Servins s’eft trompé, ou a été mal entendu ; car
Pline, liv. II. chap. î z , dit : Tufcorum lit ter ce novem
deos emittcre fulmina exifiimant , eaque efj'e undecim
generum: Jovem enim trina jaculari........H y plus :
chaque dieu , chaque dé elle avoit fa foudre , mais
différente de celle de Jupiter, en couleur, en poids,
&c. Voye^ Pontanus & les auteurs qu’il cite fur le
vers 46 du premier liv. de l’Enéïde. Le P. de la Rue
a dit avec raifon fur le même vers : Juno , P allas &
I^ulcanus fulmina mittere dicebantur, fed non tam valida
quant Jupiter. Si Pallas , dans Virgile, non contente
de fa foudre, emprunte celle de Jupiter pour
faire un plus grand fracas, Junon ne pouvoit-elle pas
l’emprunteraufli ?,N’a voit-elle pas autant de pouvoir
iu r l’efprit de fon frere 6c de fon mari que Pallas ?
La principale divinité de Sèleucie, félon Paufanias ,
■ itoit la foudre, i 11 falloit dire de Sèleucie de Syrie,
car il y a eu beaucoup de villes du nom de Sèleucie.
2°. Il falloit marquer où Paufanias a dit cela, car je
ne Tai point trouvé dans l’endroit où il parle de
Sèleucie. Lettres fur l'Encyclopédie.
* § Foudre, ( Littérature. ) Avant la purification
, les arbres frappés par la foudre paffoient pour
être funefi.es , & perfohne nofoit en approcher. AuJJi
dans le Trinummus de Plaute , acte I I I y feene I I ,
un efclave voulant détourner un vieillard d aller a
une maifon de campagne , il lui dit, garde^-vous-en
bien , car les arbres ont été frappés de la foudre ,
les pourceaux y meurent, les brebis y deviennent ga-
leufes & perdent leur toifon. Ce n’eft point l’aûe
I I I , feene II du Trinummus qu’il falloit citer, mais
l’aâ e II & la quatrième feene. Ce n’eft point un
efclave qui veut détourner un vieillard (Palier à une
maifon de campagne. C’eft un valet qui veut confer-
ver à fon maître, jeune débauché , le feul champ qui
lui reftoit, 6c qu’il étoit obligé de donner pour la
dot de fa foeur. Le valet fait une fauffe confidence au
pere de l’amant pour le détourner d’accepter ce
champ pour fon fils. Pour lui prouver que ce champ
eft maudit, il lui fait des contes qui n’ont aucun rapport
au fujet auquel on les adapte. Pline rapporte
qùil ri étoit pas permis de briller les corps de ceux que la
foudre avoit tués. I l faut pour le dire en paffant que ce
point de religion rien fût pas un cheç les Grecs, puifque
Capanée après avoir été frappé du feu de Jupiter, reçut
les honneurs du bûcher, & qu Evadné fa femme s'élança
dans les 'flammes pour confondre fes cendres avec celles
de fon cher époux. Il faut confulter fur cette queftion
la note du P. Brumoy dans fon théâtre des Grecs fur
Ta&e V des Suppliantes d’Euripide. On regardoit généralement
tous ceux qui avoient eu le malheur de périr
par la foudre. , comme des fcèlérats & des impies qui
■ avoient reçu leur châtiment du ciel , & cefi par cette
raifon que Û empereur Carus, qui fut plein de courage &
de vertus , efi mis au rang des mauvais princes par quelques
auteurs. Ce qu’il y a de v r a i, c’eft que Carus fut
mis au rang des dieux après fa mort. Voyez Tille-
mont , Spanheim , Scoepflin , &c. On ne regardoit
donc pas Carus comme un fcélérat 6c un impie.
Lettres, fur l'Encyclopédie.
Foudre , f. m. 6c f. ( terme de Blafon. ) meuble
de l’écu fait en faifeeau de flammes montantes &
defeendantes, mouvantes d’un vol abaiflë en fafee,
avec quatre dards en fautoir , dont les manches
ou fûts à finuofités angulaires, imitent les bandes
vivrées.
L foudre défigne la valeur 6c la vîtefle; il eft
l’attribut de Jupiter.
Helliez de Crecheluis, en Bretagne ; (Partir au
foudre d'argent. ( G. D . L .T . )
* § FOUET, ........Dans cet article lifez de la
Faille pour de la Taille. Lettres fur l'Encyclopédie.
FOUGERES , f. pl. f. ( Botan. gener. ) Filices.
Al. Linné a donné à ce mot le fens le plus étendu, 6c
l’emploie fuivi en cela par M. Adanfon, pour défi-
gner la famille ou claffe naturelle , qui comprend
toutes les plantes que d’autres ont nommées plantes
capillaires , dorfiferes, epiphyllofpernue.
Les plantes de cet ordre ont communément des
racines fibreùfes ; leurs feuilles naiffent de la racine
ou font continues avec ce qu’on regarderoit comme
les tiges , 6c elles font rouléqs en fpirale en deffous ,■
lorfqu’elles commencent à s’élever : leur contexture
paroît plusfimple que celle des autres plantes ,
6c leur confiftance eft plus feche 6c plus ferme : delà
vient qu’on trouve plus fréquemment fur les ardoi-
fes l’empreinte des plantes de cette famille ' que
d’autres.
On a regardé long-tems les fougères comme des
plantes qui ne portent ni fleurs ni graines. Morifon
eft un des premiers qui ait conftaté l’exiftence de
celles-ci. Mais malgré l ’exaélitude des obfervations
faites dès-lors , l’appareil de leur fruélification eft
encore affez imparfaitement connu. On ne voit dans
la plupart qu’un amas de petites capfules portées par
des filets déliés , 6c raflèmblées en grand nombre
dans des excavations qui fe trouvent lous le revers
des feuilles, ou attachées à un pédicule commun
qui fait corps avec la principale nervure. Ces
capfules font ordinairement lphériques, 6c entourées
dans quelques efpeces d’un cordon éla-
ftique en chapelet , qui fe contrariant dans la
maturité J.es fait ouvrir en deux calottes , ce qui
donne iffue à une multitude de graines dont elles
font remplies , 6c fi menues qu’elles ne paroiflent
prefque qu’une poufliere : on en a compté environ
cent dans une feule capfule pas plus grofle qu’un
grain de fable, de forte que fous le revers d’une
feule foliole il y enaplulieurs milliers. C ’eft un affez
joli fpeélacle que de voir au microfcope l’émiflion
de ces femences, par le mouvement élaftique de la
capfule. Au re lie , leur extrême petitelfe pourroit
faire foupçonner qu’elles font analogues à la pouf-
fiere des étamines dans les autres plantes , li les
expériences de Morifon , de Tournefort 6c de M.
Stæhelin , ne prouvoient qu’elles font de vraies femences
, puifque les pouflieres des follettes de la
langue decerffemées fur le plâtre humide d’une muraille
, ont produit de nouvelles plantes de la même
efpece. Conf. Swammerdam, Bibl. nat. Grew. anat•
des pl. Tranfacl. phi'l. n. qGt.
Plumiër dit avoir vu fur la fougere en arbre des
petites fleurs en cloche ; mais il fe peut qu’il ait pris
pour des fleurs des capfules vuides. En général, li
l’on excepte trois ou quatre genres, qui -peut-être
pourroient être féparés de cette famille, on ne con-
noît point dé parties qui puilfent être fûrement regardées
comme des anthères : il eft très-douteux qu’on
doive regarder comme telles les petits tubercules que
M. Schmiedel a vus difpofés en rayons fur la membrane
qui recouvre les follettes du polypode. On peut
confulter fur ceci l’ouvrage de M. Maratti, Deflori-
bus filicum , in-1 z. Rom. 1760.
On trouve des plantes de cette famille dans toutes
les régions de la terre : mais celles que nous avons
en Europe ne font que de petites plantes; au lieu
que dans l’Amérique méridionale, on en voit qui
font de vrais arbres. Il y en a une au Canada du
genre du polypode, qui porte fous les lobes de fes
feuilles, vers leur bafe , des bulbes qui donnent
naiflance à de nouvelles plantes.
Elles ont en général un goût défagréable. On prétend
qu’elles font apéritives & incifives. M. Linné les
regarde toutes comme fufpeéles.
Pour diftribuer en genres les plantes de cet ordre
les premiers méthodiftes, 6c entr’autres, Tournefort,
fe font attachés à la - figure des feuilles, caraélere.
trop vaglie 6c qui rendoit fou vent douteufe la réduction
desëfpeees. La difpofition des femences fournit
un principe de diftributiûn plus exaét : Ray,l’a reconnu
le premier, 6c a été fuivi par les botaniftes
modernes. Des diverfes méthodes établies :fur ce
principe, nouS'rt’indiquerons que celle de M. Linné.
L’ordre des fougères comprend dans fon fyftême
les genres fuivans.
1. Equifetum , la prefie. Les fruélifîcations font
affemblées en forme de raaffe ou d’épi.en ovale
.alongée, à l’axe duquel elles font attachées’ par le
cô té , 6c s’ouvrent en-deffous à plufieurs .valves..
2. Onpçlsa. Les fruélifîcations font rangées fur les
deux côtés oppofés d’un axe 6c s’ouvrent à cinq
battans.
3. Ophiogloffum, la langue de ferpent, a fes fruélifî-
fications difpofées fur les deux côtés oppofés d’un
pédicule commun , & féparées en plufieurs loges ,
par descloifons tranfverfales.
4. » Ofmunda, l'ofmonde : fes fruélifîcations font en
capfules globuleufes, alfemblées en grappe fur un
pédicule.
5. Acrofiichon: fes fruélifîcations couvrent toute
la iurface.inférieure de la feuille.
6. Ptcris : les fruélifîcations font rangées parallèlement
au bord de la feuille qui fe roule en-deffous ,*
& les couvre. C ’eft à ce genre que tient la fougere
commune.
7. Blechnum : les folfettes qui renferment les femences
, forment des lignes parallèles , 6c prefque
contiguës à la côte.
c> 8. Hemionitis : les folfettes placées fur le difque
•inférieur de la feuille, forment des lignes qui fe
croifent.
9. Lonchitis .- les fruélifîcations font dans des lignes
qui bordent la feuille dans le fond de fes dentelures.
10. AJplenium : les folfettes font des lignes oblon-
gues, prefque parallèles entr’elles, & différemment
inclinées à la côte.
11. Polypodium : les folfettes font féparées & de
figure arrondie.
1 1. Adiantum : les folfettes font à l’extrémité des
fetdlles, & recouvertes par une membrane qui fe
rànat du bord, 6c paroiflent comme des taches.,
13. Trichomanes: les fruélifîcations font folitaires,
implantées au bord des feuilles, 6c terminées par
un filet délié.
14. Marfilea : ce genre porte des anther.es fur les
fëuilles, 6c les graines près de la racine, &,difpofées
en quatre capfules.
15. Pilularia : elle a des anthères aux côtés des
feuilles, & des capfules féminalesfphériques à quatre
loges, attachées vers la racine.
16. Ifoetes : les capfules font aufli fphériques, radicales
6c bivalves : il y a ,une anthere au-dedans de
la bafe des feuilles. Conf. Linn. gen.pl. cryptog. (.D .)
Fougere male , ( Bot. ) L’efpece à laquelle les
anciens ont donné improprement ce nom , eft une
efpece de polypode, que M. Linné nomme polypo-
dium frondibus bipinnatis , pinnis obtufis crenulatis ,
flipite paleaceo. Les feuilles font compofées d’ailerons
portés fur un pédicule non branchu , &c fubdi- ,
vifés en petits lobes ou pinnules crenelées :1e bas du
pédicule eft couvert de courtes lanières membra-
neufes, feches ; & les folfettes des fruélifîcations dif- I
pofées fur deux rangs, ont la forme de lunules ou ‘
de fers à cheval. (D . )
Fougere , Arbre, (Botané) Cette belle & grande
fougere que Plumier a mife à la tête de fon ouvrage ,
eft^ une^ efpece de polypode à feuilles décompofées
^P,1^r° ît dans l’Amérique méridionale : elle s’élève
a la hauteur des arbres fruitiers d’Europe, & fes tiges
fervent à faire des pieux. Foyer Plumier , Filic.
Lomé J. (Z/..) ,
Tome III.
FOUINE, f. f. ( terme de Blafon. ) forte de.martre ,
animal fauvage , approchant de la taille 6c de la
figure du rénard , ayant de même une quéueilbngue
6c bien garnie. Elle paroît dans l’écu, paffante , rampante,,
ou fur quelques piecés.
Fay de Coëfle de la Tourmaubourg, en Vivarois
6c en Velay ; de gueules a la bande d'or , chargée d'une
fouine d'azur. ( G .D .L .T . ) ,
* § FOULON ou Foulonnier , ouvrier que l'on
emploie. dans les manufaclu res pour fouler les drap s......
Telle fut la loi Metalla < de fullonibus. Lifez la loi
Metilla. Voyez aufji Pline,^liv. VII. cap. 56.... C’eft
au chap. ty de fon trentt-cinquume livre, que Pline
parle de la. loi metilla de fullonibus. Foye£ lePline de
Hardouin. Lettres fur lÉncyàlopédie. •
* § Foulon {Terre à ) . . - . . Dans cet’ article ait
lie u At-plat, lifez plot. Lettres fur l'Encyclopédie, jj
FOUR b annal, ((Econi dom.') ëüUfôur public
d’une communauté où d’une* feigneurie:, & où les
habitans font obligés d’âllër faire cuire leur pain. La
bannalité des fours eft un refte de 1-anci‘en droit féodal
, qui fubfifte en'côre. L’on apporte des rations
fort fpécieufes pour colorer la bannalité des fours.
Premièrement, une famille peu nombreufe ne
confomme que quelques livres de pain par jour; elle ne
peut donc cuire que très-peu de pain à la fois. Il lui
en coûteroit à proportion beaucoup plus pour le
bois.
Un four de neuf pieds contiendra un fetier en pain
de ménage, produisant à-peu-près deux cens foixante
livres de pain ; quelle eft la famille qui confomme
cette quantité ? Si vous la divifez en fi petites fournées
, il faudra beaucoup plus de frais pour ces fix
petites que pour une grande. Secondement, à consommation
, 6c par conféquent à fournée égale, il
faut bien moins de bois pour entretenir un four qui
eft continuellement en exercice, que pour en échâùf-
fe r un qui ne travaille qu’une ou deux fois par fe-
maine. Il y a donc deux épargnes confidérables aux
grands fours publics qui font plufieurs fournées cle
fuite. D’ailleurs un feul homme qui conduit fans celle
un ou plufieurs fours dans le même fournil, acquiert
une grande dextérité.
Mais en voici lés inconvéniens. Le fermier d’un
fourbann.il n’ayant point de concurrent, 6c fe fen-
tant armé du droit de contraindre , travaille à fa
guife , 6c peut caufer au pauvre peuple des préjudices
, par mauvaife foi , par caprice , par mal-
adreffe , par négligepce , par mal-propreté.
Ce fermier ne petit être retenu que par la juftice
réglée , quand il a fait une fois un bail : o r , quelles
formes, quels détails, quels frais, po,ur l’avoir cette
juftice? Le pauvre peuple des campagnes fait-il
comment il faut s’y prendre pour l’obtenir ? Le peut-
il? le voudra-t-il, inftruit peut-être par l’expéïience
des dangers 6c des dépenfes auxquels expofent les
pourfuites? non. Il fouffre ; 6c c’eft évidemment le
parti le plus fage pour lui.
Ces fours publics dont la police feroit, à la contrainte
près , tout-à-fait femblable à celle des fours
bannaux , épargneroient des frais à l’avantage du
peuple. Au moyen de la liberté, d’où.naîtroir la con- '
currence, le pain ne feroit jamais cher, que relativement
au prix du bled.
Dans les grandes villes, un feul homme pourroît
conduire au moins deux fours qui fe toucheroient, &
qu’on tiendroit fans ceffe en exercice. Le defliis de ces
fours feroit une grande & belle étuve pour les bleds*,
6c même pour les farines ; car on peut aufli étuver
la farine avec grande utilité en plufieurs cas. Ces
réflexions déterminent à croire, i°. que tous les fei^-
gneurs cjui ont des fours bannaux , 6c qui fe piquent
de patriotifme & de générofité, pourroient -foire