les marcaßtes par la figure des cryftaux ou dés angles.
Voici les principales différences. .
i°. Marcaßtes quadrangulaires, en latin marcaßttz
tetraëdricte ; en allemand vierekte marcaßte,
2°. Marcaßtes cubiques hexaèdres , en allemand _
fechfekte würfliehe marcaße ; en latin marcaßtte hexaë-
dricte teßulares. ^ '
3° .Marcaßtes prifmatiques hexaèdres,en'allemand
fechffeitige ablange marcaflte; en latin marcaßtte hex aï-
■ driccs prifmaticte.
4?. Marcaßtes rhomboidales hexaèdres, marcaßtte
hexaëdricte rhomboidales ; en allemand fechfleitige
fchragwùrfliehe marcaflte.
5b. Marcaßtes cellulaires hexaèdres , marcaßtte
Hexaëdricte cellulares; en allemand fechfleitige aufge-
hohlte marcaflte.
6°. Marcaßtes oûaédres, marcaßtte oclaëdricte, en
allemand achtfeitige marcaflte.
7 ° . Marcaßtes décaèdres, marcaßtte decaëdricte;
en allemand rehnfeitige marcaflte. ,
8°. Marcaßtes dodécaèdres, marcaßtte dodecaïari-
cce ; en allemand rjvolffeilige marcaflt^
t f Marcaßtes à quatorze côtés,ou decateflaraédres,
marcaßtte decateflaraëdricte ; en allemand vier{thnfeilige
marcaflte.
i o°. Marcaßtes anguleufes,mais confufes & irrégulières,
marcaßtte irreguläres ; en allemand uhgleichjei-
tige marcaflte.
11 °. Marcaßtes grouppées ou en grouppes de cryf-
taux, marcaßtat in congerie cryfiallihâ ; en allemand
marc aßt- drujën.
12°. Marcaßtes feuilletées, marcaßtte bracleatte ;
en allemand blatteriche marcaflte.
13°. Marcaßtes fïftuleufes,-marcaßttefifluloftz ; en
allemand pfeifenartige marcaflte.
J’obferverai encore que l’on donne le nom de
marcaßtte à plufieurs choies fort différentes ; delà une
confufion étrange. i° . D ’abord les mineurs appellent
aiçfi les feules pyrites en cryftaux , ou anguleufes,
fulfur’eufes 8c métalliques. 11 falloit réferver ce mot
uniquement pour cela.
20. Les droguiftés donnent le même nom au bif-
xnuth qu’ils vendent.
30. Les alchymiftes appellent encore de ce nom
les métaux qu’ils fuppofent n’être pas parvenus à
leur maturité.! La pyrite amorphe e ft , félon eux, la
marcaßte du fer. La pyrite jaune, ou d’un verd tirant
fur le jaune, eft la marcaßte du cuivre. Le zinc eft la
marcaßte de l’o r , parce qu’il a la propriété de jaunir ,
le cuivre. Le bifmuth eft la marcaßte de l’argent,
parce qu’il a la propriété de blanchir le cuivre jaune
, 6c qu’il rend l’étain plus fonorè 8c plus éclatant.
40. Paracelfe donne toujours le nom de marcaßte
à ce que les mineurs appellent pyrites. Nous croyons
devoir réferver le mot de marcaßte pour défigner
une forte de pyrite anguleufe, cryftallifée, à facettes
, 6c d’une figure déterminée. Voyez Pyrotologie
de Henckel, 6c Elèmens d’Oryclologie ,fecl. V.
On peut tailler 6c polir fur la meule certaines marcaßtes
: elles prennent de l’éclat ; on en fait toutes
fortés. d’ornemens ; on les monte en colliers , en
bracelets, 6cc. c’eft ce que l’on npmme pierres de
faute ; parce qu’on fuppofe qu’ elles fe-terniffent lorf-
que celle qui les porte devient malade.
Hill, Hißor. ofFoß. T. I. p. 668. &fuiv. fol. dit
que les-marcaßtes font des foffiles effentiellement
compofés, qui ne font point folubles dans l’eau, qui
font inflammables , métalliques, 6c qui naturellement
forment des couches, au lieu que les pyrites
fe trouvent, félon lui, en maffes détachées, fans
être d’une figure déterminée.
S’il y a des marcaßtes renfermées dans des couches
, ou des lits de la terre, c’eft par accident qu’elles
s’y trouvent. Enfevelies d’abord dans des matières
mollçs, ces matières fe font endurcies à la longue.
Les marcaffltes ne forment donc point la couche fo-
lide , elles y font feulement contenues accidentellement.
Ce que nous appelions marcafjite, Hill le nomme
phlogonie, phlogonia. Ce font, dit-il, des corps compofés,
inflammables, métalliques, qui fe trouvent
en petites maffes d’une figure déterminée, régulière,
anguleufe. Pourquoi changer perpétuellement, Taris
néçeffité, l’ufage des mots déjà connus 6c adoptés?
Il les partage en trois genres qui ont leurs efpe-,
ces 6c leurs variétés.
i°. Les phlogonies d’une figure déterminée , en
cubes, compofés de fix plans. Pyricubia.
20. Les phlogonies d’une figure ottoëdre, com-
pofée de huit plans. Pyroclogonia.
30. Les phlogonies d’une figure dodécaèdre, f
compofée de douze plans. Pyripolygonia.
C ’e ft , à ce qu’il me femble, par ces changement
de dénomination, rendre la fcience .toujours plus
difficile, 6c donner lieu à beaucoup d’obfcurités. Il
faut confacrer à l’étude des mots, un tems quiferoit
plus utilement employé pour l’étude' des chofes
même. ( B C. )
MARC-AURELE (ANTONjiN), Hift. Romaine,
dont le nom rappelle l’idée d’un prince citoyen 6c
ami des hommes, étoit d’une famille ancienne 6c
plus refpettable encore par une probité héréditaire
que par les dignités. Son ame en fe développant ne
parut fujette à aucune des pallions qui arnufent l’enfance
6c tyrannifent la jeuneffe. Etre impaffible , il
ne connut ni l’ivreffe de la joie ni l’abattement de
la trifteffe : cette tranquillité d’ame détermina An-
tonin-le-Pieux à le choifir pour fon fucceffeur. Après
la mort de fon bienfaiteur, il fut élevé à l’empire par
le fuffrage unanime de l’armée, du peuple 6c du fénat,’
Sa modeftie lui infpira de la défiance, 6c nefe croyant
point capable de foutenir feul le fardeau de l’empire
, il partagea le pouvoir fouverain avec fon frere
Verus, gendre d’Antonin-le-Pieux. Le partage de l’autorité
qui fomente les haines, ne fit que refferrer les
noeuds de leur amitié fraternelle. Il femblpit qu’ils
n’avoient qu’une ame , tant il y avoit de conformité
dans leurs aérions. Une police exaéle, fans être au-
ftere, réforma les abus 6c rétablit la tranquillité.
L’état calme au-dedans fut refpeété au-dehors. Le
fénat rentra dans la jouiffance de fies anciennes prérogatives
; il aflifta à toutes les affemblées, moins
pour en régler les décifions que pour s’inftruire
lui-même des maufe de l’empire. Sa maxime étoit
de déférer à la pluralité des fuffrages. Il eft infenfé,
difoit-il, de croire que l’avis d’un feul homme foit plus
fageque l’opinion de plufieurs perfonnes intégrés 6c
éclairées. Il avoit encore pour maxime de ne rien
fairs avec trop de lenteur ni de précipitation , per-
fuadé que les plus légères impTOdences précipitoient
dans de grands égards. C e ne fut plus par la baffeffe des
intrigues qu’on obtint des emplois 6c des gouver-
nemens. Le mérite fut prévenu 6c récompense. Le
fort des provinces ne fut confié qu’à ceux qui pou-
voient les rendre heureufes. Il fe regardoit comme
l’homme de la république, 6c il n’avoit pas l’extravagance
de prétendre que l’état réfidoit en lui. Je
vous donne cette épée, dit-il au préfet du prétoire,
pour me défendre* tant que je ferai le miniftre 6c
l’obfervateur des loix ;,mais je vous ordonne de la
tourner contre moi, fi j ’oublie que mon devoir eft
de faire naître la félicité publique. Il fe fit un feru-
pule de puifer dans le tréfor public, fans en avoir été
autorifé par le fénat à qui il expofoit fes motifs,
6c l’ufage qu’il vouloit faire de ce qu’il prenoit. Je
n’a i , difoit-il, aucun droit de propriété en qualité
ë ’empèreur. Rien n’eft à moi, 6c je eonfeffe que la
maifon que j’habite eft à vous. Le peuple 6c le fénat
lui décernèrent tous les titres $ue l’adulation
avoit proftitués aux autres empereurs; mais il
refufa les temples 6c les autels. Philofophe fur le
trône, il aima mieux mériter les éloges que de les
recevoir. Dans fa jeuneffe il prit le ‘manteau de la
philofophie qu’il conferva dans la grandeur comme
un ornement plus honorable que la pourpre. Sa
frugalité auroit été pénible à un fimple particulier.
Dur à lui-même, autant qu’il étoit indulgent pour
les autres, il couchoit fur la terre , 6c n’avoit d’autre
couverture que le ciel 6c fon manteau. Sa philofophie
ne fut point une curiofité fuperbe de découvrir
les myfteres de la nature 6c la marche des
aftres, il la courba vers la terre pour diriger fes
moeurs. Le fléau de la pefte défolà l’empire. Les
^inondations, les volcans, les tremblemens de terre fbuleverferent le globe. Ces calamités multipliées
rent naître aux Barbares le defir de fe répandre
dans les provinces. Marc-Aurele fe mit à la tête de
fon armée 6c marcha contre eu x, les vainquit 6c
les força de s’éloigner des frontières. Après qu’il
eut puni les Quades 6c les Sarmates, il eut une
guerre plus darigereufe à foutenir contre les Marco-
mans. 11 falloit de l’argent pour fournir à tant de
dépenfes. Il refpettala fortune de fes fujets, 6c il
fuffit à tout en faifant vendre les pierreries 6c les
plus riches ornemens de l’empire. Le fuccès de cette
guerre fut long-tems douteux. Les Barbares, après
a voir éprouvé un mélange de profpérités 6c de revers,
furent plutôt fubjugués par les vertus bienfâifantes
du prince philofophe que par fes armes. Marc-Aurele
ne confia point à fes généraux le foin de cette expédition.
Il commanda toujours en perfonne, 6c donna
par-tout des témoignages, de cette intrépidité tranquille
qui marque le véritable héroïfme : on compara
cette guerre anx anciennes guerres puniques,
parce que l’état fut expofé aux mêmes dangers, 6c
que l’événement en fut le même. Attentif à récom-
penfer la valeur, il érigea des ftatues en l’honneur
des capitaines de fon armée qui s’étoient le plus
diftingués. Son retour^à Rome fut marqué par de
nouveaux bienfaits. Chaque citoyen fut gratifié de
huit pièces d’or. Tout ce qui étoit du au tréfor public
fut remis aux particuliers. Les obligations des
débiteurs furent brûlées dans la place publique. Il
s’éleva une fédition quitroubla la férénité de fi beaux
jours. Caffius qui fut proclamé empereur fut maffa-
cré par elle. Tous fes partifans obtinrent leur pardon
, 6c s’en rendirent dignes par leur repentir. Les
papiers de ce chef rébelle furent tous brûlés par
l’ordre de Marc-Aurele qui craignit de connoître des
coupables qu’il auroit été dans la néçeffité de punir.
Des profefleurs de philofophie 6c d’éloquence furent
établis à Athènes , 6c ils furent magnifiquement
payés. Fatigué du poid^de l’empire, il s’affocia fon
fils-Commode, dont fon amitié paternelle lui dégui-
foit les penchans vicieux, 6c ce choix aveugle fut la
feule faute de gouvernement qu’on eût à lui reprocher.
Il fe retira à Lavinium pour y goûter les douceurs
de la vie privée dans le fein de la philofophie
qu’il appelloit fa mere, comme il nommoitla cour fa
marâtre: ce fut dans cette retraite qu’il s’écria : Heureux
le peuple dont les rois font philofophes. Importuné
des honneurs divins qu’on vouloit lui rendre, il
avoit coutume de dire , la vertu feule égale les hommes
aux dieux ; un prince équitable a l’univers pour
temple ; les gens vertueux en font les prêtres 6c les fa-
crificateurs. Il fut arraché de fon loifirphilofophique
par la nouvelle que les Barbares avoient fait une
irruption fur les terres de l’empire. Il fe mit à la tête
de fort armée , mais il fut arrêté dans fa marche par
une maladie qui le mit au tombeau, l’an 180; il
étoit âgé de foixante 6c un ans, dont il en avoit régné
-dix-neuf. Ses ouvrages de morale diéléspar le coeur,
font écrits avec cett^fimplicité noble qui fait le ca-
raftere du génie. ( T-^iV.)
MARCELLUS ( M a r c u s C l a u d i u s ) , Hifloite
Romaine y de l’illuftre famille des Claudius, fut le
premier de fa maifon qui fe fit appeller Marcellus ,
qui veut dire belliqueux ou petit Mars. Sort adreffe
dans les armes , 6c fùr-tout fon goût pour les combats
particuliers, lui méritèrent ce furnonr. Quoique
fes penchans fuffent tournés vers la guerre , il
aima les lettres 8c ceux qui les cultivoient. Ce fut
dans la guerre de Sicile qu’il fit l’effai de fes talens
militaires. Il ne revint à Rome que pour y exercer
l’édilité ; 6c.dès qu’il eut atteint l’âge preferit par la
lo i, il fut élevé au confulat. Il fut chargé de faire la
gueçre aux Gaulois Cyfalpins qu’il vainquit dans un
combat, où leur roi Breomatusfut tué de fa propre
main, 6c on lui décerna les honneurs du triomphe.
Marcellus paffa prefque toute fa vie fous la tente 6c
dans le camp. La Sicile fut le premier théâtre de fa
gloire. Les Siciliens féduits par la réputation d’An-
nibal qui avoit remporté plufieurs vîïftoires en Italie,
penchoient du côté des Carthagiuois : Marcellus y
fut envoyé pour les contenir dans le devoir. Les
Lécontins qui étoient les plus mal intentionnés,
furent les premiers punis. Leur ville fut prife 8c
fâccagée. Le vainqueur marcha contre Syracufe
qu’il affiégea par terre 6c par mer. Jamais fiege ne
fut plus mémorable. Le génie inventeur d’Archi-
mede fit agir contre les Romains des machines qui
en firent un grand carnage. On parle encore d’un'
miroir ardent par le moyen duquel une partie des
galeres ennemies fut engloutie fous les eaux. Ce fait
qu’on pourroit peut-être ranger au nombre des fables
, ne peut guere foutenir l’oeil de la critique. Marcellus
rebuté de tant d’obftacles, changea le fiege en
blocus; mais tandis qu’il tenoit Syracufe inveftie, il
parcourut en vainqueur la Sicile où il ne trouva point
de réfiftance. La flotte Carthaginoife commandée par
Hymilcon retourna fans combattre fur les côtes d’Afrique.
Hypocrate, un des tyrans de la Sicile , fut
vaincu dans un combat où il perdit huit mille hom-.
mes. Ces fuccès n’ébranlerent point Syracufe défendue
par un géomètre. Marcellus n’efpérant rien de la
force, ni de fes intelligences , s’en rendit maître
par la rufe d’un foldat. La ville la plus opulente du
monde fut livrée au pillage. Les Syracufains portèrent
leurs plaintes à Rome contre leur vainqueur
qu’ils taxèrent d’avarice 6c de cruauté ; mais il fut
abfous par le fénat.
Après le carnage de Canne, Marcellus ïut nommé
conful avec Fabius-Maximus. L’oppofition de
leur caraâere diéta ce choix. La fage lenteur de
l’un parut propre à tempérer la valeur imoétueufe
de l’autre. Comme Fabius favoit mieux prévenir
une défaite , que remporter des vi&oires ’, les Romains
difoient qu’il étoit leur bouclier, 6c que l’autre
étoit- leur épée. -,
Marcellus fut le premier qui apprit qu’Annibal
n’étoit point invincible. Il le harcela fans ceffe dans
fes marches par des efcarmouches , il lui enleva des
quartiers, lui fit lever tous les fieges, 8c le battit
dans plufieurs rencontres. Il prit Capoue , contint
Naples 6c Noie, prêtes à fe déclarer pour les
Carthaginois. Le foin' qu’Annibal prit de l’éviter ,
montre combien il lui paroiffoit redoutable. Les
profpérités ont leur terme. Marcellus après une
continuité de fuccès, tomba dans des embûches où
il périt avec fon collègue Crifpinus. Annibal lui fit
rendre les honneurs funèbres , 6c renvoya à fon
fils fes cendres 6c fes os dans un cercueil d’argent.
Les Numides s’approprièrent cette riche dépouille,
8c les relies de ce grand homme furent difperl'és. Il
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