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K K A
Æ F .E R N B O U R G , (G < « r 3
g rand b a illia g e d’A llem a g n e , dans
le c e r c le d e h a n te * S a x e , &C dans
le s é ta ts de S d w a r t z b o u r g -S o n -
d e rshaufen : il t ir e fo n nom d ’un
ch â te a u d o n t o n n e v o it pins q u e
les ru in e s , & au p rè s d u q u e l o n
a b â t i celuid’A u g u i ten b o u v g , &
il a pris la place d’un comté très-ancien, dont le titre
s’éteignit au x iv c. fiecle, & dont le territoire fut
inféodé dans le xv^. à la maifon de Schwartzbourg ,
par celle de Saxe. Il fe fabrique dans ce bailliage de
£___m m p d’affez belle oorcelaine*
( D . G . )
KÆLBRA, ( Géogr. ) ville d’Allemagne, dans le
cercle de haute-Saxe , & dans les états de Schyartz-
bourg-Rudolftadt, fur la riviere de Helm : celt le
fiege d’une infpeétion eccléfiaftique, aufli-bien que
d’im bailliage tenu en fief de la mailon de Saxe, par
celles de Scwartzbourg & de Stolberg. Cette ville &
ce bailliage font fitués avec plufieurs autres dans
une contrée fertile & riante que l’on appelle Goldene
A u e , plaine dorée. (D . G.)
KAHLA, (Géogr.) petite ville d’Allemagne, dans
le cercle de Haute-Saxe, & dans la portion du pays
d’Altenbourg, qui appartient à Saxe-Gotha. La riviere
de Saale en baigne les murs, & des montagnes nues,
appellées en allemand kahleberg , monts chauves,
l’environnent. Elle eft le fiege d’une furintendance
eccléfiaftique d oit quatre-vingts paroiffes reffortif-
fent, àc elle donne fon nom à une préfe&ure qui
comprend les bailliages d’Orlamunde & de Leuch-
tenbourg. ( D . G.)
KAHLEBERG, (Géogr.) montagnes d’Allemagne
qui s’étendent en chaîne , à la longueur de cinquante
milles , depuis les bords du Danube , à deux lieues
au-deflùs de Vienne en Autriche , jufqu’à ceux de la
Save, proche de Ruzing en Carniole. Les anciens
les appelloient Cetii montes. Quelques-unes de leurs
pointes font fort élevées ; telles font entr’autres
celles qui portent les noms de Caumberg, d'Anna-
berg, de Saurufftl, de Teuffeljîaig ,.de Golach , de
Schncebcrg , de Simmerïng. Le mont Jofeph , l’un de
ceux qui forment la chaîne dans la Baflé-Autriche,
eft remarquable par le bon vin qui croît à fes pieds,
& par la belle vue qui fe préfente à ce fommet : une
partie de l’Autriche , & une partie de la Hongrie y
font en perfpeûive ; Vienne & Presbourg s’y montrent
à découvert ; le Danube élargi paroît y prendre
un cours plus majeftueux ; & c’eft un couvent
de camaldules qui jouit fans ceffe de cette belle vue.
( D ■ G .)
K A 1NA-WISSY , (Géogr.) Ükrainia fuperior, canton
de la Haute-Hongrie^ dans le comté de Zemplin,
au pied des monts Crapacks i il eft rrès-montueux en
lui-même , & il n’a pour habitans que des Ruffes,
tranfportés là en divers tems , avec un fuccès qui
jufqu’ici n’en a pas rendu la colonie bien remarquable.
(Z>. G.)
KALAI, (ternit de Fortification turque?) Ce mot qui
fignifiefortereffe ,e(i celui que les Turcs ont employé
lorfqu’ils ont fortifié leurs palanques en Hongrie
(Foy. P a l a n q u e dans ce Supplément?). Il n’y avoit
point, le plus fouvent, de terre derrière ces palanques,
& ils faifoient alors des trous au travers du
rempart de bois, pour faire feu de la moufqueterie
contre les afliégeans. Lorfqu’ils avoient du terrein
derrière eu x, ils flanquoient les angles d’un touril-
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Ion conftruit avec des pieux. Ils les rempliffoient de
terre, &élévoient,defl'us une batterie d’une ou deux
pièces de canon. Ils appelloient alors la palanque
kalai ou fortereffe. Caniflà, Siget & Ternifwal, finies
dans des marécages , qui avoient ete autrefois des
petits châteaux de pierre conftruits par les Hongrois
, furent enfuite fortifiées par les Turcs dans ce
goût-là. Voyez l’élévation d’un Kalai, Planche I,fig.zf
Art milit. milice des Turcs dans ce Supplément.
A. A . Courtine de terre.
B. B. Courtine de bois, dont la moitié eft con-
ftruite avec des pieux plantés à plomb , & 1 autre
avec des pieux parallèles à.l’horizon, attaches avec
de groffes chevilles de bois marquées C , qui, dans
l’intérieur du parapet , forment des elpeces de
caiffons.
D . Tourillon demi-circulaire. (V.)
K ALEMBOUR, ou CALEMBOUR , (Gramm.)
c’eft l’abus que l’on fait d’un mot.fufceptible de plufieurs
interprétations, tel que le mot pieç* » s’emploie
de tant de maniérés : pièces de théâtre, pièces
de plein pied, pièces de vin , &c. Par exemple, en
difant qu’on doit donner à la comédie une fort jolie
piece de deux fols , on fera de ce mot l’abus que
nous appelions kalernbour. C’eft dans ce ftyle que le
fieur Devaux dos Caros écrivit en 1630 l’hiftoire de
fa mie de pain mollet, que de nos jours on a donne
celle du bacha Bilboquet qui avoit des bras de mer ,
& nous citerons encore pour des modèles la lettre
du fieur, du feieur, de bois flotte à madame la coin—
telle Tation, la contejlation, & la tragédie de Ver*
cingentorixe.
Les amateurs féveres veulent que le kalernbour
puiffe s’écrire, & que l’orthographe n’en fouffre pas.
Ils aflùrent qu’alors il eft plus exa£l , mais comme ce
n’eft point un genre, qu’il trouve mieux fa place
dans la converfation que dans un ouvrage, & que
vraifemblablementnous avons parlé long-tems avant
que de favoir écrire , c ’eft bien affez pour,le kalem-
bour de ne pas choquer l’oreille. D ’ailleurs s’il n’eft ni
gai ni piquant, il aura beau être tres-exaft , ce ne
fera jamais qu’une fottjfe très-exactement dégoûtante
; au lieu qu’il eft toujours fur dé fon effet 9
même en dépit de l’orthographe , lorfqu il eft affai-
fonné de quelque fel, ou qu’il préfente à l’efprit quelque
contrafte vraiment plaifant. Il falloit être de bien
mauvaife humeur pour condamner ces deux vers qui
font dans la bouche de Vercingentorixe :
Je fus y comme un cochon, réjîjler à leurs drfnes ,
Et je pus, comme un bOuc, dijfiper vos alarmes.
Ceci eft exécrable , difoit - on à l’auteur , vous
écrivez je fus & je pus avec un s à la fin , il faudroit
qu’on pût y mettre un e pour que le kalernbour fût
exaft : celui-ci répondit au cenfeur : eh bien ! moniteur,
je ne vous empêche point d’y mettre le vôtre,
un nez pour un e.
Cette derniere tournure différé de celle que nous
avons indiquée d’abord : aufli le kalernbour fe pre-
fente-t-il de bien des maniérés, tantôt c’eft une que-
ftion : par exemple yfaveç-vous quels font les ouvriers
avec qui ton s'arrange le mieux ?,— non : — eh bien ! cc
font les perruquiers y parce quils font tout-a-fait accom-
modans. Quelquefois c’eft une pantomime ; tel eft
celui d’un muficien qui fatigué de ce qu’on lui deman-
'doit pour la quatrième fois un autre air que celui
qu’il jouoit, finit par aller ouvrir la fenêtre. Tantôt il
prefente une idée qui avec l’apparence du fens commun
eft cependant affez obfcure pour obliger d’en
demander
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demander une explication. G’eft un jeu auquél les
plus fins font attrapés , pourvu que le moment foit
bien faifi : par exemple , comment trouvez-vous ce thé
là ? fave[-vous que défi monjieïir......... qui me l'a fait
venir de Hollande ? — ah ! ah ! .je çroyois que c'étoit
monjîeur le duc d e .... qui vous l'avoit donné; — pourquoi?
— parce qu'on dit dans le monde qu'il a beaucoup
de bonté, bon t h é , T a n t ô t l’ideedukalembour
n’a pas l’ombre du bon fens, mais alors il n’en eftque
plus plaifant , parce qu’il tranfporte tout-à-coup
l’imagination fort loin du fujet dont on parle i pour
ne lui offrir enfuite qu’une puérilité. Marchons toujours
avec l’exemple : n'efi-il pas cruel de voir que les
hommes J'oient toujours cachés 6* diJJTmulés, & qu'on ne
puiffe jamais lire dans leur ame ? cela efl affreux. Enfin
il n’y a plus que les gens d'.écurie qui foient vrais aujourd'hui
y — comment ? —fans doute, ils ne font point ordinairement
un myffere de leur façon de p enfer y panfer les
chevaux.
On a vu par l’exemple qui a précédé celui-ci, que
le kalernbour dépend fouvent de la conftru&ion que
l ’on donne à la phrafe : car le mot bonté ne pourroit
être pris pour bon thé, fi l’on difoit ,fa bonté, fes bontés
, &c. il y a aufli des verbes qui ne préfentent
d’équivoque que dans quelques-uns de leur tems ;
tels que peindre & peigner que l’on pourra prendre
l’un pour l’autre, lorfqu’on dira, nous peignons, vous
peigne£, &c. mais c’eft toujours la maniéré d’amener
Sc de placer le kalernbour qui le rend plus ou moins
plaifant : par exemple, ce feroit une platitude bien
froide de dire : cet hommerlà mérite d'être cru , il ne
faut pas le cuire ; mais on fera fûr de faire rire avec,
le même équivoque , en fuppofant un homme condamné
à être brûlé qui, au moment où l’on va mettre
le feu au bûcher , veut parler encore pour fa jufti-
fication, & en admettant un interlocuteur qui lui
adreffe ces mots : vat mon ami, ce que tu dis-là &
rien, c’eft la même chofe , tu ne fera plus cru.
Le kalernbour devient aufli plus piquant par des
circonftances que le hafard feul peut amener ; par
exemple, un officier de marine faifoit à table un fort
long récit d’une tempête qu’il avoit effuyée vingt ans
auparavant : enfin, dit-il, nous jettâmes T’ancre » 6*
nous donnâmes de nos nouvelles ; vous aviez donc perdu
la tête tout-à-faity reprit, quelqu’un ,.puifque voulant
donner de vos nouvelles , vous aviez commencé par jetter
/’encre. Voilà ceux que les differtateurs & les conteurs
ne pardonnent pas , ainfi que les prétendus
beaux-efprits, parce qu’alors on les abandonne pour
rire , & qu’on n’y . revient plus. Le kalernbour ç m-
ployé de cette maniéré feroit une arme défenfive
affez utile en fociété ; mais de quoi n’abufe-t-on pas ?
On en a fait quelquefois une arme très-offenfive, tel
eft ce mot fameux de Moliere au parterre , le jour
que le premier préfident de Harlai, qu’on croyoit
reconnoître dans Tartuffe , en fit fufpendre la repré-
fentation : Mejfieurs, nous comptions avoir Chonneur
de vous donner aujourd'hui Tartuffe , mais M. le premier
préfident ne veut pas qu'on le joue. Telle eft encore
cette repartie amere d’un homme à une femme
qui lui demandoit pourquoi il la confidéroit fi attentivement
,je vous regarde, madame, répondit-il, mais
je ne vous confidere pas.
Il y a une remarque affez finguliere à faire fur ceux
qui écoutent un kalernbour ; c’eft que le premier qui
le devine le trouve toujours excellent, & les autres
plus ou moins mauvais , à raifon du tems qu’ils ont
mis à le deviner, ou du nombre des perfonnes qui
l’ont entendu avant eux ; car dans le monde moral,
c ’eft l’amour-propre qui abhorre le vuide.
Il paroît qu’il n’y a point de langue ou morte ou
vivante qui prête plus au kalernbour que la françoife.
Les François en font tous les jours fans qu’ils s’en
apperçoivent, mais les étrangers fur-tout y font pris
Tome I II.
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à chaque inftartt ; on connoît celui de cet Anglois qui
trouvoit fes bottes trop équitables , trop jufies, &
qui croyoit parler plus honnêtement, en difant qu’il
revenoit du dévoyement de Saint-Germain. Au refte
toutes les langues du monde fourniffent néceflaire-
ment une ample matière aux équivoques ; la nature
eft fi riche, nous fommes remués par tant de caufies,
que notre articulation ne peut fuffire à diftinguer les
nuances que nos yeux & notre elprit peuvent apper-
cevoir, ainfi les kalembours doivent être aufli anciens
que les hommes. Si nous voulions parler ici
des doutes & de l’obfcurité que des rapports de
mots ont jettés dans l’hiftoire ancienne, des chan-
gemens & des malheurs qui ne font arrivés que faute
de s’entendre , nous trouverions moyen de donner
quelque importance au kalernbour, & de remonter
peut-être à l’origine de l’antipathie qui exifte entre
là philofophie 6c lui ; mais nous nous contenterons
d’ajouter qu’il faudroit avoir bien de la rancune pour
le bannir abfolument de la fociété, aujourd’hui que
nous fommes affez éclairés pour qu’il ne puiffe plus
nous donner que matière à rire.
Pour finir dignement cet article, nous devrions
indiquer fon étymologie : mais nous avons le courage
d’avouer que nous ne la connoiffons pas. On croit
bien y trouver le mot latin calamus: mais il faudroit
quelque chofe de plus ; d’ailleurs cette origine ne
conviendroit point à une plailanterie que l’oreille
feule peut admettre. On doit nous trouver bien généreux
de convenir ainfi de notre impuiffance , car il
ne tiendroit qu’à nous de dire qu’il dérive du com-
pofé y.aXXiCcTpuc , fe divifant en beaux rameaux , ce
quiexprimeroit affez bien les différentes lignifications
d’un même mot. C’eft ici le leul lieu de parler de
deux autres rébus connus fous le nom de charade Sc
de contrepetterie , qui , fans avoir aujourd’hui les
mêmes reflburces que le kalernbour, ont pu produire
autrefois les mêmes erreurs.
Pour faire une charade, il faut choifir un mot
compofé de deux fyllabes qui chacune faffe un mot,
tel que mouton , alors on propofe ce mot à deviner,
en difant, ou à-peu-près : mon premier défigne ce qui
n'a point de confijlance : fans mon fécond, il n'y auroit
point de mufique , mon tout efi un animal pacifique.
Ainfi la charade eft toujours une plaifanterie préparée.
On fait une contrepetterie lorfqu’on tranfpofe la
première lettre de deux mots ce qui arrive fréquemment
à ceux qui parlent avec trop de volubilité
; mais pour qu’elle foit exafte, il faut que la
phrafe ait toujours quelque fens , tel ridicule qu’ il
foit : exemples, un feu trop près du port, po,ur un
peu trop près du fort ? le caire temouche, pour ternaire
fe couche.
La contrepetterie offre quelquefois des contraftes
affez plaifans : la charade peut quelquefois être un
madrigal & même une épigramme , mais elle ref-
femble toujours à un commentaire, & ne fe préfente
jamais que fous le même afpeft ; on voit d’ailleurs
que ces deux fortes de rébus font fi dénués de gaieté
par leur conftruûion, que les plus plaifansfont ceux
que nous ne pouvons citer ici. (D . B.)
* K A LK A S /« , (Géogr.) nation Tarrare, dont
le pays ( qu’on érige en royaume dans le Dict. raif.
des Sciences, &c. fous le nom de Calk a) eft fournis
à l’empereur de la Chine.
KALMIA , ( Botan. Jard. )
- Caractère générique.
Un petit calice permanent porte une fleur mono-
tépale, figurée en tuyau évafé ; les bords font découpés
en cinq parties. Au-deffous du pavillon de
l’entonnoir, on apperçoit dix efpeces de mamelons
formés par des cavités qui font à la partie fupérieure
R R r r