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& ce fut alors que fon frere Eléazar fut accablé fous
le poids d’un éléphant qu’il Jua , croyant faire périr
le roi : mais la petite armée de Judas , ne pouvant
tenir tête aux troupes innombrables du ro i, ce général
fe retira à Jérufalem. Eupator l’y vintaffiéger ;
mais, averti de quelques mouvemens qui fe tra-
moient dans fes états, il fit la paix avec Judas, qu’il
déclara chef & prince du p a y s ,& retourna en Syrie,
où il fut tué par DémétriusJ qui régna en fa placé.
Le nouveau r o i , excité & trompe par la fourberie
d’Alcime , qui afpiroit au fouverain pontificat , envoya
contre Judas Nicanor, que l’expérience du
palfé avoit rendu fage , & qui, après avoir pris .con-
noiffance de l’état des affaires, jugea qu il etoit plus
avantageux de conclure une paix, que de rifquer une
bataille. L’impie Alcime , qui vouîoit dominer,
infpira au roi des foupçons contre la fidélité de Nicanor
, & lui fit donner des ordres de lui envoyer
Judas pieds & mains liés. La guerre recommença
donc ; l’armée de Nicanor fut défaite ; & lui tué dans
le combat. Démétrius, ayant appris la défaite & la
mort de Nicanor, envoya de nouveau Bacchides &
Âlcime avec la meilleure partie de fes troupes, &
ces deux généraux marchèrent contre J u d a s qui
étoit à Béthel avec trois mille hommes. Cette petite
armée fut faifie de frayeur à.la vue des troupes ennemies
; elle fe débanda, & il ne relia que huit cens
hommes au camp. Judas, fans perdre coeur, exhorta
ce petit nombre à mourir courageufement, fondit
fur l’aile droite, la rompit & la tailla en pièces ;
mais, enveloppé par l’aîle gauche, il fut tué après
un combat opiniâtre, l’an du monde 3843- Simon
& Jonathas, fes freres , emportèrent fon corps, &
le mirent dans le fépulcre de leur famille à Modin.
Tout le peuple le pleura amèrement ; & après avoir
pleuré pendant plufieurs jours, ils s’écrièrent : Comment
ejl mon cet homme puijjant quifauvoit le peuple
d’Ifraèl. 1. Maccfi.ix. 20. 21. La vie de Judas, qui
n’a été qu’une fuite de fuccès étonnans, de victoires
éclatantes , remportées par une poignée d’hommes
mal armés fur de nombreufes troupes , eft une
image de l’oeuvre de Jefus-Chrift dans l’établifle-
ment de fon églife, par la prédication de l’évangile.
l’Ecriture dépeint Judas comme un géant revêtu de
fes armes, dont l’épée étoit la protection de toute
l’armée, & comme un lion qui fe lance fur fa proie
en rugiffant. Jefus-Chrift, dans les pfeaumes, eft
appellé un géant qui s’liante plein dé ardeur pour fournir
fa carrière. Pf. xviij. S ; & dans l’Apocalypfe,
le lion de la tribu de Juda qui a remporté la viétoire.
Apoc. v. 5. Jefus-Chrift, comme Judas, s’étant revêtu
de fes armes, ayant ceint fon épée qui eft fa
parole, fécondé d’un petit nombre de foldats fideles
qu’ils avoit affemblés, & auxquels il infpiroit un
courage intrépide, a exterminé de deffus la terre
l’erreur & l’impiété qui y dominoient ; il a arraché
à l’enfer fa proie , & a triomphé avec gloire du
monde & du prince des ténèbres. Les freres de Judas
& fes foldats étoient dans leurs combats & leurs
expéditions militaires, les précurfeurs & les vives
images de ces zélés prédicateurs du nom de Jefus-
Chrift , qui, étant deftitués de tout fecours humain ,
mais foutenus de la main de Dieu & fanCtifiés par
fon efprit, fe font expofés à tout fouffrir & la mort
même , pour purger l’univers , qui eft le temple de
D ieu , des fouillures de l’idolâtrie ôc de la fuperfti-
tion. (+ )
JUDAS d’ Is c Àr i o t h , ou le traître , (J J ifl. facr.)
avoit été choifi par Jefus-Chrift pour être mis au
nombre des apôtres, & pour être le dépofitaire des
aumônes ; mais, l’avarice corrompant fon coeur, il
promit aux princes des prêtres de leur livrer fon
maître pour trente deniers. II fe trouva à la dernière
cene que Jefus Chrift fit avec fes apôtres, où
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il inftitua le facrement de l’euchariftie. Il eut la har-
dieffe d’y pa rticip er, & avant la fin du rep a s , il
quitta pour aller confommer fon crime. Peu après ,
ayant horreur de fa trahifon, il fut touché de repentir
, alla trouv er les prêtres, leur rendit l’argent
qu’il avo it reçu , & rendit un témoignage public de
l ’innocence de Jefus-Chrift : mais il n’eut pas recours
à fa m iféricorde ; ainfi fa pénitence lui fut inutile , &
fon d éfe fp o ir , plus funefte pour lui que fon crime ,
le porta à fe pendre lui-meme. Il creva par le milieu
de fon co rp s , & fes entrailles furent répandues par
terre. Jean x i j. 3 . A et. x x v . ( + )
§ IVELINE f ia foret <a?’ ) , Géogr. Hiß . en latin
Aquilina fy lv q , Evelina, Eulina , dans les anciens
titres. Carlonian pourfuivoit un fanglier dans cette
fo r ê t , près de Montfort; il fut bleffé par un des
gardes à qui il votiloit faire p e u r , & mourut de
cette bleffure fix jours après. 11 eut la générofité de
publier que c’étoit le fanglier qui l’avoit bleffé , afin
de fauver celui qui étoit l’auteur innocent de fa mo r t,
en 884.
JUGES d e la r e t e n u e , O« J u g e s -c o n s e il l e r s
d e l à r e t e n u e , (Comm. Jurifpr.') marchandschoifis
& reconnus par les prieurs &: confuls de la bourfe
commune de T o u lo u fe , pour les aflifter aux juge-
mens des affaires de commerce qui font de la com-,
pétence de cette jurifdiCtion. ( + )
JU G U LA N S , fiß ron .') nom que porte dans certains
auteurs la conftellation d’orion , à caufe des
petites étoiles <p & a qui font à la partie fupérieure ,
& qui reffemblent affez à un jeu de 4 noix. On dit
aufli juglans, ou fiella jugula , comme ori dit aux
juglans , le noyer. On prétend que l ’origine de ce
mot v ient de gland de Jupiter, ou nourriture digne
des dieux. ( M. d e l a La n d e . )
JUILLI f ou J u l l y , ( Géogr. ) bourg de l’Ifle-de-
France, dans le canton de G o ë lle , d iocefe de Me au x,
à 3 lieuës de cette v ille , 7 de Paris. Un feigneur
nommé Foucaud, de Saint-Denis , y fonda une abbaye
au 1 2e fiecle. On y d evoit fuivre les ufages de
Sa int-Viâor de Paris. Le coeur de Henri d’A lb re t,
ro i de N a varre , y fut dépofé en 15 5 5. Cette abbaye ,
déchue de fon premier é ta t, fut in corporée à la congrégation
de l ’oratoire en 1639. Elle y entretient une
penfion très-floriffante , érigée en académie roy ale ,
où enfeignent les profeffeurs du premier ordre. (C .)
§ JUJUBIER, ( Bot. Jard. ) en latin fi^iphus, en
anglais jujube , e n allemand brußbeerleinßroach.
Caractère générique.
La fleur qui eft dépourvue de calice confifte
en un pétale figuré en entonnoir, dont les fegmens,
au nombre de quatre ou c in q , s’étendent prefque
horizontalement ; elle porte cinq étamines formées
comme des alênes , qui tiennent par leur bafe aux
bords intérieurs du p é ta le , & font terminées par
de petits fommets. Au c en tre , eft fitué un embryon
o v a le : ilfupporte d euxftyles déliés couronnés par
des ftymates obtufes, & fe change en une baie oblon-
gue & o va le qui renferme un feul noyau de la même
fo rm e , divifé en deux cellu le s , dont chacune contient
une amande oblpngue. M. Linnæus a rangé
affez mal-à-propos 1 éjfjiubier fous le genre rhamnus,
Efpeces.
1. Jujubier à épines droites & accouplées, à feuilles '
oblong-o v a le s , dentelées.
Zifiphus aculeis geminatis réélis, foliis oblongo-ova-
tis ferratis. Mill.
Common, jujube.
z. Jujubier à épines accouplées, dont l’une eft
recou rb ée , à feuilles o v a le s , nerveufes.
Zifiphus aculeis geminatis, altero recurvo , foliis
ovatis nervofis. Mill.
WMjujube.
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f . Jujubier à épines folitaires & recourbées \ à
pédicules groupés, à feuilles cordiformes, arondies
& nerveufes , velues par deffoüs.
Zifiphus acüleis folitarïis recurvis , peduriculis aggre-
gatis, foliis cordato-rotundis, nervofis , fubtus tomen-
tofis. Mill.
Jujube wittefingle recurved fpines , &c.
4. Jujubier à épines droites & accouplées, à
feuilles ovales, nerveufes.
Zifiphus aculeis geminatis rectis , foliis ovafis ner-
\ofis. Mill.
Jujube with doubleßrait thorns and oval vained leaves.
"Lt jujubier n°. 1. croît naturellement dans le midi
de l’Europe. Il forme un grand arbriffeau, dont les
branches font tortues; fes fleurs d’une couleur herbacée
, naiffent deux à deux, ou trois à trois ; aux
côtes des bourgeons. Dans les provinces feptentrio-
nales de la France, elles ne paroiffent qu’en juillet
& a o û t , & elles ne fructifient pas.
Soit qu’on regarde les feuilles de ce jujubier comme
empannées,o'u comme fimples, elles n’en offrent pas
moins une fingularité très - remarquable ; car, files
filets demi-ligneux, qui portent les folioles ne font
que des pédicules , pourquoi y trouve - 1 - on des
épines, des fleurs & même des bputons^jui donnent
quelquefois d’autres fétus de la même nature ? Qu’on
regardé au contraire ces filets demi-ligneux comme
des branches, n’eft-il pas encore plus fingulier,
qu’elles foient attachées aux branches véritables par
des genoux, à la maniéré des pédicules, & qu’elles
fe détachent & retombent de même , dès que la
feve céffe d’agir. Que penfer de l’anomalie de
ces membres Végétaux ? Qu’ils’ font mitoyens entre
la branche & le pédicule , comme oh voit des êtres
mixtes, qui- fervent de nuance & de paffage dans
la grande férié de la nature , & qu’on feroit également
dans l’erreur, foit qu’on les appellât branches
ou pédicules.
Miller dit qu’en Angleterre, cet arbre a bien de la
peine à paffer l’hiver en pleine terre, lors même
qu’on l’y plante contre un mur bien expofé. M. Duhamel
affure qu’il fupporte nos froids ordinaires,
fans en beaucoup fouffrir. Ceux que nous avons font
encore en pots.
Les jujilbiers fe multiplient aifément par les rejets
qu’ils pouffent de leur pied, lorfqu’ils ont acquis
une certaine force ; mais les individus provenus de
la femence, font infiniment préférables aux autres.
Il faut fe procurer les jujubes dès qu’elles font mûres;
à leur arrivée, on les femera dans de petites, caiffes
emplies de terre fraîche & légère, mêlée de terreau.
Ces caiffés pafferont l’hiver fous une caiffe à vitrage :
on les en tirera au mois de mars, pour les enterrer
dans-une couche tempérée. La plupart des femences
lèveront pendant l’été x le r.efte ne paroîtra que la
fécondé année. A l’égard des efpeces fuivantes, il
faut employer une couche de tan.
L’efpece n°. 2. .habite les environs de Tunis; la
troifieme croît dans l’Inde , & s’élève à dix ou douze
pieds ; la quatrième eft une des produélions de la
Syrie ; .fon fruit eft arrondi ; la fécondé efpece demande
l’abri de l’orangerie ; les deux dernieres ne
peuvent fubfifter dans nos climats , à moins qu’on
ne les tienne dans une ferre très-échauffée. (M. le
Baron d e T s c h o ü d i . )
IULE, ( Hiß.nat. ElmintoLj Iulus. \Jiule eft iiri
animal très-finguliér, infefte de l’ordre des apteres,
toujours fans ailes; du genre des polypodes, qui
ont beaucoup de pieds, & la tête diftinûe de là poitrine
où corcelet ; de l’efpece des lcolopendres,
dont le corps eft tout alongé. Quelques nàturaliftes
diftinguent cependant Viule de la fcolopendre, comme
line efpece à part. Le corps de celle-ci eft àlongé,
mais applati ; le corps de Viule eft arrondi ou cylin-
Tome I I I .
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driqüe. D e plu s , les antenhes de la fcolopendre font
compofées d’anneaux courts , dont le nombre fur-
paffe celui de cinq; il n’y en a jamais que cinq aux
antennes de Viule. Enfin les pattes de Viule font plus
courtes; on en compte jufqu’à zo o & 2 68 , félon
les efpeces. On a aùfli dôrihé aux deux efpeces des
fcolopendres & des iules , le nom de mille-pieds.
Le célébré L in n é , compte fe'pt efpeces d’iules j
celui dont les ânneaux du corps font alongés en
o v a le s , au nombre de 10', fans le corcelet ou là
poitrine, & la queue ; fes jambes font au nombre
de 20, de part & d’autre. Celui dont les anneaux
font épa is , & les jambes au nombre dé 96 âe part &
d’autre. Celui qui habite fous terre, a io o jambes
de chaque côté. C e lu i qui à 115 jambes de chaque
c'ôté , & que Séba a vu dans les IndeS. Celui qui
v it dans le fable & qui a-des deux côtés 100 & 20
jambes. C elu i que Sébâ a encore vu dans les Ind es,
qui a 6 i fegmens , fans le corcelet ou poitrine & fans
la queuè^ & 124 jambes de chaque part. Enfin,
celui du Bréfil que Mârcgraf d é c r it, qui à 134
jambes & 67 anneaux Ou fe gmen s, fans le corcelet
& la queue. Il eft très-apparent qu’il y a encore un
bien plus grand nombre d’efpeces qui ne font pas
connues , fur-tout parmi les iules de hier.
C e t infedle a depuis 5 à 18 & 34 lignes de longueur.
Il en vient de la mer qui ont plufieurs pouces
de longueur, fel'ôn les efpecês. Il marche moins v îtè
que la fcolopendre, parce que fes jambes font toujours
plus courtes. Elles reflèmblent à uile frange
de poil. D e chaque anneau du Côrps il én part quatre,
deux de chaque côté , difpofées de par.t & d’autre
en deux rangées. T outés ces pattes agiffant fuc-
ceflivement, il en réfulte le mouvement d’ondula
tio n , par lequel, l’animal avancé.
La peau de l’infe&e eft d u r e , comme teftacée*
Il s’en dépouille comme la fcolopendre, St l ’bnifqué
ou cloporte..
Lorfque Pinfeéle eft en rep o s , i l fe replie fur lui-
même en fpirale ; fi on le touch e , & qu’il ne puiflé
pas s ’enfuir, il en fait de même.
Entre les fept efpeces que nous Venons de décrire
en abrégé, il y a encore de$ différences dans
les antennes, dans la p e a it, dans les ânneaux, danà
leurs difpofitions, & c .
C e t animal grandit , & par i ’açcroiffemeht deS
anneaux, & par l’augmérttation du h om ^ e de ces
anneaux & des pattes qui en naiffent. Cette fingularité
lui eft cortimühe avèC Jâ fcolopendre ; mais
chaque èfpeçe .fftin terme , & l’animal parvenu au
nombre d’ àniieanx, de l’e fpe ce, ne croît plus.
^ Cet infeéte Tuf terre, dans la terre, fous lés
pierres, & dans la mér, vit d’autres ihfeéles.
On n’a encore acquis aucune idée des circonftarices
de la génération de ces infeéles finguliers ; c’eft ainfi
que l’on a fouvent occafion dë s’âppefcevoir combien
il nous manque .en core d’obfervâtibns dans
toutes les parties de l’Hiftoire naturelle. ( B . C. )
JU L E , ( Mujîq. des anc. ) Il eft dit à Varticle
CHANSON, ( Mujiq. ) Diû. raif des Sciences ; & cî
que le jule étbit la chanfon des ouvriers en laine:
effeflivement, Athénée le dit aii liv. X IV de fort
Deipnôfoph ; mais il ajoute plus bas, qti’oh nommoit
auffi jùlés les hymnes du chanfons à l’hohneür de
Cérès. ( F. D . C. )
§ JULIO BON A , ( Géog. ahl. ) Le Dictionnaire
rétif, des Sciences, & c . laiffe indécife la pdfition de
ce lieu , dont les itinéraires font mentioti ; niais il
pâroît qu’on doit le pla ter à Lillebdnne ; en Nor-^
mandiè.
Ptoloméë éri fait la capitale des CaletèS , qui entrèrent
dans la confédération des Belges contre TeS
Romains, & promirent d’értvdyer idodohonimest
Sous Honorius elle étoit déchue de fon ancienne
QQq q i j