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dans le fens du diamètre qui va de la lune à la terre,
parce que l’attraélion'de la terre eft plus grande
iur les parties qui font les plus près de la terre ; d’un
autre côté» la rotation de la lune autour de fon axe
doiten faire un fpheroïde applàti parles pôles, & rendre
les méridiens elliptiques ; l’équateur & les parallèles
doivent être des ellipfes ; & le corps de la lune
doit être, pour ainfi dire, comme un oeuf qu’on au-
roit applati par les côtés, indépendamment de fon
alongement naturel.
M. de la Grange , dans la piece qui a remporté le
prix de l'académie de Paris, en 1764, fuppoie avec
Newton, que la lune eft unfphéroïde alongé-vers la
terre, & il trouve que cette planete doit faire autour
de fon axe une efpece de balancement ou d’of-
cillation, par lequel fa vîteffe de/otation eft tantôt
accélérée, tantôt retardée ; qu’alors la lune doit nous
montrer toujours à-peu-près la même face, quoiqu’elle
ait pu recevoir dans le principe une rotation
dont la durée ne feroit point, par elle feule, égale
à celle de la révolution. 11 fait voif auffi que la
figure de la lune peut être telle que la préceffion
de les points équinoxiaux, ou la rétrogradation
des noeuds de l’équateur lunaire foit à-peu-près égal
au mouvement rétrograde des noeuds de l’orbite
lunaire. C’eft en effet ce que l’on obferve , comme je
l’ai prouvé par des obfervationss détaillées dans'les
Mémoires de l'açadémie de Paris , 1764.
Pour connoître les loix & les circonftances de la
libration de la lune, il fuffit de déterminer la pôfi-
tion de fon équateur par rapport à l’éçliptique , &
cela le peut faire comme pour le foleii. On commence
d’abord par déterminer la différence d’afcen-
fion droite & de déclinaifon entre une tache & le
centre, de la lune ; mais pour faire ces obfervations,
il faut bien confidérer que le parallèle apparent du
bord de la lune n’eft pas un parallèle à l’équateur,
la différence va quelquefois à plus d’un dégré, & il
en pourroit réfulter environ 15" d’erreur pour des
taches éloignées dû centre de la lune, ou moins à
proportion pour celles qui en font moins éloignées.
Lorfqu’ona,trouvé ladifférence d’afcenfion droite, on
cherchera différence de longitude & de latitude ; on
en conclut la longitude & la latitude de la tache vues
de la lune. On cherche ainfi trois fois la longitude&la
latitude d’une tache vue du centre de la lune, par rapport
à l’écliptique , ou à un cercle que l’ori conçoit tiré
par le centre de la lune, parallèlement à l’écliptique,
coupant fous,,un angle de 5d 9/ l’orbite de la'lune, ou
l’orbite que la terre paroît décrire autour de la. lune ;
ç’eft avec ces trois obfervations qu’on détermine
l’équateur lunaire. On trouvera dans mon Astronomie
plufieurs méthodes analytiques ou trigonomé-
triques pour déterminer la pofition d’un cercle par
rapport à l’écliptique : quand on connoît les latitudes
de trois points & feulement les différences de longitude
, il. ne s’agit alors que de chercher l’inclinailon
& le noeud. J’y ai rapporté la méthode que M. Mayer
avoit donnée dans les Mémoires de Nurembergen
1750, qui eft très-commode fur-tout pour la libration
de la lune, parce qu’elle réunit en un feul réfol-
tat un grand nombre d’obfervations.
Les phélénographies ou les figures de la lune ne
peuvent la repréfenter fidèlement dans tous les tems,
puifque la libration fait paroître les taches de>6 à 7d
plus près ou plus.loin du même bord. Mais ce que
l’on peut faire-de mieux c’eft de conftruire fes figures
pour les librations moyennes, & c’eft ce que j’ai pratiqué
dans la figure gravée pour la Connoiffance des
tems de 177 . . . ' _ •- /:•
La plus grande figure que l’on ait faite des taches
de la lune , eft celle que M. de la Hire defiina dans le
dernier fiecle; elle a douze pieds de diamètre ; &
après avoir été plufieurs années dans le cabinet de
L I C
M. D ’ons-en-bray, elle a été acquife par M. du
Fournis, & prefentee le 16 décembre 177z à l’académie
des fciences de Paris, qui fe propofe d’en faire
l’acquifition; Voye{ S é l é n o g r a p h i e , Suppl.
Libration de l’apogée de k lune fe dit d’un mouvement
alternatif que l’aûion du foleii produit dans
le mouvement de l’apogée de la lune, & quiétoit
d’environ douze dégrés luivant l’hypothefe d’Horoc-
cius adoptée par Newton & Halley. Mais les aftro-
nomes ne confiderent plus cette libration, parce que
combinée avec le changement d’excentricité que
les mêmes auteurs admettoient, elle fe réduit à
une fimple inégalité de la lune qu’on appelle éveclion.
( M . d e l a L a n d e . )
LIBURY, ( Géogr. ) ville d’Angleterre, dans la
pro vince de Hereford, fur la riviere de Liden, & au
milieu de campagnes fertiles , oit fe trouvent les
traces d’un ancien camp romain: elle eft généralement
bien bâtie, & habitée d’une multitude de ma-
nufaâuriers. Ses marchés & fes foires ne le cedent à
aucune autre de la province. (D. G.)
LICENCE, L f. (Belles-Lettres. Poéfie.) Les licences
données à la poéfie françoife ne font pas, comme
on l’a d it , certains mots réfervés au ftyle fublime ,
& que la haute éloquence emploie auffi-bien que la
poéfie. Boffuet ne fait pas plus de difficulté que Racine
de dire les mortels pour les hommes , les forfaits
pour les crimes, le glaive pour Y épée , les ondes pour.
• les eaux^ Yéternel, &c. & quant aux expreffions exclu-
fivement permifes à la Poéfie, les unes font figurées,
les autres font prifes du fyftême fabuleux ou du merveilleux
poétique ; ce font pour la plupart des har-
dieffes, mais non pas des licences.,
La licence eft une incorrection, une irrégularité de
langage permife en faveur du nombre , de l’harmonie
, de la rime ,.ou de l’élégance du Vers ; c’eft une
ellipfe qui fort des réglés de la fyntaxe, comme dans
ces exemples :
Je t'airnois, inconfant ; qu aurais je fait, fidèle ?
Peuple roi que j e fers,
Commande£ à Céfar , Céfar à Cunivers.
c’eft une voyelle fupprimée , parce qu’elle altéré la
mefure fi on ne la compte pas, ou qu’elle affoiblit le
nombre & le fentiment de la cadence fi on la-compte
pour un'e fyllabe : ainfi Ve muet d'affiduement, d'irt-
génuement, d’enjouement, à'effraierad'avouer a, dé encore
, de gaieté, fe retranche, parce qu’il ne feroit pas
à l’oreille un tems affëz marqué. C ’eft de même une
confonne fupprimée en faveur de l’élifion ou de la
rime : ainfi dans ces noms de villes, Naples, Londres,
Athènes, &c. il eft permis au poëte d’écrire Naple ,
Londre, Athene fans s .* ainfi à la première perfonne
de certains verbes, comme je dois, je vois, je produis^
je frémis , je lis , f avertis, les poètes fe font permis
de retrancher l’àj , &. d’écrire je doi, j evoi, je produis
je li averti, &c. ce font des adverbes abfolus mis à
la place des adverbes relatifs, comme alors que, cependant
que, au lieu de lorfque , pendant que. C ’eft
quelquefois le ne fupprimé de l’interrogation négative
, Comme lorfqu’on dit, fave^-vous pas, voyeç-
vouspas, dois j e pas, au lieu de nefavefvous pas, ne
voyej-vouspas, ne dois j e pas. Enfin ce font quelques
inverfions peu forcées, mais qui n’ayant pas pour
raifon dans la profe la néceffité du npmbre,de la rime
ÔC de la mefure, y paroîtroienr gratuitement employées
; quoiqu’elles fuffent quelquefois très-favo-
rablesà l’harmonie , & que par conféquent il fut à
defirer que l ’ufage les y reçut. On les trouvera prêt*
que toutes raffembléës dans ces vers de la Hcnriade,
oîi la Difcorde dit à l’Amour :
Ah ! f i de la Difcorde allumant le tifon,,
Jamais à tes foreurs tu mêlas monpoij'on,
L I C
Si tant de fois pour toi f a i troublé la nature,
Viens, vole fur mes pas, viens venger mon injure.
Un roi victorieux écrafe mes ferpéns;
Ses mains joignent l'olive aux lauriers triompkans.
La clémence avec lui marchant d'un pas tranquille,
Au fintumultueux de la guerre civile , .
Va fous fes étendarts, flottans de tous côtés,
Réunir tous les coeurs par moi feule écartés.
Encor, une victoire, & mon trône eft en poudre.
.Aux remparts de Paris, Henri porte la foudre.
Ce héros va combattre & vaincre & pardonner ;
De cent chaînes d’airain fon bra§ va m enchaîner.
C'eft à toi-d'arrêter ce torrent dans fa courfe.
Va de tant de hauts faits empoifonner la fource.
Que fous ton joug, Amour, il gémiffe abatu ;
Vz dompterJon courage au f i n de la vertu.
(M. Marmonte.lî)
L i c e n c e , ( Mufique.) liberté que prend le compo-
fiteur & qui femble contraire aux réglés, quoiqu’elle
foit dans le principe des réglés ; car vOilà ce qui
diftingue les licences des fautes. Par exemple , c’eft
fine réglé en compofition de ne point monter de la
tierce min.eure ou de la fixte mineure à l’oétave.
Cette réglé dérive de la loi de la liaifon harmonique,
& de celle de la préparation. Quand donc on monte
de la tierce mineure ou de la fixte mineure à l’oftave,
enforte qu’il y ait pourtant liaifon entre les deux
accords, ou que la diffonance y foit préparée, on
prend une licence ; mais s’il n’y a ni liaifon ni préparation
, l’on fait une faute. De même c’eft une réglé
de ne pas faire deux quintes juftes de fuite entre les
mêmes parties, for,-tout par mouvement femblable ;
le principe de cette réglé eft dans la loi de l’unité
du mode. Toutes les fois donc qu’on peut faire ces
deux quintes fans faire fentir deux modes a-la-fois, il
y a licence ; mais il n’y a point de faute. Cette explication
étoit néceffaire , parce que les muficïens n’ont
aucune idée bien nette de ce mot dt licence.
Comme là plupart des réglés de l’harmonie font
fondées for des principes arbitraires, & changent par
l’ufage & le goût des compofiteurs, il arrive de-Ià
que ces règles varient, font fujettes à la mode, &
que ce qui, eft licence en tin tems, ne l’eft pas dans
un autre. Il y a deux ou trois fiécles qu’il n’étoit' pas
permis de faire deux tierces de fuite., fur-tout de la
même efpece : maintenant on fait des morcëaux entiers
tout par tierces. Nos anciens ne permettoient
pas d’entonner diatoniquement trois tons confécii-
tifs : aujourd’hui nous en entonnons, fans fcrupule
& fans peine , autant que la modulation le permet.
Il en eft de même des fauffes relations, de l’harmonie
fyncopée, & de mille autres accidens de compofition
, qui d’abord furent des fautes , puis des
licences, & n’ont plus rien d’irrégulier aujourd’hui. SUB ■ ■ fm H |p |j ;
LICH, {Géogrj) château,~ ville & bailliage d’Allemagne.,
dans le cercle du Haut-Rhin, & dans la
portion du comté de Munzenberg , qui appartient à
la maifon de Solms. Le château eft fort ancien ; la
ville eft fituée fur le Wetter, & renferme une collégiale
; & le bailliage, peuple de luthériens, comprend
fept villages. {D. G.)
LICHTENFELS , (Géogr.) ville & bailliage d’Allemagne',
dans la Franconie & dans l’évêché de
Bamberg. La ville eft fur le f^ein , & fait un grand
commerce de bois avec Francfort ; & le bailliage a
dans fon reffôrt plufieurs bourgs & plufieurs èoti-
vens. (D . G.)
LICHTENSTEIN états des.princes de , (Géogr.")
Ce font les comtés & feignèuries de Vadutz & de
Schellenberg fituèes en Allemagne , dans le cercle de
Souabe , aux confins de la Suiffe , & des comtés de
Feldkirch & Pludentz , ; bordant le. Rhin à.l’occi-
L I C 741
dent, & renfermant quelques châteaux, villages de
couvens, fans aucune ville. La maifon de Lic/nen-
fiein , élevée à la dignité de prince de l’Empire aux
années 1 6 1 8 & 1 6 2 3 , dans les branches Caroline &
de Gundacker, les poflède par achat des comtes de
Hohen-Embs depuis l’an 1699 : & elle en prend lieu
de fiéger à la diete de Ratisbonne, entre Schwar-
tzenberg & Taxis , & de payer des contributions à
l’Empire fur un pied modique. Les principautés de
Jægerndorff & de Troppau , fituées dans la Haute*
Siléfie', appartiennent auffi, mais non pas à titre
d’états de l’Empireà cette maifon de Lichtenflein.
(D .G .) L
L i c h t e n s t e in , (Géogr.) ville & château d’Allemagne
, dans le cercle de Haute-Saxe, & dans les
états^de Schônbourg-'Waldenbourg. C’eft un fief de
Bohême , & un arriere:fiéf de l’Empire. Il en ref-
fortit la petite ville de Callènberg & fîx villages. H H
LICINIUS , ( Hifoire des empereurs.) né dans la
Dacie , fut un foldat de fortune, qui n’eut d’autre
titre à l’empire que fon courage & fes talens pour
la guerre. Galere-Maximien , qui avoit été fimple
foldat avec lui, en avoit reçu de grandsfervices : ce
fut par reconnoiffance qu’il le choifit pour fon collègue
lorfqu’il parvint à l’empire. Il lui donna le
département de l’Illyriè , & enfoite de tout l’Orient.
; Çônftantin, qui voyoit fon crédit prendre chaquë
jour de nouveaux accroiffemens , fe fortifia de fon
alliance, & lui fit époufer.fa foeur Conftantia, &
leurs forces réunies humilièrent la fierté de Maximien
, qu’ils défirent dans plufieurs combats. Lici-
nius né barbare, ne fe dépouilla jamais de la férocité
naturelle à fa nation. Ses moeurs agreftes rappelle-
rent toujours la baffeffe de fa naiffance. Ennemi des
lettres & des philofophes , il les appelloit la pefle &C
le poifon des états. C’étoit pour juftifier fon ignorance.
Son éducation avoit été fi négligée, qu’i-1 ne
favôit- même pas ligner fon nom. Il oublia que c’étoit
à Galere-Maximien qu’il devoit fa fortune, & ce fut
contre les enfans de ce bienfaiteur qu’il exerça le
plus de cruautés. Maximien défait dans .plufieurs
combats y fut enfin obligé dé fe rendre à fa diferé-
tion ; mais le vainqueur impitoyable le fit maffacrer '
avec toute fa famille. Sa fureur avide defang fe tourna
contre lès Chrétiens qu’il déteftoit, parce qu’ils
étoient favorifés par Çonftamin devenu l’objet de
fa hainè-jàloufe. Conftàntin affuré des armées des
Gaules & de l’Italie, lui déclara la guerre. Ils en
vinrent aux mains dans la Pannonie , &la viétoire,
fans être décifive , pencha du côté de Conftàntin. Il
fallut tenter la fortune d’un-fécond combat dans les
plaines d’Andrinopie-: l’avantage fut à-peu-près égal.
Les troupes de Liciniüs plièrent ; mais tout le camp
-de Conftàntin fut pillé. Les deux rivaux également
épuifés & làs de la guerre , firent la paix ,, que Lici-
nius acheta par la ceffion de la Grece & deTlllyrie.
Licijiiüs.-honteux d’avoir, fouferit à des conditions
humiliantes, recommençâmes hoftilités ; il fut encore
défait près d’Andrinopie ■, d-oii il fe retira à Chalcé-
doiné.,ôû., craignant d’être attaqué parl’armé.e viélo-
rieufe, il demanda la paix qui lui fut accordée ; mais
dès qu’il eut réparé fes pertes, il viola le traité ;
il en fut puni par une fanglante défaite dans les plaines
de Çhalcédoine , où , toujours malheureux fans
rien perdre de fa réputation , il fut obligé de s’en
remettre à la clémence de fon vainqueur. Sa femme
Conftantia obtint fa grâce de fon frere. Conftàntin,
: aprqs-I’ay.qir admis à ,fa table , le relégua à Theffa-
lonique ,.où il mena une vie privée avec fa femme :
il paroiffoit avoir renoncé à toutes les promeffes de
l’ambition , lorfque Conftàntin envoya des ordres
pour l’étrangler. Il mourut âgé de foixante ans , dont
il en avoit régné quatorze. ( T—n . )