M. Heifter n’a - t i l pas vu les autres.parrîes des pou-
mons de cet homme fumager lorfqu’il n’y »voit pas
de fquirrhe ? S’il ne l’a pas fa it , iVauroit du le faire.
Je ne dirai p a s , comme Hebenftreit ( A ntrop. for.
p. 4 0 S ), que le foetus ne porte jamais de fquirrhe
oii de tubercule dans les poumon s , parce que je
crois que toutes les maladies qui nous attaquent
hors du fein de nos m e re s , peuvent encore nous
attaquer dans ce retranchement. Je lais que nos pa-
rens peuvent , en nous donnant l’être , nous faire
participer à toutes leurs infirmités, mais on peut
répondre à M. Heifter que fi l’on prend la précaution
de couper le poumon en plufieurs p a r t e s , U
pourra s’ en trouver quelqu’une qui fumage , ûc que
cette feule partie fuffit pour établir le1 paflage de l air
dans l’intérieur des poumons. Le même M. Heilter
ajoute qu’il a vu les poumons d’un nouVeau-ne qui
avoit crié 8c vécu pendant vingt heures, fe précipiter
au fond de l ’eau. On eft en droit de Ce plaindre de
ce que M. Heifter ne parle point de fragmens des
poumons , mais des poumons entiers. On fait qu il
y a une différence bien grande entre l ’immerfion des
poumons en leur entier 8c l’immerfion d une partie
qu’on en coupe. La quantité d’ eau qu’on emploie
peut encore c au fe r , à cet égard , quelques différences.
N e fait-on pas que tous les enfans qui naiffent ne
jouiffent pas dans ces premiers inftans d’une vigueur
égale ? On en voit qui ne refpirent que tres-toi-
blement ou à d em i, il eft poflible qu une fi petite
force infpirante ne fuffiie pas pour diftendre tous les
lobes des poumons, mais feulement quelques parties
; Bohn en rapporte des exemples. On conçoit
àufli qu’un enfant q u i , dans l’inftant qu il vient de
naître , eft précipite contre le p a v é , dans une cloaque
&c. n’a pas le tems de faire des înlpirations
profondes 8c fucceffives. D e - là s’ enfuit la néceflite
de couper les poumons 8c d’en plonger differentes
parties.
Les plus fameux auteurs de jurifpnulence médicinale
ont affuré que la putréfaûion pouvoit , en
dégageant l’air des parties intérieures ^diftendre les
cellules, pulmonaires au point d’empêcher la précipitation
des poumons dans l’eau ; d’où îlsont conclu
oue cette expérience pouvoit encore Induire en
erreur Heifter, Alb erti, B oh n, ont appuyé cette
o b le a ion de tout ce que la phyliologie & l’obler-
vation ont de plus impofant. Je ne connois que He-
benftreit 8c Teychme yer qui , en redinfant cette
difficulté à fes vrais principes , Sue« démontré Ion
infuffifance dans les cas dont il eft.queftion.
L ’expérience eft entièrement contraire à ce que
la réflexion paroît rendre concluant Les poumons
des foetus entièrement pourris dans le lein de leur
mere fe précipitent toujours au fond de 1 eau , 8C
nulle obfervation bien conftatee 8c bien faite n a
îufqù’à préfent prouvé le contraire. Je peux citer
quelques expériences faites par MM. Faiflole oc
Champeaux fur dîfférens animaux noyés : on y voit
la putréfaaion la plus développée dans tout le corps
laiffer encore les poumons dans leur état naturel -,
enfin j’ai toujours vu dans les cadavres , dont je me
fuis fervi dans mes recherches anatomiques, les poumons
fe conferver dans un état très-naturel 8c tres-
entiër-, lorfque la plupart des autres parues extérieures
étoient dénaturées. Quelques circonftançes,
dont .il eft inutile de parler , ont pu en impoler à
ceux q u i, ayant eu l’occafion d’examiner quelques
poumons dans des foetus putrifiés , n’ont pas pouffe
l’examen au point de couper ces poumons 8c de les
plonger dans de l’eau commune.
Si la putréfaûion du corps eft déjà affez avancée
pour que les poumons en foient atteints, il vaut
mieux alors ne rien conclure , 6c laiffer aux magi*
ftrats le foin de trouver d’autres indices.
On oppofe encore à l’expérience citée les cas oîi
le foetus enclavé entre le coccix 8c les eaux du baf-
fin peut refpirer après l’écoulement des e a u x , 6c
mourir néanmoins par les obftacles qu’il rencontre
à fon paflage. On peut répondre que ces cas étant
du nombre desaccouchemens laborieux ou difficiles,
ils exigent, pour l’ordinaire, la main des accoucheurs
ou des fages-femmes ; au lieu que la plupart des
infanticides ne concernent que des accouchemens
clandeftins 6c faciles. Un accoucheur vo le bientôt
dans ces cas au fecours d’une mere accufée, 6c donne
la lolution des difficultés. Il faut d’ailleurs obferver
que cette fuppofition de la refpiration du foetus avant
fa fortie eft affez hazardée ; il n’y a qu’un cas affez
clair dans lequel le foetus puiffe refpirer librement
avant ce tems ; c’eft lorfque la bouche fe prefente 9
après la rupture des membranes, à l’orifice de l’ute-
rus : or on fait qué cette maniéré de fe préfenter
eft l’une de celles qui rendent l ’accouchement laborieux
, 6c qui exigent des perfonnes inftruites pour
le terminer. Dans toute autre fituation, tant que le
foetus eft dans la matrice 6c lors même^ que la tete
fe préfente à l’orifice par fon fom m e t, il me paroît
i impoflible que le foetus refpire. La bouche porte fur
i les parois ou les bords de l’orifice , l’air ne peut
point s’infinuer, 6c la contraûilite de l’uterus, jointe
à la prefllon que fait l ’en fan t, ne laiffe aucun inter-
ftice pour laiffer gliffer l’a i r , à moins qu une main
étrangère ne vienne augmenter la dilatation de
l’orifice.
Si l’enfant a déjà paffé la tête hors du vagin , il
paroît très-difficile que le refte ne vienne pa s, 6c qu’il
meure dans cette position par le feul travail de 1 accouchement.
T outes les autres parties font moins
volumineufes ; d’ailleurs fut-il retenu dans cette
fttua tion, la refpiration ne fe fait pas par lab ouche
feulement, il faut une dilatation de la poitrine , les
côtes doivent s’écarter les unes des autres , 6c 1 ef-
pace intercoftal s’aggrandir. Si l’on fuppofe la poitrine
comprimée par l’orifice de l’uterus ou du vagin,
cette dilatation néceffaire à la refpiration me paroît
impoffible.
J’avoue cependant qu’il n’ eft pas im poffible, comme
le veut Hebenftreit, que l’enfant meure dans cette
fituation. Il peut avo ir reçu quelque atteinte confi-
dérable dans la m atrice, il peut être déjà loible dans
l’inftant oh il eft à demi for'ti, le cordon peut s’çtre
coupé dans le travail de l’accouchement, 6c l’hémorrhagie
être conlidérable ; dans ces circonstances,
je conçois qu’après avoir refpiré quelques inftans,
f i la poitrine eft dégagée , il eft poflible qu’il meure
avant de fortir en en tie r , 6c dès-lors l’expenence
des poumons, en démontrant qu’il a r é f é r é , ne prouvera
rien contre la m e r e , ou même n’établira point
la v ie de l’enfant après fa naiffance. Que réfoudre
dans cette extrémité ? Rien d’affirmatif, fans doute.
Il faüt une extrême circonfpeûion dansje jugement
que l’on porte fur ces matières, 6c s’arrêter par-tout
où les faits nous abandonnent.
Je range cette derniere objection à côté de celle
qui fuppofe qu’une mere alarmée, ou un aliiitant
touché de pitié , fouffle dans la bouche d un enfant
qui vient de naître 6c qui ne donne point de^figne
de v ie . Quoiqu’il ne foit pas démontré que le fouffle
introduit par la bouche , pénétré aifément dans la
trachée-artere d’un enfant mort à caufe des v iico fi-
tés qui fe trouvent aux environs de la glotte , je lais
pourtant qu’en forçant un peu ce fouffle , ou en fe
fervant de tuyaux recourbes, 1 air peut y parvenir ,
6c d’ailleurs ces vifcofités qui s’oppofent à fon pai-
fage ne font pas toujours accumulées en égaie
qu an tité , 8c la glotte n’a pas toujours le même
dianietre. . 1 •
Cette incertitude me fait admirer l’extrême confiance
de tant de faifeurs de rapports q u i , fur de
fimplçs apparences, ne balancent pas d’affeoir le
jugement le plus déçifif. Les fiecles paffes nous en
préfentent mille exem ples , 6c je frémis en difant
que celui-ci m’en a fait vo ir un très-grand nombre.
La différence de couleur des poumons n’eft pas
un figne fur lequel on puiffe com pte r , quoiqu’en
général les poumons des foetus qui n’ont pas reipiré
foient très-colorés , tandis qu’ils font pâles après la
refpiration. Il eft plufieurs caufes accidentelles qui
peuvent produire des variétés ; le travail de l’accouchement
, les preffions que l’enfant éprouve , peuvent
déterminer une plus grande quantité de fang
dans la fubftance des poumons, 6c leur imprimer
une couleur bien plus foncée lors-même que l ’air les
a pénétrés.
La fituation des poumons dans la poitrine de l ’enfant
paroît fournir une preuve affez concluante pour
décider s’il a refpiré ou non. La connoiffance de leur
pofition dans les foetus qui n’ont pas r e fp ire , eft
alors néceffaire pour juger des changemens qu’ils
ont éprouvés. On peut voir ce que j’ai dit ci-deffus
de cette pofition. D u refte, quoiqu’on puiffe parvenir
à prouver que le foetus n’a pas re fp ir é , on n’eft
pas en droit d’en conclure qu’il eft né mort ; ces deux
conféquences ne découlent pas l’une de l’autre.
La fortie du méconium dans les enfans nouveaux-
nés n’eft pas une preuve de leur v ie après la naif-
fance ; il eft vrai que .c’eft une force vitale qui fait
defcendre les matières jufqu’à l ’anus, mais la feule
preffion du ventre peut opérer cette fortie dans les
cad a v re s , 6c d’ailleurs un commencement de putre-
faûion peut imiter quelquefois à cet égard l’aûion
vitale des inteftins. Si l’on remue un animal quelconque
qui commence à fe pourrir, on fent très-fouvent
l’air s’échapper par les orifices 6c porter au loin fon
infeûion ; cet air ne s’échappe pas feul ; il entraîne
affez fouvent des matières dans fon paflage , 8c fort
quelquefois av e c explofion. C e tte obfervation eft
très-commune.
L e changement de pofition dans les vifceres du
bas-ventre eft l’un des lignes les plus clairs pour décider
fi l’enfant a vécu hors du fein de fa m e re , 6cs’il
a refpiré. La dépreflion du fo ie , de l’eftomac, la faillie
ouïebourfoufflement des in teftins ,l’abaiffement des
côtes , l’applatiffement du diaphragme fuivent de
néceffité la dilatation des poumons lorfque l’air les
pénétré.
Lorfqu’il eft démontré que l’enfant eft né v iv a n t ,
6c qu’il a vécu après l’accouchement, il faut encore
décider quelles font les caufes de fa m o r t, fi elles
dépendent d’un cas fo r tuit, ou bien de la malice ou
de la négligence de la mere. (L ’oblitération précoce
du trou de botal par l’application de fa v alvule eft
une caufe de mort affez finguliere ; cette obfervation
qui m’a été communiquée par M. Laborie me paroît
même fournir l’explication de plufieurs morts fans
caufe évidente , 6c je croirois cette oblitération bien
plus commune que plufieurs autres caufes auxquelles
on a recours).
C e s caufes font exaûement les mêmes que celles
qui portent atteinte à la vie des adultes ; il n’y en a
qu’une feule qui eft particulière au foetus ou à l’enfant
qui vient de naître ; c’eft l’hémorrhagie par le
cordon ombilical, lorfqu’il n’eft pas lié. On fait que
les deux arteres qui fuivent le trajet de ce cordon ,
portent le fang du foetus au placenta , tandis que la
v ein e le porte du placenta au foetus ; f i , après la
naiffance lorfque le placenta eft détache de l’utérus,
on n’intercepte pas le cours du fang à travers le cordon
, ces deux arteres verfent le fang du foe tu s , tandis
que la v eine ombilicale n’en rapporte p lu s , 8c
l’enfant rifque de périr d’hémorrhagie. Il eft pourtant
bon d’obferver que cette hémorrhagie n’eft pas
toujours mortelle , lur-tout lorfque le cordon reftë
attaché à l’ombilic, ou qu’il y en a une grande p a r i
tie. Les circonvolutions de ces deux arteres dans le
cordon ombilical ne permettent pas un lib ïe Cours
au fang dans leur c a v ité ; d’ailleurs la contraûilité
de leurs parois , l’aû io n du froid ou de l’air celle
des mufcles droits 6c la diftance du coeur font affez
fouvent que ce fang fe coagule dans le trajet du cordon
, 6c qu’il fe ferme lui-même le pâffage. Schiiltze
6c Roederer ( Schultz. différé, an umbilici deligatio in
nuper natis abfolutï necéfj'aria ) ont prouvé par plufieurs
obfervations que la ligature de, ce cordon
n’étoit pas d’une utilité abfolue ; l’exemple des ani^
maux eft un argument concluant en leur faveur ;
mais fans adopter là-deffus l’opinion de la plupart
des phyfiolo gifte s , qui penfent que l’omiffion en eft
toujours mortelle pour l’enfant, il paroît prudent
8c même néceffaire de la faire dans tous les c a s ,
principalement dans ceux o ù le cordon eft coupé
dans fon tra je t, 6c fur-tout près du nombril. Il eft
évident que lorfqu’il n’y a qu’une petite portion dû
cordon attachée à l’ombilic , alors l’hémorrhagie fe
fait av e c beaucoup plus de facilité. Si le cordon eft
coupé n e t , elle fera plus facile que dans le cas où il
feroit d éch iré , parce qu’il y a une retraûion des
extrémités des arteres déchirées qui s ’oppofe ail
cours du fang. L ’exemple des animaux n’eft pas
exaûement analogue ; leur cordon ombilical commence
à fe deffécher avant leur fortie de la matrice,
6c les meres ne le coupent avec leurs dents qu’après
l’avoir mâché , ce qui oblitéré la cavité des arteres
6c empêche l’hémorrhagie.
L a veine ombilicale n’eft pas dans le cas des arteres
à caufe de la valvu le qui la bouche à fon infer-
tion dans le finus de la veine-porte près du canal
v e in eu x , 8c le fang, s’il pouvoit revenir fur fes pas,
ne feroit pas pouffé dans fa cavité av e c la même
force que dans les arteres, à caufe de la diftance du
premier moteur.
L ’hémorrhagie, par le cordon ombilical, peut être
la caufe de la mort de l’enfant lorfqu’onen néglige
la ligature , quoiqu’il exifte plufieurs cas où ce défaut
de ligature n’a produit aucun inconvénient. Cette
diverfité d ’effets doit d o n c , comme dit Alb erti, faire
limiter cette c au fe , 6c l’on ne peut la regarder comme
caufe évidente de la mort qu’après s’être convaincu
qu’ il s’eft fait par le cordon un hémorrhagie
mortelle. Le fang qu’on trouve répandu autour de
l’enfant peut p rovenir de lo ch ies , 6c appartenir à la
mere : mais f i , en examinant l’intérieur, on trouve
les vaiffeaux veineux vuides de fang, principalement
les veines du bas-ventre , de la poitrine , les finus de
la dure-mere , les oreillettes , on eft alors autorifé
à admettre l’hémorrhagie par le cordon comme
caufe de la mort. ( Sa réparation du placenta av e c la
matrice eft toujours fu iv ie d’une hémorrhagie plus
ou moins conlidérable , qu’il faut bien diftinguer de
celle qui peut fe faire par le cordon ombilical. Le
fang qui s’échappe des lacunes de l’utérus eft veineux
, n o ir , grumelé le plus fouvent ; celui du cor-*
don ombilical eft au contraire un fang artériel, d’un
rouge trè s -v if,’ 8c facilement concreffible).
Cette hémorrhagie par le cordon ombilical peut
fe faire encore dans l’utérus lorfqu’il fe coupe avant
que l’enfant foit forti ; ce qui peut arriver dans le cas
où l’enfant, en entortillant le cordon autour du col
ou des membres, tend ce cordon avec force par fes
mouvemens dans la matrice. Les accoucheurs conviennent
de la fragilité de ce cordon vers la fin de
la groffeffe, & quoi qu’ en difent plufieurs auteurs
qui prétendent dans d’autres vues qu’il eft très-'