» les armes, mais je les accepte comme un préfage
» de nies fuccès ». On prétend que cinquante mille ,
ennemis demeurèrent fur le champ de bataille. Il
fufpendit le cours de fes triomphes pour aller lui-
même prêcher l’évangile dans la Samogitie. Il étoit
lingulier de voir un roi, la couronne fur la tête, entouré
de tout le fafle du rang fuprême , & les mains
toutes fumantes encore du fang Teutonique ,annon*
cer un Dieu de paix, mort volontairement au milieu
de l’opprobre & des fupplices. Il avoit promis à fon
facre de confirmer les anciens privilèges de la nation
: il le refufa. La nobleffe indignée, déchira fous
fes yeux l’aéle de fon éleûion ; mais la fermeté de
Jagellon réprima cette révolte naiffante. Il mourut
l’an 1434. C’étoit un prince affable, généreux, grand,
intrépide, mais fingulier en amour, il eut quatre
femmes,qu’il pleura amèrement: également prompt
à foupçonner & à perdre fes foupçons, il rompoit
& renouoit avec elles à chaque inftant. Sophie , fa
derniere époufe , accufée d’adujtere , en fut quitte
pour fe purger par ferment. ( M. d e Sacy. )
JAHEL, qui monte, ( Hifioire facrée. ) femme
d’Hébert le Cinéen. Sizara, général de l’armée
de Chanaan, s’étant retiré dans la tente de cette
femme, elle lui enfonça à coups de marteau , un
gros clou dans la tête, l’an du monde 2719 Jug.
iv. 12. Les interprètes trouvent difficile d’exeufer
de perfidie l’aélion de Jahd. Si les louanges que lui
donne Débora , infpirée de Dieu, ne nous répon-
doient qu’elle y fut pouflèe par un mouvement extraordinaire
de l’efprit de Dieu, la maniéré dont
elle parle à ce général, en fuppoifant qu’elle ait dès
lors envie de le tuer, ne ieroit pas fufceptible de justification
, & il faudroit la regarder comme un men-
fonge , dont elle feroit feule coupable ; mais fl fe
peut faire que Dieu ne lui infpira la penfée de tuer
Sizara, que lorfque ce général fut endormi.
JALOUSIE, 1. f. en latinJymphonia, (Hifi. natur.)
nom vulgaire de l’amarante de trois couleurs, ou
tricolor, que l’on cultive dans les jardins, à caufe de
fa grande beauté. Ses feuilles font faites comme
celles.de la blette ; mais elles font colorées , &
comme enluminées de verd, de jaune, & d’incarnat.
Les enfans font de la tige de cette plante , des
tuyaux, dont ils fe fervent pour produire une ef-
pece de fon ou d’harmonie : d’ou lui vient fon nom
latin. ( + )
ÏAMBE , ( Mujîq. des anc. ) Pollux ( Onomafl.
liv. IV . chap.c). met le iambe au nombre des modes
propres aux petits joueurs de cithare. Voye£ Py th i-
QUE f Mujîque injlr des anc. ) Suppl.
Le iambe étoit auffi la troi fieme partie du nome
Pythien 9 fuivant le même auteur. Suivant Strabon,
le iambe compofoit, avec le d a é l i l e , la quatrième
partie de ce même nome. Voye^ Pythien (Mufiq.
des anc.). Suppl. ( F. D . C. )
JAMBIDÉS , ( Mufiq. des anc. ) nome ou mode,
à l’ufage de ceux que Pollux appelle petits jcmeurs
de cithare. ( O nom. liv. I V , chap. c). Voye^ Pythi-
QUE ( Mufiq, inflr. des anc. ) Suppl. ( F . D . C. )
ÎAMBIQUE , adj. (Mufiq.) Il y avoit dans la
mufique des anciens deux fortes de vers ïambiques,
dont on ne faifoit que réciter les uns au fon des in-
flrumens, au lieu que les autres fe chantoient. On
ne comprend pas bien quel effet devoit produire
l’accompagnement des inftrumens fur unéfimple récitation
, &tout ce qu’on en peut conclure raifon-
nablement, c’eft que la plus fimple maniéré de prononcer
la poéfie grecque, ou du moins Yïambique ,
fe faifoit par des fons appréciables, harmoniques, &
tenoit encore beaucoup de l’intonation du chant. (S)
JAMBOLIFERA, ( Botan.) Ce genre de plante
dont on ne conrioît qu’une efpece, a pour.caraélere ,
une fleur formée d’un calice à quatre dents avec J
quatre pétales difpofés en forme d’entonnoir, huit
étamines à filets plats, & un piftil dont l’ovaire placé
fur le fond du calice, devient un fruit arrondi. Linn.
gen.pl. oUan. monog. (-p)
IAMBOURG, ( Géogr. ) ville ruinée de la Ruffie
en Europe,dans l’Ingrie, & dans le gouvernement
de Petersbourg, fur la riviere de Luga. Elle donne
fon nom à l’un des diflfiéis de la contrée ; mais elle
n’a pas pu fe relever ehcore des pertes qu’elle effuya
dans la guerre de Suede, au commencement de ce
fiecle ; fon vieux château & fes verreries font tout
ce qui lui refie d’un peu remarquable. ( D . G. )
IAMBYCE , ( Mufiq. infir. des anc. ) Parmi les
inflrumens à cordes des anciens dont parle Pollux ,
on en trouve un nommé iambyee ; & Mufonius ^ de
luxu groecorum, dit que c’étoit une efpece de cithare
triangulaire inventée par Ibicus. ( F. D. C. )
JAMEZ, (Géogr.) ville d’Afrique, au royaume
de Jereja, dans-le pays des Flups, au nord de la
riviere de Kafamanka, dont elle efl peu éloignée.
Cette ville efl une efpece de république fous le gouvernement
de fes anciens. Les Portugais qui s’y font
établis ont des maifons fort agréables ; mais ils font
infellés par les Mofquites. Cette ville efl l’endroit du
pays qui produit le plus de cire. Il s’y tient deux fois
la femaine un marché pour le commerce. Les Portugais
qui l’achetent fans préparation, la purifient
& la font tranfporter à Kachao. (+)
JANISSAR-AGASI, ( Hifi. mod. ) Les Turcs donnent
le nom de janijfar-agafi, à celui qui a le commandement
général fur tout le corps des janijfaires*
Cette charge répond à-pèu-près à celle dé colonel
général de l’infanterie en France , quand elle étoit
en pied fous le ordres du duc d’Epernon, & depuis
fous celle de M. le duc d’Orléans en 1720. Cetaga
dont on n’a dit que peu de chofes fous ce titre, efl
le premier de tous les agas ou officiers d’infanterie
de l’empire Ottoman. Son nom vient du mot turc
aga, qüifignifie un bâton, & même dans les jours
de cérémonie il en porte un en main , pour marque
de fon autorité, & les janijfaires en portent
auffi un dans les grandes villes , pour marques de
leur rang de fervice.
Ce général étoi't autrefois tiré d’entre les janifi-
faires. Mais depuis que le grand-feigneur a remarqué
qu’il s’y faifoit des brigues, & que fon élection étoit
fuivie de jaloufie & de haine , qui la rendoit quelquefois
méprifable à fes officiers; il le choifit pré-
fentement entre les ichoglans dans fon ferrait.
Cet aga a de paie par jour cent afpres, ou vingt
écus, & fept à dix mille écus, pris fur des timars
qui font affeûés à fa charge. II a auffi prefque tous
les jours des préfens du fultan , principalement
quand les janijfaires ont bien fait leur devoir dans
quelque occafion confidérable ; & quand il efl allez
heureux pour plaire à fon prince, c’efl à qui lui fera
des préfens, pour parvenir par fon moyen aux em- *
plois : car en Turquie, on ne donne point les charges
au mérite, mais à celui qui eh donne plus de
bourfes ( qui efl leur maniéré de compter les grandes
fommes ) , chaque bourfe étant d’environ cinq
cens écus.
Ce commandant ne marche guere dans Çonflanti-
nople, qu’il ne foit fuivi d’un grand nombre de ja-
nijfaires, principalement quand il efl arrivé quelque
fâcheufe révolution à l’empire. C’efl dans ces mo-|
mens que les janijfaires prennent leur tems pour demander
leur paie, ou pour-enavoir augmentation,
menaçant de piller la ville , ce qu’ils ont fait enplu-
fieurs rencontres. Cetaga, pour réfifler à ce foule-
vement, & pour faire mieux exécuter fes ordres,
fe fait dans ces occurrences accompagner de trente
ou quarante mungis , ou prévôts des janijfaires ,
avec cinq ou fix cens de cette milice, pour fe faifir
J A R
^ès/Malfaiteurs, & les conduire dans les prifons:
fcar il à tout pouvoir fur la vie des janijfaires, qu’il ne
fait néanmoins mourir que de nuit, de peur de quelque
fouievement. La faiaque, ou baflonhade fur la
plante des pieds, efl pour les moindres crimes : mais
quand leurs crimes méritent la mort, il les fait étran- >
glerou coudre dans un fac* & jetter dans quelque
lac ou riviere.
Quand le janijfar-agafi meurt, foit de mort naturelle
ou violente , tous fes biens vont au profit du
tréfor commun des janijfaires, fans que le grand-
feigneur en touche un afpre. ( + )
JANNA ou JANNINA, ( Géogr. ) ville de là
Turquie, en Europe dans la Janna. Elle efl fituée
dans une des ifles que forme le Selampria. Elle efl
habitée par de riches marchands Grecs , qui y ont
un évêque; & c’efl elle qui a donné fon nom à la
contrée.. ( + )
JANVIER ( l ’O r d r e d e S a in t ) , fut inflitué
le 2 juillet 1738, par Charles , infant d’Efpagne,
roi de Jérufalem & des deux Siciles.
La croix de cet ordre a huit pointes pommetées,
& quatre fleurs-de-lys dans les angles, le tout d’or,
émaillé de blanc; au centre efl l’image de Saint-
Janvier évêque , avec fes ornemens pontificaux, la
mitre fur la tê te , la main dextre levée comme pour
donner la bénédittion, tenant de la main feneflre fa
croffe ; il paroît à mi-corps , naiffant ou mouvant
de plufieurs nuées : fur le revers efl une médaille
émaillée d’azur.; au centre, on voit un livre d’o r ,
chargé de deux burettes de gueules, & accompagné
de deux palmes de finople.
Le collier efl une chaîne, & des trophées de crof-
fes & de croix longues paffées en fautoirs , entremêlées
de fleurs-de-lys, le tout d’or.
Les chevaliers portent fur leurs habits un large
ruban bleu célefle, où efl attaché cette croix» Voyt[
la planche X X V . fig. SS de l'art Héraldique, dans U
J)ici, raif. des Sciences, &c. ( G .D , L. T.)
JAPHET, qui dilate, ( Hifl.Jacr. ) fils de Noé ,
que les Hébreux & plufieurs modernes croient être
l ’aîné, eut pour partage l’Europe & une partie de
l’Afie. Son pere en le béniflant, lui dit: que le Seigneur
dilate Japhet, que Japhet demeure dans Us tentes
de Sem , & que Chanaan foit fon efclave. G en. ix. 2 y.
Cette bénédiélion de Noé s’accomplit littéralement,
lorfqùe les Grecs, & après eu x, les Romains , portèrent
leurs conquêtes dans l’Afie & dans l’Afrique,
où Sem & Chanaan s’étoient établis ; mais dans le
fens figuré , elle avoit pour objet cette multitude
innombrable de Gentils, que Dieu a appellés à la foi
parla grâce, &qui, d’étrangers qu’ilsétoient, ont été
unis & incorporés'au petit nombre des Ifraélites fidèles
, pour ne faire qu’un troupeau. Japhet eut fept
fils, Gômer, Magog, Madaï, Javan , Tubal, Mo-
foch & Tiras. L’Ecriture dit qu’ils peuplèrent les îles
des nations, & s'établirent en divers pays, chacun fu ivant
fa langue, fa . famille & fon peuple. Gen. x. S .
Sous le nom d'îles.des nations, les Hébreux enten-.
dent les îles de la Méditerranée, & tous les pays
féparés par la mer du continent de la Palefline. De
Japhet, fils de Noé , les poètes ont fait leur Japhet,
qui fe rendit célébré en Theffalie, & fut pere d’Hef-
per , Atlas, Epiméthée & Prométhée , tous célébrés
dans la fable. ( + )
§ JARDIN , ( Agric. Jardinage. ) On peut divi-
fer les jardins en jardin de propreté, jardin jleurifie
ou des fleurs; & jardin fruitier, potager, ou botanifie.
Jardin de propreté. Celui-ci comprend les autres *
& on y ajoute* encore quelques ouvrages d’une
plus grande ou d’une moindre étendue, félon la
dépenfe .qu’on efl en état de faire, ou le terrein
qu’on veut employer» Les jardins de propreté accompagnent
ordinairement les maifons de plaifanee ;
Tome HZ
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c’efl pourquoi leurs avantages doivent être réciproques.
C ’efl ce qui fait que la fituation du terrein efl ef-
fentielle, & renferme cinq conditions. i°. Une ex-
pofition faine; 20. un bon terrein; 30. une.abondance
ràifonnable d’eau ; 40. une belle Vue; 5°. là
commodité du lieu, & un accès facile.
I. Le fommet d’une montagne ,& une vallée trop
baffe ou marécageufe, font des extrémités qu’il faut
également éviter. La mi-côte, dont la pente efl très-
douce , ou la plaine , donnent une expofition faine.
Les promenades de plein pied dans la plaine, ôc
le terrein qui demande peu d’entretien, font d’un
agrément infini. L’abondance de l’eau, l’abri des
vents, & la perfpeélive de la mi-côte , femblent
l ’emporter fur les avantages de la plaine. La plus
mauvaife expofition efl celle du nord ; celle du midi
ou au moins du levant, peut être regardée comme
la meilleure.
II. La terre qui y convient, doit n’être point pier-
reufe, difficile à labourer, trop lèche, trop humide '9
trop forte , trop légère , ni trop fablonneüle. Quand
on la fouillera , on doit la trouver de bonne qualité
jufqu’à deux pieds au moins de profondeur. On jugera
que le terrein efl mauvais, s’il efl couvert de
bruyères, de ferpolets, de chardons, & autres mauvaises
herbes ; & fi les arbres qui croiffent auprès
font tortus, mal faits, rabougris, d’un verd altéré ,
& pleins de moufle.
III. Si les eaux font néceffaires pour conferver
les plantes, qui périroient par la trop grande féche-
reffe , elles ne font pas moins utiles pour l’embellif-
fement des jardins. Les canaux, les cafcades, & les
jets d’eau donnent des agrémens, que tout le monde
Connoît affez. Mais il faut prendre garde à deux chofes
; la première , c’efl que ces eaux ne foient point
en trop grande quantité ; elles rendroient l’air mal-
fain ; & la fécondé, efl qu’on ne doit point les laiffer
croupir, mais ménager quelques iffues pour les faire
écouler.
IV. La vue fait encore un des plus beaux ornemens
des jardins. Il faut prendre un extrême foin dé
profiter de tous les avantages que le lieu fournira;
& ne point boucher la perlpeélive par quelques bois
ou paliffade, qu’on feroit obligé d’arracher dans la
fuite. L’étendue de pays qu’on découvre, contribue
beaucoup à la végétation des plantes, qui, par ce
moyen ont un grand air, & ne le trouvent point en-
fevelis par un air trop refferré.
V . La maifon de campagne ne doit point être loin
d’une riviere, afin de pouvoir faire commodément
apporter Ce dont on a befoin , ou faire tranfporter
les denrées à la ville ou ailleurs. Une forêt voifiné
fournira du bois à la maifon. On fera encore attention
àu chemin , qui fera de fable ôu pavé, afin
qu’on puiffe y alleraifément, foit en hiver, foit en
été. Enfin, ces fortes de jardins ne feront point éloi*
gnés des villages : s’ils étoient fitués en pleine campagne
, ceux qui s’y trouveroient ne pourroient pas
être fecourus , en cas d’accident.
On peut ajouter à toutes ces conditions les foins
d’un jardinier, & l’oeil du maître.
Précautions à ôbferver pour les jardins de propreté.
i°. On doit faire choix d’un homme, dont la capacité
dans l’art du jardinage foit reconnue par quelques
beaux morceaux.
a°. Il ne faut point exécuter fes deffins avec précipitation.
Il efl bon de les laiffer mûrir, pour ainfi
dire, pendant quelque tems , & de confulter à loifir
. les connoiffeurs; .
30. Plus un jardin efl grand, plus il en coûte pour
en exécuter le deflin & l’entretenir quand il efl exécuté
« C’efl ce qui fait qu’on doit examiner la
R r r ij