
fes peuples, qu’il traita aufli inhumainement qu’au-
paravant. Ses fuccès à la guerre enflerentfon orgueil,
& il s’en fervit pour appefantir le joug fous lequel il
les tenoit a fl er vis. Une fléché lancée au hazard par
un de Tes courtifans dans une partie de chaffe, frappa
Guillaume au coeur ; il mourut de cette bleffure en
i ioo , avec la réputation d’un tyran ; car tel eft le
titre que tous les hiftorie-ns lui donnent. •
G u il l a u m e III, prince d’Orange, né à la Haye
eh 1650, élu ftathouder de Hollande en 1672, avoit
époufé une fille de Jacques II, roi d’Angleterre. L’attachement
de ce monarque pour la religion catholique
, avoit indifpofé contre lui le parlement & la
nation entière ; peut-être eût-il éprouvé le fort du
malheureux Charles I , s’il eût exifté alors un fécond
Cromwel. Les Anglois moins implacables dans leur
reffentiment, fe contentèrent d’inviter Guillaume ,
gendre de Jacques II, à venir prendre le feeptre qui
s’échappoit des mains de fon beau-pere. On fait avec
quelle promptitude, avec quelle habileté le prince
d’Orange , profitant des circonftances, paffa en Angleterre
en 1688 , & obligea le roi à renoncer à la
couronne, & à fortir de la Grande-Bretagne. Il con-
ferva encore le ftathouderat ; mais les Anglois qui
l’avoient appelié, cefferent de l’aimer dès qu’il devint
leur maître ; ils ne pouvoient fe faire à fes maniérés
fieres, aufteres & flegmatiques qui cachoient
une ame ambitieufe, avide de gloire & de puiflance ;
ils lui firent efliiyer des défagrémens, & il alloit fe
confoler à la Haye des mortifications qu’on lui don-
noit à Londres : on difoit qu’il n’étoit que ftathouder
en Angleterre , & qu’il étoit roi en Hollande. II pa-
roît même que fa haine contre la France faifoit tout
fon mérite auprès des Anglois, comme elle fit toute
fa célébrité. Il mourut le 16 de mars de l’année
1702.
GUILLON , ( Géogr. Biß. ) Guillou, bourg de
l’Auxois, diocefe de Langres, bailliage d’Avalon,
généralité & parlement de Bourgogne : ce'lieu eft
remarquable par le traité qui y fut conclu avec les
Anglois en 13 5 9 , par lequel, moyennant 3-00 mille
moutons d’or , ils dévoient évacuer la Bourgogne &
Flavigny , où ils campoient depuis trois mois ; ce
traité prépara celui de Bretigny.
Le château où le traité fut conclu , ne fubfifte
plus ; la province a fait conftruire un beau pont fur
le Serain..
Guillaume Canduel, bailli d’Auxois, en 1374,
étoit de Guillon; ce mot, félonDucange, tome III.
lignifie bouteille , flacon , vafe à meure du vin.
Sur le finage de Guillon eft une côte de vin, renommée
fous le nom de Mont-foie. {C .)
GUIMAUVE ROYALE , ( Jardin. ) Les jardiniers
donnent ce nom, & celui d'ait lue a frutex , a un
arbriffeau du genre des ketmies de Tournef. ou hibif-
cus , Linn. M. Linné le nomme hibifeus foliis cunei-
.formi-ovatis , fupernè incifo-ferratis , caule arboreo. ■
Cet arbriffeau qu’on cultive pour l’ornement des
jardins, n’eft pas haut; fes feuilles font découpées
par le haut, & affez femblables à celles de la vigne,
& fes fleurs, faites comme celles des autres ketmies,
ont l’apparence des fleurs du grand Iizeron : elles
varient beaucoup-pour la couleur : il y en 51 de
blanches, de violettes, de purpurines, rofes ou
panachées : elles font en grand nombre, & paroiffent
au mois de mai. Son bois eft jaune.*
Cet arbufte eft originaire de Syrie , fe multiplie
de marcottes au mois de feptembre, ou de graines
au mois de mars : il vient dans toutes fortes de ter-
xein, fans exiger aucune culture particulière, & ne
redoute pas beaucoup le froid. (.2?.)
GULDBRANDSDALEN , ( Géogr. ) canton de
la Norvège .méridionale; dans la préfecture de
Chriftiania, vers la Suède ; il eft compofé de deux:
vallées, & renferme vingt-cinq paroifles : fon fo l,
fertile en quelques endroits , produit un peu de
grains ; mais ftérile en nombre d’autres, il ne fournit
principalement que du bois ; cependant on en
tire aufli du fer & du cuivre ; & les habitans y font
dans l’ufage de paffer leurs longs hivers à voiturer
les grains & autres denrées, que Chriftiania envoie
à Drontheim, & le hareng & autres poiffonS que
Drontheim envoie à Chriftiania. (Z). G. )
§ GUISE , Gujfia, Gufgia, ( Géogr. ) ville de Picardie
en Tiérache, furFOife, avec un château fort,
qui foutint un long fiege contre l’armée d’Efpagne
en 1650 ; la levée de ce fiege fauva'tout le pays.
François I en fit don, en 1527, au prince Claude
de Lorraine, qu’il créa duc de Guife & pair de France
; fa maifon devint fi puiflante qug dès le régné de
ce prince elle commençoit déjà à porter ombrage à
la cour; comme le prouve ce vieux quatrain :
Le feu roi devina ce point,
Que ceux de la maifon de Guife,
• Mettraient fes enfans en pourpoint,
jEt fon pauvre peuple en cheniife.
Ce duché eft fort grand, & s’étend dans la Picard
die & la Champagne : il appartient à la maifon de
Condé; c’eft la patrie de Hyacinthe Ravechét, cé-;
lebre doCteur & fyndic de Sorbonne, mort en 1717 ,
âgé de 63 ans : on y fabrique des toiles de batifte
& façon de Hollande , dont le débit fe fait à Saint-
Quentin, pour BItalie & l’Efpagne ; il y a aufli cha-;
pellerie, bonneterie & tannerie. ( C. )
§ GUITTARE, ( Luth.) Les Negres ont aufli leuf,
guittare ; c’eft une grande gourde recouverte d’une
planche, fur laquelle font tendues »quatre ou fix
cordes. Voye^fig. 4 , planche I I de luth. Suppl.
Ils ont encore, une forte de guittare ou luth, compofé
d’une piece de bois creufe, couverte de cuir
avec deux ou trois cordes de crin : cet infiniment
eft orné de petites plaques de fe r , & d’anneaux.’
\ F .D .C . )
* M. Wanhecke, de l’académie royale de mufi-
que de Paris, a inventé depuis peu une nouvelle
guittare, dont voici la defeription : cet infiniment.,
qui, vu de face, préfente à-peu-près la forme d’ui*
luth, a le dos de l’épaiffeur de la guittare ordinaire ,
avec cette différence qu’il eft convexe, & n’admet
point de côtés tranchans, capables dé bleffer la poitrine
des perfonnes qui le foutiennent; douze cordes
qui font en tout trois oCtaves~lk demie, compofent
cette guittare ; elles en occupent le milieu, dans u.nr
moindre efpace que i’oCtave du clavecin, pour ne
pas gêner la main droite par un trop grand écart ;
elles font néanmoins affez éloignées l’une de l’autre
& ne peuvent fe nuire dans l’exécution. Du côté de
la main gauche, les cinq premières cordes fe trouvent
fur le manche,, quùeft aufli large que dans les
guittqres ordinaires, mais beaucoup plus court, afin
que les touches de l’inftrument foient moins longues
, & qu’elles donnent plus de facilité à la maint
gauche. Les fept autres cordes, avec leurs femi-
tons, font à vuide hors du manche; mais comme
cette derniere piece fe trouve un peu de côté, cet
arrangement, loin dé rien ôter à la forme agréable
de l’inftrument, donne à la main gauche la facilité
d’aller jufqu’à la rofette. On compte vingt touches
depuis le feillet, ce qui donne une étendue aufli
confidérable à-cette guittare, qu’à l’inftfument le
plus complet; cependant, comme M. Wanhecke a
obfervé que tous ceux auxquels on a voulu donner
une trop grande fucceflion de tons, n’ont à leur extrémité
que des fons.aigus, il a préféré d’en retrancher
B ip j & de oç laiflèr aller fa guittare que jufqu’à
G U N
fon oCtave, ce qui fait encore douze touches. A
l’égard des cordes à vuide, l’inventeur n’a pu en
faire fonner que cinq de celles qui fefuivent fous la
corde du la , qu’on nomme fo l y fa , m i,re, ut ; les
deux dernieres cordes qui reftoient encore à defoen-
dre, ne produifoient plus par leur groffeur qu’un
fon foible & peu fonore, femblable à celui des cordes
les plus graves de la harpe; cette raifona déterminé
M. Wanhecke à les ôter, & à leur fubftituer
deux autres cordes plüs minces que l’on monte,
l’avant derniere jufqu’à Mut, qui fait l’oCtave d’en-
haut de la corde qui la précédé, & la derniere k J i
bémol par ce moyen, toutes les cordes à vuides
fonnent également bien ; & l’on trouve neuf cordes
de baffe qui fe fuivent diatoniquement, en commençant
par la quatrième corde du manche , qu’on
nomme rc, & en finiffant par ut fous fon oCtave.
GUIVRE , f. f. Boa, a , ( terme de Blafon. ) ferpent
ou biffe qui paroît dans l’écu avec un enfant à mi-
corps , les bras étendus, iffant de fa gueule. Voye^
fig. 3 5 5 , planche V I I de Blafon , Dicl. raif. des
Sciences, &c.‘
Le duché de Milan porte d'argent d une guivre
d'azur 9 couronnée (Cor y iffante de gueules.
Origine de fes armes.
Othon, vicomte de Milan, étant à la guerre de la
Terre-Sainte ( fous Godefroy de Bouillon ) , combattit
pendant le fiege de Jérufalem, Volux, amiral
des Sarrafins, qui défioit le plus vaillant des chevaliers
chrétiens ; & l’ayant tué , il prit en ligne de
trophée , & pour marque de fa viéloire , le cafque
d’or de cet amiral, fur lequel étoit repréfenté un
ferpent qui dévoroit un enfant ; il fit de ce cimier Vécu
de fes armes. ( G. D . L. T. )
GUMBINNEN, ( Géogr.) ville moderne de la
Lithuanie Pruflïenne, dans la préfèélure d’Infter-
bourg : elle n’eft bâtie que dès l’an 1725 , & renfer?
me environ 300 maifons & 3000 habitans. C’eft le
fiege d’une chambre de guerre & des domaines, &
d’une prévôté eccléfiaftique. L’on y fabrique beaucoup
de draps, & les environs en font fertiles en
grains & en fourrages. ( D . G. )
GUNDEMAR, roi des Vifigoths, ( Hifl. HEfpa-
gne. ) aimé de fes fujets, qu’il ne cherchoit qu’à
rendre heureux, refpeélé des nations voifines , &
redoutable aux ennemis, Gundemar mérita d’être
élevé fur le trône, où les fuffrages réunis de fes
concitoyens le placèrent après la mort de Pufurpa-
teur Witeric, lâche affaflin qui avoit poignardé fon
maître, le fils de fon bienfaiteur, & qui, devenu
par fes crimes, l’objet de l’exécration publique,
périt lui-même fous le fer des confpirateurs. A peine
Gundemar fut proclamé, en 61 o , qu’il s’appliqua à
rétablir la bonne intelligence entre fa nation & les
François. Quelques hiftoriens aflùrent cependant
qu’il acheta la paix au prix d’un tribut annuel qu’il
s’obligea de payer à la France ; fi ce fait eft exaét, il
ternit la mémoire de Gundemar y & il la ternit d’autant
plus,qu’alors lesVifigoths recevoientdes tributs,
& n’étoient point accoutumés à en payer; mais leur
roi étoit preffé de terminer cette guerre pour aller
réduire les Gafcons, qui avoient recommencé les
hoftilités : il fe jetta dans leur pays, fuivi d’une
armée nombreufe, le ravagea, y mit tout à feu &
à fang, les contraignit d’abandonner leurs villes ,
leurs villages, & d’aller fe cacher derrière les montagnes.
Après cette expédition, Gundemar, dé retour
à Tolede , affembla les évêques, & ils firent quel-
Sues canons, les uns concernant la difeipline ecclé-
aftique, & le plus grand nombre relativement' à
l’adminiftration civile ; le roi approuva ces canons
GUS 279
& les figna. Gundemar s’occupoit de ces régle-
mens utiles, quand il apprit que les troupes de
Tempereur venoient de faire une incurfion fur les
terres de fon royaume, il fe mit auffi-tôt à la tête
des Goths , & marcha contre les Impériaux : ceux-ci
ne fe croyant point affez forts pour-combattre une
telle armée, fe retirèrent dans leur camp, qu’ils fortifièrent
; mais Gundemar rendit cette précaution
inutile : il attaqua les Impériaux dans leurs retran-
chemens, les força, les battit, les contraignit de fe
retirer en défordre , & dans leur fuite en maffacra
la plus grande partie. Cette viétoire affura pour
plufieurs années la paix aux Vifigoths, que la valeur
de Gundemar rendoit trop redoutables, pour qu’aucune
puiflance étrangère entreprît de leur déclarer
la guerre. Le fouverain viftorieux rentra dans fes
états, & convoqua un concile, où furent faits encore
de nouveaux réglemens fur différentes parties du
gouvernement civil. Peu de jours après la derniere
féance de ce concile, Gundemar tomba malade &C
mourut, quelques fecoflrs qu’on eût pu lui donner,
en 6 12 , après un régné glorieux & très-court,
puifqu’il n’occupa le trône qu’environ deux années;
les grandes efpérances qu’il avoit données, les talens
qu’il montra , fa piété fans fanatifme, fa valeur & fa
juftice, le firent regretter amèrement : les Vifigoths
perdoienten lui leur bienfaiteur, l’appui, le pere
de l’état. ( L. C. )
GUNTER, ( 4jlron. ) Voye^ E c h e l l e o u ligne
de Gunter y dans ce Supplément.
GUN Z, Ginjium, & en hongrois Kos^og. {GéogrJ)
ville de la baffe Hongrie, dans le comté d’Eifen-
bourg, fur la riviere de Gun£, & au milieu dé campagnes
fertiles .en vin & en grain : elle a les titres
de libre & de royale, & elle eft défendue par un
bon château , dont Soliman ne put s’emparer en
1532. Il y a un college dans cette ville ; & l’on
y tient la cour fuprême de juftice d’où releve la
portion de la province qui eft à la droite du Danube.
(Z). G.)
GUR AU, ( Géogr. ) ville de la Siléfie Pruflïenne,'
dans la principauté de Glogau, vers la Pologne ; c’eft
le chef-lieu de l’un des fix cercles de la principauté
& l’une des villes incendiées par les Cofaques dans
la derniere guerre d’Allemagne : elle a une églife catholique
, & une chapelle proteftante. ( D . G. )
GURKFELD , ( Géogr.') ville d’Allemagne, dans
le cercle d’Autriche, & dans la baffe Carniole, fur
la Save , au pied d’une montagne qui défend un
château. La quantité des médailles romaines & d’autres
morceaux d’antiquité que l’onatrouvées de tems
en tems dans fes environs , fait croire que cette
ville a pris la place de l’ancienne Noviodunurn.
( z>; g . )
GUSTAVE ERICSON VA SA , ( Hifl. de Suède. )
roi de Suede , né au milieu des troubles qu’avoit
fait naître l’union de Calmar, comptoit des rois de
Suede parmi fes aïeux, entr’àutres ce Charles Canut-
fon détrôné tant de fois , & tant de fois rappellé.
Marguerite avoit feule joui paifiblement de la triple
couronne ; le traité de Calmar qui réuniffoit les trois
royaumes fous un même chef, étoit fon ouvrage.
La Suede ne tarda pas à réclamer contre ce traité, &c
les fréquentes infractions que les fucceffeurs de
Marguerite y avoient faites , furent le prétexte de
la révolte : cet état ; occupé fans ceffe à lutter contre
toutes les forces de la monarchie Danoife
n’ofoit encore fe donner un roi ; mais il choififfoit un
chef affez femblable aux dictateurs de Rome, & qui,
fous le titre modefte d’adminiftrateur , étoit plus
puiffant que les rois même. Gujlave avoit eu fous
les yeux pendant fa jeuneffe le fpeCiacIe des malheurs
de fa patrie. L ’adminiftrateur S te enflure , fon