& fait fortir .de la mine. Avec le feul Aéchiffeur du
d o ig t, cet homme avo it fauve la v ie 6c s’étoit fou-
tenu , jufqu’à ce que le fe au , après avoir fait env
iron cent toifes de chemin, l’avo it mené fur la fur-
face de la montagne.
Les in feâ es ont des mufcles infiniment plus ro -
buftes : une puce traîne un poids quatre-vingts fois
plus grand que celui de fon propre corps : ce même
infeûe franchit d’un faut cent fois la longueur de
fon corps.
C es obfervations ne donnent pas 6n calcul com*
ptet des forces employées par les mufcles. C ’efl ce
que Borelli a fait voir. Prefque tous les mufcles s’attachent
beaucoup plus près du point de repos, que
n’eft attaché le poids qu’ils élevent. C ’eft ainfi que
lé deltoïde s’attache au premier tiers de la longueur
de l’humérus , & qu’il ëleve non feulement l’humérus
entie r, mais l’avant-bras & la main , &c un poids
attache à la main. L e point de repos du bras eft
l’articulation de l’humérus avec l’omoplate, & le
poids foutenu par les doigts eft dix fois plus éloigné
de cette articulation, que ne l’eft l’attache du
deltoïde. Le calcul eft un peu compliqué, mais il
eft clair que le poids qui feroit de trois liv re s , ne
fauroit être élevé que par un effort de trente livres
que fera le d elto ïde, 6c le poids de la main également
par un effort à-peu-près d écu ple, l’avant-bras
par un effort quintuple , 6c l’humérus par un effort
triple.
11 efl néceffaire , pour qu’une corde ne perde
rien de fa force , qu’elle tire perpendiculairement
le poids qu’elle doit furmonter* ou le levier auquel
elle eft attachée. Mais prefque aucun mufele
ne s’attache perpendiculairement à l’o s , qu’il doit
mettre en mouvement.
Prefque tous les mufcles s’attachent à l’os fous
un très-petit angle. Pour faire alors Un effet quelconque
, ils doivent faire un effort qui foit à l’effet
comme le finus total au finus de l’an gle , fo u s ’ Ie-
quel ils s’attachent ; c e qui demande très-fouVenf
un effort quintuple 6C fextuple.
La même COnîidération revient-par nrpporr à l’angle
que font les fibres a v e c le tendon. Dans les
mufcles penniform'es les fibres motrices font avec le
tendon un angle oblique ; l’effet de leur tra&ion fe
réduit par-là du finus total au finus de l’angle, que
ces fibres font av e c le te tdon. Cette raifon diminue
encore l’effet d’un mufele d’un tiers , d’un quart
ou de quelqu’autre portion, félon que l’angle eft
plus ou moins grand.
Comme le mufele ne peut éle ve r un poids fans faire
defeendre en même tems l’os auquel il s’attache ,
on peut confidérer tout mufçle comme une corde
vivante attachée à un clou. D ’un côté elle é le ve un
po id s , d’un autre c ô té , elle fait effort pour faire
defeendre le c lo u , 6c elle le feroit defeendre en effet
fi une force égale à la moitié de l’effort de la corde
animée ne le retenoit. La corde vivante perd par
conféquent la moitié de fa fo r c e , & n’éleve effeÛi-
vement le poids qu’av e c la moitié de fa force.
Plufieurs autres confédérations diminuent encore
l’effet du mufele. Nous ne nous y àppefantirons
pa s , & nous ne croyons pas encore qu’il faille multiplier
l’effort par le nombre de plans de fibres
du mufele pour calculer l’e ffo rt, ce qui donne une
multiplication prodigieufe. Borelli aflïgnoit quarante,
foixante plans de fibres au deltoïde. Nous ne ferons
pas non plus entrer.dans le calcul l’excédent de force
avec lequel le mufele, ne fe bornant pas à ébranler
le po id s , l’éleve avec rapidité. Sans fa vorifer en
aucune maniéré la perte que fait l’effort du mufele,
on peut la mettre au trentecuple de l’effet effectif.
La fageffe du créateur n’a pas ignoré fans doute
cette perte énorme, mais elle étoit néceffaire. La
figure des extrémités , pour nous arrêter à cêt
exemple, devoit être conique ; les plus gros mufcles
dévoient être placés à la bafe du cône pour être en
état d’é le ve r les plus gros poids, & fur-tout le membre
; les plus petits mufcles dévoient être à l’extrê-
m ités , parce que le poids à éle ve r y étoit le plus
petit. Ces mufcles dévoient fe touch er, fe contenir,
rec e vo ir d’un tronc commun leurs nerfs, leurs artères.
Ils ne dévoient donc pas s’écarter des articulations,
6c ne pouvoient pas faire des angles droits
a v e c les o s , parce qu’ils dévoient provenir d’un
même membre, & d’un os fupérieur qui décri-
roit prefque la même ligne droite av e c l’os inférieur.
Le mouvement devoit d’ailleurs fe faire a v e c
vîteflë. Le méchanique de l’animal demandoit donc
un méchanifme entièrement oppofé à celui dont fe
fervent les hommes» Comme nous n’avons que de
petites fo rc e s , nous faifons de grands effets, en les
faifant dans un tems autant de fois multiple de notre
fo r c e , qu’elle eft inférieure au poids. I c i , dans
les animaux, le créateur âffuré d’avoir donné à la
fibre animale des forces fuffifantes, a préféré la ftru-
fture dans laquelle le mouvement fe fait avec
promptitude. T outes les autres pertes que font les
mufcles, peuvent être réduites à ces deux caufes.
Le créateur n’a cependant pas négligé les avantages
compatibles avec le plan de l’animal en général.
Il a donné aux extrémités des os longs une épaif *
fehr qui écarte les mufcles de l’axe de l’o s , & qui
ajoute à l’angle fous lequel il s’y attache ; ce fecours
a été très-fouvent employé. Quelques os ont des
anfes 6c des épip hyfes, par le mo yen defquelles les
mufcles ont prefque le même avantage qu’ils au-
ro ien t, s’ils s’attachoient à l ’os fous un angle droit.
Les mufcles dont la longueur confidérable les fou-
lev ero it étrangement dans la flexion , qui eft leur
e ffe t, font contenus contre l ’articulation qu’ils flé-
chiffent, par des gaines tendineufes & par des braf-
felets. La graiffe 6c la mueôfité articulaire diminuent
le frottement,& entretiennent la flexibilité des fibres.
Des mouvemens étoient n éceffaires, qu’aucun muf-
cle ne-fembloit d ev oir pouvo ir produire, parce
qu’il auroit dû naître hors du corps pour donner
à la parti«? mobile la direction exigée. La nature
y a pourvu en conduifant le tendon par une poulie,
& en le faifant rétrograder de maniéré à p o u vo ir
tirer l’oe il hors de l’orbite.
L ’antagonifte des mufcles a de grands ufages dans
la machine animale. Les mufcles volontaires ont généralement
des antagoniftes , qui balancent leur
aétion , qui cedent lorfque la v olon té s’eft décidée
pour un mouvement, mais qui rétabliffent l’état naturel
6c mitoyen du membre > dès que la vblohté
ceffe de s’intéreffer à troubler l’équilibré. Les muf-
cles oppofés ne font pas effentiellement d’une fo rce
égale ; les fléchi fleurs, par exemple y font plus forts
dans le bras que les extenfeurs, parce que les fonctions
de la v ie animale s’exécutent généralement par
les fléchiffeurs. Dans la nu qu e , dans le d o s ; dans le
fémur, ce font les extenfeurs dont la force eft fupé-
r ieu re , parce que c’eft à eux à foutenir le poids du
corps entier.
On a c ru , & a v e c probabilité, que lés ‘àntàgo-
niftes fervent à exécuter av e c très-peu dé force des
mouvemens, qui-'en demanderoient davantage, s’il
n’y avo it pas des antagoniftes. La volon té ordonné
que le bras fe fléchiffe ; il fe fait deux choies. L a
volonté ajoute à la force confraétive des fléchiffeurs,
elle ôte quelque chofe à celle des exteriféurs.-
I I y a.cependant une difficulté dans cette explica-^
tion. Elle fuppofe que les'dëux antagoniftes agifient
naturellement par la force nerveufe : cela ne'paroît
pas exaétementvrai. Quand on coupe l’un dés antagoniftes,
quand il perd fa force par une pa ralyfie,
MUS
l ’autre antagonifte fe met en mouvement de lui-
même , & fans aucun a£te de la v o lon té , contre
les ordres même.Dans,un cadavre même, où aucune
volonté n’a du pouvoir, il ri’eft pas rare de voir un
bras qu’on a fléchi, s’étendre dé lui-même, auflî-tôt
qu’on ne force plus la flexion. Ces expériences fem-
blent prouver que la contra&ion naturelle agit
feule dans les mufcles, dès que la volonté a cetié
de les mettre en mouvement. Les fphin&ers , que
la volonté régit dans les premiers tems , ÔC que
l ’enfant ne fait agir que fur les ordres réitérés de
fes parens, paroiflênt dans la fuite agir par la force
naturelle : ils retiennent dans le fommeil même les
excrémens, dans les animaux comme dans l’homme.
C ’eft un phénomène affez difficile à expliquer, mais
qui eft démontré par le fait.
Les mufcles ou compofés, ou coopérateurs, font
un autre moyen de produire de nouveaux mouvemens
fans multiplier les moteurs. Deu x mufcles
droits agiffant enfemble, ils exécutent un mouvement
en diagonale, fans qu’un mufele oblique devienne
néceffaire. Les mufcles interoffeux détournent
les droits à droite 6c à gau ch e , pendant que
les extenfeurs les étendent.
Dans un même mufele, des fibres qui remontent
peuvent déprimer une partie, les fibres horizontales
la tirer dire&ement au dehors, 6c les fibres qui def-
cendent l’é lever.
D e s mufcles coopérateurs peuvent opérer des
mouvemens obliques plus com po fés , en unifiant
trois directions : ils peu vent, par e x em p le , tirer
une partie en hau t, en arriéré 6c en dedans.
Le même mufele.en agiffant fur deux parties différemment
mobiles , peut les rapprocher en différentes
proportions, en faifant faire peu de chemin
à l’une 6c davantage à l ’autre. Même des mufcles
plus éloignés peuvent joindre leuradtion pour rendre
l’une ou l’autre des parties plus f ix e , ou pour
aider le mouvement de l’autre.
Un artifice très-fimple de la na ture , c ’eft de produire
des mouvemens, pour l’exécution defquels il
ne paroît pas poffible de placer des mufcles.
La pointe de la langue doit être tirée hors de la
bouche. Aucun mufclè ne peut êu-cplacé de maniéré
à en tirer direûement la pointe en avant. Mais le
géniogloffe v a en a r r ié ré , & s’attache à la partie
poftérieure de la langue : il tire vers la mâchoire
inférieure cette partie poftérieure, & l ’antérieure
■ portée dans la même diredtion, par fa continuité,
fort de la bouche.
Des mufcles antagoniftes peuvent agir en même
tems & .s’aider réciproquement. Nous voulons avaler
fans fermer la bouche. Pour avaler il faut élev
e r lé lârinx & le pharinx. Pour les é le v e r , il faut
que la mâchoire inférieure prête un point fixe aux
mufcles qui les élevent. Pour exécuter ce mouvement,
les mufcles qui abaiffent la mâchoire agifient,
on fent même le cutané fe roidir; mais en même
tems les temporaux, les maffeters & les ptérygoï-
diens internes élevent la mâchoire ; ils ne la portent
pas uifqu’à fermer la bouche, mais ils lui donnent
une fermeté fuflifante p o u f que les mufcles rele-
veurs du pharinx 6c du larinx puiffent agir avec
effet. '
Malgré ces fecours de la fiature, il nous refte à
trouver la caufe qui produit dans le mufele un effort
fi fort au-deflus de ce que promet la force contra-
dtive naturelle des mufcles. C a r un mufele eft déchiré
par uni poids beaucoup plus petit que n’eff le
poids qu’il é le v e , quand il eft .mis en adtion.
Je ne parlerai pas ic i ni de l’irritabilité ni de la
volonté. On a traité de lapremiere fous fon titre naturel
, & de l'autre on j&ra parlera dans Ÿarticle V o -
l o n t é . Comme on y doit traiter dé l’influence de
l ’a llie , & de la différence des mufcles fournis à la
v o lo n té , d’avec ceux qui agifferit fans en rece vo ir
les o rdres, il me paroît nécefiaire d’affigner un article
entier pour une queftion qui doit être analy fée av e c
quelque étendue. Je mécontenterai donc ici de quelques
réflexions fur la caufe phyfique de la force nerveufe.
L’idée la plus fimple a été faifie par les mathématiciens
, par D e fcarte s , par Newton. Pour mettre un
mufele en adtion, il paroît fuffire d’y faire arriver un
excédent d’efprit animal. Je né me refufe pas au concours
de cet. eljprit; mais il doit y a voir danslui une caufepuiffante
de comradtion, puifqu’un grand nombre de
mufcles agifient 6c fans le lecours de la v olon té, 6c
fans celui des ne rfs, & que des animaux, deftitués dé
nerfs , exécutent des mouvemens également rapides
& violens.
L ’idée d’une fibre gonflée par l’efprit animal a été
ornée par des efprits créateurs. Ils ont fenti q u e ,
pour produire des mouvemens confidérables, tel
que celui qui raccourcit le mufele de la mo itié , une
fibre un peu longue devoit être changée en fphere ;
qu’alors cette fphere demanderoit pour«être remplie
une quantité d’efprits énorme & improbable. On a
donc laiffé la fibre dans fa gracilité naturelle, mais
on en a élargi le bout; on en a fait une petite v e flîe ,
qu’il fuffiroit de gonfler, & qui le ferôit avec une dé-
penfe ordinaire d’efprit. On a appliqué à c e tr e v é fi-
cule le paradoxe hydroftatique de B oy le : comme
fes parois feront preffées par le liquide nerveux avec
lamême force que f i la fibre entière avo it la largeur
de la v éficu le , on peut diminuer à fon gré la quantité
d’efprits néceffaire, en donnant à la véficule une
largeur lupérieure à celle de la fibre.
C ette véficule unique placée au bout de chaque
fibre , ne répondoit cependant pas au phénomène*
La v é ficu le , qui termine la fibre, étant invifible, ne
peut être que très -p e t ite , fon raccourciffement ne
pouvant être que d’un t ie r s , à ce que l’on c r o y o it ,
fera donc imperceptible.'
On a remédié à cet inconvénient. On a fuppofé
que la fitro «ft «n chapelet rie véficulcS. La dépenfe
des efprits reftoit également très-petite, & le raccourciffement
cependant confidérable, piiifquMpou-
v o it allerà la .troifieme partie d e là longueur de la
fibre.
Sans infifter fur ce qu’il y a d’arbitraire dans cette
firudture, il fufîïra de remarquer que les véficules
auront toujours le défaut inévitable d’agir av e c trop
de lenteur. Elles n’éievent un poids fupirieur à la
force qui les remplit, que par la lenteur de leur élév
a tio n , 6c cette lenteur eft entièrement contraire
aux phénomènes. D ’ailleurs le mufele eft fort éloigné
de fe dilater dans la proportion qu’exigerait la
formation d’une fphere dont la circonférence naîtrait,
d’une fibre faite par deux diamètres parallèles.
La fibre a été changée en vaiffeau rempli de fang :
de petits nerfs tranfverfaux font des anneaux au-î
tour de ces arterès. Ces nerfs dilatés 6c raccourcis
parles efprits, changéntla véficulede la fibre dans un
chapelet compofé de véficules. C ’eft de là , ajoute-t-
on , que vient la paralyfie d’un mufcler, dont ôn a lié
l’a r te re , & des pieds entiers à la fuite de la ligature
de l ’aorte.
^ Ces prétendus nerfs tranfverfaux ne font que le
tiffu cellulaire du mûfcle. La fibrè n’éft pas une art
è r e ; l’influence du fàng artériel n’eft pas néceffaire
pour la contraction du mufele, puifqu’iin coeur & un
inteftin arraché fe contra&ent avec.la plus grande v ivacité.
L’expérienee même que l’on a faite fùr l’aorte
a été conteftéë. Aftruc prétend qu.’elle ne réuffit à
rendre les pieds paralytiques, que-lorfque l’aorte a
été liée affez haut pour, que là moelle de l ’épine
perde l’affluence néceffaire du fang ( c ’eft la queue
ÿg