dépenfe qu’on veut faire, & proportionner l’ouvrage
à cette dépenfe. Un jardin de trente ou quarante
arpens eft d’une belle grandeur.
Maximes fondamentales pour bien difpofer un jardin.
i° . L’art doit céder à la nature.
Tout doit paroître naturel dans un jardin. On placera
un bois pour couvrir des hauteurs, ou remplir
des fonds, qui fe trouveront fur les ailes d’une mai-:
Ion. Un canal fera mis dans un endroit bas, pour
paroître comme l’égout de quelque hauteur voifine.
2°. Le jardin ne doit point être étouffé.
Les jardins qui font trop couverts & trop remplis
de broffailles, font fombres & trilles. Il faut
laiflèr régner autour du bâtiment des efplanades,
des parterres, & des boulingrins, & ne mettre que
des ifs & des arbriffeaux fur les terraffes &c en quelques
autres endroits où on le trouvera à propos.
30. On ne doit point trop découvrir les jardins.
C’eft une c'hofe défagréable, que de voir toute
l’étendue d’un jardin d’un feul coup d’oeil.
40. Un jardin doit paroître plus grand qu’il ne
l’eft e f f e c t i v e m e n t . Le véritable moyen de faire cette
efpece d’enchantement, eft d’arrêter la vue dans certains
endroits, par des bofquets & des fales vertes
ornées de fontaines, & de ménager fi bien les allées
& les ornemens , qu’on fe laffe à parcourir les unes,
& qu’on emploie du tems à regarder les autres.
Difpojîtions générales d?un jardin de propreté. i°. La
longueur doit être d’un tiers ou d’une moitié plus
grande que la largeur : les pièces bar-longues font
plus agréables à la vue, que les autres.
20. On placera le parterre auprès du bâtiment. II
eft bon que le bâtiment foit élevé au-deffus du parterre
, afin que des fenêtres on puiffe juger plus ai-
fément de la beauté du deflin du parterre, & que
la vue jouiffe des différentes fleurs qui y feront plantées.
Il dépendra de la fituation du lieu de placer
les bofquets, les palliffades, les fales vertes dans
des endroits convenables. Ces pièces doivent accompagner
le parterre pour le relever. On pratiquera
dans ce parterre des boulingrins & autres pièces plates*
Unparterre, quelque beau qu’il foit, demande
à être diverfifié.
30. La tête du parterre doit être ornée de baflins
ou de pièces d’eau. On plantera, au-deffus des pa-
liflades , foit hautes, foit baffes, un bois auquel on
donnera une forme circulaire, percée en patte-d’oie,
pour mener dans les grandes allées. L’efpace qui fe
trouvera entre le baffin & la paliffade fera rempli de
pièces de broderie ou de gazon garnies d’ifs, de
caiffes & de pots de fleurs.
Ce que nous venons de dire, ne doit être obfervé
que quand il n’y a point de vue. S’il y en a , on pratiquera
plufieurs pièces de parterre tout de fuite,
foit de broderie, foit de compartimens à l ’angloife,
foit de pièces coupées, de gazon, &c. féparées d’ef-
pace en efpace, par des allées de traverfe. Les parterres
les plus ornés feront toujours près du bâtiment.
4°. La grande allée fera percée en face du bâtiment.,
& traverfée par une autre, d’équerre à fon
alignement. A l’extrémité de ces allées, on ouvrira
les murs : on placera des grilles à ces ouvertures, ou
bien on fera par dehors un foffé affez large & affez
profond pour empêcher l’entrée du jardin. On aura
loin de percer les autres allées de traverfe, de maniéré
qu’on puiffe profiter de la vue que donneront
ces ouvertures.
50. Tout ce qu’onvient de dire ayant été obfervé,
on difpofera dans les lieux les plus convenables, des
bois de futaie, des quinconces, des cloîtres, des galeries
, des cabinets, desfalles vertes, des Iabyrintes,
des boulingrins, des amphithéâtres & autres pièces
que l’on ornera de fontaines, canaux & figures qui
contribuent beaucoup à l’embelliffement d’un jardin '.
Dans les endroits bas& marécageux qu’on ne veut
point relever , on pratique des boulingrins, des pièces
d’eau, pu des bofquets. On releve feulement le
terrein par où l’on doit continuer les allées qui y
aboutiffent.
6°. On doit diverfifier toutes ces parties du jardin,
les oppofer les unes aux autres, ne pas mettre tous
les parterres d’un côté & tous les bois d’un autre ,
mais un bois contre un parterre ou un boulingrin ;
en un mot, le plein contre le vuide, & le plat contre
le relief pour faire oppofition. Un baffin rond fera
environné d’une allée oélogone.
70. On ne répétera les mêmes pièces des deux
côtés que dans les lieux découverts, où l’oeil en les
comparant peut juger de leur conformité , comme
dans les parterres, les.boulingrins, les quinconces
& les bofquets découverts à compartiment. Mais
dans les bofquets formés de paliffades & d’arbres de
futaie,, on doit toujours varier les deffins & les
parties détachées. Cependant quelque variées qu’elles
foient, elles doivent avoir entr’ elles un rapport &c
une convenance ,enforte qu’elles s’alignent & s’enfilent
les unes les autres, pour faire des percées, des
pertes de vue, des enfilades agréables.
8°. Les deffins doivent préfenter quelque chofe
de grand. Evitez les petites pièces, fur-tout les allées
où deux perfonnes peuvent à peine aller de front. '
Prévoyez l’efpace que rempliront les arbres quand
ils feront parvenus à unejufte groffeur.
90. Toutes ces réglés s’obferveront diverfement
dans les différentes fortes de jardins, que l’on peut
réduire à trois , favoir ; les jardins de niveau parfait,
les jardins en pente douce, & les jardins dont le niveau
& le terrein font entrecoupés par des chûtes
de terraffes, des glacis, des talus, des rampes, &c.
Les deffins qui conviennent à une forte de ces jar-
dins, ne fauroient très-fou vent convenir à l’autre.
io°. Il eft à propos de difpoferun jardin, en forte
que dès le commencement du printems on ait un
bofquet d’arbres verds , dans lelquels feront ménagées
des plate-bandes remplies d’arbuftes ou de
plantes qui' fleuriffent dans les premiers jours d’avril.
Après quoi, d’autres bofquets deftinés à faire
jouir d’un fpeâacle très-agréable au milieu de cette
faifon, feront formés d’un grand nombre d’arbres
& d’arbuftes qui fleuriffent tous dans le même
tems. Qu’y a-t-il de plus raviffant, dit Mi Duhamel
ce génie cultivateur, que de trouver dans fon parc
une très-grande falle ornée de tapifferies auffi riches
que les plus belles plate-bandes formées des fleurs
les plus précieufes, & meublée d’arbriffeaux & d’arbuftes
qui tous portent dans le même tems des fleurs
qui charment par la beauté de leurs couleurs, par
la variété de leurs formes & par leurs agréables
odeurs ?
Comme les arbres qui confervent leurs feuilj
les font une reffource d’agrément pour l’hiver, on
doit auffi en faire des bofquets ; mais en les maf-
quant par des paliffades ou par dés falles d’arbres
qui fe dépouillent. La raifon de cette diftribution eft
que les arbres verds ont une couleur foncée qui con-
trafte trop avec le beau verd des autres ; & qu’ainfi
il eft avantageux qu’il n’y ait que ceux-ci que l’on
apperçoivedes appartemens pendant l’eté. Mais dans
les beaux jours d’hiver, on ira volontiers chercher
le bofqiiet où l’on aura le plaifir de fe promener à
l’abri du vent, au milieu d’arbres touffus & remplis
d’oifeaux qui abandonnent les autres bois pour profiter
de l’abri qui leur eft offert, & qu’ils ne peuvent
plus trouver ailleurs.
Jardin botanifie. Nous avons amplement traité de
la culture des différentes plantes qui le compofent.
La terre qui convient à chacune en particulier pro-
3uit dans ces fortes de jardins un inconvénient ordinaire
; je veux dire que peu de plantes confèrvent
le port qui eft naturel, fi le fond du jardin eft une
terre fubftantieufe. Telles plantes qui n’en veulent
que de maigre y deviennent plus ou moins méconnoif-
fables, & dégénèrent. Une qualité oppofée occa-
fionne le même effet fur celles à qui il faut un terrein
gras & beaucoup d’humidité. Ce n’eft qu’avec beaucoup
d’attentions & une certaine dépenfe, que l’on
peut donner à chaque plante le fol qu’elle demande.
Plus le jardin eft étendu, plus:cela devient difficile.
Une autre circonftance qui préjudicie au fuccès
des plantes, eft que l’on n’a pas toujours la commodité
de donner à chacune l’expofition qui lui convient.
On eft gêné par l’arrangement fyftématique. On
s’épargneroit beaucoup de peine & de défagrément
fi l’on pouvoit trouver dans la méthode même de
difpofition ,1e moyen d’imiter l’ordre de la nature ;
placer à découvert les plantes qui viennent naturellement
ainfi ; & garantir par le voifinage d’arbriffeaux
celles qui croiffent de cette maniéré à l’ombre
dans les bois ou ailleurs.
Pour ce qui eft de la diftribution générale, chacun
adopte celle qui lui plaît davantage.
Jardins fruitiers, potagers & fieurijles. Nous réunirons
ces trois fortes de jardins, parce qu’il n’eft pas
affez rare que celui qui s’applique à l’un ne s’applique
pas à l’autre, & que d’ailleurs plufieurs chofes
conviennent aux trois. .
Le jardin fruitier eft celui où l’on cultive les arbres
qui portent des fruits ; comme pêchers, poiriers,
pommiers, abricotiers, pruniers, cerifiers', & autres.
Le jardin potager eft celui où l’on cultive les
légumes & les herbes qu’on emploie dans le potage
, les falades, & en général à la cuifine.
Le jardin, fleurifte eft celui où l’on éleve toutes
•fortes de plantes qui donnent des fleurs, comme les
orangers,les violettes, les anémones, les tubéreu-
fe s , les giroflées , &c.
Ces jardins ont divers dégrés de fécondité, qui
influent auffi fur la qualité de leurs productions,
félon qu’ils font plus ou moins aërés, & par rapport
aux vents auxquels ils font particuliérement expofés.
Leur difpofition ordinaire , la meilleure, auffi-
fiien que la plus-commode pour le jardinier , eft
celle qui fe fait autant qu’on peut, en quarré dont la
.longueur foit un peu plus grande que la largeur. Les
allées doivent auffi être d’une largeur proportionnée
tant à la longueur qu’à toute l’étendue du jardin.
Les moins larges ne doivent pas avoir moins
rie fix à fept pieds de promenade ; & les plus larges,
de quelque longueur qu’elles foient, jamais excéder
trois ou quatre toifes au plus. Pour ce qui eft de
la grandeur desquarrés^ c’en un défaut d’en faire
qui aient plus de quinze ou vingt toifes d’un fens ,
fur un peu plus ou un peu moins de l’autre : ils font
affez-bien, de dix à douze fur quatorze à quinze. Le
tout fe doit régler fur la grandeur du jardin.
Les fentiers ordinaires pour la commodité du
fervice des quarrés ou des planches, 1e font d’environ
un pied.
Un jardin , quelque agréable qu’il foit dans la difpofition
, ne réuffira jamais fi la commodité de l’eau
pour les arrofer ne s’y trouve.
Pour ce qui eft de la terre qui convient à ces jardins
, confultez l’article A r b r e , & les articles ref-
peCtifs dés plantes que l’on y deftine.
On ne doit pas épargner les labours. Le fuccès
dépend en grande partie de cet article effentiel..Labourez
d’abord profondément : & quand les plantes
feront hors de terre , donnez-leur fréquemment de
légers labours, qui les chauffent par le p ied, en même
tems qu’ils fervent à empêcher la pouffe des herbes
nuifibles. Une terre, ainfi tenue en bonne façon,
eft d’ailleurs plus agréable à voir, que celle qui eft
battue ou négligée.
Toutes fortes de fumier pourri, de quelque ani-,
mal que ce fo it , chevaux , mulets , boeufs , vaches,
6*c.font excellens pour amender les terres employées
en plantes potagères. Celui de mouton
ayant plus de fel que les autres, il n’en faut pas
mettre en fi grande quantité. On doit penfer à-peu-
près la même chofe de celui de poule & de pigeon’ :
mais on ne confeille guere d’en employer, à caufe
des pucerons, dont ils font toujours pleins, & qui
d’ordinaire font tort aux plantes.
Le fumier des feuilles bien pourries n’eft guere
propre qu’à répandre fur les femences nouvellement
faites, pour empêcher que les pluies ou lesarrofe-
mens ne-battent trop la fuperficie, enforte que les
graines auroient peine à lever.
Tous les légumes d’un potager demandent beaucoup
de fumier: les plants d’arbres n’en demandent point.
Pour ce qui eft des fleurs, tantôt on leur donne
du terreau bien confommé ; tantôt on leur compofe
une terre mélangée de fable, gravier, terre de potager,
argille, &c. Nous en parlons, en traitant en
particulier de chaque plante.
Pour les jardinsfujets à la féchereffe. Si le jardin
n’a ni puits, ni fontaine, ni réfervoir, vous fouirez
votre jardin trois ou quatre pieds plus profond que
d’ordinaire : par ce moyen il ne craindra pas les
féchereffes.
Pour conferver les femences en terre ,fans aucun dommage.
i° . Faites-les tremper dans le lue de joubarbe,
quelque tems avant de les mettre en terre. Non-
feulement, dit-on, elles ne fouffriront aucune atteinte
de la part des infeéles & des oifeaux, mais auffi elles
produiront de plus belles plantes, des feuilles & des
racines plus vigoureufes & mieux nourries. Nous
n’avons fait fur cela aucune expérience.
On affure que les plantes ne prennent point le goût
de fuie ou d’autre chofe dont on a enduit les graines
pour les garantir d’être dévorées dans la terre.
20. Répandez de la cendre fur vos couches ou
tout autour de vos planches.
30. Mêlez de la fuie avec les femences, ou arro-
fez les plantes avec de l’eau où ait trempé de la fuie
de cheminée.
40. Enterrez dans, le jardin, vers l’endroit qui pa*
roît le plus rempli d’animaux nuifibles, les boyaux
d’un mouton fans en vuider les excrémens, & mettez
un peu de terre par-deffus. Au bout de deux
jours, ces animaux s’y amafferont ; alors on les brûlera
avec les boyaux : ou l’on enfouira le tout dans
un creux profond, que l’on recouvrira bien : ou
pour le plus fur, on en tuera le plus qu’il fera pofr
fible. En trois ou quatre fois on les aura exterminés
à-peu-près tous.
50. Faites bouillir de la coloquinte dans de l’eau,’
& en répandez dans les endroits que vous voulez
garantir.
Nous ne donnons point ces cinq indications comme
certaines, quoiqu’il y en ait dont on peut vrai-,
femblablement attendre quelque fuccès. (+ )
JARENSK, ( Géogr. ) ville de la Ruffie européenne
, dans le gouvernement d’Archangel, fur lariviere
de Wytfchega ; c’eft le chef-lieu d’un grand diftriél
affez mal peuplé. ( D. G .)
JARGEAU, ou Gergeaû , Gargolium, Jorgoi-
lum, Jurgolium, ( Géogr.) petite ville de l’Orléanois
fur la Loire à quatre ligues d’Orléans, connue dès
le IXe fiecle , fous Charles le Chauve, fous le nom
de Gergofilum. L’évêque d’Orléans en eft Seigneur.
Charles VII y tint les grands jours en mai 1430, &
Louis XI y maria fa fille, Anne de France, avec
Pierre de Bourbon, comte deBeaujeu, en 1473. Il y
a une collégiale fous le nom de S, Umin,