qui fe fabriquent en Efpagne., & dont on fait tant
de cas, font faits de fer refondu ; réfléchifl'ant de plus
à la maniéré de faire le fer dans la Catalogne & les
Pyrénées, oit l’on ne fond pas la mine , mais oii on
l’amollit Amplement dans un petit fourneau, d’oii
on la retire fous la forme d’une loupe, telle que céb
les que produifent nos vieilles ferrailles Re pris,' du
fer refondu, une opinion toute différente de celle
que j’avois eue d’abord, 6c je crus qu’il feroit avantageux
au feryiee du ro i, non-feulement d’en permettre
l’ufage dans les manufactures d’armes à feu ,
mais d’engager même d’en employer à la fabrication
des canons. Mais avant de prendre un parti définitif
à cet égard, je rafl’emblai mes idées dans un mémoire
particulier que j’eus l’honneur d'adrefler à M. de
Buffon, 6c enfuite à M. Jars. Voici les répônfes de
rillultre académicien , 6c de l’habile minéralogifte
qui nous a été enlevé trop tôt.
Lettre de M. de Buffon, datée de Montbard, le iJ
novembre lyS j.
■ « J’ai lu, monfieur, avec grand plaifir, votre mé^
» moire fur le fer fabriqué avec de vieilles ferrailles,
» 6c je l’ai trouvé en tout, point dans les vfais^
» principes.
» De ce qu’il s’élevedes écailles qui fe détachent de
» la lurface du fe r , je penfe comme vous, monfieur,
» qu?on ne doit pas en conclure qu’il fe faffe de pa-
» reilles exfoliationsdans l’intérieur. C’eft, comme
» vous le dites très-bien , le contaCl de l’air qui dé-
» tache 6c trempe ces écailles : 6c quand même ces ex*
» foliations fé feroient en plus grande quantité, elles
» ne nuiroient point à la parfaire réunion des pièces
» que l’ori Toude enfemble, puifque ces écailles
» font du fer pur. Je l’ai vu , 6c n’en ai jamais;douté:
» vos-expériences le confirment, 6c il fuffiroit d’ap-
» piocher un aiman de ces écailles, pour cônvàin-
» cre ceux qui voudroient le nier. Au refte, ce que
» vous dites dans votre mémoire , de fers à nerf 6c
» à grain, eft auffi très-bien vu 6c conforme aux
» expériences que j’ai faites 6c fuivies moi-même
» fur la compofition 6c la décompofition du fer : ma-
» tiere que perfonne n’entend 6c qui eft cependant
» de la plus grande importance.
' » J’ai l’hohneur d’être avec toute l’eflime , &c.
Lettre de M. Jars , de Paris , le 20 février iy68»
» Le fuffrage de M. de Buffon , monfieur, fur les
» objets que vous m’avez fait l’honneur de me
» communiquer , doit vous fuffire pour leur donner
» tout le poids qü’ils méritent. Je fuis néanmoins
» très-flatté que vous ayez voulu m’en entretenir ;
» & je vous répéterai ic i, avec plaifir, quelques ob-
» fervations que j’ai faites dans mes voyages, qui
» peuvent y avoir rapport.
» J’ai vu fabriquer de très-bon fer en Angleterre,
» en Allemagne 6c en Norvège avec de vieilles fer-
» 1 railles. J’en ai fait mention dans les mémoires que
» j’ai eu l’honneur d’adreffer.au confeil. Le dégréde
» chaleur que l’on donne aux vieilles ferrailles pour
» en former une loupe, peut être çonfidérécomme
» une fufion fuffifante pour réunir tellement les par-
» ties métalliques , qu’elles ne laiffent entr’elles
» aucun accès aux terreftres qui pourroient être fur
» les furfaces de chaque morceau de fe r , lefquelles
» de leur côté fe fcorifient 6c occupent la partie fu-
» périeure du baffin oii fe fait cette opération , de la
» même maniéré que lorfqu’on affine de la gueufe
» pour en faire du fer forgé. A Kon§berg, en Norr, ;
» vege , on fait ramaffer avec foin tous les débris
», des outils de fer employés aux mines;, :pour les
» traiter comme il vient d’être dit, 6c en tirer des bar-
» res dont la quajité elt regardée comme meil-
» leure que celle du fer dont ces outils avoient été
y> fabriqués.
|Ü La bonté & la folidité des ancres que j’ai vü fà^
» briquer en Suède avec une quantité de lopins dé
» fer loudés entre eux , prouvent qu’une foudiire
» bien faite rend les parties foudées auffi compac-
» tes que le relie de la pjece.
. » Vous m’avez fait l’honneur de me dire* riion-
» fieur, que voustàifiez ajouter aux v i l le s ferrailles
» des écailles qui s’éleventfur la furface du fer chauf-
» fé : ces écailles ne font autre chofe que (iiï fe r ,
» encore attirable par l’aiman, qui a perdu une par-
» tiedefon phlogiftique par le contaft immédiat de
» l ’air au fortir du foyer, & qui, s’il n’aùgmente
» pas la quantité du fer que doit produire la loupe ,
» doit du moins en diminuer le déchet par l’eipece
» d’enveloppè qu’il forme fur fa furface ; d’ailleurs
» les effais que vous en avez fait faire, ont du vous
» éclaircir fur l’utilité de cette addition.
» Les expériences dont vous m’avez fait l’honneur
» de me parler fur la perte des qualités ou l’efpece
» de décompofition du fer par des chaudes,réitérées,
» me paroiffent très-importantes. 11 feroit à fouhaiter
» qu’elles fuffent connues dans toutes les fabriqués
» 6c manufactures oit Ton emploie ce métal. Je né
» faurois trop vous inviter à les répéter fur toute
» forte de qualité de fer.
» Si vous penfez, monfieur, qu’il puiffe y avoir
» dans les obfervations que j’ai faites dans mes voya-
» ges , quelque chofe qui vous foit utile pour les
» travaux-dont vous êtes chargé, je me ferai le plus-
» grand plaifir de vous les communiquer, 6c de vous
» donner des preuves dans tous les tems , de la con*
» fidération,
Je n’entrerai pas dans un plus long détail fur là
fabrication du fer de vieilles ferrailles : il me fuffir
d’avoir indiqué la maniéré de lui donner la meilleure
qualité poffible. Je vais rapporter quelques expériences
fur la réfiftance des canons de fufil, fabri-’
qués d’après la méthode que j’ai expofée, foit en
employant, dans la compofition de la maquette , un.
tiers de fer refondu, ou un tiers de fer que j’ai appellé
fer dun°. 6'.
Il y a deux cas oit lé foldat eft expoféà furcharger'
fon fufil: il croit fouvent avoir tiré, quoique lè fufil
ne foit pas parti; il met alors une cartouche fur la
première ; il peut même pouffer la diftraétion jufqu’à
en mettre trois l’une fur l’autre 6c les bourrer négligemment.
S’il conduifoit les charges au fond du canon
avec fa baguette,, il s?appercevroit bien qu’il les
a multipliées par la longueur de la partie de la baguette
qui excéderoit- le bout du canon : mais nous
fuppofons ici que le bruit 6c le danger l’empêchent
de s’en appercevoir.
Il arrive encore, à la guerre, que les cartouchés
manquent dans un combat demoufqueterie plus long
6c plus opiniâtre qu’on.ne l’avoit foupçonne. Le foldat
met alors de la poudre dans fa poche, qu’il prend
avec la main , pour charger fon fufil. Il eft donc biqn
important que les canons des fufils de munition foient
fabriqués de maniéré, 6c avec une étoffe qui les
mettent dans le cas de fcmtenir, fans creVer, trois
cartouches ordinaires, ou autant de poudre qu’un
homme en peut contenir dans fa main , c’eft-à-dire ,
fix ou fept gros.
Première expérience. Ayant fait fabriquer deux canons
de fufil avec un tiers de fer refondu de vieilles
ferrailles, ces canons du poids de trois livres huit onces^
furent chargés d’une quantité de poudre fine,
bien éprou v é e , égale au poids de la balle de dix-huit
à la livre ; laquelle charge ayant été bourrée, on mit
une balle par-deffus, qui fut également bourrée avec
un bouchon.de papier. Les deux canons furent alors
placés fur le banc d’épreuve ( F1-. Epreuve, Suvpl.y,
6c fixés de maniéré à ne pouvoir reculer ; ils tirèrent
douze coups de fuite à la même charge & - dans la
même
même fituation. On augmenta cette chafgè., au treizième
coup , d’un gros de poudre ; au quatorzième
de deux gros ; 6c fücceflivement d’un gros ju (qu’au
vingt-deuxieme, que la charge fut augmentée de dix
gros de poudre , bien jamponnée avec une groffe
bourre, 6c une balle par-deffus, également tamponnée
; enforte que la charge de poudre étoit, à ce
vingt-deuxieme coup, de deux onces un gros huit
-grains de poudre avec une balle de calibre. Ils réfif-
terent parfaitement à cette violente épreuve, après
laquelle on les chargea de trois cartouches d’infanterie
* en obfervant de laiffer, entre chaque cartouche
, un intervalle d’un pouce environ. Çes trois cartouches
, ainfi efpacées, occupoient dans le canon
une étendue de onze pouces de longueur : ils foutin-
rent deux fois de fuite cette épreuve , fixés fur le
banc 6c fans recul, 6c n’en parurent altérés en aucune
maniéré , mais, feulement un peu courbés ;
ayant été redreffés, ils furent remis en expérience
le fur-lendemain, 6c ils foutinrent les mêmes épreuves
que l’avant-veille. On en pouffa un à outrance
, qui ayant été chargé , au dernier coup, de
quatre cartouches d’infanterie, efpacées de façon
qu’elles occupoient une étendue de dix-huit pouces
dans le canon, il s’ouvrit & creva à un pouce au-
.deffus de la charge.
On répéta cette expérience fur quatre canons pris .
au hazard, dans un tas de quatre cens , lefquels
avoient été fabriqués avec un tiers de fer refondu,
6c avec les procédés que nous avons expofés. Ils foutinrent
le même nombre déchargés, fucceffivement
augmentées, qu’on vient de rapporter, & enfuite
les trois cartouches d’infanterie, occupant un efpace
de onze pouces, 6c aucun des quatre canons ne
creva.
Cette'expérience fut répétée,quelquetems.après,
fur fix canons , dont trois fabriqués avec un tiers de
fer refondu ; les trois autres, avec un morceau de
fer neuf 6c de bonne maille, couvert de deux autres
morceaux, ainfi que nous l’avons dit en rapportant
la fabrication dès maquettes: ces fix canons foutinrent
; fans crever, les mêmes charges que dans les
expériences'précédentes.
Derniere expérience. Ayant pris quatre canons fabriqués
avec.unÿèr d’effai, qu’on employait pour la première
fois , fans aucun mélange de fer refondu, mais
les morceaux de fer ayant été combinés* ainfi qu’on
l ’a dit, pour la fabrication des maquettes * on fit fai-
fir ces canons par le tonnerre, & frapper , à tour de
bras , fur,une pierre de taille. Trois plièrent, fans
montrer dé criques fur la convexité de la courbure :
le quatriemeavant été enfuite violemment frappé
deux fois , en fens contraire, à-fix pouces du bout,
cafta à cet endroit ; comme toutÿèrplié 6c replié, en
fens contraire, caftera néceffairement. Il y.a peut-
etre peu de canonniers quj vouluffent foumettre leurs
canons les plus-fiirs à-ce genre d’épreuve, 6c qui,
ofaffent les garantir. On a vu à l’<zmc/tf Canonnier ,,
Supplément, qu’il faut foixante-trois chaudes pour
faire un canon de fufil de munition qui a quarante-
deux pouces de longueur: or pour peu que 1 e fer i
fpit décompofé en unfeul point, qu’une feule des chaudes
ait été trop vive, qu’une feule partie ait été chauffée
fans être,battue , que le canon n’ait pas été bien
dreffé en-dedans , 6c que/la matière en foit mal repartie
, il ne réfifteroit fûrement pas à d’aufli violentes
épreuv.es. ( A A. y
■ § Fer (•$?? de) yGéog..t.. Les Hollandois placent
leur méridien au pied de l’île Teneriffe.. . . Diclion.
raif. des Sciences, &c. Tome Kl. pag.’ ,6®i. C ’eft
«ne faute d’impi;éffion. Liiez Pic, qui eft une autre'
montagne de cette île. (,C. )
* § Fer-blanc , ( Arts méch. ') Les planches &
figures qui ont rapport à cet article fe trouvent dans
Tome I I I .
Xeïomè.P’î . des planches du Dicl. raif des Sciences,
frc .c eft le huitième article delà métallurgie. Elles
lont au nombre de trois.
§ FERBLANTIER, f. m. (Arlsmith.) Le Ter.
ilamm emploi le fer noir & le fer b l,0c. Ces deux
rers ne different entr’eux que par la couleut, 6c Je
vendent _par.des marchands de fer qui S’appliquent
particulièrement a ce négoce. ^ r r M
Onimite en fer-blanc:tous les «Renfilesqu*oh peut
fabriquer en argent, comme plats, affiettes, &c II
s en confomme quantité dans les armemens de m‘er.
Le/ n anc ü i 011 brut tel qu’il arrive des
manufaélures, ou poli, fuivant les ouvrages aux-
quek on le deffine. On polit le fer-blanc fut u le petite
enclume appelle MS par le moyen de divers marteaux
i deux cotes. Cette manoeuvre donne au fer-
blanc 1 éclat de l’afgent.
Pouf faite une affiette ou un plat de fer-blanc
après en avoir tracé la forme, on n’emploie d’autres
outils quedes marteaux , pour ébaucher &. perfectionner
Louvrage. Quant aux pièces cle rapport,
comme elles font compofées diffërèmment, atiusd-
Ions en donner un exemple en parlant d’une bodtu
quarree de fer-blanc.
Pourfaireuneboëté, on,commenc.épaten couper
le ifond de la grandeur-néçeffaire - obfervant d’y
laiffer deux lignes de plis pour former.un petit re-
bord qui doit être foudé fur les bandes & les bouts
de la boete. On coupe lèfer-blanc avec des cifaillesy
qui font des efpeces de gros pfeaux , dont une des
branches eft rewuïbee,;. & plus courte que fautre.
Quand le fond eft .coupé, on coupe Ies.bandes
& les bouts fur le quarre du fond ; on fait la même
Operation pour le couvercle. LorWeltoutes les.
pièces qui doivent tômpofer la ^oëte font êoupées "
On commence à aiüfter ayée le fond' les Mandes &
les bouts, fur lefquel|i on rabat la petite bordure
pratiquée au fond, avec, un marteau de bois,: en-
luite on foude toutes ces parties enfemble, & on
forme à a fermeture du corps de la boëte, un petit
rebord dans lequel On inféré un morceau de fil:
a archal.
Le corps de la Boëte étant fini,;, on fait fon
couvercle, 6c on fuit les mêmes opérations que pour
le corps. r
. ^ entre dans la compofition de la foudiire du
ferblantier, de l’étain, du plomb , du fel ammoniac •
& de l’alun ; le tout fondu avec de la réfine 6c
du fuif.
Le ferà fouder des ferblantiers eft un morçëàu de
cuivre ajufte dans une queue de fer avec un man-
che de bois ; fa longueur eft depuis doüze jufqu’à
dix-huit à vingt pouces. (+ ) 1
FERDINAND I , fucceffeiir de Charles V , archiduc
d’Autriche , ( Hiftoire d'Allemagne , d\t-Hon* -
grie & de Bohême. ),'X X X e;empèreur depuis Conrad '
I , XXXIVf roi d’Hongrie, X X X e roi de Bohême
naquit à Alcala ,le 1.0 mars 1503, de Philippe le
Beau, archiduc d’Autriche, 6c de Jeanne d’Efpagne.
On verra aux articles Frédérfc le Pacifique &
Maximilien, quels pouvoienf être les droits de la
maifpn d’Autriche au trône d’Hongrie: C ’étoient des
traités; faits avec.les Huniades & l’alliance de Maxi- '
milien, avec Louis II, dont il a voie époufé l'a fôeur»
Ces traités bleffoient la conftitution des. Hongrois ;
qui à chaque regrie prétendoiènt avoir le droit de
fe choifir dés maîtres. Cette nation affoiblié par fès '
divifions & par les guerres des Turcs ; ’qui récêm- '
ment avoient écrafé plufieurs de leurs armées
& tue Lotus I I , leur dernier ro i, étoit dans l’im- '
puiffance de. défendre par ellé^mêmé fe plus cher
de fes^ privilèges. Ferdinand et oit peu redoutable par '
lui-meme, mais il ayoitpour frere Charles-Quinr •