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fainte Helene. La pêche qui fe fait dans fes environs
-paffe pour très-confidérable. (D . G. )
FOELDVINZ ou Fel - Vintzi , ( Géogr. ) ville de
Tranfylvanie, dans la province de Zecklers, au dif-
tritt d’Arany: ce n’eft pas une des moindres de la
"contrée. ( D . G. )
FOETUS, ( Pkyjîôlogic. ) L’animal, & fur-tout
l ’homme, porte le nom de foetus tant qu’il eft contenu
dans la matrice de fa mere : on lui donne le nom
d'embryon dans l’état le moins avancé , & avant qu’il
prouve par des mouvemens fenfibles qu’il eft animé.
D’oii vient-il ce foetus ? eft-il l’animalcule de la
liqueur fécondante du mâle infiniment agrandi ?
feroit-il le réfultat du mélange de deux liqueurs fournies
dans l ’accouplement par le mâle & par la femelle
? eft-ce enfin à la mere qu’appartient le foetus,
dont il ne feroit qu’une partie détachée ?
Cette derniere opinion eft certainement la plus
fimple : le foetus a été, fans contradiction, une véritable
partie de la mere ; il s’eft nourri de fes humeurs,
il s’en eft formé ; une partie infiniment petite
de lui-même peut feule être mife en doute;
tout le refte, le million à une unité près, eft incon-
teftablement fourni par la mere.
Qu’on parcoure les différentes claffes des animaux
en fe rapprochant peu-à-peu de ceux qui font
le plus compofés ; le quadrupède & le poiffon à
fang chaud ne different pas de l’homme à l’égard de
la fortie du foetus des parties de la femme. Les oi-
feaux femelles ont un ovaire rempli d’oeufs; un de
ces oeufs fe détache, il eft pondu, le nouvel eni-.
bryon s’y trouve enfermé, tout le refte appartient
certainement à la mere. Les femelles des poiffons &
des quadrupèdes à fang froid ont des oeufs dans le
ventre : elles accouchent de ces oeufs que le mâle
arrofe d’une liqueur, néceffaire ; mais c’eft toujours
la mere qui a fourni l’oeuf.
Des animaux renfermés dans des coquillages, trop
immobiles, & incapables d’accouchement; d’autres
animaux aquatiques, leslievres marins, les néréides
font en même tems les meres de leurs oeufs,
& la fource d’une liqueur qui les féconde: ils n’ont
pas befoin d’un individu étranger pour concevoir
& pour multiplier , le fexe mâle eft dans leur intérieur
, aufli-bien que le fexe femelle.
Un dégré d’organifation de moins, & le mâle dif-
paroît. De nombreufes claffes d’animaux pondent,
ils accouchent de véritables animaux, femblablesà
eux-mêmes ; ils rendent du moins des oeufs dont
Ü fort des animaux leurs femblables.
Les pucerons, claffe abondante d’infeCtes, naif-
fent avec des foetus dans le corps, & ces petits foetus
font eux-mêmes gros d’un nombre d’embryons : on
ignore la fin de la progrelfion. Les pucerons enfermés
dans la veflie d’une feuille d’orme, ou fous
une taffe de verre, accouchent & donnent la vie à
des êtres femblables à eux-mêmes, fans avoir pu
connoître de mâle. Aucun fait n’eft plus avéré. Le
puceron cyclope des eaux marécageufes, plufieurs
animaux teftacés, & d’autres du genre des polypes,
les ouriins, les orties marines, les étoiles de cet élément
, jouiffent tous du même privilège ; tous ces
animaux conçoivent des oeufs parfaits au-dedans
d’eux-mêmes, & ces oeufs produifent des animaux,
fans qu’ôn puiffe foupçonner un mâle d’y avoir
contribué. Tous les individus de ces claffes font femelles
, ils produifent tous des oeufs & des foetus
fans aucun fecours étranger.
Une claffe plus fimple encore fe multiplie fans
le fecours des oeufs. Les anguilles du vinaigre, celles
de la colle farineufe, ont le ventre rempli d’animaüx
en vie qui fortent de leur corps dans leur tems, &C
qui n’ont jamais eu bëfoin du fecours d’un mâle.
L’animal à globules eft rempli de boulettes vivantes
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femblables à lui-même : elles fortent par une fente dù
ventre entr’ouvert-de leur mere.
Les polypes d’eau douce fe rapprochent encorè
davantage de la claffe des végétaux : ils n’ont befoin.
ni de fexe, ni d’oeufs ; une petite verrue s’élève fur
leur furface, elle s’agrandit, fe détache y & devient
un nouvel animal. Un grand nombre de vers aquatiques
ont le même privilège : ils fe multiplient par
des parties d’eux-mêmes qui fe détachent par la di-
vifion même de leur corps, dont chaque partie redevient
un animal.
Çette gradation prouvé évidemment que le fexè
mâle n’eft pas de l’effence de la génération ; qu’il eft
étranger aux animaux fimples; I'.FÈMME,(Pîiy/tol.)
dans ce Suppl. & qu’il ne commence à fe montrer
que dans des animaux plus compofés. Si dohe la femelle
de tant de millions d’animaux'fait pondre des
animaux vivans, ou des oeufs, ou fe multiplier par
une partie d’elle-même, fans aucune liqueur fécondante
, il eft clair que la femelle fournit le foetus ,
feule dans plufieurs claffes ,& aidée parle mâle dans
d’autres. Nous verrons bientôt ce que le mâle peut
y contribuer.
Il y a cependant des preuves plus directes encore'«
Dans les oifeaux, le jaune de l’oeuf fe trouve dans
l’ovaire de la même grandeur que dans un oeuf dont
il va éclorre un poulet ; il n’acquiert plus de volumé
que par le blanc dont il eft enveloppé. Cet oeuf fait
partie de la mere fans doute , fes humeurs font celles
de la poule. Elle pond fon oeuf, le voilà devenu un,
être féparé. On y appérçoit bientôt un nouvel être*
c’eft le petit animal qui en doit naître. Cet animal a
néceffairement exifte dans l’oeuf même : Car la ment-
brane qui tapiffe l’oe u f, & celle qui renferme le
jaune reçoivent leurs arteres de celle du foetus., elles
renvoient leurs veines dans les fiennés* L’artere mé-
fentérique du foetus produit les vaiffeaux les plus
fins qui marchent fur la convexité des plis du jaune ,
& qui donnent des branches qui remontent vers les
vallons interceptés entre cës petites Collines.
Il y a plus, le jaune eft uni à l’inteftin 'du poulet
par un canal, dont la membrane eft d’un côté celle
du jaune, & de l’autre l’inteftin même; le jaune eft
donc dans le vrai un appendice énorme de l’inteftin
du poulet, il eft une des parties de cet animal, ce
font fes vaiffeaux qui le nourriffent.
Si donc le jaune eft une partie du poulet, fi lé
jaune eft une partie de la mere lui-même, il a pré-
exifté à toute approche du mâle. La certitude de la
formation des oeufs dans les animaux qui n’ont aucun
mâle dans leur efpece, rend cette démonftration
aifée à comprendre. La poule ne différé du puceron
que par le befoin qu’a l’embryon du poulet d’être
tiré d’une efpece d’engourdiffement par la liqueur
fécondante, & le puceron fort d’un état d’accroifle-
ment imperceptible, fans aucun fecours étranger.
Pour appuyer davantage un phénomène qui paraîtra
paradoxe, parce qu’il eft nouveau, nous y
ajoutons les expériences d’un excellent- obfervateur*
M. Spallanzani a vu dans la grenouille femelle les1
petits , qu’on‘appelle des oeufs. Mais le mâle ne féconde
ces oeufs que lorfqu’ils font fortis du ventre
de leur mere: il n’a aucun organe capable de porter
une liqueur fécondante dans les énormes conduits
remplis des oeufs de la femelle. Les oeufs que le mâle
n’à pu féconder, ne fauroient être diftingués de ceux
fur lefquels il a répandu fa liqueur prolifique ; ils
ont donc, avant cette opération du mâle, toute la
perfection qu’on leur trouve après elle. M. Needham
a vu l’animal dans l’oeuf de la tortue, dont la fécondation
fe fait comme celle de la grenouille ; & M.
Roefel l’a vérifiée dans la grènouille verte des arbres.
Dans toute cette vafte claffe d’amphibies , le
nouvel animal exifte donc dans la mère.
Harvey,
F (ST
Ôarvey, dont certainement le témoignage fait
preuve fur un objet qu’il a le premier éclairci, a vu
la cicatrieüle dans des oeufs de poule qui n’a voient
pas été fécondés, dans des oeufs de perroquet & de
cafuel : il en a vu fortir l’oifeau fans que le mâle y
ait contribué. M. Pallas a vu une phalene pondre
fans le fecoifrs du male.
Il y a plus ; on a vu dans une vierge conftamment
telle & reconnoiffable par l’intégrité de fon hymen ,
dès dents, desoffemens & des cheveux renfermés
dans une tumeur du méfentere. C e phénomène rapporté
dans les Mémoires de l académie de Suede , a été
obfervé depuis peu en Allemagne. Un foetus femelle,
incapable affurément d’admettre le mâle, eft né avec
un foetus formé au-dedans de lui.
Les vierges n’accouchent point dans'l’efpece humaine
, mais un foetus formé dans leurs vifeeres fait
une preuve équivalente, & rejoint à la claffe des
pucerons Tefpece la plus noble du régné animal. Il
fuffit que des parties reconnoiffàbles de l’animal fe
forment dans les organes de la vierge, fans avoir
befoin de la fécondation ordinaire du mâle.
En un mot, dans un très - grand nombre d’animaux,
le foetus fe forme fans qu’il exifte d’animal
mâle de la même efpece. Dans un nombre confidé-
rable d’autres, le foetus exifte dans l’oe uf de la femelle,
avant que le mâle ait pu en approcher? Et
dans toutes les claffes, il y a des exemples de parties
animales formées dans la femelle fans le concours
du. mâle.
Mais fi la femelle produit le foetus, comme une
partie d’elle-même qui fe détache dans un tems marqué
, qltelle eft donc la néceflité du mâle, & que
peut-il contribuer pour la formation du foetus ?
Nous laifferons parler les expériences : 'on en a
fait un nombre confidérable dans les plantes qui
font munies de parties analogues à celles de deux
fexes: le hafard plus que la curiofité des phyficiens,
en a fourni un certain nombre dans les hommes.
Dans lès plantes, c’eft principalement M. Koel-
feuter qu’il faut écouter : il a fait avec une patience
admirable un grand nombre d’expériences, en répandant
fur les parties femelles d’uhe plante la poitf-
fiere analogue à la liqueur fécondante des animaux.
Ilachoifi pources expériences des plantes du même
genre, mais de deux efpeces différentes : car les
amours adultérés de deux plantes trop différentes
par leurs caraCteres , ne font pas féconds.
Unè efpece de jufquiame en ayant imprégné une
autre, il en eft né une efpece mêlée, dont une partie
des traits reffembloit à la plante des étamines de laquelle
on avoit pris la poufliere, qu’on avoit répandue
fur les ftigmates de l’autre, & une autre à celle
dont on avoit poudré les ftigmates. Plus on avoit
pris la poufliere mâle, ou plus fouvent on avoit réitéré
Tafperfion de cette poufliere, & plus la plante
provenue de la graine imprégnée areffemblé à l’ efpece
qui avoit eu un furpoids pardeffus l’autre. La
graine%e cette efpece de mulet avoit de la peine à
conferver fa fécondité, qui cependant fe confervoit
mieux du côté.de la mere; & le bâtard rentra dans
l’efpece de la mère après quelques générations. Souvent
même la poufliere mâle ne change prefque rien
à l’efpece mêlée.
Dans ces expériences, ce n’étoit pas une liqueur
féminale de la fleur femelle qui, mêlée avec la
poufliere du mâle étranger, produifoit une efpece
mitoyenne* La liqueur huileufe des ftigmates ne
produit rien, & ne change rien à la nouvelle plante
qui provient de cet adultère. C ’étoient des graines,
bien certainement préexiftantes dans le fruit de la
plante femelle, qui, déterminées par l’influence de
la poufliere mâle, produifoient une efpece bâtarde.
La graine préexifte donc dans les plantes femelles,
Tome III.
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dont aucune poufliere mâle n’a pu approcher. Il naît
des dattes fur des palmiers femelles, éloignés de
cent lieues de tout palmier mâle : il eft vrai qu’elles
ne réufliffent pas , & qu’elles tombent avant que de
mûrir ; mais enfin c’étoient des fruits & des graines
formées par la plante femelle, fans le fecours de la
plante mâle , dont l’influence eft requife, non pour
former le germe, mais pour lui faire prendre un
parfait accroiffement.
Dans le régné animal, les animaux nés de deux
efpeces voifines, mais différentes , ont les traits
mêlés des deux parens. Il eft fur cependant que les
traits de la mere prédominent. M. de Buffon a vu
que Tes brebis qui font couvertes par des boucs,
donnent des agneaux & non pas des cabris. Le mulet
, qui nous eft le plus familier de tous ces bâtards -9
a la taille, la couleur, la force de la mere , il n’a
guere de l’âne fon pere que la queue effilée, & des
oreilles un peu plus longues, avec le tambour du
larynx. Entre les anciens, Athénée, cité par Galien,
a remarqué que l’animal né d’un renard & d’une
chienne , étoit un chien. Une louve fécondée par un
un chien a produit un loup. Dans l’efpece humaine *
on fait affez que le fruit partage de la couleur &
des autres attributs des deux parens : cet exemple
prouve moins, parce que l’efpece des devix parens
eft la même, & qu’ils ne different que comme des
variétés.
De ces obfervations trop peu vérifiées encore ,
nousfommes en droit de conclure que le foetus vient
de la mere. mais que la liqueur fécondante du mâle
a le pouvoir d!en altérer & d’en modifier la ftruc-
ture.
Cela ne prouve rien contre les droits de la mer,e*
La liqiieur du mâle poffede dans l’individu même,
dans lequel elle eft produite, le pouvoir de faire
croître des parties q u i, fans cette liqueur , ou ne
naîtraient pas, ou ne prendraient pas tout leur accroiffement.
Les cornes du cerf & des animaux de
fa claffe, celles-même du cerf-volant, la barbe de
l’homme, les défenfes du verrat, ou ne percent
point du-^tout, ou reftent petites , dans un animal
♦ privé de bonne heure des organes qui produifent
cette liqueur.
On ne connoît pâs affez la maniéré dont la liqueur
fécondante du cerf fait produire ces bois , quelquefois
prodigieux, qui n’ornent jamais ni la tête d’une
biche, ni celle d’un cerf dont on a comprimé dès
fon premier âge les vaiffeaux fpermatiques. Mais
on entrevoit par cette analogie, que la même liqueur
peut donner au tambour du larynx & aux oreilles
du mulet un accroiffement que ces parties n’auraient
pas fans cette liqueur.
La preuve de l’exifteiice du foetus dans la meré
étant direCte, tous ces phénomènes, quels qu’ils
puiffentêtre, ne fauroient détruire une vérité démontrée.
Il eft inutile ici de parler dés vermiffeauX
fpermatiques qui ne fauroient être les embryons de
l’animal, dès que ces embryons fë trouvent dans la
femelle*
L’objeCtion que l’on tire du pouvoir de l’imagination
des femmes groffes fur leur fruit, fera eonfidé-
rée dans un autre endroit. Poye^ Imagination,
( Phyfol.) Suppl.
La reffemblance du fils avec le: pere, fouvent très-
marquée & très-finguliere, paraît naître de la même
caufe que nous avons expofée à l’occafion des animaux
nés de parens de deux efpeces' différentes. Il
eft fur que la groffe levre d’Autriche a refté attachée
à la famille pendant plus de deux fiecles ; on a vu
fuccéder dans plus d’une génération des enfans à fix
doigts à des peres qui a voient la même Angularité.
Mais cette même marque de famille a été tranfmife