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fui virent dans le tombeau , & fes fujets lui furent
également gré, & du bien qu'il avoit fa it, & de
celui qu’il n'avoit pu faire. ( M. d e Sa c y . )
M a g n u s , ( Ilifi. de Stude. ) roi de Suede , -étoit
fils d’Eric ScatelJer, roi de Danemarck : un parti de
mécontens l’appella en Suede, Éric le-faint y ré-
gnoit alors, il périt en défendant fa couronne contre
l’ufurpateur.; Magnus fut couronné , îyiais ce même
peuple qui avoit eu la lâcheté d’abandonner fon
maître légitime, eut le courage de .le venger. Les
Goths & les Suédois réunis s’avancèrent contre
Magnus ; celui-ci crut qu’une fois monté fur le trône
il falloit le conferver ou mourir : le$ Danois étoient
accourus pour le défendre, on en vint aux mains,
Magnus périt avec toute fon armée ; ce fut l’an
1 160, près d’Upfal, que fe donna cette bataille ; les
vainqueurs bâtirent fur Je champ même une églife ,
dont les murailles auroient pu être cimentéesdu fang
des vaincus. ( M. d e Sa c y . )
M a g n u s - L a d e s l a s , roi de Suede: il étoit fils
de Biger-Jert, & frerede Waldemar, roi de Suede:
il avoit eu le duché de Sudermanie en appanage, fon
ambition étoit encore plus vafte que fes états ; après
la mort de fon pere il excita dans la Suede plufieurs
guerres civiles, & parvint à détrôner fon frere , l’an
1277 .V a l d e m a r , Il prit le titre de roi
de Suede, & y ajouta celui de roi des Goths, aboli
long-tems auparavant par Ollaiis le tributaire (Foyeç
~Ollavs fSuppl.y. L’expérience des régnés précédens
lui apprenoit qu’il étoit dangereux de donner trop
de crédit à la maifon de Folkanger, dont lui-même
il etoit ifîii ; il aima mieux élever aux premières dignités
quelques feigneurs du comté de Holftein,
qu’Hedvige, fon époufe,‘fille du comte Gérard,avoit
attirés à fa cour ; le plus célébré d’entr’eux, & le
plus digne de l’être, fe nommoit Ingemar Danske ;
la haute fortune de ces étrangers blefla les yeux jaloux
de Folkanger, & Ingemar en fut la première
viftime ; ils n’oferent attenter à la vie du comte de
Holftein, mais ils le renfermèrent dans le château de
Jernsbourg. Magnus obtint fa liberté par des démarches
humiliantes, l’efpoir d’une prompte vengeance
lui en faifoit fupporter la honte : ils atteignoient le
dernier période de leur profpérité,' lorfqu’il leur fit
trancher la tête. Philippe de Rundi furvécut feul au
fupplice des fiens ; une double alliance, le mariage $
projette de fon fils Briger avec Merette, princefle
Dânoife, & celui d’Eric, roi de Danemarck, avec
Ingeburge, fille de Magnus, affoupit au moins pour
quelque tems les longues inimitiés des Suédois &
des Danois. Magnus exerça dans la Suede une juftice
fi févere, qu’il rendoit, difoit-on , Us ferrures inutiles
, & c’eft de-là que lui vint le furnom de Ladeflas;
cependant Waldemar faifoit jouer fecrettement mille
efforts pour fe former un parti & remonter fur le
trône ; Magnus méprifa fon frere tant qu’il ne fut que
turbulent, mais dès qu’il fut dangereux il le fit enfermer.
Au milieu des difeordes civiles qui troublèrent
le repos du Gothland, il prit lé parti le plus fage
que la bonne politique puiffe difter dans de pareilles
circonftanceS, ce fut de punir également les deux
partis. La Suede fut heureufe & floriffante fous fon
régné, mais on reprochera toujours à fa mémoire le
malfacre des Folkanger & fon ufurpation : il mourut
le 18 décembre l’an 1290. ( M, d e Sa c y . )
Ma g n u s -S m e e k , roi de Suede & de Norvège,
il n’avoit que trois ans lorfque la difgrace de Bir-
g e r ll (Foyei ce mt>t ) & la mort de Haquin lui
laifferent ces deux couronnes : il étoit fils d’Eric ;
Eric étoit frere de Birger qui l’avoit fait aflaflîner.
Magnus époufa Blanche , fille du comte de Namur,
& profita des troubles qui agitoient le Danemarck
pour s’emparer de la Scanie ; fon ambition même
portoit fes vues plus loin, le régent Matthias Kettel-
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mundfon étoit mort, & depuis 1336 Magnus gou-
vernoit par lui-mêmè ; il demanda le royaume de
Danemarck au pape, comme au roi des rois , & fie
fournit à payer au faint fiege un tribut que les Danois
refufoient depuis long-tems ; mais le pontife fut
affez fage pour ne pas vouloir fie mêler des affaires
du Nord. Cependant Magnus, par un traité ligné l’an
1343 > demeura en poffeffion de la Scanie, du Blec-
king 9 de l’Hifter, de l’ile d'Huen, & du Halland qu’il
acheta ; mais il fut contraint de céder une partie de:
la Carélie aux Ruffes, auxquels il avoit fait une
guerre injufte dans fon principe , & mal conduite
dans 1 exécution : il y avoit employé les deniers de
faint Pierre , & le pape l’excommunia ; il avoit acca
ble le peuple d’impôts, & le peuple fe fouleva. Ait
milieu de ce tumulte Eric fut couronné , & l’on vit-
fans horreur un pere détrôné par fon fils : ce fpeéla-
cle n étoit po;nt extraordinaire dans le Nord, la
guerre fut hientôt allumée, elle fie fit avec divers fuc-
ces; enfin Magnus fut contraint de partager le royaume
avec fon fils , on lui Iaiffa l’Uplande, la Gothie,
le Wermland, la Dalécarlie, le Halland & l’île
d Oëland, le refte fut le partage d’Eric. Magnus
parut oublier la révolte de fon fils , &c l’attira à fa
cour ; on prétend que Blanche, mere du jeune prince
, 1 empoifonna ; mais quel que fût le genre de fa
mort, il périt à la fleur de fon âge, l’an 1354 ; le
pere fuccéda à fon fils, Sc tout le royaume rentra
fipus l’obéiflance de Magnus ; ce prince méditoit
depuis long-tems des projets de vengeance ; pour
en affurer le fuccès il s’appuya de l’alliance de
Waldemar, roi de Danemarck, autrefois fon ennemi
, lui rendit, fans l’aveu des états., la Scanie , le
Halland & le Blecking, & promit de marier fon fils
Haquin, avec Marguerite, fille de ce prince. Wal-
demar devint le miniftre des fureurs de Magnus z
celui-ci cherchoit en vain des prétextes pour châtier,
les Gothlandois ; mais au premier ligne que donna
fa haine, Waldemar fit maflacrer dix - huit mille
payfans. C’etoit le fort de Magnus ^d’être détrôné
par fes enfans; Haquin, roi de Norvège, le fit enfermer
dans le château de Calmar, & prit en main
le gouvernement du royaume. Le mariage de Haquin
& de Marguerite , n’étoit pas encore célébré
les états forcèrent le roi de Norvège à accepter la
main d’Elifabeth, foeur de Henri, comte de Holftein;
cette princefle ^s’embarqua pour venir en Suede J
mais, une tempête la jetta fur les côtes de Danemarck.
Waldemar fut alors rompre ce mariage àc
conclure le premier. Magnus fortit de fa prifon*'
exila un grand nombre de fénateurs : ceux-ci au
fond du Gothland proclamèrent Henri, comte de
Holftein, roi de Suede ; mais il rejetta un préfent
dangereux & illégitime, & leur confeilla de placer,
la couronne fur la tête d’Albert, duc de Meclclen-
bourg ; celui-ci la refufa de même : mais il leur pré-
fenta Albert, fon fécond fils , qui fut couronné.
Magnus fut détrôné une troifieme fois, & perdit à
la fois le trône & la liberté, l’an 1365. Ses fers
furent-brifés quelque tems après. Il fixa fa retraite
en Norvège , oit il fe noya vers l’an 1375. Jamais
prince n auroit eu plus de droits à la compaflion des
hommes , s’il n’avoit pas mérité fes malheurs.
{M. d e S acÿ. )
MAGRAPHE ou MAGREPHA , ( Mujiq. injlr. des
Hébr. ) Il paroît qu’il y avoit deux inftrumens de ce
nom chez les Hébreux: ICircher les diftingue en ap-
pellant l’un magraphe tamid, & l’autre magraphe d'a-
ruchin ; ce de,rnier mot eft le titre ou nom du chapitre
du Talmud ou Tamid, d’oit la defeription de cette
magraphe eft tirée.
Quant à la magraphe tamid, on n’en fait autre chofe
finon que c’étoit un inftrument de pereuffibn qui
feryoit à convoquer le peuple, devant le temple , &
dont
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dont le fon étoit fi fort qu’Onl’entendoit à Jéricho depuis
Jérufalem. Tout ce que l’on dit pour expliquer
cette force dé fon, c’eft que la magraphe étoit pofée au
fond du temple de Jérulalem, fous une voûte propre
à multiplier le fon. Kircher penfeavec affçgde raifon
que c’étoit une efpece de cloche;
- Quant à l’autre magraphe ou magPaphe d’aruchin,
voici la defeription qu’en donne le talmud.
Cet inftrument avoit dix trous; dans chacun def-
quels étoit fiché un tuyau; chacun de ces tuyaux
étoit percé de dix trous, qui donnoient chacun un
ton différent, enforte que la magraphe avoit en tout
cent tons, par la combinaifon defquéls on pouvoit
exécuter un nombre infini de mélodies différentes.
Cette defeription eft très - imparfaite. Comment
faifoit-on réfonner ces dix tuyaux ? Comment pouvoit
on boucher & cléboucher à volonté les cent •
trous de cet inftrument?
La defeription qu’en donne Kircher, & qu’il a
tiree du Scilltehaggiborim, eft plus claire: la voici.
( La magraphe avoit plufieurs tuyaux qu’on faifoit
réfonner par des foufflets ; les orifices de ces tuyaux
étoient bouchés par des foupapes qu’on ouvroit par
le moyen des touches qui étoient devant l’inftrument.
Vye^ la fig. planche de luth. Suppl, que Kircher a
deflinée lui-même fur la defeription, laquelle prouve
que fi jamais les Juifs ont eu cet inftrument , ce n’étoit
rien qu’une efpece d’orgue très - imparfaite.
{ F . D . C . )
§ MAILLET, f. m. mqlltus, i , ( terme de Blafon. )
meuble de l’écu qui repréfente un inftrument de j
guerre de bois, propre à rompre &Û brifer; on s’en
fert pour enclouer les pièces de canon des ennemis,
pour enfoncer les portes après l’efcalade des villes
& à divers autres ufages.
De Mailly de Nefle, à Paris ; d\or à trois maillets de
Jinople.
De Monchy de Hoquincourt, en Picardie ; de
gueules à trois maillets d'or. ( G. D . L. T .) .
§ MAILLY, ( Gèogr. Hi/l.') bourg de Picardie, à
deux lieues d’Albert, &.fix d’Amiens, a donné le
nom à une des plus anciennes & des plus illuftres
maifons de France.
Elle remonte à Anfelme de Mailly qui vivoit l’an
1050, &c commandoit les armées du comte de Flan- .
dres. Il partagea depuis avec Dreux, fire de Couci,
la régence de cette province, étant parent au comte,
fils de Richilde. Anfèlme s’établit en Picardie & devint
pere d’une nomfireufe poftérité. Guillaume de
Mailly mourut grand prieur de France en 1360. Go-
larr de Mailly, le deuxieme des grands chargés des
affaires pendant la maladie de Charles V I, fut- tué
comme fon fils à la bataille d’Azincourt, en 1414.
La maifon de Mailly a produit treize branches , quatre
fubfiftent encore : la première porte le nom de
Mailly ; la fecorîde eft connue par les noms de Nefle
& de Rubempré dont étoit le cardinal-archevêque de
Rheims ; la troifieme & la quatrième font défignées
par les furnoms de Mareuil & de Haucourt.
Le nom de François de Mailly, feigneur d’Hau-
court,, doit être cher aux bons citoyens. Loin d’entrer.
dans cette déteftable confédération qu’on appel-
loit hfainte-ligue, & qui fut formée en Picardie , il
fit les derniers efforts pour ramener les rébelles à leur
iouverain. Son zele & fa valeur furent récompenfés
par le collier de l’ordre : il mourut en 1631.
Dans le dernier fiecle un chevalier de cette famille
donna au public une Hifloire de Gênes affez eftimée,
imprimée à Paris en trois volumes in-12. Elle commence
à la fondation de cette république & finit en
1693.CC?.)
MAIN DE JUSTICE, ( Afiron. ) conftellation placée
entre pegafe, céphée U andromede. Voyez Sceptre
Tome 111\ x
M A I 833
&M.AIN DE JUSTICE, ( Afiron.') dans ce Supplément.
(M . d e l a L a n d e .')
MAIS, ( 5 or. Agric. ) Le mais, ainfi nommé en
Amérique, dont il eft originaire, eft appellé parmi
nous bled de Turquie ou bled (TInde. L’auteur de la
Maifon Rujlique l’appelle, fans aucun fondement,
B I °,n, Ie nomm? WL ^Efpagne dans le Limoufin
o£ dans 1 Angoumois oit on le cultive. Dans la baffe-
Bourgogne où il eft commun, on le défigne fous le
nomdeturquetouturquie. Cette plante pouffe une grof-
fe tige pleine d’une moelle blanche, quia le goût fucré,
oc dont on tire un miel par expreflion lorfqu’elle eft
verte (a). Ün curé de Bourgogne a trouvé le moyen
d en préparer une liqueur vineufe, dont l’ufage eft
aufli fain qu’agréable.
Cette tige eft roide , folide, noueufe comme une
canne de rofeau, haute de cinq à fix pieds, de la
groffeur d’un pouce , quelquefois couleur de pourpre,
plus épaiffe à fa partie inférieure qu’à fa partie
luperreuré.
^ Ses feuilles font femblables à celles d’un rofeau ,
d’un beau verd, longues d’une coudée, & plus large
de trois ou quatre pouces, veinées, un peu rudes en
leurs bords.
La tige porte à fon fommet des pannicules longues
de neuf pouces , grêles, éparfes, fouvent en grand
nombre » quelquefois partagées en quinze, vingt ou
trente épis panachés, portant des fleurs ftériies ôc
féparées de la graine ou du fruit.
Ses fleurs approchent de celles du feigle, & font
formées de quelques petits filets blancs, jaunes ou
purpurins, cfianCelans, renfermés dans un petit calice
ou balle, & ne laiffant point de fruits après eux.
Ses fruits font féparés des fleurs & naiffent des
noeuds de la tige en forme d’épis ; chaque tige en
porte trois ou quatre placés alternativement, longs,
gros, cylindriques, enveloppés étroitement de plufieurs
feuilles ou tuniques membraneufes, qui fervent
comme degaîne ; de leur fommet il fort de lon»s
filets qui font attachés chacun à un grain de l’épi ou
du fruit dont ils ont la,couleur.
L’épi croît par dégrés quelquefois jufqu’à la groffeur
du poignet & à la longueur d’un pied ; à mefure
qu’il groflit & qu’il mûrit, il écarte fes tuniques , &
paroît jaune , rouge, violet, bleu ou blanc, fuivant
l’efpece; celle à grains jaunes eft la plus eftimée.
Les graines font nombreufes, groffes comme un
pois, nues, fans être enveloppées dans une follicule,
liflees^ arrondies à leur fuperficie, anguleufes du
côté qu’elles font, attachées au poinçon dans lequel
elles font enchâffées. Ce noyau de l’épi fe nomme le
papeton. L’épi du maïs donne une plus grande quantité
de grains qu’aucun épi de bled ; il y a communément
huit rangées de grains fur un épi & davantage, fi le
terroir, eft favorable ; chaque rangée contient au
moins trente grains, & chacun d’eux donne plus de
farine qu’aucun de nos grains de froment; celui qui
croît dans les Indes rapporte quelquefois des épis qui
ont fept cens grains. La divérfité de couleur des
grains blancs , jaunes , rouges , noirs , pourprés,
bleus ou bigarrés, ne font que des variétés de l’é-,
eorce ; car la farine en eft toujours blanche ou jau- :
nâtre, d’une faveur plus agréable & plus douce que
celle des autres grains. Ce ne font point des efpeces
différentes; car ie même grain fournit la plupart de
ces couleurs.
Le maïs eft de toutes les plantes celle dont la culture
eft la plus intéreffante dans l’univers, puifque
toute l’Amérique, l’Afrique, un partie de l’Afie &
de l’Europe , principalement la Turquie d’où lui
(a) Comme on en fait un firop très-doux qui a le véritable
goût du-lucre, on propofe dans les Mimoïr. de l’acad. d’effayer
s’il ne pourroit point fe çryftalifer comme le fuc de la canne
qui donne le lun e.
N N n n n