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vient Ton nom, ne vivent que de mais ; & d’un autre
côté j la culture de ce grain robufte ne mknque jamais
de récompenser au centuple les foins qu’on lui
accorde. Il vient aifément, il tarde peu à mûrir, &
il fournit toujours un Secours aflûré contre les di-
fettes, parce qu’il n’eft pas fujet à tant d’accidens que
le froment ; d’ailleurs il fe feme fur les jachères qu’on
deftine à être enfemençées en bleds l’hiver ; 6c loin
de nuire à ceu x -c i, il n’en difpofe que mieux la terre
à les recevoir. La culture à bras 6c les façons qu’il
exige, influent fur la récolte en bleds qui doit la
Suivre.
Lorfqu’on feme le maïs ou bled de Turquie en
plein champ comme le bled, il ne rapporte qu’un
épi; mais li l’on feme les grains à dix-huit pouces de
diftance les uns des autres, alors il rapporte plufieurs
grappes. Dans les provincès on feme cette graine fur
les chaumes à la volée, 6c on l’enterre à la charrue
tirée par les boeufs. Quand ce bled eft levé on lui
donne un léger labour, qu’on nomme agalçrpar corruption
d'égaler , parce qu’on brife les mottes-. &
qu’on unit le terrein ; quand les plantes ont acquis
Sept pouces de hauteur, on donne vin deuxieme labour
qu’on nomme farder ou piller, parce qu’il détruit
les mauvaifes herbes 6c les pieds qui font trop
près les uns des autres ; quand les plantes font parvenues
à douze ou quinze pouces de hauteur, on
donne un labour général pour buter les pieds qu’on
veut conferver, 6c arracher ceux qu’on juge encore
trop près. Lorfque le maïs a produit fa pannicule,
on la coupe 6c on la ramaffe foigneufement pour la
donner aux boeuffe (b). On récolte fur la fin de fep-
tembre ; 6c les labours à bras ont fi bien préparé les
terrés, qu’il n’eft plus befoin que d’en faire un feul
avant de femer le froment.
La maniéré de planter le maïs, pratiquée par les
Anglois en Amérique eft de former les filions égaux
dans toute l’étendue d’un champ à environ cinq ou
fix pieds de diftance, de labourer en travers d’autres
filions à la même diftance, & de femer la graine dans
les endroits où les filions fe croifent & fe rencontrent
; ils couvrent la fernaille à la bêche ou à la
charrue, en fajfant un fillon à côté. Quand les mauvaifes
herbes commencent à faire du tort au maïs,
ils labourent de nouveau le terrein où elles fe trouvent,
ils les coupent, les détruifent 6c favorifent
puiffamment la végétation par ces divers travaux.
C ’eft, pour le dire en paffant, cettë méthode du labourage
du mais, employée depuis long-tems par
les Anglois en Amérique, que M. Tull a adoptée,
6c qu’il a appliquée de nos jours avec tant de réputation
à la culture du bled.
Lorfqu’on a cueilli les épis du maïs, on arrache
les tiges pour fervir de fourrage aux boeufs pendant
l’hiver; on égraine les épis en les battant avec le
fléau ou en les frottant fortement contre & fur le
bord d’un tonneau défoncé ou quelqu’autre chofe
femblable. Le maïs égrainé 6c bien féché au foleil,
peut fe conferver pendant plufieurs années, & quelque
vieux qu’il foit, il eft encore bon pour être
femé.
Les avantages que l’humanité peut tirer de ce
grain font infinis; une grande partie des hommes &
des animaux domeftiques en font leur nourriture;
comme on ne le feme qu’après l’hiver & qu’il vient
aifément, il pourroit être d’une grande reflource fi
la culture en étoit univerfellement répandue en
([b) Avant de. couper la pannicule des. fleurs mâles, il faut
prendre garde qu’elles aient répandu leur pouffiere fur les épis
à fruit ; on peut s’en convaincre en tâtant avec le pouce fi le
grain des épis eft déjà gros & renflé. Voyez ce que nous avons
dit à ce fujet dans notre diflertation latine , Deprincipiisvégéta-
tbnis , p. 48 , en rapportant les expériences de M. Logan , pré-
•fidentdu confeil de Philadelphie.
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France, comme elle l’eft en Bourgogne, dans la
Breffe, en Franche - Comté, en Angoumois, &c.
Le maïs eft une plante qui donne la nourriture la
plus faine & la plus abondante. Un fauvage, allant à
la guerre^porte aifément fur foi fa provifion de maïs
pour deux mois. Comme les Indiens ne connoiffent
pas l’art de moudre, ils font griller leur maïs, en-
luite ils le_pilent dans leurs mortiers, & ils le faffent
pour en faire des gâteaux ; ils en mangent aufli les
grains en verd comme les petits pois, ou grillés ou
boullis. Les médecins du Mexique en font une tifane
à leurs malades ; c’eft leur meilleur remede contre
les maladies aiguës. Les Américains retirent de ces
grains, pilés & macérés dans l’eau, une liqueur vi-
neufe dont ils font leur boiffon ordinaire ; cette liqueur
enivre ; on en peut retirer de l’efprit ardent,
elle fe convertit aufti en excellent vinaigre : enfin ,
le maïs fert aux Indiens à une infinité d’ufages,
dont on peut voir le détail dans Garciiafto de la
Vega. 11 WÊÊ . . ;
En Piémont, cette"efpece de bled fait la principale
nourriture du peuple ; les riches ont même trouvé
le moyen d’en faire un mets délicat. On cueille les
jeunes grappes lorfqu’elles font de la groffeur du pe-
: tit doigt 6c encore vertes; on les fend en deux 6c
on les fait frire avec de la pâte comme les artichaux ;
on les confit aufli comme des cornichons , &c.
Aux environs du Rhin, où le bled ne venoit que
difficilement , de vaftes champs font', couverts de
maïs, & cette culture y occafionne un riche commerce
avec le bétail engraifle par le mais, contre le
bled qui eft très-abondant dans les cantons voifins,
& il fert à noufrir une partie du peuple. La Bourgogne,
la Breffe 6c la Comté s’enrichiffent par cette
culture.
Le maïs bien moulu donne une farine blanche ou
jaunâtre qui fait de bon pain, de la bonne bouillie
aVec du lait, des crêpes, des gâteaux, des galettes,
&c. Le pain qu’on fait de la feule farine d e e f t
jaune 6c pefant, parce que la pâte ne lève pas fi bien
que celle de la farine de froment ; néanmoins on a
vu des payfans qui en ont vécu pendant des années
entières fans en avoir été incommodés ; ce pain eft
plus doux , quoique plus groflier en apparence, que
celui de la farine de froment. Mais pour faire un excellent
pain, plus fa in 6c plus favoureux que le pain
ordinaire, on mêle avant de pétrir un feptîeme ou
un huitième de farine de mais fur fix ou fept parties
de farine de froment ; les médecins les plus expérimentés
le préfèrent à tout autre pain.
On fait que le maïs eft très-bon pour les boeufs &
pour les moutons, foit qu’on le leur donne verd ou
fec. Quand on veut le donner en verd , fur-tout aux
boeufs s’ils font des travaux pénibles, on le feme
fort épais fur la levée des orges, moyennant quoi
on peut le couper pendant les mois d’oâobre ou de
| novembre pour les nourrir. On le donne en épi ou
en grains aux beftiaux 6c aux porcs qu’on veut en-
graiffer, il fait prendre à ceux-ci un lard ferme ; les
cochons de Naples qui pefent jufqu’à 500 livres, ne
font engraiffés qu’avec le grain de maïs: on engraifle
la volaille qui profite à vue d’oeil, avee cette feule
nourriture ; mais avant de donner ce grain à la jeune
volaille , il faut le concaffer fous la meule ; les chapons
de Breffe qui pefent jufqu’à dix à douze livres,
ne doivent leur réputation qu’au bled de Turquie ;
la chair des pigeons de voliere qu’on en nourrit eft
blanche, tendre, 6c leur graiffe eft ferme 6c fkvou-
reufe, &c.
On voit par tous ces détails d’utilité domeftique,
que cette culture eft trop négligée en France, 6c
qu’on ne fauroit affez la répandre 6c l’encourager.
Cependant on a reproché au maïs que depuis que
fe culture eft introduite dans l’Angoumois, on y a
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vu paroître un infeéte qui y dévore les grains ; mais
cette obfervation eft dénuée de preuve 6c de fondement
,’puifque le maïs ou bled de Turquie eft exempt
lui-même de ce fléau, 6c que cet infeâe eft connu
en Bourgogne, en Breffe, en Franche-Comté, &
dans tous les pays où il y a de grandes cultures de
maïs établies depuis très - long-tems. ( ikf. ite -
g u i l Le i v ) --
MAISON, f. f. manfio, onïs , ( terme de B la f on. )
meuble, de l’écu qui repréfente le domicile d’un
citoyen. Ouverte, ajourée 6c maçonnée , fe dit de la
porte , des fenêtres & des joints des pierres y lorf-
qu’ils fe trouvent d’un autre émail que l’édifice.
On nomme maifon ejforéey celle dont le toit eft
de différent émail.
Le mot maifon vient du latin manfio , demeure *
féjour.
De Saifmaifons de la Saulciniere de Tréambert à
Nantes y-de gueules à .trois maifons clôr9 'ouvertes ;
ajourées & maçonnées de fable.
MAISON , f. f. familia , ce, genus , cris , (’ terme
de Généalogie.') famille d’une ancienne nobleffe , ou
élevée par de grandes dignités. ( G. D . L. T. )
M A ISO N célejle , terme Aftrologie judiciaire
qui fignifie une des douze parties du ciel, divifié à
la maniéré des aftrologues. Il y avoir plufieurs méthodes
pour divifer le ciel en douze maifons ;■ mais
celle de Regiomontanus ayant été la plus fuivie,
nous nous contenterons de donner une idée de
celle-ci.
On conçoit quatre cercles de pofitions tirés par
les points nord 6c fud de l’horizon, 6c par les points
de l’équateur qui font à 30 6c à 60d du méridien ;
foit à l’orient, foit à l’occident : ces quatre cercles,
avec le méridien & l’horizon, divifent'toute la fur-
face du ciel en douze maifons , à commencer du
côté de l’orient.
La première maifon célejle qui fuit immédiatement
au-deffous de l’horizon à l’orient, eft appellée Yho-
rofcope , la maifon de la vie , ou Y angle oriental.
La fécondé maifon célejle qui fuit plus bas , eft appellée
la maifon des richejfes.
La troifieme , la maifon des f reres.
La quatrième, dans.le plus bas du ciel, la maifon
des parens, 6c Y angle de la terre.
La cinquième, la maifon des enfans.
La fixieme , la maifon de la fanté.
La feptieme ,. la maifon du mariage, ou Y angle
£ occident.
La huitième , la maifon de la mort, 6c la porte
fupérieure.
La neuvième , la maifon de piété.
La dixième , la maifon des offices.
L’onzieme , la maifon des amis.
La douzième, la maifon des ennemis.
Ces douze maifons célefles font repréfentées en
deux façons par les aftrologues ; favoir, dans un
cercle & dans un quarré, comme dans les fig.-ziS
6c z i y. pl. dé Aflron. Suppl, qu’il fuflit de regarder
pour comprendre la difpofition des douze maifons.
La fig. zry repréfente aufli la forme que l’on don-
noitaux thèmes de nativité, en marquant dans chaque
triangle les affres qui s’y trouvoient au moment de
la naiffance. (M. d e l a L a n d e . )
MAITRE À c h a n t e r , ( Mufique. ) muficien qui
enfeigne à lire la mufique vocale , 6c à chanter fur
la note.
Les fondions du maître d chanter fe rapportent à
deux objets principaux : le premier , qui regarde la
culture de la voix, eft d’en tirer tout ce qu’elle peut
donner en fait de chant, foit par l’étendue , foit par
la jufteffe, foit par le timbre, foit par la légéreté,
foit par l’art de renforcer & radoucir les fons, &
d’apprendre à les ménager & modifier avec tout
Tome III.
M A L 835
l’art pofîïble. Voyè^ C h a n t , Voix , Diction, raif.
des Sciences , 6cc. ,6c Suppl.
Le fécond objet regarde l’étude des lignes, c’eft-
à-dire , l’art de lire la note fur le papier , 6c l’habitude
de la déchiffrer avec'tant de facilité , qu’à
l’ouverture du livre on foit en état de chanter toute
forte de mufique. Voye^ N o t e , S o l f i e r , Dicl.
raif. des Sciences , 6çc. 6c Suppl.
Une tioifieme partie des fondions du maître à
chanter, regarde la connoiffance de la langue , fur-
tout des accens, de la quanfité, de la meilleure
maniéré de prononcer , parce que les défauts de la
prononciation font beaucoup plus fenfiblês dans le
chant que dans la parole, 6c qu’une vocalç bien
faite ne doit être qu’une maniéré plus énergique 6c
plus agréable de marquer la profodie 6c les açcens.
Voye£ A c c e n t , Diction, raif, des Sciences, &c. 6c
Suppl ( S )
■ M a î t r e d e c h a p e l l e * ( Mujîq.) Voye1 ci-après
M a î t r e d e m u s i q u e .
M a î t r e d e m u s i q u e , ( Mujîq.) muficien gagé
pour compofer de la mufique 6c la faire exécuter.
C’eft le maître de mufique qui bat la mefure & dirige
les muficiens. Il doit favoir la compofition
quoiqu’il ne compofe pas toujours la mufique qu’il
feit exécuter; A l’opéra de Paris , par exemple, l’emploi
de battre la mefure eft un office particulier ; au
lieu que la mufique des opéra eft compofée par quiconque
en a le talent &. la volonté. En Italie, celui
qui a compofé un opéra , en dirige toujours l ’exécution,
non en battant la mefure , mais au clavecin.
Ainfi , l’emploi de maître de mujique n’a guere lieu
que dans les églifès ; aufli ne dit-on point en Italie,,
maître de mufique , mais maître de chapelle, dénomination
qui commence aufli à paffér en France. (S1)
§ MALACA^{Géogr. anc.) L’itinéraire d’Antonin
décrit une route de Caftulon à Malaca, 6c une autre
de Malaca à Gades. Strabon dit que c’étoit une colonie
de Carthaginois, &,une ville de grand com-
mêrce. Le nom moderne eft Malaga. Voy. M a l a g a ,
dans le Dictionnaire raifonné des Sciences, Arts &
Métiers.
Abdallack, furnommé Ben-Beithar, le. plus célébré
botanifte qui ait exifté parmi les Arabes , étoit;
né à Malaca. Il fut vifir de Damas, où il eft mort
en 1248. (C . )
MALADIES du grain en herbe, ( Botan. Agriç.j
Quoique la nature ne produife rien de nouveau ,
cependant elle opéré d’une maniéré fi fecrette, elle
emploie des moyens fi variés , 6c l’ignorance dé
l’homme eft fi profonde , .que tout devient pour luî
un phénomeue nouveau. Les maladies du grain eré
herbe iont de ce genre ; & quoiqu’on ne puiffe douter
qu’elles n’aient été connues des-anciens '..Dédit oeru-
gini frucius eoruin , pfal. y y , cependant cette partiel
de la phyfique eft ignorée, même des agriculteurs ;
plufieurs d’entr’eux ignorent jufqu’au nom de ces
qualités ; 6c ce n’eft que dans ces derniers-tems que
quelques favans modernes, .comme MM. Tillet,
Duhamel, Ginani , &c. s’en font occupés avec
fuccès.
M. Adanfon, dans- fes Réfultats des expériences
modernes fur l'organifation des plantes, diftingue leurs
maladies , comme les càufes qui les produifent, en
externes 6c en internes : il en reconnoît 23 efpeces,
dont. 15 externes 6c 8 internes ; favoir ,
Maladies dues à des eau fes externes. 10 ^ La brûlure
ou le blanc ( candor ). :C ’eft cette blancheur qu’on
voit par taches fur les feuilles, qui les fait paroître
vuides & comme tranfparentes : elle n’arrive que
lorfqu’après une pluie ou une forte rofée , le foleil
vient à donner vivement fur ces feuilles avant qu’elle
ait eu le tems de s’évaporer ; lorfque toutes en font
attaquées , la plante périt peu de jours après. Mais
N N n n n i j ‘
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