<lu côté de la Bavière. Louis abandonne parla pins ]
.grande partie de fes fujets, fut réduit à marcher pre -
que feul contre ces redoutables ennemis. Le courage
féroce des Hongrois L’emporta fur 1 adreffe & lur
lafcience militaire. Les Germainsfurentvaincus, &
fe virent dans l’impuiffance de couvrir la Bavière,
U Suabe & laFranconie, qui furent expofées à toutes
les calamités de la gu erre.-Ces provinces defolées
Souffrirent tout ce qu’elles pouvoient éprouver de
la part de «es peuples fanguinaires. Louis hors d état
de les chaffer par la force des armes , leur donna des
fournies 'Confidérables qu’ils convertirent prelque
■ aufli-tôt en un tribut réglé. Forcé d’époufer les quenelles
d’une partie de fesfujets contre l’autre, il ne put
effacer cette tache qui déshonoroit Ion regne. La douleur
qu’il en conçut termina fa carrière qui tut aulli
courte que laborieufe. il mourut le a* janvier 9 r a ,
dans la vingtième année de fon âge , la treizième de
l'on regne. Ce prince étoit digne d’une meilleure fortune,
il eut beaucoup de fermeté dans un tems ou il
■ étoit dangereux d’en faire paroître. Il fit trancher la
tête à Albert, comte de Bamberg, pour avoir excite
une guerre c ivile, à laquelle prelque toutes les provinces
de Germanie avoient pris part. Les biens de
ce faâieux furent confifqués & fervirent dans la luite
à doter l’ églife de Bamberg, dont l’empereur Henri
II, fut le fondateur. Plufieurs écrivains le regardent
comme la tige des anciens margraves & ducs d Autriche.
Il avoit tué dans un combat Conrad de rrid-
zlard ,fon ennemi particulier. Ce Conrad fut la fouche
des empereurs de la maifon de Franconie. {M—Y. )
Lou is V , dit de Bavière -ècle Grand, lucceffeur
de Henri VII, ( Hiß. cCAllemagne,g né l’an 1184, de
Louis-le-Sévere, duc de Bavière, comte palatin du
Rhin, & de Mathilde, fille de Pempereur Rodolphe
de Habsbourg, élu à Francfort l’an 1314 , mort 1 an
1347 k 11 oâobre. ._rTT f , ,
La vie guerriere & politique de Henn VII fembloit
promettre à l ’Allemagne quelques jours heureux;
•mais la mort de ce prince moiffonne au milieu de la
carrière, laiffa cet infortuné pays expofe aux maux
qui le défoloient. Les Allemands renonçant a la domination
de la race des Pépin,avoient rendu le trône
é leû if fans établir de loix fixes pour prévenir le de-
fordre que devoit occafionner la concurrence. La
pluralité des fuffrages n’étoit pas un droit ; d ailleurs
tous les feigneurs iffus d’une maifon électorale pre-
tendoient concourir aux élections. Un prince devoit
donc réunir tous les fuffrages ; ou l’Allemagne etoit
expofée au feu des guerres civiles. Frédéric d Autriche,
furnommé le-Beau^ profitant du vice de la
conftitution germanique, fe fit couronner a Bonn,
tandis que Louis V , appelle par le plus grand nombre
des électeurs, fe faifoit couronner à Aix-la Chapelle.
Ces deux célébrés rivaux femblojent également
dignes du haut rang qu’ils ambitionnoient: meme
dextérité dans les affaires, même avantage dans l’extérieur
, même valeur dans les combats. Frédéric
moins heureux perdit l’empire & la liberté à la fanglante
journée de Muhldorff, le 28 feptembre 13 z z ,
& fut relégué dans le château de Tranfnitz, d’où, fui-
vant les meilleurs témoignages, il ne fortit dans la
fuite qu’après avoir abdique.
Louis vainqueur de Frédéric d’Autriche & du parti
de ce prince, fe difpofoit à rétablir le calme & à fermer
les plaies de l’état. Il n’eut pas commencé cette
louable entreprife, que des nouvelles d’Italie lui
firent craindre la perte d’un empire, qu’il venoit en
quelque forte de conquérir. Jean X X I I , pontife ambitieux
, & qui ne fe contentoit pas d etre le difpen-
fateur des tréfors céleftes, feignit de s’intéreffer au
fort de l’empereur dégradé ; & fomentant le reffen-
timent des Guelfes, fes partifans, contre les Gibelins
toujours, fideles -aux empereurs, il cita Louis Và. fon
tribunal, il le fomma même de fe défifter dans trois
mois de l’empire, pçur avoir ofé, difoit - il, prendre
la qualité de roi des Romains, avant d’avoir fournis
fon élection à l’examen de la cour de Rome. Plufieurs
papes avoient affeCté ce ftyle, qui feroit aujourd’hui
fi déplacé, fi ridicule. Ce fut dans cette occafion que
Louis V déploya toute la profondeur de fon caractère.
Le parti de Frédéric étoit affoibli fans être détruit
, & dans un tems où les peuples, ne connoif*
fant point les juftes limites de la puilfance fpirituelle,
trembloient au bruit des cenfures de Rome, injuftes
■ ou légitimes; l’empereur fentoit qu’un pape pou voit
prêter à fes ennemis des armes redoutables: d’ailleurs
l’exemple de fes prédéceffeurs pouvoit lui cau-
fer de juftesalarmes ; jamais FAllemagne n’avoit été
fi bien unie que les papes n’euffent trouvé le moyen de
la divifer. Il diflimula le dépit que .pouvoient lui occafionner
ces prétentions offenfantes, & fans paroître
rejetter, ni approuver la bulle qui contenoit les volontés
du pontife, il la déféra aux états affembles ;
& ce ne fut qu’après avoir réuni l’univerfalité des
fuffrages qu’il fît éclater fon jufte reffentiment. L ’empereur
& le pape s’anathématiferent tour - à - tour.
Louis V fe vit à la veille d’être dépofé ; Jean XXII le
fut réellement. L’empereur étant entré en Italie prit la
couronne des Lombards à Milan, afliégea Pife, fe fit
proclamer à Rome, & après y avoir renouvellé les
cérémonies de fon facre, il inftalla fur la enaire de
faint Pierre un Francifcain qui prit le nom de Nicolas
V , mais qui bientôt devoit fuccomber fous les
foudres de Jean. « Nous voulons, c’eft ainfi que s’ex-
» primoit Louis dans une affemblée du clergé & de
» la nobleffe de Rome, fuivre l’exemple d’Oton I ,
» qui, avec le clergé & le peuple de Rome, dépofa
» Jean XII : armés.de la même autorité , nous dépo-
» fons l’évêque de Rome, Jacques de Gahors, dou-
» blement coupable d’héréfiê & de leze-majefte ».
Louis V ne montroit pas moins de fermeté que 1«
grand prince qu’il s’étoit propofé pour modèle. Il fit
une ordonnance qui défendoit à tous les évêques
(23 avril 1326 ), & notamment au pape, qui réfi-
doit à Avignon, de s’abfenter plus de trois mois de
leur églife, ni de s’en éloigner de plus de deux journées
fans le confentement de leur chapitre. Le pape
étoit perdu fans l’oppofition que le jeune Colopna,
l’un des principaux de la nobleffe, fit afficher à la
porte de l’églife où fe tenoit l’affemblée. Tout fe confond
à Rome fous plufieurs faCtiorîs ennemies; le roi
de Naples,toujours attaché au pape., fe préfênte aux
portes de Rome avec une forte armée, & Louis V
eft contraint de fe retirer à Pife , d’où il repaffa
peu de tems après en Bavière, prefque fans arirfée.
Le pape reprit bientôt fon premier afeendant ; N icolas
fut forcé de lui demander grâce ; & l’empereur
lui-même fit des démarches pourfe réconcilier ; elles
furent infruCtueufes. Le pape,, au lieu de répondre à fes
députés, fit une ligue, fecrette avec Jean dit l’aveugle,
roi de Bohême, & vicaire de l’empire en Italie, qui,
flatté de l’efpérance de voir bientôt fon fils, Charles
de Luxembourg, fur le trône impérial, leva l’étendard
de la guerre. Fortifié de l’alliance des rois de
France, d’Hongrie & de Pologne, le roi de Bohême
infulta la Bavière. Le pape mourut fur ces entrefaites
, ÔC tranfmit fa haine contre la maifon de Bavière
à Benoît X I I , qui le remplaça. Une victoire
fignalée, remportée lur le roi de Bohême, le força
de rentrer dans fes états. Il en fortit bientôt après
fur de nouvelles efpérances que lui donna Philippe
de Valois. L’empereur, pour conjurer cet orage,
s’attacha Edouard III, roi de la grande Bretagne,
prince fier, & dont les vues ambitieufes s’étendoient
jufques fur la France , malheureufe alors & déchirée
par le gouvernement féodal , qui ne fut jamais fait
pour fes habitans; il lui donna la qualité de vicaire
de l’empire. On voit combien la couronne impériale
dépourvue de fes anciens privilèges, jettoit encore
d’éclat, puifqu’Èdouard, l ’un des plus grands princes
qui aient régné en Angleterre, s’honoroit du titre
de vicaire de Louis. Les frayeurs de Philippe, que les
Anglois attaquoient dans le centre de fes états, rendirent
l’ambition du roi de Bohême moins aCtive.
L'empereur.ayant ainfi détourné l’orage f u r f e s v o i -
“ ns > négocia avec la cour d’Avignon, B e rn a î t a v o i t
des fenrimens pacifiques ; mais enchaîné par Philippe,
dont i l é t o i t néfujet, il n’ofa c .o n f e n t i r à une
réconciliation, &c ce rut aux craintes que le pape
avoit de défobliger la cour de France , que l’Allemagne
dut fa liberté. Louis r:d o n t7a. main habile dirigeait
les coups du .fier, Edouard, enchaîna avec la
même tac^lité l’elprit des princes allemands,. qui tant
de fois ‘ s’étoient armés contre fes prédéceffeurs.
Affez m a î t r e de lui-même pour étouffer fon reffea-
tinTent lorfqu’il étoit contraire à fes intérêts, il digé
roit tous les défagrémens que lui faifoit, effuyer la
cour d’Avignon. Dès qu’il s’apperçut que tous les
efpnts et oient aigris contre le pontife, il affembla
les feigneurs tant eçcléfiaïïiques que féculiers, &
leur ayant fait confiderer que les outrages portés à
fa perfonne étoient une tache qui s’étendoit fur eux
ij les détermina à déclarer, « que celui qui a été
élu empereur par le plus grand nombre eff véritable
empereur, que la confirmation du pape eft inutile,
que le pape n’a aucun droit de dépofer l’empe reur,
quel opinion contraire eft un crime de leze-majefté ».
Cette loi utile, même néceffaire, fut confirmée à
Francfort ( 2 août 1338) , dans une affemblée générale.
E l l e a f f i g n a de juftes limites au pontificat; & le
facerdoce & 1 empire , que les empereurs & les
papes s’efforçoient de confondre en ambitionnant la
fupériorité l’un fur l’autre, devinrent deux pmflànces
diftin&es & féparées. Les Allemands s’attaquèrent
moins fréquemment au trône de leur f o u v e r a i n ,
& Rome ne vit plus fes autels teints du fang de fes
pretres..
Louis voyant fon trône affermi par cette nouvelle
conftitution, montra iule fermeté qui eût été dange-
reufe auparavant. Il leva de fa propre autorité l’excommunication
fulminée contre lui par Jean XXII
& ratifiée par Benoît X II, & purgea les églifes d’une !
multitude de pretres indociles. Alarmé des progrès
d’Edouard, il lui retira le vicariat, & recherchaï a -
mitie du pape, afin fans doute qu’il lui permît de travailler
au rétabliffement de l’autorité impériale en
Italie , où elle étoit prefque entièrement méconnue.
Clément VI venoit de fuccéder à Benoît XII ; ce
nouveau pontife, enchaîné par fes égards pour Phi-
lippe, qui d’abord l’avoit fait archevêque de Rouen,
fe refula à une réconciliation, & fuivit les procédures
de Jean XXII contre lui. Il foilicita même
l’archevêque de Treves de faire en Allertiagne un
nouvel empereur : il excite Jean de Luxembourg,
devenu moins redoutable depuis qu’il avoit perdu la '
vu e , mais non pas moins ambitieux ; il flatte le duc de
Saxe, & réveille la haine de la maifon d’Autriche
contre la maifon de Bavière. Après plufieurs trames
fecrettes & publiques , il publie contre l’empereur
un manifefte rempli d’imprécations non „moins im
julfes qu’indecentes :«Que la colere de D ieu , c’eft
» ainfi que s’exprimoit cet implacable pontife, celle
» de faint Pierre & de faint Paul tombe fur lui dans
» ce monde & dans l’autre ; que la terre s’ouvre &c
» Pengloutiffe tout vivant ; que fa mémoire périffe ;
» que tous les élémens s’arment pour le combattre ;
» que fes enfans tombent dans les mains dès enne-
» mis aux yeux dé leur pere ». La maifon de Luxem-
bourg avoit trop d intérêt dans la révolution qu’on
projetait, pour obferVerla neutralité. Les fameux
appelloient le marquis de Moravie, Charles, fils du
Tome III.
rei Jean , au trône .impérial. .Ce prince eut une conférence
avec Clemem V I, &ob:int fon fuffraae, à
- “ "d'tion qu’il cafferoit les fages ordonnances de
,1 empereur , reconnoîtroit que le çomté d’Avignon
appartenoit de droit au S. Siégé, ainfi que Ferrare
& les autres biens qui anciennement avoient appar-
ten u i la comteffe Mathilde , nom fameux dans les
annales de 1 empire , par lçs défordres que cette
pnneefle y avoit occafionnés : il le cdnfirnxoit encore
dans tous tes droits qtte le pape s’arrogeoit
fur !e royaume de.Sardaigne, de Sicile & de Corfe.
11 tut encore ffipulè que n f empereur alloit à Rome
po.-r s’ÿ faire couronner-, il ne pourroit y féjourner
plus d un jour, & que jamais il n’y rentrerait fans
1 agrément ou plutôt fans la permilEon expreffe dp
papel.
Le niàftjttis de Moravie s’étant affûté de llncli-
nationdu pape parce traite àitffflâchê’qne perfide;
écrivit à l’archevêque de Treves , fon oncle , qui ne
'put rçfifter à la tentation de voir fon tleveu fur le
premier trône du monde. Valderan de luliers, archevêque
dé Cologne, confentit à trahir fon fouve-
ratn pour un motif ttioins excufable. Il reçut mille
marcs d’argent., & fe jetta dans le parti des fadieux
qui, dans une affemblée tumultueufe, tenüéàRentz,
près de Coblentz > proclamèrent roi des Romains
Charles de Luxembourg, marquis de Moravie. Les
cérémonies du facre furent célébrées à Bonn la ville
' Cologne ayant refufe de recevoir les rébelles dans
fes murs , encore bien que fon archevêque fût parmi
eux.
Ce parti qué‘L’on pouvoit bien appeller celui du
pape, étoit fort inférieur à celui de Louis. T ouS les
princes, tant eccléfiaftiques que féculiers, excepté
ceux que nous venons de nommer, montrèrent unë
fidélité incorruptible. Ils voyoient de mauvais oeil
qu on portoit atteinte à la conftitution qui étoit en
quelque forte leur ouvrage : ils feconderent l’empereur
de toutes leurs forces. Le marquis de Brandebourg
fon fils, remporta'une victoire complette fur
leS rébelles , quoiqu’ils fuffént commandés par leur
chef. -Louis, vainqueur par les armes de fon fils
n’eut pas le bonheur dé voir la fin d’une guerre commencée
fous ces heureux aufpices. Un accident termina
fa vie glorieufe : il mourut à la chaffe d’une
chiite de cheval, & fut enterré à Munich: il étoit
dans la foixânte-troifieme année de fon âge, & la
trente-troifieme de fon regrie. L’impératrice Beatrix
fa femme, fille de Henri III, duc de Glogau,
lui donna tleux princes & deux princeffes, fa voir |
Louis , l’aîné, électeur & marquis de Brandebourg,
qui vainquit Charles de Luxembourg ; Etienne duc
de Bavière , fouche de la maifon électorale & ducale
de cette province ; Anne , qui fut mariée à Martin de
l’Efcale, fils de Canis de l’Efcale, comte de Véronne*
& Mathilde, qu*époufa F_rédéric-le-févere, marquis
de Mifnie. L’impératrice Marguerite, fa fécondé
femme (en 1324), fille & héritière unique de Guillaume
III, comte de Hollande, lui donna quatre fils
& une fille, favoîr, Guillaume & Albert, comtes de
Hollande , Louis-le-Romain & Othon, électeurs de
Brandebourg ; Elifabeth qui fut fucceffivement
femme de Jean, dernier duc de la baffe-Baviere &
d’Olri X I , comte de Virtemberg.
Quoique les Suiffes euffent fecoué le joug fous
fon prédéceffeur, c’eft cependant fous fon régné
qu’on doit placer l’époque de la liberté de cette nation
aiiffi fage que belliqueufe. Louisleur en confirma
l’ineftimable privilège dans la diete de Nuremberg,,
pour fe lés rendre favorables contre Frédéric d’Autriche
fon concurrent.
Une loi défendoit à fes fucceffeurs de refter dans
leurs états héréditaires, & les obligeoit de voyager
de ville en villa, & de province en province. Les
^ G g g g i;