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fa valeur t elle étoit cependant moins formidable'
alors , toit à caüfe de la foibleffe & des infirmités
de Ton âge avancé , Toit parce que fes cruautés l’a-
voient rendu fort odieux à Tes fujets ; aux catholiquesTur
tout, qu’il avoit fi violemment perfécutés:
ainfi, fous prétexte de venger Hermenigilde, qu’on
regardoit avec raifon comme un martyr , 8c que la
‘cour de Rome a élevé au rang des faints 9 les François
déclarèrent la guerre aux Vifigoths , 8c firent
une vive irruption dans les Gaules. Reçarede défendit
ce pays , 8c , après bien des hoûilités, il triompha
enfin des François qui fe retirèrent. Enchanté
de la valeur de Ton fils , Lèovigilde lui fit é.poufer
Bada , fille d’un des principaux feigneurs Goths. 11
ne furvécut que peu de tems à cette union. On af-
fure qu’avant fa mort, il reconnut fes injuftices, '
détefta fon parricide , renonça même à l’arianifme,
& mourut catholique en 585 , après un regne glorieux
de 18 années. Léovigilâe ne s’illuftrà feulement
point par fa valeur, fes vi&oires 8c fes conquêtes,
mais davantage encore par fon habileté dans l’art de.
gouverner. L’état étoit en proie au-trouble & au détordre
lorfqu’il commença à régner, & , en très-peu
de tems, il rétablit le calme. Les Vifigoths avoient
beaucoup de loix, mais qui fe contrarioient les unes
les autres, 8c par-là étoient plutôt des lources de
conteftations que des réglés de jugemens. Il revit
ces loix & toutes celles qui avoient été publiées
depuis le tems d’Alaric : il abolit toutes celles qui
dtoient inutiles , & en fit de nouvelles, qui prouvent
en lui quelqué fageffe. Ce fut à lui que le fifc ,
jufqu’alôrs inconnu chez les Vifigoths, dut Ton
établiffement, ainfi que les finances, fortendéfor-
dres jufqu’alors , leur exa&e adminiftration : en un
m o t , Lèovigiïde eut des vices dignes d’un tyran ,
8c des qualités dignes d’un roi ; mais ces qualités,
quelque grandes qu’elles aient été , ne feront jamais
•oublier qu’il fut l’affaflin de fon fils. ( L. C. )
LÉPIDOPTÈRES, f.m. pl. ( Hifi. nat. Infect.)
lepidoptera. On fait que le chevalier de Linné a partagé
lesinfe&es en fept ordres. Les lépidoptères forment
un des ordres le plus curieux, le plus brillant,
8c qui orne le plus un cabinet d’infeftes. C’elt par
cette raifon que nous entrerons fur ce fujet dans
quelque détail.
I. Définition. Ce font donc des infe&es tétrapte-
res qui ont quatre ailes nues 8c comme farineuies ,
ou qui paroiflent couvertes d’une pouffiere colorée;
8c cette pouffiere qui s’attache aux doigts, eft formée
d’une forte d’écailles, finguliérement 8c fymmétri-
quement implantées, diverfement rangées , ornées
des plus riches couleurs, dans plufieurs efpeces. Ces
écailles font même répandues fur plufieurs parties du
corps de la plupart, qu’elles colorent auffi différemment.
Bonanni, Swammerdam 8c Réaumur ont examiné
8c décrit Ces écailles qui fe détachent 8c s’attachent
aux doigts. L’aile qui en eft dépouillée, n’eft plus
qu’une membrane fine 8c tranfparente, affez fem-
blable à celles des mouches ou des demoifelles ;
mais elle refte marquée des filions réguliers dans les
places où les écailles étoient enchâffées ou attachées.
Ces écailles colorées forment donc le çaraûere di-
ftin&if de cet ordre fort nombreux.
On trouve bien auffi , il eft vrai, quelques écailles
pareilles fur les étuis 8c même fur le corps de quelques
infectes coléoptères 8c hémiptères, mais jamais
fur les ailes intérieures, ou inférieures, membra-
neufes.’
Ces écailles colorées, nacrées, plus ou moins
éclatantes, font dflpofées fur les quatre ailes des lépidoptères
par bandes, par raies, en zones, en rubans,
en bordures, en ronds, en points, d’une.maniéré
uniforme , pour les individus de chaque
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efpece. D’une chryfalide.de telle chenille il fortira
çonftamment un infeéte ailé, dont les ailes feront né-
ceffairement marquées de telles couleurs avec teis
points ou taches. Rien n’eft ici l’effet du hafard. En
faifant éclorre les oeufs de tel papillon, on fait déjà
de quelle figure 8c de quelle couleur fera la chenille
, de quelle forme la chryfalide , de quelles couleurs
le papillon.
L’extrémité de ces écailles qui eft attachée à l’aile
ou au corcelet de l’infe&e, fe termine en pointe
qui tient aux nervures de l’aile : elles vont en s’élar-
giffant de cette pointe, 8c fe recouvrent les unes les
autres à-peu-près comme les tuiles ou les ardoifes
d’un toit ou les écailles de quelques poiffons.
. Tels font les cara&eres communs aux papillons^
aux phalènes, aux teignes, aux fphinx, aux ptéro-
phores qui forment l’ordre des lépidoptères , 8c auxquels
le vulgaire donne indiftinâement le nom général
de papillons, méconnoiffant d’ailleurs les plus
petites efpeces, qu’il confond avec les mouches: car
les infectes de cet ordre ont de vol, ou à ailes étendues
, depuis moins d’une ligne jufqu’à plufieurs
pouces de largeur.
II. Defcription. La tête de ces infe&es eft ordinairement
petite, ornée de deux antennes , ou tentacules
, différemment formées , félon les genres,
pourvue de deux yeux à fafeettes ou en réfeaux, accompagnés
de trois autres qui font liffes. En place
de bouche, ils ont pour la plupart,.peut-êtretous,
une trompe faite pour fucer, compofée de deux
lames concaves , propres à agrandir ou à refferrer le
canal, à la volonté, de l’animal, 8c à faciliter ainfi
la fuccion.
Le corcelet eft recouvert de plufieurs pièces fortes
8c écailleufes, unies ou foudées enfemble, 8c cela
étoit néceffaire, parce que les ailes 8c les pattes
dévoient être affermies dans cette partie du corps.
Aux côtés du corcelet fe trouvent deux ftigmates
pe&oraux, organes de la refpiration, dont l’orifice
eft garanti par des poils.
Par-deffous font attachées fix pattes ; dans quelques
efpeces on n’en apperçoit que quatre: on les
nomme pour cette raifon tetrapes, 8c à ceux-ci fe
yoient deux autres membres antérieurs, plus courts,
couverts d’un duvet de poils ; font-ce des bras? on
en ignore l’ufage ; l’infe&e les tient appliqués contre
fon col, quand il marche : ils forment à plufieurs efpeces
une forte de palatine. Dans les autres, les fix
pattes ordinairement écailleufes , font compofées
de trois parties principales, la cuiffe, la jambe 8c le
tarfe, terminé par des griffes ou crochets. «
Au corcelet tiennent-encore par-deffus les deux
ailes fupérieures, plus grandes, 8c les deux inférieures
toujours plus petites : le port, la forme 8c
les couleurs varient félon les efpeces. M. Lyonet a
vu des papillons à fix ailes,; ce feroit encore un nouveau
genre à part. La partie membraneufe de ces
ailes eft compofée de deux membranes, entre lesquelles
fe trouvent inférées les-nervures 8c une multitude
de vaiffeaux. Quel appareil admirable! -
Les femelles de quelques-uns de ces infeéles légers
paroiflent manquer d’ailes : elles reffemblent à
de gros vers lourds, à fix pattes. A la place de quatre
ailes on découvre des moignons de petites ailes,
figurées comme celles des mâles de l’efpece, mais
qui ne peuvent fervir pour voler. Quel eft donc leur
ùfage ? on l’ignore.
Le ventre eft plus grêle 8c plus long dans les mâles,
plus court 8c plus gros dans les femelles, mais
différemment conformé félon les efpeces; ordinairement
compofé en tout de neuf anneaux, pourvus
chacun de deux ftigmates, excepté au dernier anneau.
Les parties fexuelles font placées à l’extrémité du
ventre, 8c quelques efpeces femblent ne vivre fous
leur
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leur dernière formé que pour multiplier lYfpece ;
les mâles pour féconder les oeufs dans la matrice de-
la femelle, celle-ci pour les pondre & les placer en
fureté; & l’un & l'autre meurent bientôt fans avoir
prefqu’ufé d’âuCune nourriture- La phalene du ver-
à-foie, par exemple, a une trompe fi courte, qu elle
ne paraît pas-être en état de prendre des,altmens,
même par la fuccion. , ,
■ Les larves de ;ees infeaes nommées chenilles, font
compofées d’une tête 8c de douze ahneaux, compris
le dernier oit fe trouve l'anus;- Leur tête eft formée
par deux efpeces de calottes fphériques & écaiUeu-
fes oit font les yeux. Leur bouche eft armée de
deux fortes mâchoires, très-différentes félon Les efpeces,
mais toutes auffi funeftèSaUx potagers, aux
arbres fruitiers; aux fruits , aux forets, aux meubles
même; aux vêtemensde lame.Sc de poil» 6-c. L’animal
ailé né fait aucun tort à rien que par la fécondation
8c la ponte des oeufs qui confervent & multiplient
refpêce. Dix-huit ftigmates fervent à la refpiration
des chenilles. Jamais on n’y voit plus de fetze
pattes, ni moins de huit, dont les fix premières, at-
tachées aux trois premiers anneaux, font toujours
dures 8c■ écailleufes, les autres molles 8c membra-
neufes. Ges pattes, diverfement difpofee?, plus ou
môins nonihreules, pourvues de différens crochets ,
ont encore fervhà différentier les chenilles, Foyt\
C h e n i l l e , Diiï. raif. des Sciences „Sec.
L ’organisation inferieure de toutes ces chenilles ,
d’autant plus compofées qu’elles doivent l'ubir plus
de changemens, eft admirable. Malpighi a anato-
niifé celle du ver-à-foie ; voyez fa Difiertation cu-
rieufe. Swammerdam a décrit diverfes parties internes
de ces infeftes dans fa Bible de la nature,8c Réaumur
, dans (es Mémoires pour fervir à L’hiftoire des infectes;
mais perfonne n’eft entré dans des details plus
exafts que M. Lyonet, dans fon Hifloire de la chenille
du bois de faule, où il renouvelle à chaque în-
ftant l’étonnement du le&eur. # .
III. Clarification. Malgré le nombre îmmenle des
lépidoptères, on a diftingué peu de genres généraux,
mais une multitude de familles & d’efpeces tort di-
ftinftes ; encore eft-on bien éloigné de les cpnnoitre
toutes. On ne connoît pas non plus toujours la femelle
de chaque mâle, ou’ le mâle de chaque femelle.
Il en rélulte qu’on a peut-être fan touvent
deux efpeces des deux individus, qui en effet datèrent
quelquefois beaucoup. On ne connoît pas enfin
toutes les chenilles, ni toutes les chryfahdesde chaque
efpece de lépidoptère. De-là une confufion qui
fe débrouillera à mefure que l’on fera de nouvelles
obfervations ; peut-être parviendra-t-on à trouver
les vrais cara&eres effentiels, pour distinguer les
genres 8c les efpeces avec plus de netteté: en attendant
il faut fe fervir des claffifications reçues. Nous
allons expofer en abrégé celles de MM. Linné 3c
Géoffroi.
Méthode de Linné. M. de Linné n a établi que trois
genres généraux, dans la 10e. édition de fon Syfiême
i. Les papillons à antennes en maffue, ou bouton
au bout, volant de jour, les ailes de l’animal pofe
fon,t droites , dont il décrit 191 efpeces , partagées
en fix phalanges ou familles : les chevaliers troyens ;
les chevaliers grecs ; les héliconiens ; les danaides
blancs, ou bariolés ; les nymphales ornés d’yeux fur
les ailes,ou fans yeux; les plébéiens, campagnards
ou citadins ; les barbares. Il leur a impofé des noms
fpécifiquesou vulgaires,abfolumentarbitraires pour
la plupart, & qui n’apprennént rien , pris des héros
troyens , des héros grecs, des dieux & déeffes de la
mythologie, des fils & des filles de Danaiis, roi
d’Egypte, des nymphes de la fable ; des noms de per-
tonnaoes de l’antiquité ou modernes ; enfin il a donne
Tome III.
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à la famille des barbares les noms des Argonautes.
Au plus petit nombre il a impofé les noms des plantes
principales, fur lefquelles la chenille vit. A la
tête de tous, &c de la première phalange, il place le
grand papillon d'Amboine qu’il nomme priam, & que
d’autres ont appellé atlas, remarquable parle beau
mélange du verd & du noir. Chacun ayant le droit
de donner ainfi des noms arbitraires, on voit combien
la nomenclature de l’hiftoire naturelle deviendra
embarr allante & furchargée de fynonymes.
2. Les fphinx à antennes renflées au milieu, pointues
au bout, un peu prifmatiques, ailes abattues,
volant pefammént, feulement le matin & le foir,
fiiçant le miel des fleurs de leurs trompes, & faifant
fouvent un petit fon dans leur v o l, dont il décrit 38
efpeces, partagées en quatre familles. Les larves des
fphinx portent une corne au-deffus de l’anus. Ici
encore plufieurs noms arbitraires parmi quelques
noms fpécifiques des plantes recherchées par les larves
de ce genre.
3 . Les phalènes à antennes fétacées, infenfible-
ment atténuées de la bafe à la pointe, volant de
nuit, les ailes de l’animal pofé abattues d’ordinaire ,
dont il décrit 305 efpeces, partagées en fept principales
familles.
a. Les bombyees à antennes peftinées, qui font
encore divifés en phalènes.
1. fans trompe manifefte,
avec un dos liffe,
à ailes ouvertes,
à ailes repliées,
à ailes abattues,
avec un dos hériffé ;
2. avec une trompe à enveloppe Ipirale,'
à dos liffe,
à ailes ouvertes.,
à ailes abattues,
à dos hériffé.
b. Les chouettes, antennes fétacées, non petti-
nées ;
1. fans trompe manifefte ;
2. avec une trompe à enveloppe fpirale,
à dos liffe,
à dos hériffé.
c. Les géomètres, ou arpenteufes, à ailes dans le
repos ouvertes horizontalement ;
1. peftinicornes, à ailes poftérieures dentelées ,
à ailes poftérieures arrondies;
2. féticornes, à ailes anguleufes,
à ailes arrondies.
d. Les tortilleufes, plieufes ou rouleufes
à ailes obtufes, un peu abattues.
e. Les pyralides, à ailes qui ne font pas fur le meme
plan.
f . Les teignes, dont les ailes font repliées en rond,
prefque en cylindre.
g. Les alucites, dont les ailes font fendues jttfqu’à
la bafe & plumacées.
Les larves des phalènes font ou liffes , ou noueu-
fes &c nues, ou enfin hériffées, & elles different par
le nombre des pieds. Les bombyees & les chouettes
ont feize pattes ; les teignes fubeutanées en ont quatorze
en faulx ; celle du gamma en a douze; la plupart
des géomètres en ont dix; toutes au moins ont
fix jambes pe&orales 8c deux caudales, excepte la
vinule , la fourche , la lacertinaire ; ainfi la principale
différence des larves fe tire des, pattes abdominales
, huit, fix, quatre , deux , point. -
Méthode de Géoffroi. Les noms fpécifiques de M. de
Géoffroi, fuivant en cela l’ufage de Réaumur,Tont
pour la plupart tirés de quelque carattere ou attribut
fenfible de l’infede, 8c il feroif à'fôuhaiter qu’ils
le fuffent tous ; ils feroient par-là mente moins arbitraires
, plus inftrudifs & plus atfes à retenir. Nous
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