§ Flûte , ( Luth. ) Les fiâtes ou flageolets des
negres ne font la plupart que des rofeaux perces,
& chaque fiâte ne donne qu’un ton : cependant on
trouve des figures de fiâtes negres percées de plu—
fleurs trous latéraux , comme nos fiâtes à bec, ce
qui femble contredire ce qu’on vient de rapporter,
d’après la plupart des voyageurs. Voye{ les fiâtes
des negres , fig. 4 , 5 , 6 St y de La. planche I I I de
Luth. Suppl.
Dans le royaume de Juida , les fiâtes font des cannes
de fer percées dans leur longueur, & n’ayant
qu’un trou latéral ; leur fon eft très-aigu. Voye£
fig. y .même planche. Dans le même royaume , ils fe
fervent encore d’une efpece de flûte très-finguliere :
c’eft un cylindre de fer d’un pouce de diamètre qui
tourne en fpirale autour d’un bâton , & qui eft couvert
à l’extrémité. Le Commet du bâton eft orné d’un
coq de cuivre , & l’embouchure eft du côté oppofé.
Voye^lafig. q .( F .D .C . )
Flûte de Peau, (Luth.) VoyezSiflet de Peau,
Luth. Dictionnaire raif. des Sciences, &c. & remarquez
qu’on l’appelle quelquefois fiffict de chauderon-
nier. ( F .D C.)
* Dans l’article Flûte du Dictionnaire raif. des
Sciences , &c. au lieu de S. Chryfofiôme , il faut lire
Dion Chryfofiôme. Lettres fur VEncyclopédie.
§ Flûte traversiere, (DwA.)Dans une partie
de l’Allemagne , & particuliérement en Pruffe , les
fiâtes traverfieres font conftruites autrement qu’il ne
l’eft rapporté à l’article Flûte traversiere. Luth.
du Dictionnaire raif. des Sciences, &c. Les change-
mens qu’on va voir font dus au célébré Quautz,
muficien de la chambre de S. M. le roi de Pruffe ,
qui eft mort depuis peu , & qui étoit aufli bon com-
pofiteur que bon exécutant.
D ’abord les fiâtes de M. Quautz font plus longues,
d'un plus grand diamètre, & plus épaiffes en bois
que les fiâtes ordinaires ; par conféquent elles ont
un ton plus grave, plus mâle & plus fonore, & ne
vont pas aufli haut. L’étendue ordinaire des flûtes
du muficien allemand eft de deux oâaves & un ton,
c'eft-à-dire , du re à l’uniffon de la fécondé corde
vuide d’ un violon jufqu’au m i, que l’on prend en
démanchant fur la chanterelle , mais en forçant le
vent on peut aller jufqu’au la, & même jufqu’au fi.
Au lieu d’une clef, les fiâtes dont nous parlons
en ont deux ; l’une fert pour re & pour quelques
autres tons diéfés ; l’autre pour le mi b ; & pour
quelques autres b mois, comme on le verra par la
tablature qui eft à la fin de cet article. Afin que
l'exécutant puiffe atteindre aifément les deux clefs
avec le petit doigt; l'une, celle dure.$$, eft recourbée.
Le bouchon qui ferme le corps de la flûte eft
inobile & à v is , enforte qu’on peut en l’écartant &
le rapprochant de l’embouchure, rendre \a flûte \A\\s
ou moins longue. La place du bouchon varie à chaque
corps différent qu’on adapte à l’inftrument : plus
le corps eft court, plus on écarte le bouchon de
l’embouchure.
Ordinairement M. Quautz faifoit deux têtes à
chaque flûte. L’une eft faite comme toutes les têtes
de fiâtes le font, à l’exception du bouchon mobile ;
l’autre eft brifée en-bas , & la partie inférieure à
laquelle tient la noix entre à couliffe dans le refte
de la tête, enforte que fans changer l’inftrument de
corps, on peut l’élever ou l’abaiffer d’un bon quart
de ton. L’infpeâion de la figure 2 & fuivantes de la
planche I I de Lutherie, Suppl, fera mieux comprendre
ce que l’on vient de dire.
Enfin lesfiâtes de M. Quautz different encore des
autres par le tempéramment. Ordinairement le fa
des fiâtes traverfieres eft tant foit peu trop.bas, & le
fa % eft jufte ; dans les nôtres , au contraire, le fa
eft jufte, & le fa un peu trop bas.
Voici maintenant les raifons de tous ces chan-
gemens.
L’utilité de la double clef faute aux yeux , le mi'y
eft plus haut que le re % d’un comma, & on ne peut
par conféquent le donner avec la thème clef; il en
eft de même des autres bémols & diefès..
Mais peut-être objeâera-t-on que deux clefs font
fort incommodes, & que pour un ou deux tons de
juftes il ne vaut pas la peine d’augmenter la difficulté
d’un inftrument. Voici la réponl’e à cette objeâion:
j’avois joué pendant plus de cinq ans de la fiâte tra-
verfiere ordinaire, & en quinze jours je me fuis accoutumé
à la flûte à deux clefs.
Si l’on y fait bien attention , on remarquera
qu’en effayant fucceflivement les corps d’une fiâte
ordinaire , dont le bouchon eft ftable , il n’y en
a qu’un ou deux qui donnent un ton beau ÔC
moelleux ; du moins fi le ton eft beau pour les corps
longs, il le fera moins pour les courts, & au contraire.
Cela provient de ce qu’il doit y avoir une
certaine proportion entre la longueur totale de la
fiâte , & l’éloignement du bouchon à l’embouchure ;
un bouchon mobile remédie entièrement & fans
inconvénient à ce défaut.
Pour mettre le bouchon à fon vrai point, il faut
accordçr les oftaves de re bien juftes ; ainfi lorfqu’on
a changé une fiâte de corps, on effayera fi les trois
re font bien à l’oâave l’un de l’autre. Obfervons en
paffa'nt que plus la fiâte eft longue, plus le bouchon
doit être près de l’embouchure.
Comme le bouchon s’ufe à force de frotter con-J
tre les parois de \a flûte, il faut de tems en tems en
remettre un neuf, c’eft ce qui m’a fait penfer à fubf-
tituer une efpece de pifton de cuir au bouchon , &
je m’en fuis très-bien trouvé. Ce pifton eft compofé de
plufieurs tranches ou rouelles d’un cuir bien épais »
d ou x& élaftique ; le meilleur eft celui/: de cerf; ces
rouelles bien pénétrées d’huiles d’amande font enfilées
le long d’une vis d’ivoire, & contenues par deux
plaques aufli d’ivoire, dont celle qui eft vers l’em-
.bouchure ne fait qu’une piece avec la v is ; l’autre
forme un écrou , & fert à comprimer les tranches ;
& quand le pifton commence à devenir trop petit,
on eft eft quitte pour refferrer l’écrou. Le cuir mou
& élaftique cede, s’étend en rond, & augmente de
diamètre. Il faut feulement faire bien attention que
les deux plaques d’ivoire foien't d’un diamètre plus
petit que celui de l’ouverture de la fiâte , parce que
l’ivoire fe gonfle par l’humidité. Cette même humidité
empêche de fe fervir de laiton ou d’acier.
Quant à la tête brifée & qu’on peut alonger ^
elle épargne la peine de porter plufieurs coups de
la main gauche ; ordinairement avec trois & une
tête brifée, on peut fe mettre d’accord par-tout.
Mais obfervez que, comme en alongëant la tête de
la flûte, on ne change pas par-tout la proportion de
l’inftrument, moins on fera obligé de l’alonger fans
changer de corps, plus la fiâte fera jufte.
Je ne fais quel muficien ou faâeur d’inftrument a
voulu alonger la fiâte par le bas, en faifant un pied
à couliffe ; cette invention prouve l’ignorance de
fon auteur, car en alongëant la fiâte ainfi, l’on ne
change que le re, tout au plus que le mi8z\z fa>
& tout le refte devient faux.
Rarement, ou plutôt jamais, on ne compofe une
piece enfla % , foit majeur , foit mineur : mais on en
compofe très-fouvent en fa , majeur & mineur. Le
fa% n e paroît donc guere comme fondamentale, 8C
il vaut bien mieux l’altérer que le fa qui eft la fondamentale
d’un mode , non feulement très-ufité ,
mais encore un des plus beaux pour la flûte. D ’ailleurs,
on peut forcer 1 e fa% par le moyen de l’embouchure
, mais le fa devient d’abord faux.
A préfent je me vqis obligé de relever une erreur
qui fe trouve dans Yarticle Flûte traversiere du
Dictionnaire raif. des Sciences, 8cc. erreur que commettent
plufieurs rauficiens, & qui peut gâter pour
toujours l’embouchure d’un commençant ; c’eft de
croire & de foutenir qu’il faut plus de vent pour les
ton aigus que pour les graves. Je dis qu’au contraire
il en faut moins ; je parle des tons aigus naturels,
c’eft-à-dire , jufqu’au mi de latroifieme oftave indu-
fivement. Voici ma preuve qui eft , je crois fans
réplique ; un joueur deflûte peut faire plus de notes
aiguës d’iine haleine que de graves ; c’eft une expérience
que j’ai faite mille fois.
Le raifonnement prouve encore mon affertion.
La bèauté des tons graves confifte à être pleins &
fonores ; celle des tons aigus à être doux & nets; fi
l ’on force le vent pour ces derniers, ils deviennent
faux & criards.
Trois chofes concourent à former le fon dans la
fiâte ; la quantité de v en t , fa vîteffe & la façon
dont le bifeau , ou l’embouchure qui en tient lieu,
le coupe.
Pour produire l’oâave d’un fon dans un inftrument
à vent, il faut faire faire à la colonne d’air
deux vibrations au lieu d’une ; ce qui réfulte de la
vîteffe du vent. Cela eft prouvé par le méchanifme
du joueur de flûte du fameux Vaucaufon , car il
donne deux fois plus de vent dans le même tems au
même tuyau pour obtenir l'o â a ve , & ce vent for-
tant par la même ouverture , acquiert une vîteffe
double ; donc en donnant une vîteffe double au même
volume de vent, il produira le même effet ; & pour
produire cette vîteffe double, il fuflit de rétrécir
convenablement le trou par où fort le vent, 8c c’eft
ce que fait tout bon joueur de'flûte : donc il ne faut
que la même quantité de vent pour un ton 8c pour
fon oftave ; mais il faut rapprocher les Ievres ; & fi
l’on cherche de plus à rendre les fons graves, pleins
& fonores, les fons aigus, doux & nets, il faudra
moins de vent pour les derniers.
Joignez à cela qu’un bon joueur de flûte avance
un peu les Ievres pour rétrécir leur ouverture, quand
il fait un ton aigu , & qu’il les retire pour augmenter
cette même ouverture quand il fait un ton g rave,
& l’on verra qu’indépendamment des Ievres, l’embouchure
eft moins couverte pour les tons graves
que pour les aigus ; donc encore il faut moins de
vent pour ceux-ci.
La même quantité de vent, forcée à paffer dans
le même tems par deux trous inégaux , acquiert
plus de'vîteffe en paffant par le plus petit, 8c cela
proportionnellement à fa petitefle. Si l’on fuppofe
que les deux trous foient ronds, 8c que leuré diamètres
foient entr’eux comme 21 à 22 , le plus
petit fera la moitié du plusgrand ,8c par conféquent
le vent y paffera avec une vîteffe double : donc fl
l’ouverture des Ievres étoit ronde , il ne faudroit la
rétrécir que dans a proportion de 22 à 21 pour obtenir
l’oâave d’un ton avec la même quantité de vent;
& fi on la rétrécit davantage , il en faudra moins.
Tà b l a t u r e pour la flûte traverfiere à deux clefs.
Nous n avons mi£ dans cette tablature que les
tons qui fe prennent différemment à l’aide de la
double clef, qui eft indiquée par les deux cercles
qui font à côté l’un de l’autre ; le plus petit qui eft
à droite marque la clef recourbée ou des diefes.
GO 00
e
0 O
O
00
0
00 00 00
0
O 0
Par cette tablature des tons corrigés par le moyen
des deux clefs, on voit qu’on n’a pas encore rémédié
à tous les femi-tons faux de la fiâte ,-mais je fuis très-
perfuadé qu’un faâeur d’inftrumens intelligent, muficien
8c mathématicien , viendroit à bout de rendre
une fiâte parfaite à l’aide de ces deux clefs. '
On prétend aufli qu’un muficien anglois a conf-
truit une fiâte à fept clefs pour avoir tous les
femi-tons juftes. ( F .D . C. )
Flûte tyrrhénienne , ( Mufiq. infl. des anc. )
Pollux ( Ononiafi. liv. IV. chup. cf. ) décrit ainfi la
fiâte tyrrhénienne : << Elle eft femblable à une fyringe
» ( fifflet de Pan ) renverfée , mais fon tuyau eft de
»métal; on fouffle par en-bas dans cette flûte, 8c
» on y emploie moins de vent ( que pour la fyringe ) ,
» mais le fon en eft plus fort à caufe de l’eau qu’il fait
» bouillonner. Cette flûte donne plufieurs fons, &
» le métal en augmente la force ». Les mots en
parenthefe ont été ajoutés pour éclaircir cette def-
cription qui paroît convenir très-bien à l’efpece de
flûte d’enfant qu'on nomme rofjîgnol. Merfenne femble
aufli de cet avis. (F . D. C.)
F O
* § FOCALE, f. m. efpece de mouchoir de cou à tufage
des anciens, qui s'en ferraient pour fe garantir l’a
gorge des injures de Vair.
i ° . Je ne fais pourquoi on écrit ici focale, plutôt
que focal ? 20. Il n’y avoit que les efféminés & les
malades qui portaffent un focal. Quintilien le prouve
clairement dans le ch. 3 , de fon liv. X I : Palliplum
ficut fa fçias quibus crura vefiiuntur & focalia & aurium
ligamenta fola excufarepotejl valetudo. Voyez les notes
de M. Dacier fur le deux cens cinquante-cinquieme
vers de la troifieme fatyre du fécond livre d’Horace.
Lettres fur C Encyclopédie.
FOCKLABRUCK, ( Géogr. ) ville d’Allem3gne j
dans l’Autriche fupérieure, au quartier de Haufruck,
fur la riviere de Fokle, dans une plaine agréable 8c
fertile. Elle eft joliment bâtie & bien peuplée; elle a
féance & voix dans les états du pays, & fes bourgeois
& artifans font avec leurs marchandifes ,
exempts de péage dans toute l’Autriche. Les payfans
de la contrée s’étant révoltés fous Ferdinand II, l’an
1626, furent battus aux environs de cette ville par
le comte de Pappenheim, qui commandoit im corps
de troupes impériales. ( D . G. )
FÔDVAR ou Foldvar, (Géogr.) ville de la baffe
Hongrie, dans le comtéde Tolna, aubprd du Danube
; elle eft bien habitée, & renferme une abbaye de