Société, & un des plus agréables écrivains, à beaucoup
contribué à ces mémoires depuis 1711 jufcju’en
1739. « Nous étions toujours furpris (difent les jour-
» naliftes, février 1740. ) de la facilité avec laquelle
» il approfondiffoit les ouvrages les plus favans & les
» plus fyftématiques, en’auffi peu de tems qu’il en
» falloit pour les parcourir ; de fa jufteffe à en faifir
» au premier coup d’oe il, le fort & le foible de
» l’exaâitude, de l’ingénieufe élégance, de la préci-
» fion, & de la maniéré modérée & toujours ôbli—
» geante dont il en faifoit la critique, & endonnoit
•*> une idée exafte ».
Le P. Pi e r r e - J u l l ie n R o u i l l é , l’auteur des
•Notes & des Biffer tâtions de la grande Hifoire Romaine,
fut chargé de la direction du journal de Trévoux
depuis décembre 1733, jufqu’en février 1737,
■ & mourut en 1740.
Le P. C l a u d e -R e n é H o n g n a n t a auffi travaillé
à ce journal ; mais il s’étoit formé un ftyle
-fingulier, qui s’écartoit un peu du fimple &c du naturel.
On pourroit encore nommer les PP. D orival, Sou»
eiet, Bougeant, Charlevoix, Fontenay, de la Tour,
& plufieurs autres jéfuites célébrés qui ont rendu ce
■ journal très-intéreffant & très- fameux. Le P. Berlier
y a travaillé feul jufqu’au tems de la diffolution
des jéfuites en 1761 ; M. l’abbé Aubert l’a continué
depuis quelques années. C ’e f t a c t u e l l e m e n t , en 177 5,
MM. Caftillon, fous le nom de journal des Beaux-
Arts.
On trouve dans une Nouvelle du mois de Décembre
1742., l’annonce d’une traduction italienne du
journal de Trévoux, qui fe faifoit à Pefare, & dont
le premier volume devoit paroître au premier janvier
1743 , & l’on y rapporte, d’après le Profpeclus,
que ce qui fait rechercher les journaux en Italie, &
ailleurs, ce font non-feulement les livres annoncés
& caraétérifés dans les nouvelles littéraires; les ex*
traits fïdeles, les jugemens équitables qu’on y trouve ;
mais encore les difl'ertations intéreffantes qu’on y inféré
, & les éloges des favans qu’on y donne après
la mort ; mais il n’eft plus parlé de cette traduction
dans la fuite des journaux.
Les journaux françois les plus accrédités actuellement
font le Journal Encyclopédique qui s’imprime à
Bouillon, & que MM. Caftillon ont fait pendant
plufieurs années ; le Mercure de France, le Journal
Politique de Bouillon, fait avec beaucoup de foin &
d’exaCtitude, le Journal de Verdun, Y Année Littéraire
à qui M. Fréron a donné de la célébrité, & qui depuis
fa mort arrivée en cette année 1776, fe continue
par M. fon fils & M. l’abbé-Grofier; le Journal
de Phyjique de M. l’abbé Rozier, le Journal Economique,
le Journal de Médecine ; le Journal Eccléjîajli-
que de M. l’abbé Dinouard ; le Journal hijlorique &
politique de Geneve ; le Journal de politique & de littérature
imprimé à Paris fous le nom de Bruxelles ; le
Journal des dames ÿ la Bibliothèque des romans , &c.
( M. d e la La n d e . )
1 P
IPHIGENIE, ( Myth. ) fuivant plufieurs anciens
auteurs, cités par Paufanias & par Plutarque, étoit
fille de Théfée & d’Hélene. Lorfque cette princeffe
fut retirée par fes freres des mains de fon premier
raviffeur, on prétend qu’elle étoit groffe & qu’elle
alla accoucher à Argos de cettç. Iphigénie. Clytem-
neftre foeur d’Hélene, & déjà femme d’Agamemnon,
pour fauver l’honneur de fa foeur, fit palier Iphigénie
pour fa fille, & la fit élever en cette qualité à la cour
d’Argos. Agamemnon qui avoit découvert dans la
fuite cette tromperie, fans ofer la divulguer, ne fut
pas fâché de trouver un prétexte de fe défaire dé
cette fillé fùppofée, lorfqu’il fut queftion du façri-
fice d’Iphigénie : ces auteurs prétendent par-là jufti-
fier la facilité avec laquelle Agamemnon confentit à
la mort de cette princeffe ; peut-être même l’oracle
d’Aulide avoit-il été préparé de concert entre le
roi & Calchas.
D ’autres difiinguent deux Iphigènies, l’une fille
d’Hélene, & l’autre de Clytemneftre. C’eft l’opinion
la plus commune, & que M. Racine a fuivie
dans fa belle tragédie $ Iphigénie, oit il introduit la
fille d’Hélene fous le nom dJEriphile qu’il fuppofe
avoir été enlevée de Lesbos par Achille, & qui
devient la vi&ime de Diane à la place d’Iphigénie.
Iphigénie, fille d’Agamemnôn & de Clytemneftre,
a fourni le fujet de deux tragédies à Euripide : l’une
fous le titre d’Iphigénie en Aulide, & l’autre Iphigénie
en Tauride. Voici le plan hiftorique de la première.
Un calme opiniâtre arrêtant trop long - tems l’armée
des Grecs au port d’Aulide, Calchas confulté
fur les moyens d’appaifer les dieux, répondit qu’il
falloit immoler à Diane, divinité tutelaire d’Aulide,
Iphigénie, fille d’Agamemnon ; qu’à ce prix feul les
Grecs auroient les vents favorables, & l’avantage de
renverfer T roye. Le roi d’Argos, après avoir long-
tems balancé entre la tendreffe paternelle & la gloire
qui lui reviendroit de l’expédition de T ro y e , consentit
enfin de facrifier fa fille aux intérêts de toute
la Grece afl'emblée. La difficulté étoit de tirer Iphi*-
génie d’Argos, & des mains de Clytemneftre: Agamemnon
écrivit à la reine d’envoyer au plutôt fa
fille en Aulide, pour la donner en mariage à Achille
qui ne vouloir partir pour Troye qu’en qualité d’é poux
à?Iphigénie. Clytemneftre n’héfite pas de par*
tirayec fa fille dans la vue de cet hymen. Mais elle
eft à peine arrivée au camp dés Grecs, qu’elle y
apprend le fatal myftere. Auffi-tôt elle a recours à
Achille, & implore fa prote&ion pour la vie de fa
prétendue époufe. Quant à Iphigénie , le poëte nous
la repréfente d’abord frappée d’horreur à la vue du
fort qu’on lui prépare : elle court demander grâce
à fon pere, met tout en ufage pour le fléchir, les
efforts de Clytemneftre, fesraifons perfonnelles, fes
larmes, fes attraits : enfuite elle penfe à s’enfuir avec
fa mere. Mais bientôt après avoir réfléchi fur la gloire
dont feroit fuivi fon trépas, elle l’accepte généreu-
fement ; elle refufe avec confiance le feeours d’Achille
, fait elle-même les préparatifs de fon facrifice ,
s’avance d’un pas ferme au pied de l’autel, & préfente
hardiment fon fein au Sacrificateur. Celui-ci
prend le glaive, il invoqueles dieux, il frappe, tous
entendent le coup ; mais la viétime difparoît, fans
qu’on apperçoive aucune ttace de fa retraite. On
voit étendue par terre & palpitante une biche d’une
grandeur extraordinaire, & d’une rare beauté : l’autel
eft arrofé de fon fang ; c’eft Diane qui, fatisfaite
de la foumiflion de la princeffe, a fubftitué cette biche
en fa place. Pour Iphigénie, elle s’eft envolée chez
les dieux, dit Agamemnon à la reine qui craignoit
que ce prodige n’eût été inventé pour finir fes regrets.
Depuis Euripide, trois célébrés auteurs ont traité
le même fujet tragique avec beaucoup de fuccès ; l’un
Italien, c’eft Louis D o lc é , en 1566, & les deux autres
François, favoir, Rotrou en 1649, & le célébré
Racine en 1675. L’auteur Italien n’a prefque fait que
rendre les penfées du poëte Grec en beaux vers italiens
; excepté que n’ayant pu fupporter le prodige de
la biche fubftituée , il fait dire à l’a fleur qui vient raconter
l’hiftoire du facrifice: « quelques uns ont cru
» voir une biche au lieu d’Iphigénie, mais je ne veux
» pas croire ce que je n’ai pas vu ». De forte que chez
lui non-feulement Iphigénie meurt, elle eft décapitée
dans les formes. Quant aux deux poètes François, ils
fe font écartés de leur original, toutes les fois que les
moeurs des Grecs ne s’aecordoient pas avec les leurs i
ce qui arrive affez fréquemment. Racine, qui a cru
ne pouvoir pas faire mourir Iphigénie, ni la fauvér
par un prodige incroyable, fait dire à Calchas pour
le dénouement de la piece, que c’eft la fille d’Hélene,
Eriphile, qui fous un nom emprunté, eft Y Iphigénie
que demande Dianè.
D ’anciens mythologues difent qu’au moment du
facrifice, Iphigénie tut changée en ourfe, d’autres en
géniffe,ou en une vieille femme. Lucrèce veut qu’on
ait effeflivement répandu le fàng de cette princeffe :
qu’elle fut immolée à la ftiperftition des foldats , &
à la politique d’un prince qui craignoit de perdre le
commandement d’une belle armée. Mais l’opinion la
plus fuivie, eft qu’Agamemnon menacé du courroux
de la déeffe, réfolut véritablement d’immoler fa fillé,
& que tout étant prêt pour le facrifice, les foldats
s’y ôppoferent tous; de maniéré que Calchas qui
appréhendoit une fédition, infinua que Diane con-
tènte de là foumiflion du pere & de la fille, pouvoit
être appaifé par le facrifice d’une biche , & par la
confécration d’Iphigénie, qu’on envoya en effet dans
la Tauride pour lui fervir de prêtreffe. Diflis de
Crête ne veut pas même qu’Agamemnon y ait con-
fênti ; il dit qu’Ulyffe partit fecrétement de l’armée,
fans confulter Agamemnon : qu’il contrefit des lettres
de ce prince à Clytemneftre avec ordre d’envoyer
au camp de Grecs la jeune princeffe: & que l’y ayant
conduite fecrétement, il alloit de concert avec
Calchas l’immoler à la déeffe, Iôrfqu’effrayé par
quelques prodiges, peut-être auffi par les menaces
d’Achille qui découvrit le myftere, elle fut envoyée
dans la Tauride, & l’on facrifia à fa place une biche
que l’orage avoit obligée de fe cacher près de l’autél
de Diane.
Iphigénie en Tauride, autre tragédie d’Éuripidé ,
dont lefiijeteft une fuite du premier. Cette princeffe
enlevée de l’autel par Diane, eft tranfportée en Tauride
dans la Scythie, oft la coutume eft dé facrifier
les étrangers à la déeffe qui y préfide : dn l’établit
prêtreffe du temple : c’eft elle qui initie les viflimes,
qui les prépare pour le facrifice : d’autres mains les
égorgent. Nul des Grecs ne favoit le fort d'Iphigénie :
tout le monde la croyoit morte en Aulide par le
glaive de Calchas. Quelques années après, Orefte
fon frere, pour fe délivrer de fes furies, reçoit ordre
d’Apollon d’aller en Tauride enlever la ftatue de
Diane, qu’on croyoit être defeendue du ciel & de
l’apporter dans l’Attique ; il eft pris avec fon ami
Pylade, on veut les immoler fuivant la barbare coutume
de ce pays. Iphigénie fachant qu’ils étoient d’Argos,
s’informe d’eux, de l’état de fa famille, offre
de délivrer l’un des deux de la mort & de le renvoyer
dans fa patrie, s’il veut fe charger d’une lettre pour
fon frere Orefte. A ce nom la reconnoiffance fe fait :
ils conviennent de fe fauver enfemble : Iphigénie
trompe Thoas, roi de la Tauride, fous le prétexte
d ’une prétendue expiation qu’elle doit faire des victimes
fur le bord de la mer ; elle s’embarque avec Orefte
& Pylàde, emportant avec,eux la ftatue de Diane.
Nous avons un opéra à?Iphigénie tn Tauride, commencé
par M. Duché, & achevé par M. DanChet:
il fut repréfenté en 1704. (+ )
IPHIS, (Myth.) née fille devint garçon au tems de
fon mariage. Dans la ville de Phefte, près de Gnoffe,
dit Ovide, étoit un certain Ligdus, homme pauvre
& d’une naiffance obfcure , mais cependant d’une
honnête famille. Cette homme, voyant fa femme
groffe, lui dit que fi elle accouchoit d’une fille , il ne
vouloit pas l’élever, parce qu’il n’en avoit pas les
moyens ; il Ordonna même de la faire périr. Télé-
thufe, fà femme, n’accoucha cependant que d’une
fille, qu’elle fit paffer pour garçon auprès de fon
mari, & qu’elle éleva publiquement fous ce nom.
Le myftere demeura long-tems caché, parce qu* Iphis
(c’eftle nom de i’enfant)avoit dans lé vifàgé tous les
agremens des deux fexes. Â l’âge de treize ans, fort
pere lé deftina à Janthe , la plus belle fille de la ville.
Sa mere, qui favoit l’impoffibilité dé ce mariage, rie
chercha qü’à l’éloigner ; une maladie feinte,un fôrige
prétendu, un prelage funefte, tout lui férvoit de
raifon pour le différer. A la fin, ayant épuifé tous
les prétextes, & le jour du mariage étant arrêté,, elle
alla la veille avec fa fille dans le temple d’Ifis, irii-
plorer le feeours de la déeffe, pour fe tirer de l’embarras
où elle fe troiivoit. lphist en fortant du temple
, s’apperçüt q u ’ e l l e marchoit plus ferme qu’à l’ordinaire
: fon teint commença à perdre fa grande
blancheur, & prit une couleur plus mâle : fes forces
augmentèrent , fes cheveux s’accourciréht & elle
fentit dans toute fa perfonné une vigueur qui rie coh-
venoit point à la foibleffe de fon fexe. Enfin, elle
reconnut qu’elle étoit homme. Charméde ce changement,
Iphis rentra dans le temple pour offrir à la
déeffe un facrifice d’aélion de grâces, & ÿ laifl'a cette
mfeription : Iphis garçon , accomplit lés voeux qu'il
avoit faits étant file. Le lendemain le mariage fe fit
au grand contentement des parties. (+ )
IPHOFEN , { Géogr. ) ville d’Allei nagné, dans la
Franconie, & dans l’évêché de Wirtzbourg : un bailliage
en reffortit, & de'bons vins croiffent dans
fon tejyitoire. Elle a fait partie du comté de Gaftell.
( B . G.)
IPS, ( Géogr.) Ipfium, Ibiffa, ville d’Allemagne j
dans la baffe Autriche, & dans, le cercle fnpérieur
de la forêt de Vienne, au confluent de YIps & du
Danube. Qn la croit bâtie furies ruinés de I’ànciennë
Iftp onttim ou pons Ifis : d’ailleurs elle éft de petite
enceinte , & de peu de confidération. (D . G.')
IPSERA, ( Géôgr. ) île de l’Archipel, au nord^
oueft de.l’île de Scio, dont elle eft à fix lieues: elle
a la forme d’un coeur : elle eft efearpée & remplie
de rochers au riord & à i’eft, & elle a environ fix
milles de long & trois de large. Elle eft compoféé
d’une efpece d’ardoife dans laquelle oh trouve quelques
veines de marbre blanc. Il n’y croît que quelques
buiffons nains, parmi lefquels fe trouvent des figuiers
que les habitans ont plantés. Elle produit quelquë
peu de coton S t de bled, & ils tirent le furplüs d’Afie.
Leur plus grand commerce confifte dans le vin rouge
qu’ils portent à Scio. Les Contrées méridionales &
moyennes de l’île confiftent en de petites collines &
en deux plaines fituées fur les deux baies ; le fol en'
eft excellent : les montagnes dans plufieurs cantons
font couvertes de vignobles. L’île eft habitée paf
environ mille Grecs ; ils paffent pour très - braves:
(+ ) , .
IPSWICH, ( Géogr. ) ville maritime d’Angleterre;
capitale de la province de Suffolk, &fituée dans un
lieu bas, au bord de la riviere de Gipperi ou ê’Or-
well. Elle eft bâtië en demi- lune & renferme douze
églifes de paroiffes, deux chapelles , une école gratuite
, une bibliothèque publique , itri grand hôpital^
& un beau chantier. Son port eft fréquentépar les plus
gros vaiffeaux ; mais la triaréé qui les y fait èntrer ;
s’arrête là , & là riviere qui s’y débouche në participe
en aucune façon à fes retours. Il n’y a pas de fabriques,
ni de manufaélureS confidérables dans cettë
Ville ; le négoce pfincipàl en roule fur les vivres SÈ
les denrées qui abondent autour d’elle, & fur lés
bois qtié l’on y trouve pour là coriftruâio'n des navires.
Elle eft fort ancienne : c’étoit fôiis les Saxons
Urie place forte, que les Danois dériiantelerènt. Son
enceinte a de même perdu beaucoup de fon étendue r
elle a neuf paroiffes de moins qu’elle n’avoit il y a
quelques fiecles. C’eft cependant encore une affez
grande ville, qui députe deux membres au parlement
, qui jouit de plufieurs droits ôc privilèges