Si nous confinerons d’abord l’étendue des tttérs
oc leur profondeur , le cours des rivières 6c leur
■ profondeur, les lacs 6c toutes les eaux de la fur-
face: fi nous envifageons enfuite tous les amas d’eaux
Souterraines, 6c les réfervoirs qui fournirent aux
Sources, nous comprendrons déjà que la malle des
eaux du globe eft très-conlidérable.
Les anciens 6c les modernes ont parlé de la profondeur
des mers, & l’ont peut-être exagérée. Les
ballins de les mers font comme d’immenfes vallées,
quelques-unes très-profondes, & de grandes plaines
plus ou moins baffes, dont le fond foutient les eaux-.
Kircker, Riccioli, Bayle, Marfigly 6c divers.autres
ont raffemblé plufieurs faits fur cette matière ; d’oïl
il -réfulte qu’il y a des mers qui ont une profondeur
que les fondes & les plongeurs les plus intrépides
n’ont pu mefurer, & peut-être de plus d’une lieue
ou de deux, 6c au-delà.
Il eft des favans qui fuppofant que notre globe
doit être creux au centre, pour être moins pefant
6c tourner plus aifément, y placent un amas im-
menfe d'eau, tandis que d'autres y ont mis un globe
de feu : mais ce font des faits affurés, fondés fur
obfervations certaines, que Y hydrologie doit renfermer,
6c non des luppofitions, des conjeûures 6c des
hypothefes.
Defcartes a donné à la fuperficie ou à la croûte
de notre globe , deux ou trois milles d’épaiffeur, le
refte feroit ju/qu’au centre un globe creux , dont
on ignore & le contenu & l’ufage. Poye^ Cartefius,
lit». II. epifl. 14. Phiiofoph. tranfacl. abridg. by Loti-
wtorp , vol. II. p. 6iÿ , 8c les Petite Groning. d’En-
gelhard, tom.II. J'ect. 2 j Whifton, Aflronom. prin-
ciples, lïb. P,
Tous les météores aqueux démontrent encore
qu’il y a une quantité d’eâu Confidérable , réduite
. en vapeurs, fufpendues dans les nuées, & qui environnent
notre globe. Cette atmofphere qui enceint
de toute part notre terre , eft remplie d’eau au-moins
à la hauteur d’un demi-mille d’ Allemagne , félon les.
conjectures affez vraifemblables de quelques phy-
ficiens.
XV. De la quantitl de pluie. Nous avons fait des
eaux de pluie une efpece diftinéfe , foit à caufe de
leur origine , foit à caufe de leurs propriétés & de
leur ufage. Les obfervateurs en divers pays ont me*
furé 8c tenu compte dès le fiecle paffé de la quantité
qu’il en tombe en chaquefaifon. Ces tables météorologiques
feroient d’un grand ufage pour la phyfi-
que générale, lielles avoient été commencées depuis
plus long-tems, fi elles embraffoient toutes les contrées
de notre terre, fi elles étoientplus exactement
comparatives. L'hydrologie pourroit alors en déduire
des conféquences 8c des réfultats qui éclairciroient
divers objets encore fort incertains. Notre poftérité
pourra feule remplir cette partie intéreffante de la
ïcience hydrologique, aujourd’hui trop imparfaite.
On faura peut-être alors quel rapport il peut y
avoir en chaque pays, entre la furface des eaux de
la terre & la quantité de pluie ; entre la chaleur du
climat 8c la quantité des vapeurs qui tombent fous
différentes formes ; entre la quantité d’eau qui tombe
du ciel & celle des fources qui fortent de la
terre, &c. Toutes ces connoiffances & bien d’autres
qui en naîtront néceffairement, 8c que nous ne fai-
lons qu’entrevoir, éclairciront divers points de la
phyfiqiie générale, 8c de l’hiftoire naturelle de no-^
tre atmofphere.
Il eft déjà connu en partie, par rapport à divers
pays , oit il tombe peu ou point de pluie , que le
fage auteur de la nature y a luppléé par diverfes ref-
fources. En quelques contrées ce font des fleuves
qui, par leurs inondations périodiques fertilifent les
terres , comme le Niger en A f r iq u e , îïn op û s dans
l’île de D ë lo s , le Mydonius en Méfopotamie, le N il
en Egypte.
Sicjitffit Natura parens decurrere fifilum;
Sic opus efl rnundo.
On v oifau ffi des arbres en divers lieux , qui coti-
denfent 6c ramalfent les vapeurs aqueufes de l’atmofphere,
6c les laifl'ent retomber au-deffous en
gouttes , pour défaltérer la terre 8c les hommes
qui les recueillent av e c foin.1 C e p h é n o m è n e a été
obfervé dans l'île de F e r , dans celle de S . T h om a s ,
dans le royaume de Narfingue , qui eft une pref-
qu’île au deçà du Gange, & dans les Indes orientales.
Le balifier, arbrifl’eau de l’Amérique, rend le m ê m e
fervice aux habitans des îles > au rapport de Labat.
Les hautes montagnes fervent aufti à arrêter les
vapeurs de l’atmofphere, à les condenfer, 8c à fournir
des eaux aux v a llée s, aux plaines , aux fources
8c aux rivières. Voyeç , Ufages des montagnes, dans
le Recueil de traités fur V Hifoire naturelle . Avignon .
in-4 0. 1766»
E n f i n , on fait que des r o fées très-abondantes du
matin, ou un ferein falutaire du fo i r , fuppléent plus
ou moins abondamment aux pluies trop rares en
certains climats brûlans.
X V I . Mouvement des eaux. Il n’eft pas moins in'té-
reffant dans'Y hydrologie, de contempler la circulation
& le mouvement perpétuel des'eaux, qu ié to it
fi nécefl'aire pour en prévenir la corruption, pôutf
porter ces eaux en tous lieux , pour les faire pénétrer
par-tout, 8c pour fervir ainfi à la confervation
& à la formation de tous les êtres animés & inanimés
de la terre. La fluidité, la liquidité, la mobilité
de l’eau , propriétés néceffaires de cet élément , la
rendent propre à hume&er, à ramollir, à pénétrer,
à diffoudre plus ou moins lèlon la nature du fujet ,
'6c à produire tous les effets , auxquels elle eft def-
tinée par l'on mouvement 8c fa circulation; Il y a
aufti dans l’eau une vifeofité qui fait qu’elle s’attache
;\- certains corps , ce qui la rend encore proprô
à y adhérer, & à conferver une humidité par-tout
où il en eft befoin. C ’eft ainfi que l ’eau h u m e f t e la
t e r r e , s’y filtre , monte dans les canaux des .plantes
, comme dans les tu yau x capillaires, & y porte
les lues nourriciers, favorables à la végétation : elle
forme ou décompofe par fon mouvement dans le
fein de la terré , une multitude d’efpeces de corps ,
enforta qu’elle entre par fa circulation dans prefque
tous les phénomènes de la nature.
C ’eft par fa mobilité encore que .l’eau prend 8c
conferve le nive au , fi aucun obftacle ne l’empêche*
Sa fluidité eft plus lente que celle de la lumière 8c
de l’a ir , plus prompte que celle de l’huile, du mercu
re , ou du fablon fec. Elle peut donc fe mouvoir
avec facilité en tous les fens. Cette f lu id ité jo in te
à fape fan teu r , fait qu’elle, coule toujours en-bas,
en cherchant à s’approcher du centre de la terre ÿ
8c elle ne monte pour s ’en éloigner que forfqu’une
force fuffifante l’y oblige. Comme chaque particule
de l’eau eft détachée, 8c qu’elle eft preffée ou portée
vers le c en tre , avec une gravité é ga le , il s’enfuit
que ces particules ne doivent ceffer de couler en
bas que lorfqu’il n’y en a aucune plus élevée que
l’au tre ; alors la maffe prend le niveau. Voilà l’origine
du cours des rivières 8c des fleuv es, 8c de 'là
formation dés lacs & des mers. Ainfi l’eau tranquille
forme toujours la véritable ligne horizontale. On
connoît l’ufage que l’on tire de cette propriété po u r 1
le nivellement. C ’eft aufti parce que l’ eau fe tient
par fon poids dans cette ligne horizontale , que les
mers ont une furface arrondie, 8c que leurs eaux
fe maintiennent dans les bornes que leur preferit
la gravité mutuelle qui leur eft aflignée.
t e f t é mobilité de l’eau ; jointe à l ’air qu’ elle renferme
toujours, fait qu’elle eft dilatable p a r la chaleur.
De-Ià fon expanlibilité 8c fa- vo la tilité , qui la
rendent capable de s’é le ve r en vapeurs dans l’air ,
d ’oïi naît un mouvement perpétuel d’afeenfion 8c
de chute: de-là la pluie 6c tous les météores aqueux,
que Yhydrologie n’embraffe point pour les développe
r & les expliquer, parce que ces détails appartiennent
à la phyfique. C ’eft par ces moyens que les
eaux font dans un mouvement perpétuel de la terre
dans l’atmofphere, 8c de l’atmofphere fur la furface
du g lo b e , pour les befoins toujours renaiffans de
toutes les créatures. On peut v o ir dans Halley comment
il a eftimé la quantité de ces vapeurs en circula
tion , Mifcellan, curio. t. I. Lond. 1705. Il prétend
que dans un jour d’été il s’élève de la méditerranée
feule 5280 millions de tonnes d’eau. C ’eft ainfi que
l ’air eft râfraîchi 8c pu rifié , 8c la terre humeftée 8c
fécondée. Le diamètre de chaque bulle d’eau,quelle
que foit leur figu re , eft augmenté par la chaleur, au
point de devenir plus de dix fois plus grand qu’au-
paravant. Un pouce cubique d’eau peut être divifé
en dix mille millions de particules. L ’eau devient
parconfisquent plus légère que l’a i r , de forte qu’elle
eft pouffée en-haut, lelon les lôix de l’hydroftati-
que. Elle monte donc jufqu’à ce qu’elle rencontre
un air plus raréfié ; alors elle demeure fufpendue.
Plufieurs particules fe rapprochent, forment des gouttes
la raréfaction diminuant ces g ou tte s , elles retombent
: ces vapeurs, pouffées par les vents vers
les montagnes, y forment les fources des rivières ,
qui descendent dans les plaines &c coulent jufqu’à
la mer. Voyc^ V a p e u r s , Dicl, raif. des fciences, 8cc.
T e lle eft la circulation perpétuelle fagement établie
par le grand auteur de lanature.
Comme le cours deS rivières fait fuccéder une
maffe d’eau à une autre ; comme les flots 6c les ondes
fe fuivent dans les mers ; comme les vapeurs
montent 6c redefeendent fans ceffe ; comme l’eau
pénétré 6c fe filtre daus la terre pour en fortir ; il y a
ainfi dans tout le globe un mouvement perpétuel de
cette e au , 6c un remplacement fucceflif; de même
que dans le fang qui circule dans les veines du corps
humain , ou dans la lè v e qui circule dans les plante
s. C ’eft en un mot le mouvement perpétuel, étab
li par le C réa teu r, 6c qui doit durer autant que
le monde, qui eft l’ouvrage de fa fageffe adorable.
Les vents, qui naiffent de la raréfaâion de l’air
& de fes changemens, fervent encore-à agiter les
nuées remplies d’eau, Sc l’o céan, qui en eft comme
le réfervoir.
L e flux 6c le reflux de la m e r , dont les phénomènes
font fi finguliers, im priment encore à fes eaux
tin mouvement périodique aufli utile que merveilleux.
Il y a encore des eaux qui ont des moùvemens
propres 8c finguliers, qui naiffent de diverfes cir-
conftances, comme certains lacs qui s’élèvent 6c s’a-
bâilfent, comme certaines fources qui coulent périodiquement
en augmentant ou diminuant, comme
l ’Euripe dans la mer Egée , dont le flux 6c le reflux
font tellement déréglés, vers les quadratures, qu’ils
fe font 12 ou i j fois en 24 heures; mais réglés par
les nouvelles 6c les pleines lunes , lorfque fes re-
tàrdemensfont les mêmes que ceùx de l’océan. Voyeç
Thé$l. de l'eau. Liv. III. ch. 11. -
Peut-être la mer a-t-elle encore un mouvement
particulier, mais len t , qui peut venir d’un changement
périodique dans le mouvement de la terre ;
mouvement dont ie période feroit très-long. C e
feroit peut-être à ce mouvement qu’il faudroit attribuer
les changemens .que l’on a obfervés.dans Remplacement
de la mer. C ’eft ce qui a déjà fait dire
à O v id e ;
ridi ego quod fuerat quotidàm folid'tffitna lellus,
EfJ'e fret um : vidi faclas ex txqitore terras.
Et vêtus inventa cfi in montibus an cor a fumhns ,
Et procul à Pelago conclue jacuére marina , &c.
Voyt{ fur cc fujet, Recueil de di vers traités fur f hiß
toire nat. de la terre, //z-40.
Des caiffes extraordinaires 6c des aceidens cîe plu-
fieurs fortes impriment aufti diverfes efpeces de
moùvemens confidérables aux eaux des mers, des
lacs 6c des rivières ; comme les orages, les tiem-
blemens de terre , les bouleverlèmens des montagnes
, ou leur chute. Des rivières changent de cours ;
de nouveaux lacs fe forment ; des rivages font abandonnés
de la mer, qui fe retire; de nouvelles îles
paroiffent ; d’autres font abîmées, &c. Voye{ Buf-
fon, Théorie de la terre : Bertrand, ßruclure intérieure de
la terre : Fabricius, Théologie de l'eau.
Si lès eaux de l’atmofphere, fi celles de la furface
de la terre font ainfi en mouvement, les eaux renfermées
dans fes entrailles doivent éprouver des
moùvemens pareils, 8c une circulation continuelle,
par le mouvement 6c la rotation de la terre, par
1 impreflion du flux 6c du reflux, par l’évaporation
des eaux intérieures, 6c la filtration de celles qui
retombent, par les réfervoirs 6c les canaux , qui fe
rempliffent 6c fe vuident, par les feux fouterrains,
6c plufieurs autres caufes, &c. Tous les détails des
phénomènes de cette circulation intérieure doivent
entrer dans l’hydrologie, 6c préfentent une variété
intefeffante de faits, qui font une.partie curieufe
de l’hiftoire naturelle du globe que nous habitons.
Toutes les .caules qui mettent en mouvement les
éaux, ou qui fervei.tà l’entretenir, ont été mer-
veilleufement proportionnées 6c combinées, fans
quoi ces eaux.inonderoient la terre, la ravagerôient
6c la rendroient bientôt inhabitable.
Les vents auxquels les vapeurs aqueufes contribuent
fi effenticliement, quoique la plupart fi irréguliers
en apparence, fervent d’ailleurs à entretenir
cet équilibre du mouvement des eaux. Ici tout
eft balancé 6c calculé avec une fageffe admirable;
V ^(Ha lley dans les Tranfacl. Philo)'. n°. tS
$ ,HYDROM ANTIE, ( Divin. ) Ce qui fe trouve
dans cet article Tom. VII. p. 374 , col. 2. depuis les
mots , ceux qui ont écrit fur l'optique , jufqu’à ceux-
ci , d'eau bien claire , appartiennent à l’article hydro-
mantique qui eft plus bas , 6c ont été tranl’pofés
par l’imprimeur. ( O )
HYDROMEL, f. m. {Pharm.')boiffon qui fe prépare
avec l’eau 6c le miel.
Aux articles Hy d r om e l fimple 6c Hy d r om e l
vineux dans le Dicl. raif. des Sciences , on renvoie aii
mot Mie l ; 6c à l’article M i e l j on ne trouve point
Hy d r o m e l fimple, mais on lit Hy d r om e l vineux.
Voye^ Hyd r om e l . Ces renvois font défagréables
pour le leéleur ; nous allons y fuppléer ici. *
L'hydromel eft fimple ou compofé. Le fimple fe
fait avec le miel feul, 6c l’eau commune : 6c quand
il a acquis une force égale à celle du vin, foit par
la quantité de miel qu’on y a niife, foit par une
grande cpélion , ou par la fermentation, on l’appelle
vineux. Pour faire l'hydromel vineux, il. faut, une livre
de miel fur trois pintes d’eau ; le miel de Narbonne,
ou à fon défaut le niiêl blanc , le plus beau , le plus
nouveau, 6c le plus agréable au goût, doit être employé
pour cette liqueur. On le délaie avec l’eau
dans un vaiffeau de cuivré étarné ; & on fait bouillir
doucement ce mélange fur le feu, jufqu’à ce qu’il ~
ait acquis affez,de confiftance pour qu’un oeuf frais,
avec fa coquille, puiffe nager deffus fans tomber
au fond. Il faut avoir foin de bien écumer la liqueur
en la faifant bouillir. Etant faite , on la coule par
un linge, ou par le tamis : enfuite on en verfo