Le paraphimofis vient quelquefois de caufe interne
, ou de quelque corps mis dans le fourreau pour
exciter le cheval à piffef, tel que du poivre long ,
de la pyrethre, &c. mais cet accident arrive le plus
fouvent au cheval pour avoir voulu faillir une jument
bouclée, ou monter fur un cheval ; dans ce
cas la verge eft alongée d’un demi-pied, fans que les
corps caverneux foient engorgés : elle eft quelquefois
groffe comme la cuiffe 6c entrecoupée d’étran-
glemens ; elle eft d’ailleurs froide : lorfque le mal
eft à ce point, fi on n’y remédie pas promptement,
la gangrené furvient, 6c le cheval périt quelquefois
dans deux fois vingt-quatre heures ; le moyen le plus
court pour arrêter le progrès du mal ,eft de fcarifier la
partie dans différens endroits, jufqu’aux corps caverneux,
de badiner les plaies avec le vinaigre, 6c de
débrider les étranglemens qui s’y trouvent : après
cette opération la lymphe s’écoule promptement,
& la verge rentre facilement dans le fourreau : oh
eft quelquefois obligé de fcarifier deux ou trois fois,
mais en s’y prenant à tems le mal eft toujours
curable.
L’écart, qui approche beaucoup de la mémarchu-
re,eft un effort violent fur le bras qui tend à l’écarter
de la poitrine : les mufcles qui l’y tiennent attachés
font les feuls qui fouffrent ; il fe fait dans leurs fibres
une diftenfion confidérable , Si il furvient inflammation
dans tout l’efpace qu’occupent ces mufcles. Les
caufes de l’écart font les chûtes lourdes, les faux
pas, les coups violens dans l ’endroit qu’on appelle
la pointe de l'épaule, les efforts du cheval en fe levant.
On connoît l’écart, i°. lorfqu’on s’eft apperçu
que le cheval a fait un effort ; 2°. lorfqu’en lui
touchant le bras il reffent de la douleur : les écarts
ne font pas fi fréquens qu’on le croit ; fouvent le mal
eft dans le pied ou aux articulations de la jambe.
Pour ce qui regarde la cure , il faut laiffer le cheval
en repos, afin que les fibres puiffent reprendre peu
à peu leur reffort ; il faut faigner fur le champ pour
prévenir l’inflammation, puis employer les réfolu-
tifs , les difcuflifs, &c.
La nerfure ou nerf-feru, n’eft autre chofe qu’un
coup fur les tendons fléchiffeurs du pied de devant ;
coup que le cheval fe donne avec le pied de derrière :
cet accident arrive plus communément aux chevaux
de chaffe qu’aux autres ; l’animal commence par
boiter , il furvient au canon 6c aux parties voifines
un engorgement, qui après avoir duré quelque tems,
diminue infenlib'.ement : quelquefois la peau fe trouv
e coupée; d’autres fois à la fuite de la réfolution ,
il paroît fur le tendon une groffeur qui embraffe fa
gaine 6c lès tiffus ; après que l’on a diffipé l’inflammation
par les remedes ordinaires, il faut baffiner la
jambe depuis le hautjufqu’en bas, avec une décoction
de plantes aromatiques. Si après avoir continué
ce traitement pendant tin mois ou cinq femaines ,
l ’enflure des jambes ne diminue pas, & qu’il y ait
un ganglion, le remede le plus fur eft d y porter le
feu , 6c de continuer à baffiner la plaie avec l’efprit
de vin camphré.
L’effort de la hanche eft une diftenfion des fibres
charnues qui arrive dans les mufcles fefliers , à l’oc-
cafion d’un mouvement violent que fait le cheval,'
6c non pas un dérangement des os des îles, comme
plufieurs perfonnes le penfent. Ces os n’ont point
de mouvement 6c ne fauroient fouffrir de déplacement
, fans occafionner une luxation de la derniere
vertebre des lombes avec l’os facrum. Cette luxation
étant complette , comprimeroit l’épine 6c feroit
périr l’animal. Au lieu de paffer des fêtons, comme
on a coutume de faire, il vaudroit mieux employer
les fomentations réfolutives 6c les remedes dont
nous avons parlé à l’article de l’écart.
En maréchallerie on appelle varice, un gonflement
ou élévation en dedans du jatret, fur fon arti*
culation. Mais tantôt cette tumeur eft une vraie dila*
tation de la veine , tantôt c’eft un bourfoufflement
de la capfule articulaire. La tumeur qui eft produite
par la dilatation de la veine, & qui eft limitée,
vient fouvent d’un effort de jarret, à la fuite duquel
il s’eft fait un épanchement de lymphe qui a caufé
un relâchement dans la tunique de la veine. Pour y
remédier,il faudroit un bandage folide. Mais comme
il n’eft pas pofîible d’en fixer un dans cette partie j
le mal eft incurable. Si la varice vient du bourfoufflement
de la capfule, on fomente avec la diffolution
de fel ammoniac. Quand elleieft ancienne, on y
porte le feu avec des pointes.
On appelle mémarchure ou entorfe , une diftenfion
des ligamens de l’articulation : il furvient alors un
gonflement à la partie oii elle fe fait , 6c le cheval
boîte. La mémarchure peut furvenir à toutes les
articulations; elle eft cependant plus ordinaire au
boulet. Ce mal eft plus fréquent qu’on ne penfe : les
caufes font un faux-pas, ou un effort que le cheval
fait pour retirer fon pied lorfqu'il eft engagé dans
quelque endroit, &c. Il faut, pour la-curation, employer
fur le champ les réfolutifs 6c les difcuflifs ;
il eft aufli bon de faigner , fur-tout au commencement
, afin de défemplir les vaiffeaux 6c de prévenir
l’engorgement. On peut dans ce cas faigner au
plat de la cuiffe , fi l ’entorfe affefle la jambe de devant
, afin de faire une dérivation & de dégorger
plus aifément les vaiffeaux de la jambe ; ce fera aux
ars, fi l ’accident eft arrivé à la jambe de derrière.*
On appelle atteinte, une meurtriffure ou une plaie
que le cheval fe fait à une des jambes avec un de fes
fers,ou qu’il reçoit d’un autre cheval. Les atteintes les
plus communes que le cheval fe donne , font en
dedans , du boulet; ce qui provient quelquefois de
fatigue. Mais cet accident dépend le plus fouvent
de la mauvaife ferrure, des fers qui garnifl'ent en
dedans , des fortes branches, des crampons que l’on
aura mis à la branche de dedans. L’atteinte encornée
ou qui arrive à la couronne , demande que l’on y
brûle un peu de poudre à canon ; ce qui deffeche
promptement la plaie. L’atteinte fimple eft peu de
chofe , & fe guérit d’elle-même. Si l’atteinte encornée
étoit profonde 6c placée fur un des côtés du
quartier, elle pourroit produire un javart encorné ;
ce qui eft annoncé par la grande fuppuration 6c par
les fonds qui fe forment dans cette partie. Pour lors
il faut employer lès fuppuratifs 6c faire marcher le
cheval ; ce qui procure fouvent la chûte d’un petit
bourbillon. Si elle eft dans la partie mpyenne, le
corps du cartilage fe trouvant attaqué, il faut faire
l’opération du javart encorné.
On entend par clou de rue, tout corps étranger
qui pénétré dans la foie de corne : il y a trois fortes
de clous de rue ; le fimple, le grave 6c l’incurable.
Le fimple eft celui qui ne perce que la fourchette
charnue ou la foie charnue ; le grave eft celui qui
pique , foit le tendon, foit les ligamens de l’os de la
noix , ou l’artere , ou l’os du pied ; l’incurable eft
celui qui offenfe l’os de la noix ou l’os coronaire à
leurs parties cartilagineufes. Dans les jeunes chevaux
le mal ne fe guérit point, parce que les cartilages
ne s’exfolient jamais, 6c qu’ils fe confument
peu à peu par la carie. Le clou, fimple fe guérit la
plupart du tems de lui-même , ou du moins il faut
peu de chofe. Il n’en eft pas de même du clou grave :
fi lé tendon a été percé récemment, on le reconnoît
à la fynovie qui fort par le trou, il faut deux ou trois
mois pour rétablir le cheval, qui bien que guéri j
refte quelquefois boiteux. S’il ne fort point de fy novie,
& qu’on foupçonne néanmoins que le tendon
eft offenfé, il faut s’en afl’urer avec la fonde ; fi l’on
fent l’o s , il eft certain que le tendon a été percé*
Dans ce cas il faut deffoler, puis emporter l’endroit
de la fourchette qui a été piqué , 6c introduire au
fond de là plaie une fonde cannelée, dans la rainure
de laquelle on dirige le biftouri, pour débrider un
peu le tendon longitudinalement 6c non franfverfa-
lement. En panfant le cheval, on doit recommander
de lui lever le pied très-doucement. Il faut pouffer
avec, le génou ( fi c’ eft le pied de derrière ) la jambe
du cheval , afin qu’il, ne ploie pas le paturon, 6c
avoir foin de ne pas mettre la main au pied, de peur
de caufer une hémorrhagie. Lorfque l’artere, qui
entre dans la partie concave du pied , a été piquée ,
ce dont on eft affuré par l’hémorrhagie , il faut deffoler
le cheval, faire une ouverture , 6c appliquer
un appareil convenable pour arrêter le fang.
Il eft néceffaire d’indiquer ici les cas dans lefquels
les clous de rue font incurables, afin de ne pas faire
de rèmedes ni d’opérations inutiles. i° . Les clous de
rue ne fauroient le guérir , lorfque le tendon a été
piqué, & que , par une fuite de cette piquûre, la
matière, en féjournant, a corrodé la partie cartila-
gineufe de l’os de la noix 6c altéré la fynovie ;
a°. lorfqu’on a appliqué fur la plaie des onguens
corrofifs qui ont opéré le même effet fur cet os ;
3°. lorfque le clou de rue a piqué l’os de la noix ou
l ’os coronaire , parce que ces os font revêtus d’un
cartilage qui fe corrode Sc fe mine peu à peu, fans
s’exfolier , qu’il en fort toujours une fanie fan-
guinolente ; ce qui empêche la plaie de fe cicatrifer.
Il eft important d’obferver que les vieux chevaux
peuvent guérir fans même refter boiteux, par la
raifon que les cartilages font ufés 6c non ofîifiés ,
comme on l’a prétendu jufqu’ici ; mais il faut convenir
que pour lors le cheval ne vaut pas le tems ni
l’argent que l’on emploie à le traiter.
On eft fujet à piquer le cheval en le ferrant, 6c
cela de plufieurs maniérés , dans le détail defquelles
nous n’entrerons pas ; il fuffit feulement de dire qu’on
retire la partie fupérieure du clou 6c qu’on laiffe la
partie inférieure, croyant qu’elle ne coude pas :
cependant on eft fouvent trompé à cet égard , 6c
l ’extrémité preffe la chair cannelée. Dans ce cas on
doit tâcher d’arracher la partie du clou qui eft dans
le pied , en la pinçant avec des triquoiles. Si l’on ne
peut pas la pincer, il faut couper une partie de la
muraille avec le rogne - pied , pour aller chercher
cette portion de clou. Cela 6c le traitement ordinaire
d’une piquûre fuffit.
On appelle clou qui ferre la veine , un clou qui
comprime la chair cannelée , de forte que les vaiffeaux
font refferrés ; la circulation fe trouve interceptée
: d’où naît l’inflammation 6c la formation de
pus. Pour reconnoître le fiege du mal, on fonde
avec les triquoifes ; l’endroit où le pied eft le plus
fenfible, indique le clou qui le ferre. Si l’on s’ap-
perçoit furie champ que le cheval a le pied ferré,
il faut le déferrer , ou du moins retirer le clou qui
caufe le mal, 6c n’èn point remettre d’autre à la
place.
Enclouer un cheval, c’eft planter un clou dans la
chair, 6c l’y laiffer. On connoît l’enclouure , lorf-
qu’après avoir déferré 6c paré le pied, on voit que
le clou eft dans la chair ; ou lorfqu’en fondant avec
les triquoifes, le cheval donne des marques de fen-
fibilité quand on touche l’endroit de l’enclouure. Il,
faut retirer le clou tout d’abord ; -6c quoique le fang
forte par la foie dé corne 6c par la muraille, il n’y
a pas ordinairement de danger : mais s’il fe forme du
pus , par le féjour du clou dans la chair, il faudra
faire une ouverture profonde entre la foie de corne
& la muraille, 6c pénétrer jufqu’au vif de la chair
cannelée. S i , malgré l’ouverture , la matière fufoit
jùfqu’au-deffus' du fabot , ‘vers la couronne, ce qu’on
appelle fouffler au poil, il ne faudroit pas s’oppofer à
la fortie du pus de ce côté-là, il faut au contraire
la favorifer. Lorfque le clou a piqué l’os du pied
( ce dont on s’apperçoit à la quantité de matière qui
en fort, 6c encore mieux avec la fonde ) , il faut
deffoler le cheval, afin de donner ouverture à l’ef-
quille, qui tombera par exfoliation. On examinera
s’il n’eft pas refté dans l’endroit de la piquûre quelque
portion de clou. Si la matière, en féjournant
auprès des talons , avoit gâté le cartilage, il faudroit
extirper la partie gâtée.
On appelle bleime , une rougeur à la foie des talons.
Il y a une bleime naturelle 6c une furnaturelle :
la première vient fans caufe apparente aux pieds qui
ont de forts talons : la fécondé eft celle qui vient de
la ferrure ; les talons portant bas fur le fer, en font
meurtris , foulés , &c. Les remedes de celle-ci font
les mêmes que ceux de la ferrure pour les talons bas.
La bleime naturelle eft de quatre fortes : dans la
première , il y a une rougeur produite par un fang
extravafé 6c defféché dans les pores de la foie de
corne : dans là fécondé , on remarque à la corne
qui eft fendue , une tache noire, qu’on prendroit
pour un clou de rue. En fuivant eette tache, on
trouve la chair cannelée noirâtre 6c comme pourrie
: dans la troifieme , on v o it , en parant, fortir
du pus de la chair cannelée des talons : dans la quatrième,
on s’apperçoit., en parant, d’un décernement
de la muraille avec la foie des talons, caufé
par la matière qui eft noire 6c én petite quantité.
A ces quatre efpeces on peut en ajouter une cinquième
, dans laquelle la muraille des talons eft ren-
verféè en forme d’huître à l’écaille.
Curation. Dans la première efpece, comme le
cheval ne boite que lorfque le pied eft trop fec , on
doit, avoir foin d’hume&er le pied toutes les fois
qu’on le ferre. Dans la fécondé , il faut faire ouverture
avec le boutoir ou la renette , 6c y porter les
remedes convenables. Dans la troifieme , on aura
recours aux mêmes moyens. Dans la quatrième , il
faut abattre de la muraille du talon, parer à la rofée
le pied 6c fur-tout l’endroit du talon , puis taire le
même panfement qu’aux autres. La cinquième vient
de la mauvaife conformation du pied ; les talons
n’ont prefque point d’arcs - boutans ; la bleime n’eft:
recouverte que de très-peu de corne : le cheval eft:
fort fenfible en cet endroit, parce que la muraille fe
renverfe 6c pince là chair cannelée. Il faut enlever
avec le boutoir cette corne renverféè : s’il vient du
pus, il faut faire une ouverture pour donner iffue
à la matière ; mais il ne faut pas qu’elle foit trop
grande, de peur que la chair ne lurmonte 6c ne
forme une cerife;
La foie échauffée eft une inflammation du fabot,
produite par les fers rouges appliqués fur les pieds
des chevaux. Le fe r , fans être rouge, peut néanmoins
tellement échauffer les parties contenantes du
fabot, qu’il produit les mêmes accidens. Les remedes
aux pieds échauffés, font d’humetter la foie de corne
avec des emmiellures ou de la terre glaife très liquide.
La foie peut encore avoir été brûlée par l’application
d’un tifonnier rouge, dont le maréchal fe fera
fervi pour attendrir la foie & pour avoir plus d’ai-
fance à la parer. Dans ce cas on s’apperçoit, en
parant, que les pores de la foie de corne font très-
ouverts en forme de tamis ; la lymphe fort à travers
ces petits trous, & fouvent il arrive une féparation
totale de la foie de corné d’avec la foie charnue’,
dans l’endroit où elle a été brûlée , quelquefois la
gangrené fe manifefte 6c le cheval périt. Le remede
qu’on apporte à ce mal, eft de parer à la rofée 6c
dé cerner la foie autour de la muraille, comme fi.
l’on vouloit deffoler. L’inflammation peut furvenir
à la foie par la compreffion du fer , 6c occafionner
du pus dans cette partie.