
de mouvement progreffif, ainfi que quelques moules
& d’autres coquillages. Il n’y a que la valve fupé-
périeure qui ait quelque liberté, & l'huître ne fait
rien fortir. Les huîtres s’attachent à tout ce qu’elles
trouvent : elles ne demandent qu’un point d’appui ;
les rochers, les pierres, les bois, les productions marines
, tout leur eft propre : fouvent même elles fe
collent les unes les autres au moyen d’une, efpece
de glu qui fort du poiffon, & qui eft extrêmement
forte.
M. Adanfön, Hiß. des coquilks du Sénégal, p. ig €•,
qui a fait des obfervations particulières fur les coquilles,
dit que la plupart des huîtres 9 qui vivent
éloignées les unes des autres,-font dans î’impuiffance
de fe joindre par la copulation , & que cependant
elles engendrent leurs femblables, d’oh l ’on peut
conclure que chaque individu réunit les deux fexes.
II a obfervé fept efpeces d'huîtres au Sénégal, & il
les décrit ; nous n’entrerons pas dans ces détails :
nous renvoyons à l’ouvrage cité.
Les voyageurs ont débité fauffement qu’à la Chine
on ferne dans des efpeces de marais le frai exprimé
des huîtres pilées & hachées : le fait eft impoffible.
Mais il eft vrai, qu’aux environs de Conftantinople,
dans le Bofphore de Thrace , on ferne , pour ainfi
dire, tous les ans des huîtres toutes entierês. Ce font
les Grecs principalement qui y amènent des navires
pleins d'huîtres, qu’ils jettent à la pelle dans la mer,
pour eh avoir des provifions àfouhait.
On trouve des huîtres en abondance aux environs
du Sénégal en Afrique ; les Negres fe fervent de leurs
écailles pour en former de la chaux. Au village de
Johal, royaume de Barbeffen, il fe trouve aufli dans
les marigots quantité d'huîtres de mangliefs, malfaites
, mais bonnes & délicates. A Gambie, & dans les
fleuves qui confinent au Sénégal, il fe trouve des
huîtres en quantité, & qui font plus ou moins efti-
mées, car il y en a de grandes & de mal-faines. Il y
a à la Cônceflion du Sénégal des montagnes de coquilles
d'huîtres , dont on fait de la chaux, ainfi que
dans les environs.
M. Adanfon, dans fon Hißoire des coquillages du
Sénégal, dit qu’il n’y a pas dix ans que l’on trouvoit
encore des huîtres fur les racines des mangliers du
Niger, près de l’île du Sénégal ; & qu’aujourd’hui
on en trouve encore dans le fleuve de Gambie &
dans les rivières de Biffao. On fert ces racines toutes
garnies d'huîtres 9 furies tables du pays. On rencontre
encore, à Saint-Domingue, & fur toute la côte
du Port-au-Prince, des mangliers dont les tronçons
qui baignent dans l’eau font garnis à?huîtres feuilletées,
ordinairement cramoifies , jaunes, rouges;
leur charnière eft dentée, &c. Pour les avoir, on
fait plonger un Negre, & avec une efpece de ferpe,
il coupe les parties du bois qui en font chargées. On
trouve aufli à la côted’Or, quantité d’huîtres, dont
les écailles fervent à faire de la chaux ; les Anglois
qui y font établis, s’en fervent pour leurs édifices :
mais en 1707, les Hollandois, dans la feule vue de
leur ôter ce fecours, bâtirent un fort de fept ou huit
canons, avec une garnifon pour la garde des huîtres.
La mer & la riviere d’iflini produifent une grande
abondance d'huîtres, & d’une monftrueufe groffeur.
On en trouve dans l’île de Tabago & à la côte de
Coromandel de plufieurs efpeces, qui font attachées
au ro c , & qui font très-bonnes à manger. Il y a d’autres
qui portent des perles : elles font fous
l’eau , à la profondeur de quatre ou cinq braffes ;
des Negres plongeurs les attrapent en plongeant : o n .
appelle cette coquille mere de perles, pintade blanche,
nacre de perles.
Les huîtres de mangliers, que les Anglois nomment
mangrove, tiennent à l’extrémité des branches de
l’arbre de ce nom, qui croît au bord de la mer ; &
le grand nombre de coquillages qui tiennent à des
branches, les courbe de plus en plus, de forte que
ces animaux font rafraîchis deux fois le jour par le
flux & le reflux de la mer. Ces huîtres n’ont point de
goût, leurs coquilles font îranfparentes & nacrées :
les Efpagnols s’en fervent en guife de verre. Il y a
plufieurs. fort es à'huîtres dans l’île de Caïenne ; les
unes y font appellées huîtres de Sinamary, riviere
qui fépare Caïenne d’avec Surinam : elles font fort
grandes , on les détache des rochers à coups de ferpe
: on nomme les autres rer, c’eft-à-dire, huîtres de
de palétuviers. On voit aufli, dit-on, deux fortes
d’huîtres à la Guadeloupe : la première eft aflez fem-
blable aux nôtres ; la fécondé eft toute plate &: a
urie petite houppe de poils dans le milieu , comme
un petit barbillon, c’eft peut-être une forte de conque
anatifere. Ces huîtres font tellement âcres, qu’il eft
impoffible d’en manger.
Huîtres fécondes & Jlériles. Vers accoucheurs de ces
coquillages. On diftingue dans les ports de mer deux
fortes d!huîtres : les fécondes, & celles qui ne le font
pas. Une petite frange noire qui les entoure , eft la
marque de leur fécondité & de leur bonté : les friands
ne les manquent point, & les trouvent fucculentes
au goût. Dans la faifon oh Xts huîtres fécondés jettent
leurs oeufs, o u , comme parlent les pêcheurs, leurs
grains, elles font laiteufes, défagréables Ôc malfaines.
En Efpagne , il eft défendu d’en draguer &
d’en étaler aux marchés, à caufè des accidehs qu’elles
pourroient caufer à ceux qui inconfidérément eii
feroient ufage.
M. Deflandes dit que dans la faifon oh les huîtres
jettent leurs oeufs, elles font remplies d’une infinité
de petits vers rougeâtres. Ceux qui remuent de gros
tas d ''huîtres pendant la nuit, apperçoivent quelquefois
ces vers fur leurs écailles : ils paroiffent comme
des particules lumineufes, ou comme de petites étoiles
bleuâtres ; on voit facilement ces petits vers
pendant le jour, par le moyen du microfcope ou
d’une loupe. Ce n’eft qu’un infefte qui naît, vit &c
meurt fur l'huître, dont il fe nourrit. M. Deflandes a
aufli obfervé que tous les grands coquillages bivalves,
fur-tout certaines groffes moules qui, dans
l’Océan s’attachent au fond des vaifleaux, font pendant
là nuit des phofphores naturels. Mais de quel
ufage peuvent être ces petits vers-rougeâtres aux
huîtres fécondes, & feulement dans la faifon oh cette
fécondité fe déclare ? M. Deflandes conjecture qu’ils
leur fervent, pour ainfi dire, d’accoucheurs. M. de
Réaumur & d’autres leur ont donné aufli ce nom ,
en difant qu’ils excitent, d’une maniéré qui nous efi
inconnue , les organes deftinés à la génération. Pour
s’en aflurer, M. Deflandes a répété plufieurs fois
l’expérience qui fuit.
Cet obfervateur a pris des huîtres fécondes, & les
a mifes, vers le mois de mai, dans un réfervoir d’eau
falée : elles ont laiffé, à l’ordinaire, une nombreufe
poftérité. Il en a répété enfuite l’expérience avec
d’autres huîtres fécondes, dont il avoit retiré tous
les petits vers qui y étoient renfermés : ces dernieres
huîtres n’ont rien produit, & la ftérilité a régné dans
le réfervoir, oh elles avoient été placées. Ces vers
accoucheurs, dont M. de Réaumur & d’autres natu-
raliftes ont parlé, font tout-à-fait différens de certains
vers blanchâtres & luifans qu’on trouve aufli
dans les huîtres. Ces derniers vers reffemblent à une
groffe épingle, & ils ont depuis cinq jufqu’à huit
lignes de long : il eft très-difficile de les examiner en
entier ; car au moindre attouchement & à la moindre
fecouffe, ils fe réfolvent en une matière gluante &C
aqueufe , qui s’attache même aux doigts.
Ennemis des huîtres. Les huîtres ont pour ennemis ,
les crabes, les étoiles marines, la grenouille pêeheufe
ou le baudroi, les pétoncles & les moules : l’alguq
N U ï
& îaVafe les font également périr dahs leur naiffan-
ce. Lorfque l'huître entr’ouvre fon écaille, pour re-
nouveller fon eau, le crabe de vafe, toujours porté
à lui dréffer dès piégés, lui jette, dit-on, une petité
pierre , qui empêche que fa coquille ne fe referme,
& ainfi il a la facilité de prendre l 'huître & de la
manger : mais de fait demanderoit, fans contredit,
à être bien vérifié.
Qualités des huîtres, & leurs propriétés en médecine,
lu huître, dit Belon, eft le meilleur des teftacées : les
anciens & les modernes l ’ont regardée comme un
mets exquis : Macrobe dit qu’on en fervôit toujours
fur les tables des pontifes romains : Horace a fait
féloge des huîtres de Circé : les anciens vantoient
aufli celles des Dardanelles, du lac Lucrin , dit détroit
de Cumes, & celles de Venife. Apicius, qui a
écrit fur la cuifine, avoit l’art de conferver les huîtres
, puifqu’il en envoya d’Italie en Perfe à l’empereur
T rajan, & qui à leur arrivée étoient aufli fraîches
que le jour de leur pêche.
On a vu que chaque côte du monde habité fournit
des huîtres, dont les écailles font de différentes couleurs
: ces mêmes huîtres ont des goûts différens. Il y
a des huîtres en Efpagne qui font de couleur touffe
ou rouge ; d’autres en Illyrie de couleur brune , &
dont la chair eft noire : dans la mer Rouge, il y en a
de couleur d’iris ; & en d’autres endroits , la chair
& l’écaille font noires. Il y en a à l’île de Saint-Domingue
qui font d’une belle couleur blanche, d’autres
orangées, de rouges en différentes nuances.
Quant aux qualités des huîtres, on les doit choifir
nouvelles, d’une grandeur médiocre , tendres, humides
, délicates, d’un bon goût, & qui aient été
prifes dans les eaux claires & nettes, fur-tout 'vers
les embouchures des rivières ; car les huîtres aiment
l’eau douce, elles y engraiffent beaucoup, & y deviennent
excellentes. Celles au contraire qui fe
trouvent fort éloignées des rivières, & qui manquent
d’eau douce, font ordinairement fort dures, ameres
& d’une faveur défagréable. En France, on préféré
les huîtres de Bretagne à toutes celles des autres côtés
de France; mais elles font inférieures à celles de
Colchefter. Celles de Xaintonge paffent pour être
plus âcres : celles de Bourdeaux, qui ont la tête noire^
font d’un goût exquis. Le chancelier Bacon dit
que les huîtres de Colcheftet étant mifes dans des
puits , qui ont coutume d’éprouver le flux & reflux
de la mer, fans toutefois que l’eau douce leur manque,
s’engraiffent & croiffent davantage. Toutes les
huîtres qui fe débitent à Paris, excepté les vertes ,
ont été draguées à Cancale en Bretagne.
Quoique les huîtres ne foient'pas généralement
du goût de tout le monde , l’opinion commune eft
qu’elles excitent l’appétit , irritamentum gulce, &
provoquent les urines : elles fe diffolvent à la vérité
dans l’eftomac, fans y produire beaucoup de chyle ;
mais elles font faines aux perfonnes d’un bon tempérament
: cuites en fricaffée ou en friture, ou
marinées, elles font plus difficiles à digérer. Les
feorbutiques s’en trouvent très-bien : on prétend
qu’elles excitent à la luxure.
On fait ufage des écailles de Ykuître, calcinées ou
Won calcinées & ptfrphyrifées, pour, abforber les
acides de l’eftomac. On en fait aufli une excellente
chaux pour cimenter, & dont on fe fert en quelques
lieux pour engraiffer certaines efpeces de terre. On
trouve fouvent dans la terre ces écailles foffiles plus
ou moins altérées, & dans différens états de dureté.
C ’eft avec les écailles d’huître calcinées, & réduites
en chaux, qu’on prépare une eau de chaux efficace
pour guérir la gravellé, & même pour diffoudre le
calcul de la veffie, lorfqu’il n’eft pas d’une nature
îrop dure & tenace ; mais il faut joindre à fon ufage
celui du favon d’Alicante. Pour cet effet on prend
f l U M
matin & foir line dragme de favon , & oh boit par-
deflus un verre de quatre onces d’eau de chaüfc
d’écailles d'huître; on injeae.e'n même tems de cette
eau de chaux dans la v effie, pour accélérer là diffo-
lution du calcul.
Comme il n’y a point de coquillage plds abondant
dans la plupart des merè, il n’en eft point âuffi qui
foit plus commun parmi les coquilles foffiles où
petnfiees, &c aucun fur lequel on ait plus écrita
Voyez Rondelet, Gefner , fonftoh, Charleton ,
Merret, Dale, Aldrovande , Bonanuë , Petitvert,
Lifter. Confultez le chevalier de Linné dans la Faund
Suecica9 & dans fon Syflema naturâ ; enfin lifez le
Dicliohn. des animaux à l’article huître , & celui des
foffiles au même mot. ( B. C. )
§ HUMEUR j ( Econ. anim. ) Les folides ne font
pas uniquement dès vaifleaux, il s’en faut bien. Les
fibres .& les lames du tiffu cellulaire font effe&ive-
mentfolides. C’eft ce tiffu quicompofe la pliis grande
partie du corps humain. La fibre mufculaire a deS
vaifleaux, mais il n’eft pas démontré qu’elle foit un
canal. Il en eft de même de la moelle du cerveau, de
la lame extérieure de la rétine, d’une grande partie
des os & des cartilages.
Tout ce qu’on dit dans le Dicîioti. ràif. dés Sciences
, &c. des humeurs confiftantes, dont les particules
s’éloignent de la figure ronde ; & dans lesquelles
l’on apperçoit des fibres, eft entièrement erroné. Le
fang eft certainement de toutes les humeurs animales ,
celle qui a le plus de confiftance , puifque lilifeul fé
prend & devient une maffe gélatineufe fans fluidités
Et c’eft précifément dans ce fang qu’on trouve des
globules. Les fibres n’y exiftent pas, & ne fauroient
y exifter. Jamais ni le coeur, ni les contraâions des
vaifleaux ne pourroient donner un mouvement régulier
à des: fibres longues qui, au moindre obftacle,-
le replieroiént fur elles-mêmes.
La divifion des humeurs eft également vicieufe ;
elle eft prife, non de leurs qualités fujettes aux fens >
mais d’une hypothefe fouvent très-difputée & très-
douteufe; c’eft une hypothefe qui affigne la place
d’alimentaire à une humeur, & qui relegue l’autre
fous le titre d’excrément. Cette hypothefe eft fujette
à des variations continuelles. La bile a paffé pour un
excrément dans toutes les écoles, elle eft remontée
au rang d’une kurpeur utile : la mucofité a eu le même
fort.
Les qualités naturelles des humeurs doivent en
déterminer les claffes. Il y en a de purement aqueu-
fes, qu’aucun acide ne coagule , qui ne fe prennent
pas par la chaleur, qui ne s’enflamment pas , & qui
preffées par la chaleur s’évaporent & ne laiffent après
-elles qu’un fédiment terreux mêlé de fel. Telles font
les larmes, l'humeur aqueufe de l’oe il, l’urine, &
fuivant toutes les apparences celle de la tranfpi-*
ration.
D’autres humeurs font aflez analogues à la première,
& dans leurs premiers commencemens elles n’en
different point : maïs elles ont de plus que ces premières
humeurs une difpofition à devenir vifqùeufes
quand elles font retenues dans les cavités plus grandes
ou plus petites du corps humain. Elles y deviennent
comme une. colle confiftante ; mais l’âcidë
n’ajoute point à cette confiftance, I’efprit de vin ne
l’augmente pas, & le feu les deffeché fans en fairé
une véritable gelée. Ces humeurs fe trouvent dans
toute la voie alimentaire, dans celle de la refpiration
& dans celle de l’urine. On l’appelle morveo\i mucus,
& elle a différens dégrés de confiftance, félon la di-
verfité des organes. Cette claffe eft très-commune
dans les plantes, les gommes en font part.
La troifieme claffe eft celle des humeurs lymphatiques,
que l’on nomme communément albumineufes
à caufe de la reffemblance parfaite qu’elles ont avec