livres pefaht, qui, après avoir trempé, en font huit.
Si le terfein a été travaillé autrefois, on n’en met.
que cinq ; fi la terre eft noire, meuble & légère,
on n’emploie que quatre mefures. Avec ces précautions
on rend très-fertiles des terres fort mauvaifes
de leur nature.
En donnant un nouveau coup de charrue après
la récolte du froment, on peut en feptembre y en
femer de nouveau, ou attendre au printems fuivant,
pour y femer du froment barbu ou de printems, que
nous nommons primavau.
Si au contraire on veut établir du fainfoin ou ef-
parcette, on feme au mois de mars de l’avoine avec
le fainfoin ; on emploie pour cela huit mefures
d’avoine par pofe, & dix mefures de fainfoin. Cet
expofé eft fondé fur une épreuve confiante. On a
aufii femé le fainfoin au mois de mars fur le froment,
lorfqu’il étoit à la hauteur de cinq à fixpouces. De
cette maniéré il a très-bien réufli.
On peut aufii mettre la marne fur le fainfoin à la
troifieme année ; il en faut au moins cinquante chars
par arpent.
S i, au bout de hu it, dix, douze ans , le fainfoin
ne jette plus que de foibles tiges, il faut le couvrir,
au mois de feptembre ou d’oélobre, d’environ un
doigt de marne qu’on épanche tout de fuite, crainte
qu’un gros tas n’échauffe les plantes 6c né les faffe
périr.
On obferve que la marne doit être voiturée à
mefure qu’on la tire de la mine, & qu’on l ’étend fur
le fol en brifant les groffes pièces. Enfin, il efi certain
qu’on fe trompe en accnfant la marne de rendre fté-
riles les terreins après les avoir fertilifés pendant un
tems ; puifqü’il y a près de quarante ans qu’on n’a
marné des terres : la marne , il y a dix ans, ne tra-
vailloit plus ; on fît labourer le terrein, qui, ramené
-à la fuperficie , a produit à nouveaux frais comme
la première fois. C’eft-là un fait certain.
On peut avec fuccès répandre de la marne fur les
prés naturels qui produiront du trefle en abondance.
D’autres difent que , de quelque nature que foit
la marne , il faut, pour l’ordinaire, l’expofer à l’air
par monceaux avant l’hiver ; le foleil, la gelée , les
pluies , la neige, la décompofent. Il faut enfuite la
répandre fur les champs ou fur les prés , oii elle peut
fervir d’engrais pour cinq , pour dix, quinze, vingt,
même jufqu’à trente années ; elle produit ordinairement
plus la fécondé 6c la troifieme année que la
première. Sans doute qu’elle eft encore trop té-
tiace, ou qu’elle n’eft pas encore bien mêlée. Il ne
faut donc pas fe rebuter , fi quelquefois on ne voit
pas des effets prompts & fenfibles, la première ou
la fécondé année qu’elle a été répandue.
Voici encore quelques obfervations qui ont été
faites en Suiffe. i° . La prudence exige qu’on fafle
des expériénees en petit, fur-tout fî le terrein qu’on
veut marner eft argilleux ; mais s’il eft léger 6c fa-
blonneux, la marne ne fauroit jamais lui nuire. z°. Si
la marne eft mêlée de morceaux de roc ou de pierres
calcaires, on peut prefque toujours la mettre dans
les vignes auxquelles elle fert d’engrais. Ce roc calcaire,
tantôt jaunâtre, tantôt blanchâtre, fert fou-
vent de couverture à un lit de marne, il en eft lui-
même compofé. On l’emploie aufli avec fuccès dans
les endroits marécageux. 30. La marne, mêlée de
fable, eft fouvent couverte d’un lit de fable ou de
pierre arenacée. Celle-ci eft utile dans les terres fortes
, elle peut aufli fervir dans les jardins de terre
froide. 40. Pour employer la marne fur les prés, on
y procédé ainfi dans le comté de Neufchâtel, du
moins pour l’ordinaire. D ’abord on laboure le pré,
& pendant deux ans on y feme fucceflivement du
froment 6c de l’orge ; on engraiffe bien le terrein à
îa troifieme année avec le fumier, 6c on feme de
Pâvoirie mêlée de fainfoin ou de luzerne , oft fi l’on
veut à la troifieme année, l’on feme encore du froment
, & au printems de la quatrième année on
répand le fainfoin ou la luzerne fur la neige, lorf-
qii’elle fe fond , & qu’il n’en refte que fort peu fur
la terre. Le fainfoin, appellé en Suifle comme en
Dauphiné efparcette, 6c ailleurs pélagra, en latin
onobrychis , fe ferne dans les terreins fecs ou graveleux
, ou fur les collines ; & la luzerne, en latin médita
, fe ferne fur les terreins humides, fans être
marécageux. La piece ne fe marne pas encore cette
année-là , parce que cette t<§rre compafte étoufferoit
les jeunes plantes, mais on attend l’année fuivante,
qui eft la cinquième. Le fainfoin efl: coupé en fleur,
& enfuite le regain ; mais l’on n’y fait point pâturer
la troifieme herbe, crainte que le bétail n’arrache
les jeunes plantes ; alors fur la fin de l’automne on
mene environ quatre-vingts chars de marne , bien
décompofée 6c réduite en poudre, par arpent : on la
répand, autant exa&ement qu’il eft poflible, & on^
l’étend avec le rateau , il faut qu’il y en ait environ
un pouce fur le terrein. On comprend aifé.ment que
tout cela doit être fait par un tems fec. L’année fuivante
, qui eft la fixieme, on laifle mûrir la graine
de là luzeçpe ou du fainfoin, & on ne les fauche
qu’après que ces graines; commencent à tomber
d’eHes-mêmes, & en coupant le foin, il s’en ferne
fuffifamment pour garnir les places vuides de l’efpar-
cetiere ou de la luferniere ; 6c la graine qui refte attachée
à la plante, achevé de fe mûrir à la grange. A
la feptieme & à la huitième on fauche en fleur; à la
neuvième en graine ; dès-fors on peut faucher deux
années en fleurs, 6c une année en graine. Un arpent
de fainfoin ménagé de la forte, peut durer en valeur
au moins pendant vingt 6c jufqu’à trente ans. Telle
eft à-peu près la méthode qu’on fuit généralement
dans le comté de Neufchâtel. Enfin , dans certains-
lieux la marne fablonneufe 6c la marne, pierreufe fe
répandent fur le terrein au fortir delà mine ; maison
fait paffer une année à l’air 6c en petits monceaux,
la marne argilleufe ; & lorfqu’on répand enfuite cette
marne, on met la même quantité de fumier qu’on y
auroit mis fans cela ; mais dès-lors on n’y en remet
que tous les cinq ou fix ans, félon la nature du terroir
6c des produirions.
Comme l’ufage de la marne eft très-important dans
l’agriculture , 6c que rien n’eft plus propre à inftruire
que les diverfes obfervations , on peut confulter fur
cet objet les ouvrages qui en ont parlé, Dicl. univer-
fe l des fofjilts, art. Marne. (Economifche Nachrichten ,
tom. I & III. Mortimer, thewole artof husbandry.
Du Puis d’Emportes, gentilhomme cxdtivattur. Journal
oecon. de Saxe , t. IV. Leipziger Sammlung , tome
VU , I X , X II. Le moyen de devenir riche , &c. de
Bernard Palifly. Paris, 1636.
Les anciens avoient déjà connu 6c recommandé
l’ufagè de la marne. Pline en attribue la première idée
aux Gaulois 6c aux- Bretons. Hiß. Nat. lib. X V I I , ,
cap. 6. Columelle parle aufli de cet ufage ancien. On
ne peut donc douter de l’utilité de la marne pour fer-
tilifer les terres. ( B. Ç. )
§ MARRONNIER D'INDE , {Bot. Jard. ) en
latin atfculus. Linn. hippocaflanum Tournef. en an-
glois horj'e chefnut, & en allemand rojfcajlanic.
Caractère générique.
Les fleurs qui naiffent en épis portent des pétales
inégaux : dans le marronnier dinde commun elles ont
fept étamines; dans le pavia elles en ont huit. Le calice
devient dans le„ premier une capfule épineufe ,
dans le fécond une capfule unie à deux ou trois loges
, contenant autant de fruits coriacés reffemblant
à de vrais marrons.
Efpeces.
Efpeces.
1. Marronnier d'Inde très-élevé , à feuilles rudes,
& à bouquets de fleurs amples 6c ferrées. Marronnier
d'Inde commu'n.
Hippocaflanum altiflimum,foliis rugofîs fpicis amplis
eonfertifque. Hort. Colomb, cêfculus floribus beptandris.
Common horfe chefnut-tree.
z. Marronnier d'Inde à feuilles unies & à bouquets
de fleurs peu ferrées. Marronnier d'Inde à fleurs rouges.
Pavia.
Hippocaflanum foliis glabris, fpicis minirnè confettis.
Hort. Colomb..
Red flowering horfe chefnut-tree.
3. Marronnier dinde laiteux à gros boutons 6c à
bois puant. Pavia à fleurs jaunes.
Hippocaflanum lacté [cens , gemmis majoribus) ligno
fettido.
lellow flowering chefnut-tree.
Comment le marronnier, ce bel arbre eft-il tombé
dans le mépris? il eft devenu trop commun : n’y a-
t-il donc de beau que ce qui eft rare ? l’union de ces
deux idées eft la plus fauffe combinaifon que l’homme
ait jamais faite : cet orgueil de jouir exclufive-
ment devroit bien être corrigé par fon impuiffance ;
il eft dans la nature que les belles 6c bonnes chofes
deviennent bientôt communes. La rofe, cette reine
des fleurs fut long-tems confinée dans les jardins de
Midas ; maintenant elle ne dédaigne pas de fe pencher
près de la cabane du pauvre; & malheur aux
productions qui demeurent long-tems rares ! Que
cette idée au contraire eft jufte 6c douce qui ajoute un
prix aux belles chofes de ce que plus d’hommes en
jouiffent ! on eft bien afliiré qu’elles font véritablement
belles, lorfque tous s’accordent à les admirer,
& cette beauté devient touchante lorfqu’on penfe
qu’elle caufe aux autres le même plaifir qu’elle nous
donne. J’aime la violette à caufe de fon odeur, 6c
parce qu’elle pare nos gazons ; fi j ’avois un excellent
fruit, je me hâterois de le partager, afin de le manger
fans regret.
Je faifois ces réflexions à l’ombre d’un de mes
marronniers fleuris : le bel arbre ! fon tronc droit, couvert
d’une écorce unie, s’élève à plus de foixante
pieds : fa cime pyramidale eft terminée par une feule
fléché : fes branches fameufes 6c régulières s’étendent
au loin, mais régulièrement : elles font chargées
d’un nombre prodigieux de feuilles ; ces feuilles
lbnt compofées de fept lobes de fept à huit pouces
de long & affez larges, qui partent en s’inclinant du
bout d’un pédicule long 6c robufte : elles forment
par leur réunion un feuillage riche & impénétrable
aux rayons du foleil : ce feuillage fe diftribue en plu-
fieurs maifes, que des coups de lumière détachent à
l’oeil par l’oppofition des fortes ombres qui les environnent
; ces ombres encore plus obfcures dans le
fond de la touffe, font paroître nettement le contour
élégant de chaque feuille les bouquets des fleurs
relfortent avec éclat fur ce beau fond de verdure :
£es bouquets font formés en pyramide 6c ont près
d’un pied de hauteur, ils font compofés d’un nombre
prodigieux de fleurs affez grandes ; ces fleurs
font d’un blanc pur, 6c marquées d’un rouge v if 6c
d’un beau jaune : ces pyramides fleuries s’élèvent
du bout de chaque branche menue parallèlement à
la cime ; elles font tellement efpacées qu’on ne
pourroit avec la main les diftribuer d’une maniéré
plus agréable : il fe trouve entre chacune affez de
fond pour les empêcher de fe confondre ; elles en
reffortent 6c fe détachent mieux aux regards.
Je connois quatre variétés, du marronnier dInde
commun ; l’un a dans fes feuilles des lobes marqués
de blanc, 6c d’autres entièrement: blancs ; un autre
marronnier eft panaché de jaune. J’en ai trouvé un
Tome III•
fiiperbe fur le rocher des jardins de Luneville : il eft
plus robufte que le commun dans toutes fes parties,
il poufle de plus gros bourgeons ;. fes épis font bien
plus longs, plus ferrés, les fleurs plus larges 6c marquées
d'une tache rouge, plus grande 6c plus éclatante
; enfin il y a une variété dont la fleur eft feulement
teinte de jaune & manquée de rouge: ces variétés
s’écuffonnent très-aifément fur le marronnier dinde
commun : la troifieme eft.incomparablement la plus
belle, 6c doit être préférée dans la compofitibn des
bofquéts de mai.
La culture An marronnier d'Inde eft trop connue 6c
trop facile pour nous y arrêter long-tems; nous nous!
bornons à recommander de conierver les marrons
l’hiver dans du fable : vers lé mois de mars on les
arrofera pour les faire germer ; on caffera le bout de
la radicule avant de les planter dans la pépinière ,
d’où ils ne bougeront plus que pour être tranfplantés
aux lieux de leur demeure; ce qui peut fe faire au
bout de fix ou fept ans ; plus on les plante jeunes,
plus ils viennent vite & forts.
Le pavia croît naturellement dans la Caroline, oh
il ne*s’élève guere qu’à douze pieds ; fes branches
font rares , divergentes & irregulieres ; la vieille
écorce eft grife; celle des bourgeons eft verdâtre &
unie ; les boutons qui Les terminent font gros Sc
pointus ; les écailles font mêlées de g ris, de verd ôc
d’un rouge tendre ; les feuilles font compofées det
cinq ou fix lobes pendans, d’un verd clair & d’une
confiftance affez mince : les fleurs naiffent en épis
lâches au bout des branches, ils font compofés de
fix ôuffept fleurs d’un affez beau rouge ; ces fleurs
font compofées de quatre pétales , dont celui de
derrière s’élève & eft bien plus grand quêles autres,
ce qui donne à la fleur du pavia l’afpeâ d’une fleur
labiée ; il leur fuccede de petits marrons qui font enfermés.
dans une capfule unie.
Les pavias fleuriffent ordinairement vers la fin de
mai, ils font très-propres à orner les bofquets de ce
mois ; il faut les placer dans le fond des maflifs Comme
de grands buiffons, ou fur les devants d’allées
très-étroites, comme de très-petits arbres : on peut
les femer de la même maniéré que le marronnier,-on
les greffe fur cet arbre : ceüx qu’on obtient par les
femis font d’une plus lente croiffance, mais ils durent
long-tems-; ceux qu’on greffe croiffent plus vîte &
viennent plus hauts, fur-tout fi on pofe l ’écuffon à
la hauteur de fix ou fept pieds ; mais au bout d’un
certain nombre d’années ils dépétiffent & deviennent
difformes par la difproportion de groffeur entre
le fujet & la greffe : cet écuffon fe fait en, août 6c
reprend très-aifément ; le meilleur tems pour tranf-
planter les pavias , c’eft la fin de mars, peu de jours
avant qu’ils pouffent. .
Le pavia à fleurs jaunes, qui eft notre nQ. 3 , eft
encore affez rare en France, nous l’avons tiré de
Londres : fes bourgeons font bien plus gros & plus
droits que ceux du pavia ; l’écorce en eft grife 6c
unie, les boutons qui les terminent font prodigieu-
fement gros & couverts d’écailles purpurines à leur
bafe, ce qui donne à cet arbre un afpeâ affez agréable
& fort fingulier lorfqu’ils s’enflent & fe développent;
lès feuilles naiffantes font d’un verd rougeâtre;
développées elles font d’un vérd tendre, leurs lobes
font plus larges que ceux des feuilles du pavia ; la
feve eft laiteufe & fétide , les épis naiffent au bout
des branches , ils font droits, ferres, & prefque
aufli gros que ceux du marronnier d'Inde commun ;
les fleurs font d’un jaune de paille, & marquées d’une
tache oranger-pâle, elles font plus grandes, & les
pétales en font un peu plus étendus que dans le pavia
; il leur fuccede des marrons d’unë médiocre
groffeur, couverts d’une capfule unie; cet arbre
s’écuffonne fort aifément fur le marronnier d'Inde
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