Depuis les découvertes de M. Hewfon, on conçoit
ces vaiffeaux dans les poifl'ons, les quadrupèdes
à fang froid & les oifeaux. On avoir quelques obfer-
vations aflez peu vérifiées avant cet habile anato-
mifte, qui a donné leur fyftême complet dans toutes
les claiîes des animaux.
Dans quelques animaux de la clarté des vers, on
a vu au lieu de lactés un vaiffeau qui, né des inteftins,
va immédiatement porter la nourriture dans les
chairs & dans tout le corps de l’animal.
Dans les animaux encore plus fimples, comme
dans le polype, la nourriture eft repompée immédiatement
depuis la cavité de l’animal qui s’en colore,
quand elle a quelque couleur un peu forte.
Dans le quadrupède à fang chaud & dans l’homme,
les vaifleaux lactés ont la même ftruâure que les vaif-
feaux lymphatiques, & n’en different point. Le canal
thorachique fert de vaiffeau référent à la lymphe
comme au chyle, & il efl très-commun de les voir
remplis d’une liqueur tranfparente au lieu de chyle.
Dans les oifeaux , les poifl'ons & une partie des quadrupèdes
ovipares, le chyle efl tranfparent, & il n’y
a aucune différence vifible entre fes vaifleaux & ceux
de la lymphe. J’ai v u , & la chofe efl ordinaire dans
les chiens , la lymphe fuccéder au chyle, & des
vaifleaux très-blancs devenir tranfparens fous mes
yeux.
M. Lieberkuhn a cru avoir découvert la première
origine de vaifleaux lactés : il l’a placée dans une ampoule
remplie du tiflu cellulaire, dont l’orifice répond
à la cavité de l’inteftin , & qui efl logée dans
l ’intérieur de chaque flocon de la tunique veloutée.
M. Hewfon n’a pas pu découvrir cette ampoule , &
je n’ai aucune obfervation particulière à offrir fur fa
réalité. Tout ce que j’ai vu ', c’eflle chyle collé aux
flocons de la veloutée, & les flocons même teints
de blanc. Je parle de l’intellin grêle ; car le gros inte-
flin ayant certainement des vaifleaux lactés , &
n’ayant point de flocons, il faut que ces vaifleaux y
aient une origine différente.
Le vaiffeau lacté commence à paroître dans la
troifieme cellulaire de l’inteflin , & perce la mufcu-
laire ; on le découvre aifément dans la première cellulaire
; il y efl valvuleux. Comme deux troncs de
vaifleaux rouges font un anneau autour de l’inteflin,
auquel ils arrivent en même tems , il y a.aufli deux
petits troncs lactés, qui, fortant de l’une & de l’autre
convexité de l’inteflin , avancent par la face antérieure
& parla face poftérieure du méfentere.
Leur nombre efl plus confidérable que celui des
vaifleaux rouges ; les angles fous Lefquels ils fe réunifient
, font plus aigus , & ils ne forment pas d’arcades
; ils font cependant des anaflomofes & des
îles.
Ils arrivent aux glandes répandues en quantité fur
le méfentere & fur le méfocolon. Alors une partie
de ces vaifleaux parte outre fan s entrer dans la glande
; d’autres fe ramifient & s’y plongent. L’ordre antérieur
& poftérieur de ces vaifleaux fe confond à
l’approche de ces glandes.
Les valvules, dont ces vaiffeaux font extrêmement
multipliés, y font généralement placées par
paires ; elles font en demi-lune, & foutiennent le
lait ou le mercure même, qu’on y injeéte contre
l’ordre de la circulation. Les petites voiles valvvt-
leufes fe remploient de la liqueur qu’on y pouffe, &
qui les étend ; elles ferment toute la cavité du vaif-
feau & en élevent les parois ; tout le vaiffeau paroît
alors rempli de petits noeuds. Ces valvules nous empêchent
d’injeéter les vaifleaux laclés par le canal
thorachique , le mercure furmonte une ou deux
paires de valvules, mais il efl arrêté avant que d’aller
bien loin.
Le Yaifîeau lacté s’étant divifé dans la glande, dans
des branches fubdivifées, en reflortpar des branches
efférentes qui fe réunifient, & forment un feul tronc.
.Ces glandes font prefqu’entiérement formées des
vaifleaux lactés , avec des arteres & des veines rouges
, & une cellulofité molle.
Les arteres répandent un fuc laiteux dans ces glandes
, qui efl fort vifible dans le foetus avant que les
vaifleaux lactés foient colorés. Ce fuc efl repompé
par les vaiffeaux efférens , il fe mêle avec le chyle
puifque l’huile de térébenthine colorée, injeftée dans
les arteres , remplit les vaiffeaux lactés. 11 n’eft pas
bien décidé fi ces vaiffeaux répandent leur chyle dans
ces mêmes efpaçes, ou s’ils fe continuent avec les
vaiffeaux. efférens.
Un vaiffeau lacté aborde fucceflîvement deux &
même trois glandes , mais le nombre de leurs troncs
va en diminuant, & les dernieres glandes n’envoient
au réfervoir du chyle que quatre ou huit troncs remplis
de chyle. Ils accompagnent le tronc de l’artere
méfentérique, & remontent derrière le pancréas ;
ris s unifient aux deux grands plexus lymphatiques ,
le lombaire & l’abdominal, & compofent derrière
l’appendice droite du diaphragme »devant la derniere
vertebre du dos & la première des lombes, le réfervoir
du chyle.
Ce nom efl mieux applicable au chien qu’à l’homme
, dans lequel ce qu’on appelle réfervoir, n’eft
guere qu’un vaiffeau un peu plus gros que ne l’eft le
canal thorachique , fouvent double & triple , mais
long, fans être en aucune maniéré ovale. Il naît proprement
du plexus lombaire, auquel les vaiffeaux
lactés vont fe rendre.
Le même vaiffeau , mais le plus fouvent Ample ,
prend le nom àe canal thorachique dès qu’il fe rétrécit.
Il remonte le long de la poitrine fur la partie droite
des corps des vertebres, & accompagne la veine
azygos. Sa direction efl aflez droite ; il efl placé hors
de la cavité de la poitrine dans le tiffu cellulaire, dont
la face externe de la plevre efl couverte.
Sa direûion efl aflez droite avec quelques légères
courbures, jufqu’à la cinquième ,fixieme ou feptieme
vertebre du dos ; il y fait prefque toujours une île &
même plus d’une. C ’ell apparemment ce que Bils
appelloit fon contour, & qu’il regardoit comme une
efpece de coeur. ,
Après avoir fait cette île , il quitte la partie droite
de la poitrine, va derrière l’arc de l’aorte occuper le
côté gauche de la poitrine. Il accompagne l’artere
fous-claviere plus poftérieurement, pafle derrière la
veine de ce nom , & s’élève au-deffus de la poitrine
jufqu’à la feptieme vertebre du cou.
Il change alors de direction, & defcend conftam-
ment dans l’homme, toujours à gauche, très-fouvent
divifé en deux troncs , qui fe dilatent avant de s’inférer
, & forment comme deux véficules. Ces deux
troncs fe réunifient d’ordinaire pour n’en former
qu’un, qui va s’ouvrir dans la Veine fous-claviere gauche
fous la valvule, qui fort à l’origine de la veine
jugulaire , quelquefois dans cette veine même.
Le canal thorachique a , comme les vaiffeaux lactés '
des valvules, mais moins nombreufes qu’eux. Son
infertion efl oblique , fa membrane interne fe prolonge
& forme un rebord flottant, que l’on prend
pour une valvule , & que l’on pourroit à jufle titre
compter pour deux, comme la valvule du colon.
Elle efl moins néceffaire pour la rechute du chyle, à
caufe de la defcente, par laquelle il s’ouvre dans la
veine.
Le fyftême des vaiffeaux lactés paroît doué d’une
irritabilité fort vive. On les voit remplis de chyle, Sc
dans quelques minutes tout ce chyle a difparu, & les
vaiffeaux font tranfparens. Us doivent avoir déchargé
ce chyle dans la veine fous-claviere, il n’a point
d’autre iffue. Car je ne compte pas les variétés, à la
vérité aflez fréquentes ^dans lefquelles le canal tno-
rachique communique avec la veine-cave, les veines
lombaires ou l’azygos.
La direction efl évidemment telle que le chyle
repompé de l’inteftin remonte par le canal thorachique
, & fe répand dans la veine fous-claviere, les
valvules n’en permettant pas d’autres, & les ligatures
font gonfler les vaiffeaux du côté de finteftin , dans
le tems qu’ils fe vuident.contre la veine fous-claviere.
La chofe efl la même pour le canal thorachique,
dans lequel les valvules déterminent également le
chyle à couler dans la veine fous-claviere. Je l’ai vu
plufieurs fois s’épancher dans le fang de cette veine.
Le lait qu’une nourrice peut fournir à l’enfant plufieurs
heures après fon repas, prouve aflez que le
chyle conferve fes qualités pendant un tems confir
dérable.
La première caufe de la réforption du chyle eft
apparemment la même qui fait entrer le fuc nourricier
dans les petits pores des racines : c’eft une
attraflion analogue à celle des vaiffeaux capillaires
: il ne paroît pas qu’une preflion pût forcer une
•liqueur vifqueufe d’ailleurs & épaiffe, à entrer dans
des ouvertures extrêmement petites & flottantes.
( H .D .G .)
LACUNES, ( Anat.) Il y a dans les femmes les
lacunes fupérieures , les inférieures, celles de l’ure-
tre , & celles qui font entr’elles & le clitoris.
. Les lacunes fupérieures font placées aux deux
côtés de l’orifice de l’uretre ; il y aune efpece de
valvule membraneufe , qui naît de la ligne dont
nous allons parler & de l’uretre ; elle eft convexe
contre le vagin & concave contre le veftibule de la
partie honteufe. Elle renferme avec Ce veftibule,
dont je parlerai ailleurs , un efpace parabolique,
quelquefois partagé par de petites membranes.
C ’eft dans cet efpace parabolique que s’ouvrent
une , deux & même trois grandes lacunes , dans lefquelles
une fonde affez groffe peut entrer.
Ces lacunes fourniffent un mucus blanchâtre &
fans odeitr.
Les lacunes inférieures font placées entre l’uretre
& le périné à côté de l’hymen , & à l’extrémité des
nymphes. Deux valvules y font placées, formées
par la membrane du veftibule, & quelquefois par les
valvules fupérieures.
Ces valvules forment une cavité parabolique
Comme les fupérieures : il s’y ouvre deux ou trois
lacunes plus profondes que les fupérieures & prolongées
quelquefois jufqu’à l’anus.
On les appelle profiâtes inférieures , mais je n’ai
jamais pu découvrir une glande qui y répondît,
quoique de grands anatomiftes en aient parlé. Leur
nature & leur ufage eft le même que celui des fupérieures.
Il y a des lacunes, mais. plus, petites & fans valvules
à côté d’une ligne faillante, qui du clitoris defcend
à l’uretre. J’en ai vu jufqu’à huit.
Les lacunes de l’uretre de la femme font extrêmement
nombreufes. J’ai vu ce canal partagé par fix
lignes faillantes, recourbées à leur extrémité,.comme
les valvules de l’anus ; entre ces lignes il y avoit jufqu’à
trente-fix lacunes, par lefquelles on pouvoit
introduire une fonde dans la fubftance de l’uretre. Je
n’y ai point vu de glandes.
D ’autres lacunes des plus confidérables fe trouvent
fur le bourlet même , qui termine l’uretre. Il y en a
ordinairement deux.
D ’autres lacunes encore font placées à côte de
l’uretre, fur des mamelons faillans, leurs conduits
defcendent le long du vagin.
Tome III.
Je n’ai rien vu qui reflëmblât à la proftate de Graaf.
{H .D .G .)
LAGAU , Géogr. ) petite ville & château d’Alle*
magne, dans l’éleâorat de Brandebourg, & dans là
nouvelle marche, au cercle de Sternberg. C’eft le
fiege d’une commanderie de l’ordre de faim Jean dé
Jérufalem, bailliage de Sdnnenbourg, laquelle comprend
& cette ville, & celle de Zielenzig, & dix-
k huit villages, & rapporte, dit-on, neuf à dix mille
rixdallers. {D . G. )
§ LAGNI, ( Géogr. ) petite ville de la Brie Fran-
çoife, au gouvernement général de File de France .
fur la Marne, à dix lieues de Paris, & non à fix, comme
dit le Dictionnaire raif des Sciences; avec une
abbaye de bénédiélins fondée au v n e fiecle par faint
Furcÿ, gentilhomme écoffois : Yves, légat du pape,
y tint un concile en 1 14 1 ; Louis le Débonnaire y
avoit affemblé fon parlement en 83 3. II y a deux foires
& des marchés confidérables. Il eft dangereux d’y
demander combien vaut l’orge , à moins qu’On n’ait
la main dans le fac ; car autrement on trempe le curieux
imprudent dans la belle fontaine qui eft au
milieu de la place : parce que du tems de la ligue ,
Lagni fut afîiégée & prife par le maréchal de Lorges
qui pilla la ville. Charles Vif. en fit.lever le fiege aux
Anglois en 1432. Henri IV ne fut pas fi heureux ; car
il ne put empêcher le duc de Parme de prendre Lagni;
ce qui força le roi à lever le fiege de Paris en 1590.
C ’eft le berceau de Pierre d’Orgemont, premier
préfident du parlement de Paris &c élu chancelier de
France en 1373 , par voie de fcrutin, en préfence de
Charles V ; & celui du poète Geoffroy. ( C. )
LAIBITZ, Lubîtça, {Géogr.) ville de la haute
Hongrie, dans le comté de Scepusou de Zyps, fur la
riviere de L a i b i t elle eft du nombre de celles qui
ont été fi long-tems hypothéquées à la Pologne,
& qui pour cela n’en ont pas prôfpéré davantage.
( D G . )
§ LAINE, ( Commerce. Manuf. Econ. rujlique. )
Columelle frappé de la blancheur & de l’éclat de
quelques moutons fau vages amenés d’Afrique à Cadix
pour les fpeélaclës, conçoit qu’il eft poflîble d’appri-
voifer ces animaux, & d’en établir la race dans fa
patrie; il en exécute le projet; & en acçôuplant des
béliers africains avec desbrébis efpâgnoles ,ilen voit
naître des moutons qui avoient le moelleux & le
délicat de la toifon de leur merê, l’éclat & là blan^
cheur.de la laine de leur pere . . . . Don Pedre, roi
d’Aragon , & après lui le cardinal Ximenès , font
venir en Efpagne des moutons afriquains, & c’eft à
cette époque feulement que remonte la fupériorité
de fes laines fur toutes celles dé l’Europe. An. litt.
tom. II. p.'jiG .
M. Daubenton, médecin, vient d’effayer à Mont-
bard en Bourgogne d’élever des moutons au parc,
foit en été, foit en hiver ; ils ont bien réufîi, il a eu
de bonne laine, & des toifons de deux à trois livres
fur chaque mouton.
Les laines de l’Auxois en Bourgogne font en réputation
& fort recherchées des fabricans de Reims, fi
la méthode de parquer les moutons s’y introduifoit,
elle feroit encore bien meilleure^iQC.)
L a in e F ILÉ E , {Commerce. Manuf Méchan.) M .
Guillaume Ludlam, membre du college de faint Jean
à Cambridge, a inventé, il y a quelques années, une
balancé fort Ample & fort ingénieufe pour pefer les
laines filles y dont nous allons donner la defeription ,
comme d’une invention utile dans les manufactures..
Il importe extrêmement, lorfqu’on fabrique certaines
étoffes de laine, que les fils qu’on y emploie
foient les plus déliés & les plus égaux qu’il eft poflîble.
Après avoir filé la’/<zi/zc,on en fait des écheveaux