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L LA L A B
A AS ou Losch , ( Géogr. ) ville
8c château du duché de Car-
niole, dans le Cercle d’Autriche,
en Allemagne. La ville , qui eft
peu confidérable, appartient au
fouverain du pays, Ôc le château
qui eft d’une certaine force, eft
au prince d’Auertberg. ( D . G. )
' LABAN, blanc, ( Hiß. facrée. ) fils de Bathuel,
petit-fils dé Nachor, frere de Rebecca, demeuföit
dans la Méfopotamie de Syrie, oîi il pofledoit de
grands biens, 8c il avoit deux filles, Rachel 8c Lia.
Ce que l’écriture rapporte des procédés de Laban,
porte le caraûere d’un homme dur 8c artificieux,
îansaffeôion ,fans parole, 8c qui ne connoît d’autre
loi que fon intérêt. Gcn. xxxj.. y. Image de ces hommes
du fiecle qui, comptant pouriien la droiture 8c
l ’équité, leur préfèrent un gain préfent, quoique
injufte 8c honteux. Jacob , fon neveu, étant venu le
trouver, le fervit fept ans pour avoir Rachel en mariage
; mais quand ce tems fut écoulé, Laban qui
ne vouloit pas que la cadette fut mariée avant l’aînée,
envoya le foir Lia au lieu de Rachel, 8c Jacob qtii
la prit pour femme, s’étant apperçu le lendemain de
fon erreur, fervit Laban fept autres années pour
avoir Rachel: enfin, après c.e tems , Laban obtint
encore de fon gendre fix ans de fervice ; mais celui-
ci voyant qu’on le regardoit dé mauvais oeil dans la
maifon de fon beau-pere, ibid. 4, fortit de chez lui
fans l’en avertir, 6c emmena avec lui tout ce qui lui
appartenoit. Laban ne s’apperçut du départ de Jacob
que le troifieme jour, 8c s’étant mis à le pourfuivre,
il l’atteignit à la montagne de Galaad. Après s’être
fait des plaintes réciproques, le beau pere ôc le
gendre fe jurèrent une amitié éternelle, 8c dreffe-
rent un monument pour marque de l’alliance qu’ils
faifoient, ibid. xlvj. 47. Laban après avoir dit adieu
à fes filles , s’en retourna à Haran, 8c l’écriture ne
dit plus rien de lui. (+)
§ LABOURAGE, (Econ. Ràftiq.) Quelle eft la
première 8c principale opération de l'agriculture ?
Caton, cet oracle de l’agriculture ancienne 8c mo-‘
derne, nous répond que cefi de bien labourer ‘la terre.
Quelle eft la fécondé ? c’eft encore, félon le même
Caton , de faire de profonds labours. Quelle eft la
troifieme ? c’eft de la bien .fumer. Quid primum ?
arare. Quidfecundum ? arare. Quid tertium? fier cor are.
Cat. de re ruft. On voit dans ce paffage que cet auteur,
dont l’autorité eft de fi grand poids , infifte jufqu’à
deux fois fur la néceflité des labours, comme fur la
principale caufe de la fertilité des terres.
En effet, le fol le plus fertile ne feroit jamais propre
à porter du froment, fi la terre oii on le jette
n’étoit pulvérifée 8c ameublie, afin que les racines
délicates dé cette foible plante puiffent la pénétrer
aifément de toutes parts pour y chercher une nourriture
qui ne fauroit être trop abondante, & que la
terre fournit en plus grande quantité, àmefure qu’elle
eft divifée en plus petites parcelles.
Ce font les racines qui tranfmettent l’aliment aux
bleds; ainfi, plus elles s’alongent, plus elles multiplient
leurs chevelus : plus les bleds croiffent & prennent
de la force, plus le nombre des racines augmente
: plus le fuc nourricier y abonde , 8c plus il
fe développe autour de leurs collets de nouveaux
germes qui augmentent le nombre des talles ou
tuyaux, 8c par conféquent, celui des épis ou de la
récolte.
Les racines font comme des mains 8c des bouches
, deftinées à faifir ces fucs rfiourriciers & ces
parties terreufes infiniment petites , minces & déliées
, qui entrent dans la compofition des plantes :
ainfi, plus la terre eft remué e , retournée , o u v e r te ,
d iv ifé e , féparée , ameublie 8c bien menuifée pour
mieux envelopper les femences 8c les racines, 6c
plus elle favorife le prolongement 8c la bifurcation
de celles-ci, d’oü dépend la multiplication des talles
o u tro c h e s , c’eft-à dire * les fuccès des moiffons:
plus la terre eft rendue perméable aux racin es, plus
elles y trouvent la nourriture des grains ; foit que
cette te rre , bien divifée en petites parties, fo it plus
propre à s’infinuer elle-mcme dans les pores 8c les
vaiffeaux des racines ; foit que dans cet état de divi-
fion 8c d’atténuation, la terre foit plus propre à con-
ferver les eaux de pluies 8c autres influences de
l’a i r , parce que chaque petite molécule s’en pénétré
féparément.
Un autre avantage du labourage réitéré , c ’eft
qu’il débarraffe la terre des mauvaifes herbes 8c des
racines gourmandes qui l’épuifent au préjudice des
'grains.
Soit que vous vouliez défricher un te rre in , foit
que vous deftiniez vos guérets à porter des grains
d’h ivef , foit que vous les prépariez pour les carê-
mages , il faut labourer avant l’hiver ou pendant
l’h iv e r , lorfque le dégel 8c le tems doux le permettent
, parce que les laboursd’automne & d’hiver font
les plus profitables. La t e r r e , ouverte dans ces fai-
fo n s , reçoit plus aifément les influences de l’air ; le
froid, les gelées, les frimats,la pénètrent mieux après
les labours, que fi fa fuperficie, battue & afïàiffée , rmettoit obftacle, 8c rien ne contribue davantage
la divifion de fes molécules, que l’alternative de
la glace 8c du dégel : les pluies, les vents, les neiges ,
les brouillards, s’y introduifent mieux , 8c y dépo-
fent, comme dans une matrice convenable, des
particules nitreufes & des principes végétatifs, dont
l’air & les vents du nord qui régnent dans cette fai-
fon , font imprégnés. La terre , ainfi foulevée 8c
ouverte en automne, eft une éponge qui ne perd
rien des fels de l’air 8c des pluies ; ce qui lui vaut
prefqu’autant que le fumier : la neige liir-tout qui
contribue fi fort à engraiffer la terre ( fuivant le proverbe
fi connu : Alix quee cadit opimat terram ) , la
pénétré beaucoup mieux lorfqu’elle eft ouverte &
labourée ; elle s’y infinue plus profondément que fi
cette fuperficie avoit été couverte d’une croûte dure
6c impénétrable. On ne peut pas révoquer en doute
les bons effets de la neige fur les terres , quand on
confidere que l’eau de neige eft bien plutôt corrompue
que l’eau de fource ; ce qui prouve qu’elle contient
beaucoup plus de parties hétérogènes, huileules
& fujettes à la putréfaftion, 8c par cela même, plus
propres à la végétation ; c’eft ce qui rend l’eau de la
neige 8c des pluies fi féconde : c’eft donc perdre
volontairement les avantages de ces précieufes influences
, que de ne pas leur ouvrir le fein de la
terre avant l’automne. Lorfque le fol eft dur 8c ferme,
elles ne font que couler fur fa fuperficie , dont elle
entraîne les parties végétales les plus déliées ; en-
forte que, loin d’y être utiles , elles amaigrirent 6c
dépouillent le terrein qu’elles ne peuvent pénétrer.
D ’un autre côté , les racines des gazons 6c des
mauvaifes herbes étant retournées à l’air par les labours
d’h iv e r , elles périffent par les froids 6c les
g e lé e s , ainfi que lesoeufs des in leûes 6c vermiffeaux
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qui y avoient été dépofés ; la terre, nette de toutes 1
herbes au printems, ne s’épuifera pas, comme celle
des guérets non retournés , en nourriffant cette
grande quantité de mauvaifes plantes qui la fucent,
au détriment des graines qu’on y doit mettre, 6c qui
fouvent, lorfqu’on retourne le guéret trop tard ,
ont le tems de répandre leurs femences pour tapiffer
la terre pendant toute l’année des fombres.
Le labour qu’on nomme anthivér, rend les fui-
vans bien plus aifés ; les terres fortes fe menuifent
6c deviennent bien plus meubles, que fi elles étoient
affaiffées par les pluies qui battent lè terrein fans le
pénétrer, lorfqu’il n’eft pas ouvert par le foc ; au
lieu que le chaume qu’on renverfe fouleve la terre
6c en foutient les groffes mottes , qui ne s’affaiffent
qu’en fe oulvérifant ; enforte que le gel, la neige
6c les pliiies pénètrent & s’infinuent plus profondément
, 6c pourriffent le chaume qui fert d’engrais
en ce cas. Si l’on omet par négligence ce labour d’automne
, on fera obligé d’en donner plufieurs autres
pour remplacer celui-là, afin d’affouplir la terre 6c
de détruire les mauvaifes herbes que le feul labour
d’hiver auroit fait périr. Les méchantes graines gagnant
une fois le defl’us fur le froment; non-feulement
elles lui dérobent la nourriture , mais encore elles
l’étouffent faute d’air. Il eft donc bien intéreffant d’en
purger la terre par des labours fréquens , mais fur-
tout à-propos;,6c c’eft ce qu’opere merveilleufe-
ment le labour d hiver.
Le plus grand avantage que l’on retire d’anthiver-
ner les terres, c’eft que le fécond labour fe trouvant
pour lors au printems , le troifieme précédé de fort
près les femailles, au moyen de quoi on évite de j
labourer par la féchereffe 6c les chaleurs de l’été ;
ce qui eft toujours nuifible, à caufe de l’évaporation
des principes volatils 6c des fucs de la terre, occa-
fionnée par la chaleur , ainfi que nous l’apprend Hé-
fiode ,‘ dans le plus ancien ouvrage que nous ayons
fur l’agriculture. La terre, dit-il, remuée pendant les
chaleurs de Û été , ejl toujours ftérile. Et Jlerilis tellus
medio verfata fub ceftu.
Cependant, comme il n’y a aucun axiome ni
aucune réglé fans exception , fur-tout en fait d’agriculture
, les terres fortes & compactes qui confervent trop
long-tems Vhumidité , peuvent être labourées en été ; il
faut, félon Virgile , que l’été poudreux les calcine :
Pulverulenta coquat maturis folibus eejlas. Ces fortes
de terres glaifeufes fe doivent jamais être labourées
par la pluie, ni lorfqu’ëlles font affez'mouillées pour
fe paîtrir 6c fe corroyer ; car, au lieu de s’atténuer
par le labour , on n’en feroit que de fortes mottes
qu’il feroit impoflible de menuifer autrement que
par plufieurs autres labours donnés en faifon plus
convenable. Il ne faut donc labourer ces fortes de
terres qu’en tems fec ; c’eft à elles que convient
fpecialement la maxime Nudus ara ^fere-nudus. Au
contraire, les terres légères 6c fablonneufes, qui font
fujettes à fe hâler, ne doivent être labourées qu’à-
près la pluie, pendant les brouillards, ou lprfque lé
tems eft couvert. La raifon de cette différence , eft
parce que les labours faits en été deffeçherit 6c atténuent
, au lieu que ceux d’hiver engrainent 8ç hu-
merient la terre, enforte qu’ils conviennent fpécia-r
lement aux terreins fecs, mouvans.ôc légers, &c.
Il faut encore éviter de faire, les labours d'hiver,
avants la faifon des pluies , dans les .terreins trop en
pente, 8c dans, les climats oii les pluies font fréquentes
8t abondantes dans certaines faifons, parce
qu’alors. les e^ux ne manqueroient pas d’enlever
toutes les molécules terreftres qu’elles trouveroient
plus faciles à délayer 8c à entraîner, fi elles ëtôient
femées 6c labourées, fur-tout fi elles né l’étoient que
fuperfiçiellement de trois ou quatre pouces feule-!
ment y fiüvant la maüvaife méthode des laboureurs.
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En effet, le labour d’hiver doit être profond , pour
que l’eau des pluies puiffe pénétrer la terre 6c y dé-
pofer les principes de fécondité dont elle eft remplie.
Sans cette précaution , les pluies ne font que battre
la terre , couler promptement fur fa fuperficie , 6c
en entraîner promptement avec elles les molécules
végétables plus légères; ce qui ne peut manquer
d’appauvrir le terrein en fort peu de ter/is : le même
inconvénient arrive lorfque la terre n’eft pas labourée
du tout.
Le premier labour qu’on donne pour les bléds,
s’appelle par quelques-uns entre-hiver, lorfqu’il eft
donné pendant cette faifon : il s’appelle par d’autres
guère ter ou lever les guerets lorfqu’il ne fe fait qu’au
mois d’avril, 0« plus tard ; mais c’eft une négligence
dont le cultivateur eft bien puni parla ftérilité des récoltes.
Ce premier ouvrage manqué dans fa faifon
influe fur tous les fuivans : il vaudroit mieux ne laif-
fer aucun repos à la terre, 6c la fatiguer par des récoltes
annuelles que de la.laiffer ainfi claufe 6c fermée
aux pluies d’automne 6c aux influences de l’hiver
6c du printemps, pour n’ouvrir fon fein qu’aux
chaleurs qui l’épuifent 6c la rendent ftérile.
Envain les laboureurs ôc fermiers prétextent-ils le
befoin de laiffer le chaume fur la terre le plus long-
tems qu’ils peuvent pour fervir de pâture à leurs
troupeaux ; outre qu’il vaudroit mieux nourrir leur
bétail au fec pendant l’hiver 6c la faifon des pluies ,
parce que les productions aqueufes 6c herbacées dés
jachères pendant les brouillards 6c la faifon des pluies
font plus propres à engendrer la pourriture qu’à fervir
d’aliment ; c’eft que les bêtes blanches préfére-
roient encore les racines qu’elles trouveroient plus
facilement dans le labouré des jachères, 8c qui feroient
une nourriture plus faine, plusfubftantieufe ôc moins
dangereufe que toutes ces mauvaifes herbes qui
croiffent fur les chaumes 8c qui ont eu le tems d’y
grainer, avant que le premier .labour ne foit donné,
enforte qu’il ne fait qu’enterret les graines des mauvaifes
herbes, loin de les détruire. Outre que plufieurs
de ces plantes reprennent de boutures comme
les gramens , l’anOnis, 6:c. la charrue qui les coupe
dans la faifon où la terre eft en amour ne fert qu’à
les multiplier, ce qui caufe un dommage infini. Il eft
donc de la plus grande importance de donner ce premier
labour appellé par lés latins profeindere avant
ou pendant l’hiver ou immédiatement après, fi les
circonftances ci-deffus expofées ne permettent pas
de le faire plutôt.
Le deuxieme labour qu’on nomme le binage, 8c
qui fe fait ordinairement au printemps ,étoit appellé
par les anciens ojfringere, parce qu’il fervoit à brifer
les.groffes mottes qui avoient été levées par le premier
labour. Le terrein gàzonneux 6c lié par les racines
des chaumes retournés lors du premier labour,
doit être ameubli par le fécond ; on lent que celui-ci
ne peut tomber que vers lés environs de la S. Jean,
lorfque le premier a été donné trop tard, parce qu’il
faut un mois ou fixfemaines d’intervalle entre chaque
labour pour qu’il foit utile, 6c que la terte du deffous
qui a été retournée ait eu le tems de profiter des influences.
Dans ce dernier cas, ce fécond labour donné
dans le fort des chaleurs, doit être rrès-peu profitable
, fur-tout aux terreins fecs 8c légers ;ies fels volatils
qui s’èn évaporent ne peuvent manquer de les
appauvrir encore ; au lieu que fi le premier labouf
avoit été donné avant l’hiver, le fécond fe feroit au
printems 8c n’auroit aucun de ces inconvéniens. Il
faut en effet bien prendre gardé que lors de ce fécond
labour, la térre ne foit trop humeâée ôc trempée
par les pluies ou trop en pôliftiere par la féchereffe ,
parce que dans le premier cas, le labour ne fervi-
roit qu’à la faire durcir davantage, n’y ayant plus
la vicifîitûde des gelées ôc du dégel pour l’ameublir ;
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