le fecours des feigneurs de Caftille , & ils vinrent
en foule , fuivis de nombreufes troupes, fe ranger
fous fes drapeaux. A la tête d’une aulîi formidable
armée , Ferdinand n’éprouva prefque plus de réfif-
tance ;i l fournit de province en province tout l’Aragon
, 6c le comte d’Urgel , pourfuivi de place en
place , abandonné de fes partifans , fut contraint de 5
venir fe remettre à la difcrétion du roi .qui l’envoya
prifonnier enCaftille. Afin de s’affermir fur le
trône , & d e refferrer les liens qui uniffoient la Caf-
tille & l’Aragon , Ferdinand maria l’infant don
Alphonfe fon fils , avec l’infante dona Marie de
Caftille ; 6c ce mariage également approu vé des deux
nations f fut célébré avec la plus grande folemnité.
Peu de tems après cet événement , le roi d’Aragon
entreprit d’aller rendre vifite à la reine de Caftille
fa belle-foetir ; mais à peine il s’étoit mis en route,
qu’il fut attaqué d’une maladie fi violente, qu’elle le
mit en très-peu de jours au tombeau ; il mourut le
2 avril 1416, après un régné d’environ quatre années,
amèrement regretté en Aragon , & beaucoup plus
enCaftille. ( L . C. )
Ferdinand, roi de Portugal, (Hijî. de Portugal.)
L’inconféquence & la légéreté pouflees jufqu’à la
folie, la libéralité portée jufqu’aux derniers excès
de la profufion, la bonté jufqu’à la baflèffe, la gaieté
jufqu’à l’extravagance, diftinguerent ce prince, qui
d’ailleurs eut des talens dont il abufa, des connoif-
fances qu’il rendit inutiles par le mauvais ufage qufif
en fit, de bonnes qualités qu’il effaça par de plus
grands défauts. Il avoit reçu de la nature les avantages
de l’efprit, 6c il ne fut qu’un roi très-médiocre;
il avoit beaucoup de valeur, & il ne fut pourtant
qu’un homme foible. Fils unique de don Pedre 6c
de dona Confiance - Emanuel, Ferdinand, à la mort
de fon pere, monta fùr le trône en 13 67, aux acclamations
du peuple, qui ne voyoit en lui qu’un prince
aimable, jeune, affable 6c prévenant dans fes maniérés
, généreux dans fes aétions, acceflîble à tous
les citoyens, d’un cara&ere modéré, facile & agréable.
C’étoit fous ces dehors heureux que la nation
en général voyoit fon nouveau fouverain ; mais les
grands & les miniftres qui le connoiffoient mieux ,
6c qui l’approchoient de plus près, étoientbien éloignés
de fuivre le torrent de cette prévention publique
; ils n’avoient au contraire apperçuen lui qu’une
imagination forte, v iv e , fougueufe, à laquelle il
s’abandonnoit ; ils favoient qu’il n’avoit aucune forte
de régularité dans les moeurs, & qu’il n’étoit rien
moins qu’attentif à obferver les bienféances même
les plus indifpenfables : impétueufement entraîné par
le goût du plaifir, il ne condamnoit point dans les
autres le même goût ; mais il ne prétendoit pas non
plus qu’on gênât fes penchans. Don Pedre étoit
îobre, économe ; fon fils étoit exceffif en tout, & prodigue.
Les leçons, les remontrances, les exemples,
rien n’avoit pu corriger fa légéreté naturelle 6c outrée;
6c malheureufement fa légéreté & fe s incon-
féquences influèrent puiffamment fur les affaires,
comme fes défauts influèrent fur toutes fes aâions.
Pendant les dernieres années, de fon pere, il avoit
montré le plus grand éloignement pour Pierre le
Cruel, rofde Caftille, 6c la haine qu’il avoit pour
ce prince lui avoit fait refufer l’infante dona Beatrix
de Caftille, fille de ce fouverain. A peine Ferdinand
fut monté fur le trône, qu’enchanté dela chûte
de Pierre le Cruel, il offrit fon fecours au comte de
Tranftamare, devenu roi de Caftille, fous le nom de
.Henri. Mais bientôt après renonçant à cette alliance,
6c plaignant le fort très-mérité de Pierre, il fe déchaîna
vivement contre le roi Henri, qu’il traita
hautement de tyran, de traître' 6c d’aflaffin. Il fit
plus, & prit lui-même le titre de roi de Caftille, en
qualité d’arriere-petit-fils de don Sanche le Brave ; il
fit battre monnoie aux armes de Portugal & de Caf-
tille, accueillit & protégea tous lès Caftillânsqui
vinrent à fa cour, fe ligua avec le roi d’Aragon j
dontil demanda en mariage la fille Léonore, promife
au prince de Caftille, promit de fournir à la fubfif-
tance des troupes que l’Aragon lui foiirniroit, &
fit un traité d’alliance avec le roi de Grenade, qui
ne tarda point à tromper fofi allié. Après de grands
préparatifs, il entra en Galice, prit quelques places,
& ravagea la Campagne, tandis que le roi Henri fe
jetta avec toutes fes forces fur le Portugal, pénétra
jufqu’à Brague qu’il prit d’affaut, 6c caufa mille fois
plus de dommage à ce royaume que n’en avoit foùf-
fert la Galice. Ferdinand ràffembla toutés fes troupes;
& pour donner à l’Europe la plus haute idée de fa
bravoure, il envoya un cartel de défi au roi de Caftille,
qui s’embarraffant peu de ces folles menaces,
rentra viélorieux dans fes états. Cependant Ferdinand
envoya plufieurs feigneurs en Aragon pouf
terminer la négociation qu’il avoit eritamée ; il envoya
aufli 1 §0o livres pefant d’or pour en faire de&
efpeces deftinées aux frais de la guerre ; il fit partir
en même tems fix galeres à la fuite, de celle fur
laquelle l’infante d’Aragon devoit s’embarquer, &
dont les cordages étoient de foie i la proue 6c la
pouppe dorées. A peine cependant ces galeres furent
parties, qu’à laiollicitation de Grégoire XI, le roi de
Portugal, qui avoit époufé par procureur l’infante
d’Aragon, & qui avoit. juré la perte de Henri de
Tranftamare, s’engagea par un traité d’abandonner
fes alliés, de foutenir le roi de Caftille contre tous
fes ennemis, & d’époufer dona Léonorë, infante
de Caftille. Cet étrange traité offenfa vivement le
roi d’Aragon, qui fe vengea enfaififlant les 1800
livres d’or deftinées aux frais de là guerre. La perte
de cette fomme, & les prodigalités du r o i, avoiènt
prefque totalement épuifé l’état; & Ferdinand croyant
remédier à l’embarras de cette fituation, haufla la
valeur du peu d’efpeces qui reftoient dans la circulation.
Cette mauvaife opération eut les fâcheufes
fuites qu’elle devoit néceffairement avoir; & fans
fonger aux circonftances ni aux précautions qu’il y
avoit à prendre, le roi remit tout-à-coup 6c fi fubi-
tement la monnoie à fon ancienne valeur, que la nation
fouffrit encore plus de cette fécondé opération
qu’elle n’avoit fouffert de la première. Il ne fal-
loit pas moins qu’une inconféqtience nouvelle &
très-frappante pour faire oublier aux Portugais ces
deux fautes qui leur avbient été fi préjudiciables.
On attendoit en Portugal l’infante de Caftille, &C
rien ne paroifloit pouvoir s’oppoler au mariage de
cette princefle, lorfque Ferdinand vit dona Léonore
Tellez, époufe de don Juan-Laurent Dacunha.
La beauté de cette femme fit une fi forte impreflïori
fur le roi, que, malgré toutes les repréfentations qui
lui furent faites, il fit cafter le mariage de cette femme
, fous prétexte de parenté avec fon mari , envoya
dire au roi de Caftille qu’une inclination invincible
ne lui permettoit point d’époufer l’infante, & fe maria
fecrétement avec dona Léonore, qu’il mena
enfuite àLisbonne. Le peuple inftruit de cette union,
fe fouleva, courut-inveftir le, palais, & fe feroit
porté aux dernieres violences, fi,, pour l’appaifer,
Ferdinand n’eût paru 6c déclaré publiquement qu’il
n’étoit point l’époux de dona Léonore, 6ç que le
lendemain il iroit à l’églife de Saint-Dominique y
faire folemnellement la même déclaration : mais au
lieu de s’y rendre, il s’en alla précipitamment à San-
taren, tandis que, par fes-ordres, on puniffoit de
mort à Lisbonne les plus coupables d’entre les fédi-
tieux. Cette févérité intimida le peuple, qui à la
vérité ne fe fouleva plus, mais n’en refta pas moins
irrité contre fon fouverain, plus occupé à la cérémonie
publique de fon indécent mariage, que dea
méçontentemens qu’il pou voit occafionner, - Pendant
que ce monarque fe faifoit méfeftimer de fes
rfujets par cette fuite d’inconféquences, il apprit que
Jean, duc de Lancaftre, fils d’Edouard III, roi d’Angleterre,'
avoit pris le titre de roi de Caftille, en
.qualité d’époux-de dona Confiance, .fille aînéè de
Pierre-le;Çruel> Ferdinand qui ayoit foutenu fi vivement
fes prétentions à la même couronne, fe lia
avec le duc.de Lancaftre , pour aider celui - ci à
.monter fur le trône de Henri. Les Çaftillans indignés
de (ce traité,.firent des incurfionsdans le Portugal ,
& fe rendirent maîtres de plufieurs villes; le roi
Henri profitant de ces avantages, marcha de conquête
en conquête jufqu’aux murs de Lisbonne, 6c
eût fini par s’emparer du royaume entier, fi Ferdinand
humilié, mais non pas corrigé, ne le fût hâté
d’accepter les conditions que fon vainqueur lui im-
pofa, par la médiation du légat du pape. Les principales
conditions de ce traité, furent que le roi de
Portugal abandonnerait fes alliés; qu’il fournirait
une elcadre aufti-tôt qu’il en feroit requis , pour fe-
courir la France contre l’AngJgterre ; qu’il ne per-
mettroit plus aux Ahglois de tir£r des munitions du
Portugal, 6c que les mécontens de Caftille, réfugiés
à la cour ou dans le royaume, en feraient tous
chafles. Ces conditions humiliantes furent exactement
remplies ; 6c Henri, pour s’attacher autant qu’il
étoit poffible le roi Ferdinand I , lui fit propofer de
marier don Frédéric, fon fils naturel, avec dona
Béatrix, infante de Portugal, princefle qui étoit encore
au berceau. Ce mariage, en apparence très-inégal
/ fut cependant approuvé par les états de Portug
a l, & plus encore par le roi, qui vouloit applanir
toutes les difficultés qu’il eût pu rencontrer du côté
de la cour de Caftille, afin de fuivre plus 'librement
le projet qu’il avçit formé de faire la guerre à l’A-
iragon, pour fe faire reftituer les 1800 livres d’or ;
mais ce projet, comme tous ceux qu’il méditoit, ne
fit que l expofer à de très-grandes dépenfes, 6c n’aboutit
à rien. Sa paffion pour la reine Léonore s’ac-
croifloit chaque jour ; 6c cette reine,' la plus belle
des femmes, de fon royaume, étoit encore plus perfide
6c plus turbulente que belle ; Ion caraéiere vindicatif
6c cruel caufa une affreufe ïcene, & qui la
rendit de plus en plus l’objet de la haine publique.
L’infant don Juan, frere du ro i, devint amoureux de
dona Marie, foeur de la reine, 6c il l’époufa fecrétement.
Dona Léonore, informée de ce mariage,
6c ne pouvant oublier que dona Marie avoit eu la
générofité dè s’oppofer au mariage de Ferdinand;
craignant d’ailleurs que fi le roi Venoit à mourir don
Juan 6c fon époufe ne montaflent fur le trône, crut
que l’occafion de fe venger étoit venue; elle fit venir
Tintant don Juan; 6c après lui avoir témoigné le
plus tendre attachement, elle lui dit que s’étant propose
de le marier avec l’infante donna Béatrix, qui
lui eût afiuré le fceptre,Portugais, elle étoit défefpé-
rée qu’il eût facrifié fon élévation future à fon amour
peu mérité ■ pour dona Marie qui le déshonorait
par fes infidélités. Don Juan, auffi crédule qu’ambitieux
, 6c d’une violence outrée, perfuadé des infidélités
de fon époufe, alla fur le champ la trouver,
lui perça le coeur de deux coups de poignard, 6c fe
retira fur les frontières de Caftille. La reine dona
Léonore affeéla la plus grande douleur, engagea
cependant fon époux à pardonner à don Juan,
qui, bientôt inftruit de l’atrocité des dénonciations
d’après lefqueiles il s’étoit porté à faire périr fon
époufe, fortit des états de fon frere , 6c fe retira en
Caftille auprès de dona Béatrix, fa foeur. La caufe
de la mort de dona Marie fut bientôt répandue ;
& la haine que le peuple avoit déjà pour la reine,
fe changea en exécration. Ferdinand feul ignorait la
noirceur 6c la perfidie du caraélere de fon époufe ;
Tome III. 1
il Tadoroit;, ne v o y o itq n e par e lle , ne ju g ep it& ne
fe décidoit que d’après fes confeils. D ’après lesJugJ
geftions d’An de iro, amant favorifé de la reine, 6c
P ^ :celles de çette p r i jn p d fe Fcrdinanrf,.r$Qpuvç\la:,
pour le duc de Lancaftre-, la guerre contre la Caf-
tille ; & , malgré le fecours de l’Angleterre , il eflïiya
tant de pe rtes, éprouva rant de déjàftres;, ,qu’il fut,
encore obligé d’accepter la paix*, 6c. d’abandonner
fes alliés , .ne retirant, de cette feconcle guerre, d’autre
fruit que le trifté avantage de s’être donné en
fpeélacle à l’Europe. Cette guerre étoit à peine
terminée, que la reine Léonore de Caftille mourut:
Ferdinand qui avoit fucceffivement offert fa fille en
mariage aux deux fils du roi de Caftille , l’offrit enc
o re au p e re, 6c à des conditions fi avantageufes
pour ce fou ve rain ,'qu ’elles furent acceptées,. Quoique
dans la,vigueur de l’â g e , 6c dans fa quarantième
an née, Ferdinand, épuifé par les excès de
tous les genres auxquels il s’étoit abândonhé, étoit
âccàblé de tant d’infirmités, qu’il ne put ni affifter
aux brillantes fêtes qui furent données à Toccafion
du mariage de l’infante, ni conduire cette princefle
à fon ép o u x ; mais la reine, fuivie de l’élite de la
noblefle, 6c accompagnée d’An dè jro , comte d’Ou-
r em , fon aimant,- conduifit e lle -m êm e fa fille jufqu’à
Y è lv é s , où elle la remit entre, les mains du
roi de Caftille ; mais pendant ce v o y a g e , fa paffion
pour le comte d’Ourem avo it éclaté a v e c fi peu de
décencb, 6c Léonore avo it fi peu ménagé les foins
de fa réputation, que Ferdinand, inftruit enfln de
cette in trigue , 6c rempli du defir d e .fe 'v e n g e r ,
chargea don Juan, fon fr e r e , de faire périr Andeiro:
mais certe commiftion ne fut point remplie 6c le
comte d’Ourem fut aflez heureux pour échapper au
fort qu’ on J u i deftinoit. Cependant le roi Ferdinand
s’affqibliflbit dejo.ureh jour , 6c iouffroit des douleurs
cruelles, qu’il fupporta av e c la plus héroïque
confiance. Après deux ou trois années de maux &
de tourmens, il expira le 22 o&obre 13 83. Le peuple
s’attendrit à la nouvelle de fa mort ; la nation
avo it beaucoup fouffert de fa légéreté. Cependant
les Portugais le regrettèrent amèrement; ils oublièrent
fes defauts, ils oublièrent les maux que fes
folles entreprifes avoient occafionnés; ils ne fe
fouvinrent plus que de l'a bienfaiîance, de fa douceur
& de fon affabilité ;, tant il eft vrai qu’avec ces
feules qualités, quoique mal dirigées, les rois , quelques
défauts qu’ils p'uiffent avoir d’ailleurs, font toujours
aflurés de l’amour de leurs peuples. Ferdinand
mourut dans la 16e année de fon régné , 6c dans la
4 18 de fon âge. (Z,. C. )
§ FÉRIÉS LA T IN E S , ( Littèr. ) Il eft dit dans cet.
article du Dicl. raif des Sciences, 6cc. que cette fête
publique 6c folemnelle des peuples du Latium fe cé-
lébrqit fur une haute montagne, aujourd’hui Monter-:
CavalLo, qui commandoit la ville d’Albe...i C!eft une
méprife : lifez Monte-Calvo; car Monte-Cavallo eft
à Rome. ( C. )
§ FERMA IL , f. m.fibula, <b 9 ( t erme de Biafoti. )•
boucle de forme, ronde, tirant fur T o v a le , gàrniq
de fon ardillon, & pofée ordinairement enfafce .
On dit fermaux au plu rie l; il y en a qui font en
lofange.
L e fermait étoit anciennement une marque de dignité
, 6c Ton s’en feryoit pour faire des prelens aux!
perfonnes de confidération.
D e la Vallée-Foflez en Bretagne ; de gueules a. trois
fermaux d'argent.
D e Kerfaufon de C p e tm e re t, de Rofernou en
la même province ; de gueules , au fermait en Lofange.
d'argent.
D e Courbon de Blenac en Saintonge ; d*a7ur à
trois fermaux d'or 9 pofès en p a l 9 deux & un. Il eft né-
ceflàirede dire deux & un , parce qu’on pourrait
Dij