte,
tenu par des commiffaires nommes par le prince;
mais le peuple eft fi doux 8c fi peu porté au v o l,
qu’on y fait rarement d’exécutions.
L’inquifition eft compofée de l’archevêque qui y
préfide ; d’un inquifiteur de l’ordre desfreres mineurs
du couvent de Ste Croix, de trois théologiens, nommés
par le pape pour juger. Ce tribunal odieux en lui-
même , n’a cependant rien d’effrayant que le nom : le
fouverain y fait affifter trois commiffaires, en préfence
defquels tout fe paffe; 6c fi quelque chofe ne va pas à
leur gré, ils. peuvent en fe retirant rompre les délibérations.
L’inquifition n’a point, à Florence, de prifons,
ni de sbires ; elle eft obligée de fe fervir de celles de
la v ille, & d’implorer l’autorité du fouverain pour
faire arrêter les accufés.
Il y a plufieurs théâtres à Florence : on y donne
fouvent jufqu’à trois fpeûacles à la fois ; & il y en
a toujours quelqu’un , fi ce n’eft pendant le carême
& l’avent.
Les fociétés à Florence font agréables 8c aifées :
c’eft une des villes d’Italie où les etrangers trouvent
le plus d’agrémens; il y a beaucoup de vivacité,
de plaifanterie ; on y fait des épigrammes , des in-
promptus : l’on n’y voit point de jaloufies ; les étrangers
y font accueillis de tout le monde ; les dames
mêmes y obfervent des politeffes 8c des égards dont
elles fe diq>enfent en France ; elles donnent à un étranger
la place d’honneur, qui eft la droite, dans leur
carroffe,, comme ailleurs ;. au fpeétacle, le devant de
la loge : on fe trouve quelquefois par-là obligé de
les accepter, dans des circonftances où l’on aimeroit
mieux ne point abufer de ces maniérés obligeantes.
La ville de Florence n’eft jamais plus belle que le
jour des courfes de chevaux, qui fe font vers la faim
Jean, j’en ai vu le fpe&acle le 29 Juin 1765. La
courfe commença à la porte occidentale de la v ille,
dans l’endroit appellé il Prato, 8c finit à deux milles
plus loin, vers porta laCroce. Le jour de cette courfe
tout le peuple étoit en mouvement; les rues étoient
garnies de deux files de caroffes jufqu’à l’heure de la
courfe, 8c toutes les fenêtres occupées : c’étoit réellement
le jour qu’il falloit choifir pour avoir une idée
favorable de la richeffe de la v ille , de la beauté des
femmes 8c des agrémensde Florence. Le gouverneur,
placé fur une terraffe, vers le lieu du départ, fut
inftruit le premier, parles fuféesdu dôme , du nom
du cheval qui en étoit vainqueur : le grand diable ,
cheval anglois de M. Alexandri, eft celui qui eut le
prix ; & il y a vingt ans qu’il ne le manque prefque
jamais. Le prix confifte en une piece de velours ci-
zelé à fond d’or, de.foixante brades, ou plus de trente *
aunes de France , eftimées 2140 livres.
Les chevaux qui courent le prix font abandonnés
à eux-mêmes : ils ont fur le dos quatre plaques de
plomb, hériffées de pointes qui leur piquent les flancs
& les animent de plus en plus : on apperçoit entre
ces animaux une émulation finguliere ; quelquefois
même des ftratagêmes pour retarder leurs concur-
rens.
Une grande toile , tendue au bout de la carrière
, fert à les arrêter : l’efpace d’environ quinze
cens toifes, qu’ils avoient à parcourir , fut fait en
quatre minutes , ce qui revient à trente-cinq pieds
par fécondé. M. de la Condamine a obfervé qu’à
Rome, le cours qui a huit cens foixante-cinq toifes,
fe parcourt en deux minutes vingt-une fécondés, ce
qui fait près de trente-fept pieds par fécondé. On
aflùre cependant qu’en Angleterre les chevaux en
font quelquefois cinquante-quatre. Mémoires de Caca-
démie de Paris, pour 17 5 7 , page j ÿ j .
Florence a donné fix papes à l’églife ; favoir, Clément
VIII, de la famille Aldobrandini ; Urbain VIII,
de celle des Barberini ; 8c Clément X I I , de celle de
Corfini. Les trois autres , qui font Léon X , Clément
V il 8c Léon X I , étoient de la maifon de Médicis
: cette derniere a eu, non-feulement l’avantage
de donner des pontifes àl’Eglife, mais encore d’avoir
donné à la France deux reines: Catherine, femme
de Henri II ; 8c Marie, femme de Henri IV , l’une ôc
l’autre célébrés dans l’Hiftoire de France.
Quant aux perfonnages illuftres dans les fciences,
il y en a une infinité. Florence a été toujours célébré
par l’amour des lettres. On voit qu’en 829 , Louis
le Débonnaire ordonna que toute la Tofcane enver-
roit les jeunes gens étudier à Florence. D’ailleurs , la
renaiffance des fciences en Europe, ayant, pour
ainfi dire , commencé à Florence, il n’eft pas furpre-
nant qu’on y trouve l’origine des académies qui
avoient les fciences pour objet, & celle delà plupart
des connoiftances humaines.
Tout le monde fait que Florence a donné les premiers
maîtres 8c les premiers reftaurateurs des fciences
, des belles-lettres 8c des arts ; le Dante, pour la
poéfie ; Machiavel, pour la politique ; Galilée, pour
laphyfique , la géométrie, la méchanique 8c l’aftro-
nomie ; Michel-Ange, pour la fculpture ; Lulli,
pour la mufique; Accurfe , pour le droit ; enfin on
fait que c’eft un Florentin , Americ Vefpuce, qui a
donné fon nom au nouveau monde.
Florence le difpute à.Bologne, pour le grand nombre
des artiftes célébrés, 8c l’emporte fur toute autre
ville de l’Italie , & peut-être de l’Europe même;
pour celui des grands hommes de tous les genres.
C eft à Florence que l’art de la gravure a pris naif-
iance. Dans la peinture, tout le monde reconnoît
qu elle doit fes. premiers progrès à Cimabué, Florentin,
ne vers l’an 1230; 8c à Giotto, qui vint au
monde près de Florence, vers l’an 1276.
Quoique 1 ecole ancienne de Florence ait produit
quantité de peintres diftingués, cependant, dit M.
Cochin, l’école de Florence a reçu fon éclat des célébrés
fculptcurs qu’elle a produits. Voilà pourquoi
dans cette école on s’eft principalement & prefque
uniquement attaché au deffin , à une correâion 8z
à une grandeur de formes, qui dégénéré facilement
en maniéré : mais auffi l’on peut dire, ajoute-t-il ;
à la gloire de l’école Florentine, qu’elle a produit
les plus excellons fculpteurs, & en plus grand nombre
que toutes les autres villes d’Italie ; au contraire
de la ville de Venife j, qui a donné tant de- grands
peintres , & n’a point formé de fculpteurs. Il eft vrai
que ces fculpteurs de Florence font maniérés , parce
qu’ils ont plutôt imité Michel-Ange , que la nature
& l’antique ; mais néanmoins ils font favans, corrects
& de grand goût.
L’établiffement des académies & des fociétés littéraires
, qui fe répandit fi prodigieufement en Italie,
& enfuite dans tout le refte de l’Europe , & qui fut
la fource de l’émulation & du goût, dès Je feizieme
fiecle, a commencé à Florence, prefque dans tous les
genres. Les académies de la France, de l’Allemagne,
de l’Angleterre, en onr pris les modèles à Florence.
En un mot, fciences, arts, métiers , loix Romaines
même, nous devons prefque tout à Florence, 1a mere
des découvertes & des établiffemens utiles à l’humanité.
Voyez-en de plus grands détails dans le
Vyyage en Italie de M. de la Lande, tome II. ( - f )
, § FLORES, ( Géogr. ) île . . . . qu’on appelle
d ordinaire E u d e ..............Dictionnaire raifonné des
Sciences, & c . tome V I , page 8yy. C ’eft une faute
d’impreffion ; lifez Ende. ( C. )
* § FLORIDE , ( Géogr. ) g r a n d e s de C Amérique
feptentrionale . . . Elle comprend la Louiliane ,
la Floride Efpagnole , la Nouvelle Géorgie, & une
partie de la Caroline. C ’eft donner trop d’étendue à
la Floride. « On appelloit autrefois, dit M. Nicolle
» de la Croix , Floride , la Louifiane, & meme une
» partie de la Caroline ; mais aujourd’hui la Floride
» n’eft proprement que cette prefqu’ile qui eft à
» i oueft de la Caroline , & qui s’avance jufqu’au
» canal de Bahame. Lettres fur C Encyclopédie.
* § FLORILEGE, eft une efpeee de bréviaire
» qu’Arcudius a compofé & compilé pour là com-
» modité des prêtres & des moines Grecs.
i°. Florilège eft: la même chofe qu’anthologe ,
dont on a parlé dans le Dictionnaire raifonné des
Sciences , &c. au mot Anthologe.
z°. Il y a deux anthologes ou florilèges, l’ancien &
le nouveau. C ’eft ce dernier qui a été compilé véritablement.
par Antoine Arcudius, & non pas Arcadius,
comme dit le Dict. raif. desSienc. au mot Anthologe.
On peut confultér fur les anthologes ouflorilèges Léon
Allatius, de lib. ecclefiafiicis Grcecor,um , réimprimé
dans le liv. V delà bibliothèque Grecque deFabricius ;
le Traité de Cave , fur la même matière, dans fôn
Hiflor, feriptor. ecclefiafl. &c. Lettres fur C Encyclopédie.
FLORIN, f. m. ( Comm. ) On entend par florin
une monnoie réelle & courante, ou une monnoie
imaginaire de compte. Plufieurs marchands, négoc
i a i & banquiers de Hollande, & de plufieurs villes
d’Allemagne & d’Italie., fe fer.vent du florin pour
tenir leurs livres & dreffer leurs comptes ; mais ces