environ la moitié dans un baril neuf, lavé plufieurs
fois avec l’eau bouillante , puis avec une ou deux
pintes de vin blanc, enforte qu’il n’y refte aucune
pdeur défagréable.
Quand le baril eft plein, on n’y met point le
bondon; mais on en bouche feulement l’ouverture
avec un morceau de linge, pour empêcher qu’il n’y
tombe quelque ordure : puis on le place dans une
étuve, ou au coin de la cheminée, dans laquelle
il faut entretenir un petit feu jour 8c nuit, pour
échauffer doucement la liqueur , & la faire fermenter.
Il faut mettre l’autre partie de l’hydromel dans
des bouteilles, ou dans des cruches de terres à cou
étroit, bien nettes ; obfervant de ne les pas boucher,
mais de les couvrir feulement d’un linge comme
le baril, 8c les attacher en différens endroits au-
dedans de la cheminée. Cet hydromd des bouteilles
fert à remplacer celui qui fort du baril par la fermentation
, laquelle doit durer environ fix femaines.
Après ce tems-là, vous bouchez le baril avec fon
bondon, enveloppé d’un peu de linge. Il ne faut pas
le ferrer, ni l’enfoncer trop avant, parce qu’on eft
obligé de le retirer de tems-en-tems pour remplir
le baril, que vous devez porter à la ca ve , & l’y
laiffer paffer un hiver. Quand vous remarquez que
l'hydromel ne fe condenfe plus à la ca v e , & qu’il eft
toujours à fleur du bondon, vous enfoncez alors le
bondon, & ne touchez plus au baril, que pour le
percer, 8c le mettre en bouteilles.
Il feroit peut-être mieux de faire fermenter Yhydromel
par infolation, c’eft-à-dire, en l’expofant au
foleil ; mais comme cet aftre n’eft pas toujours fur
l’horizon, fa chaleur ne peut produire une fermentation
aufli égale, ni aum prompte que celle qui fe
fait dans les étuves, ou dans les cheminées. Il y
auroit un remede à cela ; ce feroit de tranfporter
tous les foirs au coucher du foleil, le baril dans un
lieu chaud ; mais cela demanderait beaucoup de
foin & d’adreffe, pour ne pas brouiller la lie qui
s’amaffe au fond. Cette lie eft de couleur brune,
8c beaucoup plus liquide que celle du vin.
La confiftance de ['hydromel vineux approche plus
ou moins de celle du fyrop , & fon goût, de celui
du vin d'Efpagne ou ae la malvoifie, lorfqu’il eft
très-yieux.
Il eft cordial 8c ftomachique ; il diflîpe les vents,
guérit les coliques qui en proviennent, aide la ref-
piration, 8c réfifte au venin.
\Jhydromel (impie ordinaire fe fait comme le vineux
, excepté qu’on ne le laiffe pas fermenter.
Hydromel compofè. Pendant que vous ferez bouillir
la quantité d’eau 8c de miel que nous avons marquée
ci-delfus pour la préparation de Yhydromel fim-
ple , vous ferez bouillir des raifins de damas, coupés
en deux. On en met demi-livre fur fix livres de
miel ; & il faut quatre pintes d’eau pour les faire
cuire. La liqueur étant diminuée de moitié, vous
la pafferez par un linge, avec légère exprelîion des
raifins ; puis vous la mêlerez avec Yhydromel, 8c
laifferez boifillir le tout enfemble pendant quelque
tems. Enfuite vous y enfoncerez une rôtie de pain
trempée dans de la bierre ; & ayant ôté l’écume qui
fe formera de nouveau , vous retirerez la liqueur
du feu, la laifferez repofer ; & la verfant par inclination
, afin de la féparer du fédiment, vous la
mettrez dans un baril préparé de la maniéré que nous
avons preferite ci-deffus, dans lequel vous mettrez
auparavant une once du plus beau fel de tartre, dif-
fous dans un verre d’efprit de vin : & il faut faire
enforte que le baril foit tout plein. Après cela, vous
l’expoferez débouché, fur des tuiles ou fur des
briques, au grand foleil, ou fur le four d’un boulanger
, ou dans une étuve bien chaude ; ayant foin
de le remplir, jufqu’à ce qu’il ne jette plus d’écumes
L’ayant rempli pour la derniere fois, vous lè boucherez
exactement, 8c le porterez à la ca ve, où
ayant refté pendant quelques mois, il pourra être
percé 8c mis en bouteilles.
Cet hydromel compofé eft propre pour fortifiée
l’eflomac, particuliérement celui qui eft chaud.
Pour le rendre plus agréable, on peut mêler cinq
ou fix gouttes d’effence de cannelle dans l’efprit de
vin qui fert à diffoudre le fel de tartre. On peut
encore y faire infufer des zeftes de citrons , des
framboifes, des fleurs , ou des aromates, qui peu-,
vent convenir félon les différens goûts.
On peut ufer de cette liqueur au lieu de vin.
Pour conferver l'hydromel pendant plujieurs annéesl
Il faut mettre fur chaque barrique un demi-l’etier.
d’efprit de fel. ( + )
HYDROSCOPE, f. m. ( Phyf. ) nom que l’on
donne à ceux qui prétendent voir l’eau au-travers
de la terre. Aux mois de mai 8c de juin Ï7 72 , les
gazettes étoient remplies des chofes extraordinaires
qu’on racontoit d’un jeune Provençal, qui décou-«
vroit les fources, ou plutôt qui les voyoit au travers
de la terre , & qui jugeoit du volume, de la
diredion, & de la profondeur des eaux. M. Me-
nuret, médecin de Montelimart, auteur de quelques
articles du Dictionnaire raif. des Sciences , 8c plu-
fieurs autres perfonnes éclairées, avoient vu avec
étonnement les faits qu’on en racontoit, &paroif-«
foient convaincus de la faculté de cet liydrofcope.
Ce qu’on a rapporté de Jacques Aymart, qui
vers la fin du dernier fiecle, prétendoit découvrir
les voleurs, les fources 8c les mines , à l’aide d’une
baguette de coudrier, a beaucoup de rapport avec
ce qu’on annonçoit de Yhydrofcope. Ilavoit fans doute
de l'adreffe, à en juger du moins par le nombre de
perfonnes qui furent dupes de fon impofture ;
il échoua cependant à Paris, à l’hôtel du prince de
Conti. Sans doute aucun phyficien n’a regardé ce
qu’on difoit de lui comme poflible ; s’il en avoit
exifté quelques-uns, on pourrait dire, pour leur justification,
que l’ufage d’une baguette de coudrier pour
ces fortes d’effets, eft moins contradictoire aux loix
de la Phyfique , que l’ufage de l’organe de la vue ,
comme on le publioit du petit Parangue.
Le moyen de reconnoître les eaux fans autre
fecours que la vue, tout fingulier qu’il paroît, n’eft
pas cependant neuf: Martin Delrio , écrivain ef-
pagnol, affure qu’il exiftoit en Efpagne des hommes
dont la vue étoit affez pénétrante pour distinguer
fous la terre les veines d’eau, les métaux ,
les tréfors 8c les cadavres : ils avoient, fuivant cet
auteur, les yeux fort rouges, & il prétend avoir
vu à Madrid, en 1575, un jeune homme de cette
efpece. Ceux auxquels on attribuoit cette propriété
, étoient connus en Efpagne fous le nom de Za-
huris ou Zahories : ils étoient nés, fuivant l’opinion
populaire, le vendredi faint ; 8c c’étoit au jour
de leur naiffance que tenoit le merveilleux privilège.
Dès le tems de Martin Delrio, il fe trouvoit
déjà des perfonnes fenféesqui fe refufoient à des
fables aum ridicules. Gutiérius, médecin Efpagnol,
qui a écrit peu de tems après lu i, fe moque 3e la
crédulité du peuple, 8c de l’écrivain qui avoit adopté
ces folies.
Ceft ainfi que, dans tous les tems, il s’eft élevé
des impofteurs qui ont abufé de la crédulité du
peuple , 8c que dans tous les tems , il s’eft trouvé
un petit nombre de perfonnes inftruites qui ont réclamé
contre l’erreur ; elle s’eft accréditée d’autant
plus, que.l’impofteur étoit plus adroit, 8c le fiecle
plus ignorant. Mais il femble que dans l’hiftoire
de 1772.» o«1 ne trouvoit ni l’un ni l’autre.
La propriété effentielle d’un corps opaque eft
de ne. pouvoir tranfmettre la lumière, d’en intercepter
les rayons: o r , les objets n’étant vus que
par la tranfmiflion des rayons réfléchis de l’objet
à l’oe il, il s’enfuit que perfonne ne peut voir à
travers un.corps opaque ; 8c qu’il n’eft ni lunettes,.
ni machines, ni conformation d’organe , qui puiffe
opérer ce prodige : en un mot, voir à travers un
corps opaqiie , ce feroit voir fans lumière, ce qui
implique contradiction en Phyfique.
Quelqu’incroyables, quelqu’impoffiblesque foient
les faits qu’on rapporte, je fais bien -qu’il y aura
quelques raifons à balbutier. On dira qu’il s’élève,
des lieux où font les fources, des vapeurs * dès émanations
, qui ne font fenfibles que pour des yeux très-
pénétrans, 8c que le commun des hommes ne peut
appercevoir. Mais, premièrement, il eft impofiible
d’admettre qu’une fource recouverte de cinquante
pieds de terre, de pierres 8c de fubftances d’une
infinité d’efpeces, puiffe donner d’émanation fen-
fible. Secondement, ces vapeurs même ne pourraient
donner aucune idée ni de la groffeur des
fources, ni de leur profondeur , ni de leur mouvement.
Troifiémement, enfin, cette explication même
, toute forcée qu’elle eft , fuppofe encore que le
jeune homme trompoit le public ; car il ne difoit pas
qu’il reconnoiffoit les eaux par une méthode particuliere
; il difoit qu’il les voyoit de la même maniéré
que nous voyons les objets ; il difoit donc une
chofe abfurde. Il eft donc vifible, que d’après la
feule explication raifonnable qu’on puiffe donner
des phénomènes rapportés dans les papiers publics,
il eft démontré que le jeune Parangue enimpofoit à
certains égards ; pourquoi ne pas convenir tout d’un
coup qu’il en impofoit pour le tout ?
Ce que l’on racontoit du jeune hydrofeope étoit
peu conforme à ce que nous çonnoiffons de la marche
des eaux fouterraines. Rarement elles forment
des cours long-tems continués dans l’intérieur de la
terre , comme il le fuppofoit. Les fources ne font
formées que par l’écoulement des eaux pluviales ,
qui pénètrent 8c s’infiltrent à travers les terres : dans
les pays compofés de couches horizontales , ces
eaux defeendent jufques à ce qu’elles rencontrent un
banc de glaife ou de rocher; alors elles prennent
leur cours vers la partie où le banc, s’incline; &lorf*
qu’elles trouvent une iffue fur le penchant d’une
colline , ou dans quelqu’autre endroit de la furface
de la terre , elles s’y raflemblent, 8c y forment une
fourcé. Si donc on vouloit donner une idée jufte
des fources, on les repréfenteroit comme un grand
arbre dont les branches fe divifent à l’infini, à peu
de diftance même de l ’origine du tronc, ou comme
une nappe d’eau que l’on rencontre par-tout, pourvu
qu’on creufe à une profondeur fuftifante. Audi dans
line lettre imprimée dans ce tems-là , on croyoit
pouvoir conclure, en toute affurance, que l’enfant
merveilleux dont on faifoit tant de bruit, n’eft qu’un
impofteur, un impofteur même ignorant 8c maladroit.
Il eft vrai que le grand nombre, & la qualité
des témoins, étoient de nature à faire impreflion ; M.
l’abbé Sauri, habile phyficien, en fut même la dupe;
mais il exifte une infinité de merveilles, atteftées par
des témoins oculaires, dans tous les fiecles 8c dans
tous les. pays, auxquelles perfonne ne croit actuellement.
Ôn entend quelquefois raconter les tours de
Cornus avec des circonftances ridiculement merveil-
leufes, qui les rendraient impoflibles pour ceux qui
ne les auraient pas vus, ou qui ne les connoîtroient
pas ; ainfi, le grand nombre des témoins ne prouve
rien que le grand nombre de perfonnes trompées, 8c
il eft inutile de recourir à des phénomènes finguliers
de la nature, pour ce qui s’explique fi naturellement
par l’ignorance 8c la crédulité.
Le phyficien qui connoît bien les forces de la natare
, fon étendue , fes opétaticri, feS variétés ,•
les reffources de l’a rt, 8c les illufions qui peuvent
en réfulter, n’eft point la dupe des tours de Cornus,
o£ n a pas befoin de croire qi»*/J ait découvert un
nouvel agent dans la nature, pour étonner fes fpec-
tateurs. Le phyficien n’a pas la complaifance même
de fufpendre fon jugement. Lorfqu?il vo it , dans les
lettres de provinces, tranferites dans des papiers
publics , des hiftoires comme célles de Yhydrofcope 9
il examine les preuves qu’on en rapporte, 8c il n’y
voit qu’un étrartgé abus de la crédulité.
Un médecin ,• un ingénieur, gens inftruits par
état, ont vu crelifer, fur la parole de Parangue, 8c
l’on a trouvé de l’eau ; ils en ont conclu que cet
enfant-là voyoit avant que l’on eût creufé, fans
faire attention qu’il y a de l’eau par-tout •; il eft très-
rare qu’on crëiifë pour faire un puits, & qu’on
ne parvienne pas à trouver de l’eau ; il n’y a
point de village, 8c même point de maifon conli-
dcrable où il n’y ait un puits ; on ne choifit pas l’endroit
où l’on veut creufer , on prend celui qui convient
à la diftribution des lieux : quelquefois des
charlatans font tourner la baguette , comme fi elle
devoit leur indiquer la fource : le peuple ne fait pas
que la couche d’argille qui couvre toute la terre , y
arrête les eaux en forme de nappe univerfelle ; que
cette nappe régné fous l’enveloppe de fable, de
terre ou de rocher, qui couvre la furface, 8c qu’une
fource n’eft rien en fo i, fi ce n’eft l’iffue qu’on donne
à l’eau en creufant, ou que l ’eau tourne naturellement
au travers de l’enveloppe qui la furmonte. Si
les gens à baguette étoient affez effrontés pour dire
qu’ils voient de l’eau , on feroit affez, (impie pour
les croire ; il y en a eu des exemples : Bayle en rap-,
porte plufieurs ; mais on ne lit pas beaucoup dans
certaines provinces.
Les perfonnes convaincues d’avance du talent de
Yhydrofcope, ont caché de l’eau dans la terre ; l’enfant
, dit-on, a dit qu’il y avoit de l’eau qui cou-
lo it, 8c d’autre qui ne couloit pas ; il fe peut qu’il
ait été inftruit d’avance, comme le devin du village,
qu’il ait àpperçu qu’on avoit fouillé 8c remué la
terre , & qu’il ait foupçonné l’épreuve; d’ailleurs,
fa réponfe énigmatique, à la façon des anciens oracles
, pou voit être prife pour bonne , quoi qu’il arrivât;
mais on a bien voulu en conclure qu’ilvoyoit
au travers de la terre ; c’eft un effet de la difpofition
prochaine que le peuple a toujours eue de croire ce
qui étoit incroyable. Mais du moins j’eus lafaiisfac-
tion, après la lettre que je publiai fur cette matière,
dans le fécond volume du Mercure de juillet 1772,
que même dans le Dauphiné, des perfonnes inftruites
, malgré les mêmes faits dont elles avoient
été témoins, étoient revenus de cette erreur, 8c
l’on n’a prefque plus parlé de Yhydrofcope, même
en province. ( M. d e la Lan d e .f
§ HYGROMETRE, ( Phyfique. ) Lesfelsayant
la propriété d?attirer l’eau 8c étant d’ailleurs incorruptibles
, paroiffent naturellement faits pour Y hygromètre
: une certaine quantité de fel pefera plus ou
moins, félon qu’il fera plus ou moins humide ; voilà
un hygromètre bien (impie 8c qu’on eft porté à croire
très - jufte. Mais fi on fait attention que le fel.n’aban-
donne pas facilement l ’eau qu’il a attirée ; qu’il ne
perd qu’en plufieurs jours l’eau dont l’air fe dépouille
en quelques heures ; on concevra qu’on ne
peut faire avec le fel qu’un hygromètre très-imparfait,
qu’un infiniment qui ne marquera jamais avec pré-
cifion les changemens d’humidité 8c de féchereffe qui
.furviendront à l’air.
Une laniere de parchemin eft plus propre à cet
effet: elle eft mince, elle préfente à l’air beaucoup
de furface , elle s’alonge fenfiblement par l’humidité,
elle fe raccourcit parlaféchereflè, 8c paffe d’un état