
de juftice, lés délits qui y cuit rapport. Le riiiriiftérë
du phyficien eft fouvent néceffaire dans cette re*
cherche. i° . Les befoins & les infirmités de la nature
humaine font quelquefois incompatibles avec
certains devoirs; 20. il feroit dangereux, pour
l’intérêt même de la religion , qu’on rapportât à ces
caufes furnatiirelles ce qui eft -dans l’ordre de la naj
türê & conforme aux loix purement phyfiques. 3 .
La dignité & la néceflité des facremens exigent dans
leur adminiftration certaines précautions de la part
des médecins des accoucheurs. Lé terme de l’animation
du foetus, la diftinâion des monftres d’avec
les foetus humain^pour l’adminiftration du baptême*
font des qüéftiôns qui concernent également les médecins
& les tribunaux eccléliaftiques ( Voy. B a p t
ê m e , M o n s t r e s , A v o r t e m e n t ) . Les caufes
de divorce font quelquefois citées devant ces mê-^
mes-tribunaux; & dans des tems de fanatifme Si
• d’erreur, ils fe font fouillés ëri condamnant comme
foreiers 6c poffédés des malheureux imbéciles qui
ne péchoient que par défaut de raifon ( Vôye£ l’article
fuivant). La cour de Rome a quelquefois requis
les phyficiens ou lès médecins de déclarer fi des
événemens, des guérifons extraordinaires, pou-
voient dépendre des loix univerfelles 6c connues *
ou s’il falloit les attribuer à des caufes furnaturelles ;
cette décifion qui conftatoit ou faifoit difparoître le
miracle, devenoit un atte public dans les béatifications
des faints 6c des faintes 6c fervoit de critère
de vérité dans des objets que le zele inconfidéré rie
manquoit-jamais de grofiîr ou de défigurer* Il paroît
qu’on a fenti que, lors même que le'phyficien
ne voyoit pas la chaîne qui lie un effet aux caufes
générales, il ne falloit.pas fe hâter précipitamment
de l’attribuer à des caufes céleftes, pàrc'e qu’un phyficien
peut fe tromper, & ne pas tout cônnoître.
C’eft donc pour éviter une erreur d’une autre ef-
pece qu’on a eeffé d’emprunter fon miniftere : il
feroit en effet indécent de fuppofer qu’on eût jamais
pu redouter l’oeil dti favant dans des objets qu’on
livroiuà là foi publique*
Les maladies qu’on a àppellées furriâturelles,& qui
font de nos jours dans l’ordre de la nature ; l’extafe ,
Jes jeunes long-tems prolongés, les affrétions hyfté-
riques & convulfives, nous rappellent les erreurs
de nos peres ; 6c nous apprennent qu’il faut rarement
croire aux prodiges. Le bon Zacchias- ne
croyoit pas qu’il fût poffible de conferver long-tems
un cadavre dans fa fraîcheur fans Pentremife du démon,
à moins que Dieu ne permît expreffément
cét événement contre nature, pour édifier fon peuple,
en faifant découvrir un fairih II ne paroît pas
que Ruyfch 6c tant d’autres anatomiftes aient emprunté
des fecôurs diaboliques pour orner leurs cabinets.
Ori fe contente d’admirer Panifie ; l’homme
eft confolé de fa foibleffe en voyant fes progrès, 6c
il ofe encore efpérer davantage*
Les difperifes pour les jeûnes, l’abftinence des
Viandes, 6c certains devoirs religieux, concernent
aufli la médecine, lorfqu’elleS peuvent être juftifiées
par des infirmités ou autres raifôns femblables* Il
eft encore des cas oii le médecin eft Confulté fur la
Compatibilité du tempérament avec certains états
religieux, comme Celui de reclus ou de reclufe; on
a même demandé s’il étoit des tempéramens pour
lefquels ia continence fût impoflible. Toutes ces
queftions qui dans l’ordre naturel appartiennent
de droit aifx médecins, font pourtant fuborçjonnées
aux cafuiftes, auxquels il appartient de concilier,
autant qu’il eft en eux, les foibleffe? de l’humanité
avec les rigueurs de l’état religieux. Mais comme le
zele 6c la piété n’affranehiffent perfonne des infirmités
de l’efpece humaine, 6c qu’au contraire elles
en font fouvent aggravées, il s’enfuit qu’un méde1-
êin violeroit fes devoirs Ou d’objet de foft a r t, s’il
diflimuloit les fuites de ces infirmités, ou- s’il ri£
prûpofoit pas les fecours que fon expérience luifug-
gere : ces moyens ne font pas également pratiqua-*
blés, 6c c’eft à les propofer qu’on peut borner le
miniftere du médecin , tandis que la difcuffion 6t
le jugement font renvoyés à MM. les évêques*
L’état du médecin & du chirurgien leur impote
encore l’obligation d’avertir les malades en danger1
de mort, ou leurs parens,\pour l’adminiftration
des facremens ; les conftitutions’, les bulles, les conciles,
la déclaration du roi de 171Z & celle de 1724,
font expreffément mention de ce devoir;'mais il
Convient encore mieux au médecin dont le minifi*
tere fe borne au foulagement du malade (s’il eft
d’ailleurs atteint d’une maladie m o r te lle )d e ne
donner cet avis qu’aux afliftans.ou aux miniftres de
l’églife, pour y pourvoir eux-mêmes, & d’épargner
au moribond prefque toujours timide ou e ffrayé
, le défagrément d ^ s ’entendre prononcer*
un arrêt de mort par celui auquel il a Confié fa
yie.
.f Ce plan dont je viens dë faire l’expôfition, me
paroît embraffer le plus grand nombre des rapports
qui fe trouvent entre la médecine 6c les loix: de
toute efpèce : mon unique objet dans cet article R
été de préfenter le fyftême ou le tableau des con-
npiffances médicinales relatives à la légiflation, 6C ,
c’eft fur-tout pour les médecins 6c les chirurgiens
que je l’ai fait. Il eft aifé de fentir que les rapports
des loix avec la médecine peuvent être confidérés
fous un autre afpeâ qui concernerait de plus près
les jurifconfultes 6c les juges: le réfultat dé ces rapports
conftitue ce qu’on appelle la jurifprùdence de
la médecine : ouvrage de détail, heureufement entrepris
& terminé par M. Verdier, dofteur en médecine
, 6c avocat en la cour du parlement de
Paris*__
Quefiiôns à élaguer. Le? pfôgrès des Coftnoiffan«*
Ces & quelque peu dephilofopbie, ont éloigné l’ab*
furde barbarie qui fiégeoit autrefois fur les premiers
tribunaux de juftice : on voit plus rarement ces fee-*
nés fanguinaires ou humiliantes pour la raifon, mais
les loix qui les autoriferent fubfiftent encore dans
nps codes, 6c fervent quelquefois de prétexte à de
nouvelles atrocités. Il feroit aifé -de prouver par des
exemples réeeris, - qu’on s’eft appuyé fur ces loix
^abfurdes pour autorifer des injuftices : la voix de la
raifon eft encore foible dans quelques tribunaux ,
6c le magiftrat particulier que l’ignorance & latimi-
ditépréoccupent, tranquille à Fombre de ces loix,
étoûffe fans remords le cri de fa conférence & celui
de l’humanité. Tirons le voile fur ces objets afflj-
geans, 6c faifons des voeux pour le progrès des lumières;
les hommes font barbares par inftinéf Torf-
qil’ils rie font pas éclairés*
Je me difpenfé dè joindre au plan que je yièftS
d’expofer, une foule d'autres queftions puériles ôit.
abfurdés dont tous le? auteurs de médecine légale 6nt
grôfli leurs recueils. Si l’on n’etoif irrité par les fuites
funeftes qu’onteues leurs opinioris, on ne manquerait
pas d’admirer l’extrême patience avec laquelle:
ils ont compilé des inepties inintelligibles, 6c l’aie
d’importance dont ils les Ont revêtues. Traçons fuc-*
cintement qiielques-unes de ces queftions pour ne:
plus les citer, elles rappelleront à nos neveux paf
quels degrés il nous a fallu paffer pour arriver ait
point Où nous fommes* ^
On a quelquefois queftionhé les médecins fur la
reffemblance ou la diffemblance des'enfan? avec
leurs peres. En partant du principe que la matière
féminale confçrve la forme qu’elle avoit acquife, on
en concluoit qu’il falloit qu’ùtt'enfant reffemblât de
néceflité à fon pei£. La doéte antiquité qui tfaitoit
tout
tout dogmatiquement, affuroit quelquefois que
l’homme donnoit la forme, & la femme la matière;
elle affuroit d’autres fois le contraire, 6c le démenti
donné par les faits n’a pu diffuader qu’après une longue
fuite de fiecles. Il a fallu qu’une logique exafte
oémoritrât Pimpofîibilité aftuelle de réfoudre ce
problème. On ignore jufqu’aux élémens de cette
queftion ; le voile le plus épais couvre tout ce qui
y a rapport; & quand même on pourroit efpérer
nu jour de découvrir un coin de ce voile myfté-
rieux, on feroit encore arrêté par des millions de
formes variées ou d’accidens imprévus.
Il feroit abfurde de vouloir établir l’adultere fur
une preuve de cette efpece : peu de maris auroient
lieu d’être contensde la fidélité de leurs femmes, &
le hafard des reffemblances troubleroit trop fouvent
la paix des familles.
C ’eft par les conjeftures les moins fondées qu’on
a cru pouvoir déterminer quels font ceux qui, fournis
aux mêmes caufes de mort, ont furvécu aux
autres. Le droit d’héritage établi & réglé par les loix,
rend quelquefois cette connoiffance utile ; & lorf-
que par des circonftances fingulieres nul témoin
oculaire ne peut dépofer à cet effet, on confulte des
médecins pour fuppléer à ce défaut par des probabilités
déduites de leur art. La mere & l’enfant, le
mari & fa femme, le pere & fon fils mourant par
la même caufe, quel eft celui des deux qu’on doit
préfumer être mort le dernier ? On voit que la
caufe de mort qui peut être très-variée, peut aufli
par une foule de circonftances inaflignables, avoir
inégalement agi fur l’un ou fur l’autre* L’âge,. le
fexe, le tempérament, la vigueur particulière du
fujet, ne font pas les feuls objets à confidérer dans
cette queftion. Une famille entière peut être enfe-
velie fous les ruines d’une maifon ; elle peut être
fubmergée, étouffée par des vapeurs fuffocantes , •
par la foudre, par un incendie, enlevée parla pefte
dans une maifon ifolée, par le fer d’un ennemi conquérant,
par un poifon. Toutes ces caufes fi difpa-
rates ne peuvent être juftement évaluées dans leurs
effets, que par un concours de connoiffances dont
on eft abfolument dépourvu dans le cas dont il s’agit.
Il vaut encore mieux laiffer la loi agir en aveugle
, & ftatuer fans motif, que de prétendre mal-à-
propos l’éclairer par des conjeftures vagues. La loi
dont l’équité n’eft pas évidente, eft d’un moins dangereux
exemple que la fauffe explication qu’on
pourroit en donner.
Les épreuves du feu, de l’eau froide, de l’eau
bouillante, &c. auxquelles nos ancêtres barbares
avoient donné le nom impofant de jugemens de Dieu,
ont aufli exigé quelquefois le témoignage des médecins.
Ces tems de délire fuperftitieux font inconcevables
pour le fiecle où nous vivons ; la feule
lumière naturelle démontre l’abfurdité de ces pratiques
aux efprits les plus groflîers, & il faut tout le
refpeft qui eft dû à l’hiftoire pour perfuader la pof-
fibilité de ce délire.
Les hémorrhagies des cadavres en préfence de
ceux qu’on foupçonnoit coupables du meurtre, ont
encore exercé l’efprit des auteurs de médecine légale.
C ’eft avec une bonhommie merveilleufe que les
plus diftingués d’entre eux ont difeuté la certitude
de cet indice; leurs livres fourmillent d’exemples
qu’on affure authentiques ; on cite des loix, des
ufages, des autorités ; on intéreffe dans cette caufe
la dignité des premiers & des plus grands hifto*
Tiens ; en un mot tout ce que la traditiop offre de
plus refpeftable & de plus impofant, eft mis à contribution.
Hundeshagen cite le cas qu’il dit ( arrivé
aRatisbonne en 1630, en préfence de l’empereur
pc des états de l’empire) d’un Juif qui avoit maffa-
Torne III,
cré le fils d’un marchand de Francfort, & qui, mis
en préfence du cadavre , confeffa librement* fon
crime à la vue du fang qui fortit en abondance. La
jurilprudence fanguinaire de ces tems d’ignorance,
avoit pour ,bafe tous les préjugés fuperftitieux, 6c le
ieul nom de la divinité qu’on intérefloit dans ces
caules, lervoit de manteau à toutes los injuftices.
c elt P,ar"la qu 11 faut expliquer comment la lumière
a .J tarc* P3™1* les hommes ; c’étoit prefque
en rremiflant de crainte qu’on s’avouoit quelquefois
que les caufes les plus ordinaires pouvoient en im-?
poier fur l;n événement qu’on regardoit coirime divin.
Il eft mente fingulier que l’Allemagne ait été le
principal théâtre , de ces Icenes , & que le nombre
infant des jurifconfultes qu’elle a produits, n’ait
iervi quà retarder à cet egard fes progrès vers la
i raifon.
L examen des philtres, les prétendues poifeffions
les maléfices, les fonileges , ont fait jadis une partie
de 1 appanage des médecins: on les érablifibit juges
entre ce qui eft naturel & ce qui elt contre nature
ou infohte ; fout ce qui leur paroiffoit extfaordi-
haire, ce dont ils ne voyôient pas la caufe, ce qui
refiftoit à leurs fecours , étbit, taxé dé prodige 8c
déféré comme tel au magiftrat &*au public ; 8c il ne
faut pas croire que ces experts déjà alfce ignorans,
pnffent la peine de s'affarcr des faits par le témoignage
de leurs feus ; prefque toujours préoccupés par l’opinion
ou :1e préjugé , ils étoiènt entraînés par les
bruits populaires, & leurs principaux efforts fe bor-
noient à donner fan air de vérité ou de confiftance ,
au jugement anticipé de la multitude. On doit néanmoins
avouer cjué, cet état déplorable de notre lé-
giflaïion n’a été diffipé que par lés connoiffances
empruntées, dans la fuite, de ces mêmes médecins.
Je dis plus, lors même que lés légiflateurs, les tribunaux,
de juftice 8c les nations paroiffoient croupir
dans les plus profondes erreurs , la midecitie comp-
toit parmi fes adeptes des génies éclairés & humains
qui s’eiibrçoient de diliiper les ténèbres.
Il eft inutile de rappeller les accuf.itions de for-
cellerie, de magie , les noueurs d'aigui'.iettê, les
guérifons par des paroles, 8c autres femblables’ bê-
tifes qui ne font pas même dignes d’occuper lès én-
fans. J’avilirQi^là dignité de cét ouvragé, fi je pro-
pofois férieufement des faifons contre des abfurdi-
tes palpables.
On doit ranger dans cette claffe les fignes de la
virginité ou de la groffeffe, ou même diverfes maladies
que des imbécillès charlatans ont dit connoître
par l’infpeftion des urines, par les qualités du fang,
&c. telle eft encore la difcuffion de la poflibilité du
viol d’une femme ou fille robufte par un feul homme;
le congrès public ; les fignes ou indices auxquels on
a recouru pour établir la pédéraftie , la beftialité &
quelques autres queftions de cette nature, fur lef-
quelles on ne confulte plus les médecins.
C’eft à la honte de notre fiecle & de la raifon
qu’on eft encore autorifé à réfuter férieufement les
amulettes, bracelets , fachets, ceintures, &c. employés
de nos jours pour la guérifon des maladies.
Les recueils de médicamens & de formules les
traités des maladies 6c de matière médicale les plus '
eftimés font remplis de vaines prétentions fur l’efficacité
de certaines fubftances portées en poche, cou-
fuës dans les habits, cueillies en certains tems à
certaines heures, &c. Les loix judicieufes qui ont
févi contre les arts illufoires des devins, des fuperftitieux
, des cabaliftes, font un rempart polir la
raifon contre les efforts du préjugé ; mais ce rempart
eft encore bien foible, âe notre raifon trop peu
avancée. Les amulettes, les fachets fe perpétuent
la multitude qui les adopte fe nourrit dans la
y v v v v
y
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