«ntre le trente-un 8c trente-deuxieme dégré de latitude.
Le climat y eft fort doux 8c fort (ain , 8c on
peut juger de la bonté des terres par la quantité &
la nature des arbres dont elle eft couverte- Les An-
glois commencèrent à s’y établir au mois de janvier
1732, & fe fixerentà dix milles de la mer fur
le Savanah. On commença d’abord à y faire de la
foie avec beaucoup de fuccès , les mûriers blancs
étant fort communs dans ce pays. Les Anglois
comptaient bien de tirer encore de cette nouvelle
colonie, du chanvre , du lin 8c des huiles ;
mais la foie feule fuffit pour l’enrichir. (+ )
GERBE, f. f. ( terme de.Blafon. ) meuble d’armoiries
, qui repréfente une gerbe de bled ou d’autres
grains.1
Liée, fe dit d’une gerbe, lorfque le lien ou l’attache
fe trouve d’émail différent.
La gerbe eft le fymbole de l’été ; elle fert d’attribut
à Cybele , déeffe de la terre.
Beaurepaire de Cauvigny , proche Séez en Normandie
; d'azur à trois gerbes de bledd'or. (G. D. L. T.)
G erbe , ( J (Iran. ) dans les cartes des conftella-
tions , données par Bayer, on trouve une gerbe de
bled à la place de la chevelure de Bérénice, conf-
tellation fituée fur la queue du lion. ( M. d e la
La n d e . )
GERBOISE, f. f. ( Hijl. nat. Zool. ) muf. jaculus ,
Linn. animal fingulier pour la forme , 6c dont il y a
plufieurs variétés fous les noms de tarjier> degerbo,
d’alagtaga, de daman IJ'rdèl OU agneau cClfrdél ; ces
animaux , que M. Linné rapporte au genre des rats,
auxquels ils tiennent par plufieurs caraéleres , 8c
entr’autres par le nombre des dents , n’ont pas les
pattes de devant plus grandes que les mains de la
taupe , 8c celles de derrière reffemblent aux pieds
d’un oifeau ; ces quadrupèdes ont la tête faite à-peu-
près comme celle du lapin , ils ont les dents confinâtes
de la même maniéré. Leurs pieds de derrière
n ’ont que trois doigts ; celui du milieu eft un peu
plus long que les deux autres, 8c tous trois lont
garnis d’ongles. Leur queue eft trois fois pluslongue
que leur corps, & couverte de poils rudes. On voit
de ces animaux en Egypte, en Arabie, en Barbarie,
en Tartarie , 8c jufqu’en Sibérie. Ils fe fervent de
leurs pattes de devant comme de mains, pour porter
à leur bouche ce qu’ils veulent manger ; ils fe
foutiennent droits fur leurs pieds de derrière, 8c
cachent ordinairement ceux de devant dans leurs
poils , enforte qu’ils ne paroiffent pas en avoir :
lorfqu’ils veulent aller d’un lieu à un autre , au lieu
de marcher , ils fautent légèrement 8c très-vite ,
toujours debout comme les oifeaux , ils avancent à
chaque faut de trois ou quatre pieds de diftance.
Lorfqu’ils fe repofent, ils s’affeyent fur leurs genoux
, il ne dorment que le jour 8c jamais la nuit :
leur nourriture eft le grain & les herbes ; ils fe creu-
fentdes terriers comme les lapins, 8c ils ont la prévoyance
d’y faire provifion d’herbes pour paffer
l’hiver. (+ )
GERDAUN , ( Géogr. ) ville du royaume de
Prude , dans la province qui, jadis appellée Barten,
fait aujourd’hui partie du diftriâde Natang, au bord
de la riviere d’Omet, & au voifinage d’un la c , oii
fe trouve une ifle flottante. Cette ville , fondée l’an
1325, n’eft pas confidérable par fon enceinte ; mais
çlle l’eft.par les deux beaux châteaux qu’elle renferme
, 8c par le grand bailliage qui en refibrtit, 8c
qui comprend entr’autres la petite ville de Norden-
bourg, 8c la feigneurie de Birkenfeld, à laquelle
appartient une verrerie très-riche. A quelques terres
près, qui dans ce fiecle en ont été détachées par
ventes , Gerdaun 8c fon bailliage font pofiedés en
fief depuis pafle trois cens ans, par des comtes 8c
& feigneurs de Schlieben , anciens chevaliers de
l’ordre Teutonique en Pruffe. Ces Schlieben en
furent invêtus en l’honneur de leurs exploits, 8c
en récompenfe de leurs fervices dans les guerres de
l’ordre contre la Pologne. Un grand-maître, du
nom de Richtenberg, leur en fit la conceflîon ; 8c
de plus grands princes, du nom de Brandebourg,
ayant pris dans le pays la place de l’ordre, l’on fe
perfuade fans peine, & de nos jours plus aifément
que jamais, que cette conceflîon étoit trop analogue
par fes motifs à la façon de penfer de ces princes
, pour n’en être pas ratifiée Ôc confirmée. Audi
la maifon de Schlieben continue-t-elle à jouir de
Gerdaun fous le roi de Prufle , avec tant d’autorité,
que pour le civil fes officiers ne relevent d’aucun
des tribunaux du royaume. Quant à l’eccléfiafti-
que , ils relevent de l’archi-prêtre luthérien , qui
fiege à Raftenbourg. ( D. G.)
GERDEN, ( Géogr.) petite ville d’Allemagne,
dans le cercle de "Weftphalie , 8c dans l’évêche de
Paderborn , au bailliage de Dungenberg , fur le
torrent d’Oefe. Elle eft au nombre de celles qui aflif-
tent aux états du pa ys, 6c elle renferme un couvent
de filles de S. Benoît. { D .G . )
GERIT , f. m. ( Milice des Turcs. ) Les Turcs
ont deux fortes de dards, favoir le gerit marqué L ,
planche II. milice des Turcs dans ce Supplément, qui
a environ deux pieds 6c demi de long ; & le topeis
marqué M qui marque la dignité de celui qui le
porte à la gauche de la felle. ( V. )
GERMANICUS, (ƒƒ//?. Romaine. ) fils de Dru-
fns , fut élevé par les foins de fa mere Antonie,
dont la vertu 6c les moeurs étoient propofés pour
modèle à toutes les dames Romaines. Cette mere
tendre , toute occupée de fon éducation , lui tranf-
mit fes inclinations fortunées. Tibere , fon oncle
paternel, l’adopta , 6c dès ce moment on le regarda
comme fon fuccefleur. 11 paffa fucceflivement par
toutes les charges de la république , pour s’inftruire
du grand art de gouverner. Sa modération 6c fon
équité dans l’exercice de fes fondions , le firent
également chérir 6c refpeâer. Modefte dans la grandeur
, il fembla feul ignorer qu’il étoit appellé à
l’empire du monde. Après avoir exercé la quefture
6c le confulat, il fut envoyé en Germanie pour y
rétablir la gloire des armes romaines. Il vécut fous
la tente avec l’auftérité d’un Spartiate. La (implicite
de fes habits, la frugalité de fa table ne le diftin-
guoient point du dernier desfoldats. Après la mort
d’Augufte, les légions dont il étoit l’idole, voulurent
le reconnoître pour empereur. Sa réfiftânee ne fit
que les confirmer dans leur choix. Après avoir employé
les prières, il eut recours aux menaces pour
les rappeller à leur devoir. Son refus opiniâtre fub-
jugua leur indocilité. Dès que le tumulte fut appaifé,
il les mena contre Armenius, fur lequel il remporta
une viâoire fignalée. Enfuite il marcha contre les
Marfes qu’il vainquit. Le plus beau de fes trophées
fut d’avoir repris l’aigle romaine qu’ils avoient autrefois
enlevée à Varus. L’afcendant qu’il avoit fur les
troupes, alarma la politique de Tibere, qui jamais
ne put lui pardonner d’avoir été proclamé empereur.
Germanicus fut rappelle à Rome, où il reçut
les honneurs du triomphe aux acclamations d’un
peuple plus charmé encore de fa modeftie que de
fes exploits. Tous les yeux 6c tous les coeurs fe
fixèrent fur lu i, 6c ce fut ce qui le rendit encore
plus coupable. Tibere , importuné de fa gloire,
fentit mieux combien il étoit détefté. Il craignit
que les Romains dégoûtés de fa domination, ne
brifaffent fon joug pour vivre fous un maître adoré.
Ce fut donc moins par amour que par envie qu’il
le nomma prefque empereur de l’Orient, où il fut
envoyé pour pacifier les troubles qui agitoient l’empire.
Il y foutint la réputation du premier général
fon (îecte , par la défàité du roi d’Arménie , a
qui il donna un fuccefféur après l’avoir dépouillé de
les états; Germanicus fevènoit triomphant à Rome,
lorfqu’il fut empoifortné pâr Pifon dans la ville de
Daphrtée. Sa mort fit couler bien des larmes parmi
le peuple 6c dans l’armée. Les rois alliés de l’empire
partagèrent ce deuil général. Ce prince , né
avec tous les talens ôc toutes les vertus, cultiva les
lettres jufques dans le tumulte du camp. Il compofa
dans fes momens de loifir quelques comédies , 6c
traduifit du grec en vers latins , des épigramnies 6C
des poèmes eftimés. Il eut d’Agrippine neuf enfans.
Caligula , qui parvint à Kémpire , fe rendit malheu-
l-eulement célébré par fes débauches 6c fes cruautés
qui déshonorèrent la mémoire de fon perei
( T — N .)
§ GERMINATION, {Agriculture.) il fetnblè * dit
Malpighi, que la nature n’ait accordé une vie fi courte
à la plupart des végétaux (principalement aux
plantés céréales ) j q u ’ a fin de réparer leur perte fi
prompte par une prodigieufe multiplication. Leur
courte durée favorife en effet la préparation des terres
pour recevoir de nouvelles femences , 6c par une
admirable providence On voit le grain fe multiplier à
proportion du nombre de bras qu’on emploie à le
cultiver; C’eft par une fuite des mêmes vues de la
providencé qite les plantes céréales dont la vie eft fi
courte, & dont nous allons fuivre les progrès dans
l ’examen de la végétation particulière du froment,
laiffcnt après elle des femences, dont la vie moins délicate
6c la durée plus longue , a (Tu ré pour jamais à
l ’homme la réproduttiorï des plantes dont il tire fâ
fiibfiftance»
Empedocles compàrOit ingénieufeffientles femen-
fces des plantes, aux oeufs des animaux , plantas &
arborés o\>a parère ; en effet, la femence ou ce petit
grain doué delà vie végétale, eft un véritable oeuf
qui ayant acquis fa maturité ôc fa përfe&ion dans
Vovaire de la plante-mere eft reçu dans le fein de la
terre notre mere commune, 6c qui étant rechauffée
bar fa chaleur, 6c humeftée par fon humidité, s’amol-
it 6c change en lait végétal une partie de fa fubftancë
pour nourrir la plantait qu’il renferme, jiifqu’à ce
que cette petite plante contenue dans l’oe uf, ait
pouffé des racinesau dehors pour fe nourrir ôc végéter
d’elle-même. Commençons par examiner feriipuleu-
fementle grain de froment, afin de mieux comprendre
les merveilles de fa germination, de fa croiflànce
6c de fa multiplication.
Le grain de froment eft oblong,ovale 6c arrondi des
deux bouts, convexe bu voûté d’un côté, plat de l’aut
r e , 6c fendu par le côté plat dans toute fa longueur ,
par une petite rainure a(Tez profonde. Il eft couvert
d’une double enveloppe ou écorce, dont la première
qui eft ordinairement jaunâtre, forte 6c épaifl'e, recouvre
le germe 6c toute la partie farineufe deftlnée à lui
fervird’aliment; c’eft elle qui donne le fon dans la
mouture. La fécondé écorce plus blanche, moins opaque
êc moins épaiffe que la première, eft une efpecé
de cuticule qui femble n’être que la continuation de
l’épidefme du germe dont je vais parler, 6c qui eft
comme le fécond fac, où font renfermées les parties
farineufes à-peu-près comme la membrane ou canne-
pin , qui eft fous la coquille de l’oeuf 6c qui enveloppe
le blanc; c’eft cette fecOnde écorce qui fournit
dans la mouture les recoupes 6c le fleurage. Les
deux bouts du froment font inégaux : lè plus pointu
qui eft l’inférieur par fa fituation dans l’épi, 6c par où
le grain eft adhérent, eft le côté du germe. L’autre
bout* quieft le fupérieur, eft plus arrondi, 6c il aune
efpece de duvet qu’ôn appelle brojfe dont la fineffë
6c le brillant défignent la qualité du grain , 6c à laquelle
s attache malheureufement la pouffiefe noire
ôc contagieufe du charbon 7 qui infç&e les grains
Vends de femence dont la broffe étoit tachée bii
mouchetée;
La fubftancë intérieure du froment eft conipoféè
de déux parties principales , l’une très - petite qui eft;
à fa pointe, 6c qu’on appelle improprement 1 e germe *
parce que c’eft elle qui donne nàiffance à la plantei
L’autre partie que Pline appelle moelle , que Grew
hOmme parenchyme , 6c d’autres chair ou pttlp'e dit
grain, eft le lobe ou cotylédon ; auquel le germe eft
attaché par des appendices, ou petits paquets de vaif-
feaux qu’il infère 6c étend daris l’intérieur du lobe *
pouf en tirer lâ fubftancë qui doit l’alimenter jufqu’à
ce qu’il ait pouffé des racines extérieures propres à
pomper le fuc de la terre : puifque le lobe eft defti-
fté à nourrir le germe ; il eft héeefiaireifient plus gros;
fa fubftancë eft blanche 6c laiteufe avant fa 'pleiné
maturité; elle devient faritieufe ÔC friable en fe deffé-
chant ; ôn l’emploie à faire dii pain préférablement à
celle de tous les autres grains , parce que la pâté
qu’on en fait leve mieux 6c que la farine que contient
le grain de froment eft la plus blanche, de la meilleure
qualité 6c en plus grande quantité ; puifqué
c’eft le plus pefant de tous les grains. La pulpe oit
chair du lobe qui fournit la farine la plus fine 6c
la plus blanche, eft moins compare que celle dit
germe, qui eft d’une couleur vërdâtre: elle fcmblè
n’être qu’une efpece de terre blanche atténuée *
unie, à l’aide d’un fel rieutré 8c fucré, à l’huile effen-^
tielle Ôc foluble dans l’eau qui la convertit, lors de là
germination ; dans une efpece de lait ou d’émulfiori
végétale , que le germe abfdrbe par les petits vaif-
feaux féminaux au moyen defquels il communique
à l’intérieur du lobe; on appelle ces appendices
cordon ombilical, 8c leur épanouifî'ement dans les
lobes racine feminale.
Ce ■ ’on noihme improprement le germe du bled j
n’eft autre dhofe que lâ plante en miniature, mais
entière 6c cbmplette dans toutes fes parties, 6c même
pourvue de fon épi 6c de toutes les parties de la
fruélification qui doivent éclofre par la fuite pouf fo
reproduire par de nouvelles femences; Ce germe ou
plutôt cette plante eft pofée entre les.deux écorces
6c couchée longitudinalement fur le dos voûté de la
partie extérieure du grain. La plantuleeft formée de
petitsvaiffeaux ligneux fort rapprochés, qui doivent
fe développer par la fuite, 6c qui, par conféquënr *
fervent à rendre le germe beaucoup plus dur ôc puis
compa&e que le refte du grain, auquel il communique
par fes appendices ou vaiffeaux féminaux qu’ort
nomrtiéracineJéminale^ parce que ces petits Vaiffeaux
féminaux qui s’étendent dans la pulpe * font la fonction
de racine, tant que la plantulenefubfifte qu’à
l’aide du lobe;
Le doéleur Parfons quia examiné ait miefofeopé
la fubftahcé farineufe du bled, dé l’orge, &c. produit«*
parla pulvérifatjon du lobe* a obfervé qu’elle eft enfermée
dans des petites membranes qui font comme
autant de facs percés de trous à travers defquels otl
peut voir la lumière 6c qui paroiffent des. feftes dé
vaiffeaux coupés; << enforte (dit-il) que probable-
>L ment chaque particule de farine eft nourrie par'
» des vaiffeaux dont on fié voit plus que des ëxtrê-
>> mités tronquées, 6c que toutes les graines farineu-
» fes font formées de petits globules Renfermés dans
»' des membranes qu’on peut confidérer comme lui
>* amas de vaifl'eaux deftinés à nourrir les globules
>> qu’ils contiennent». Pour moi je pëncherois plutôt
a croire que les extrémités de ces vaiffeaux tronqués
, apperçues parle dofîeur Parfons, font celles
où viennent aboutir dans l’intérieur de la graine les
ififertions des petits filets de la racine feminale ,• qui
fe fubdivife dans le lobé en une infinité de bifurcations
imperceptibles $ chacune defquelles aboutit aux
utriçules ou facs dans lefqüels font renfermés les