gnées detous les virus qui fe trou vent compKqués dans
quelques fujets : fi la g ou tte , l’épilepfie , les écrouelle
s paffent à la fois avec le virus vénérien dans le
corps de ceux qui ont commerce avec d ’autres per^-
fonnes infeétées dece virus & atteintes de quelqu’une
de ces maladies? Q u ’on examine avec attention la
maniéré d’inoculer , le choix qu’on peut en fa ir e ,
les précautions qu’on eft lé maître de prendre, 6c je
fuis perfuadé qu’il ne reliera pas l’ombre de vraifem-
blance à cette objection auffi abfurde qu’hazardée. La
matière de la petite vérole fe porte vers la peau 6c
toutes les obfervations concourent à prouver qu’ellé
n’a d’autre qualité que celle de c e virus particulier.
L a complication de cette maladie avec d’autres eft
fenfible pour tout médecin é cla ir é , & c’eft auffi pour
cette raifon qu’il importe aux citoyens de ne fe fier
pour ce choix qu’à des hommes qui foient accoutumés
à diftinguer les différentes formes fous lef-
quelles cette maladie peut fe produire. La petite
quantité de matière dont on fe fert pour l’ inoculation
6c fur-tout le tems où on la re cu e ille , infpirent une
parfaite fécurité fur les fuites. Je me difpenfe d’ent
r e r dans un détail plus circonftancié pour prouver
que chaque maladie de l’efpece de la petite v é ro le ,
porte fon cara&ere individuel, que l’humeur qu’ elle
é va cue 6c qui a déjà fubi ce que les médecins appellent
la coclion, fortant par le couloir naturel 6c fpé-
cialement affeété à cette efpece de maladie, n’a d’autre
v ic e ou d’autre qualité que celle de la maladie même ;
& en admettant en leur entier lesthéories des matières
morbifiques, qui circulent & ne fe trouvent que dans
le fang ou les humeurs, cette conféquence n’en eft
que plus lumineufe & mieux fondée. J’en appelle à
la fimple oblervation 6c je réclame le témoignage
des praticiens qui ont fu tirer des conféquences immédiates
du feul affemblage des faits.
O n a demandé fi le peu de boutons qui fuivent
quelquefois l’inoculation, conftituentune vraie petite
v é ro le 6c fi elle met à l’abri du retour. Les plus rai-
fonnables des adverfaires de Y inoculation admettent
qu ’elle garantit de la petite v éro le na ture lle , tant
que le nombre des boutons eft confidérable 6c que la
marche de la maladie s’annonce par les fymptômes
ordinaires. Les peres font auffi raffurés fur le fort
de leurs enfans 6c v iv ent dans une fécurité parfaite
fur l ’a v en ir , mais ils font allarmés lorfque l’inoculation
n’a pas été fuivie d’une petite v érole abondante
& manifefte.
Il eft vrai qu’affez fouvent on a tenté l’ inoculation
fu r des fujets réfra&airespour ainfi d ire; 6c, fans
affigner la caufe de cette fingularité, l’on s’eft vu dans
la néceffité de répéter l’opération plufieurs fo is , &
même fans fuccès : ainfi les inoculateurs favent qu’il
eft des cas où l’inoculation n’a pas toujours fon e ffe t,
mais un médecin un peu expérimenté les diftingue.
L e petit nombre de boutons n’a rien de commun avec
ces c a s , il fuffit d’un feul bouton bien reconnu pour
mettre à l’abri de la récidive ; ceux qui n’ont pas
éprou v é d’autre effet de l’inoculation , ou qui même
n ’ont préfenté aucune puftule à l’e xté rieu r, mais qui
o n t offert les autres fymptômes caraftériftiques de
la petite v é ro le , n’ont jamais pris la petite vérole par
•contagion, quoiqu’ils aient couché dans un même
lit avec d’autres fujets attaqués de la petite vérole
naturelle. La matière d’ une petite v érole naturelle
n’ a pas le moindre degré d’énergie audeffus de celle
qu ’on prend dans le feul bouton qui paroît dans Y inoculation;
l’une 6c l’autre font également propres à
in ocu le r, elles fontégalementcontagieufes, 6c Y inoculation
répétée fur plufieurs fujets, fur Tefquels elle
avo it déjà réuffi, à toujours été fans fuccès ( M.
Richard ). Enfin s’il faut recourir aux autorités, qu’on
parcoure les écrits 6c les regiftres rapportés en fa-
y e u r de l'inoculation, on y v erra que fur plufieurs
fttilliers d’inoculés on n’a pas encore une feule obfer-
vation bien conftatée de la récidive. Il faut fuppofer
au moins le fens commun dans un peuple auffi éclairé
que les Anglois; il n’eft pas probable qu’un moyen
pernicieux ou inutile fe fût perpétué chez eux 6c fe
fût même étendu durant une longue fuite d’années ,
fi Je fuccès le plus évident ne l’avoit accompagné.
Si la petite vérole qui fuit Vinoçulaiion reffemble eÜ
tout à la petite vérole na turelle, pourquoi ne vou-
d ro it -o n p a s qu’elle eût auffi le privilège de n’attaquer
qu’une fois le même fujet ? « Il y a douze cens
'» ans que la petite v érole eft connue en E u rope ,
» & il y a douze cens ans qu’on difpute fi on peut
>> l’avoir deux fois ». Mead, Boerhaa v e, Chira s,
M o lin, après une longue pratique dans les trois plus
grandes villes de l’Eu rope , Paris, Londres, Amfter-
dam, affurent n’avoir jamais vu la petite vérole attaquer
deux fois le même fujet. En fuppofant même
cette récidive poflib le, elle feroit d’un feul fur foixan-
te 6c dix mille in ocu lé s , félon le calcul de M. de la
Çondamine, qui d’ailleurs fuppofe à cet égard beaucoup
plus que le fait ne démontre ( Les exemples
rapportés à ce fujet roulent également fur des petites
véroles naturelles & artificielles, 6c en les admettant
tousindiftinâementon ne voit pas qu’il en réfulte
le moindre argument plaufible contre l ’utilité de l’inoculation).
Mais Je petit nombre de boutons peut - il
être un fujet d’allarme, lorfqu’au contraire on de-
v roit s’en féliciter ? L a petite v érole naturelle eft
cenfée bénigne, & l ’on eft tranquille fur les fuites
lorfqu’elle eft dans ce c a s , pourquoi n’en f e r a - t - i l
pas de même dans Xinoculation ? Une réflexion de
M. Gatti prouve bien évidemment l’infuffifance de
cette objection. Lorfqu’il ne fuccede qu’un feul bouton
ou une puftule à l’inoculation, à l’endroit même
de la piqu u re, n’e ft-il pas claire que fi la piqunre
n’ eût pqs fuffi pour communiquer le v iru s , la matière
qui fe ramaffe enfuite lous la peau pour former çe
bouton fuffiroit certainement pour faire une fécondé
inoculation plus efficace? Cette matière eft puifée
dans le corps même du fu je t , elle eft placée le plus
avantageufement poffible , pour communiquer la
contagion 6c lorfqu’elle ne s’étend pas au -de là, c’eft
fans doute parce que le virus eft épuifé.
Le nombre confidérable de récidives de la petite
vérole tant naturelle qu’artific ielle, rapporté par les
auteurs qui ont écrit contre l’ inoculation, eft capable
de répandre le doute le plus accablant fur la plupart
des queftions de médecine ; cette controverse fi
lông-tems agitée , & fi peu prête à finir, e f t , comme
le dit M. d’Alembert, ie fcandale de la médecine;
elle fuppofe que cette maladie, malheureufement fi
commune, n’a pas encore été affez bien obfervée
pour que les médecins conviennent unanimement de
ce qui en fait 1e véritable caraéiere. C e reproche qui
n’eft que trop v r a i, à beaucoup d’égards, retombe
moins fur la médecine que fur les médecins eux'-
mêmes. Rien de fi commun que de vo ir de prétendus
obfervateurs décider dogmatiquement dès leur première
vifite qu’un enfant a la petite vérole lorfqu’il
n’a que quelqu’une des maladies cutanées ou éruptives
qui lui reffemblent. Leur décifion précipitée
qui les annonce comme des hommes fupérieurs en
difcernement, les engage à fouteriir leur opinion
malgré l’évidence qui lui eft contraire : ils fe font
une efpece de point d’honneur de ne pas fe rétrafter;
& comme ils n’ont d’autres juges que des témoins
ignorans ou in experts, ils font crus fur leur parole.
D e - là réfultent les contradiéfions multipliées dont
la médecine fourmille, 6c c’eft auffi par-là qu’il faut
expliquer pourquoi dans le déluge d’ouvrages dont
nous fommes inondés, il en eft fi peu qui portent cette
empreinte de vérité n a ïv e , qui doit être le feul mérite
de la bonne médecine d’obfervation. de me crois.
perdu, me difoït un des grands hommes de ce fiecle i
lorfque le médecin qui me Joigne , baptife ma maladie
dès fa première v i f te.
Nous n’avOhs pas affez vu & nous ne fommes pas
affez fûrs de notre ju g em ent, pour ofer nous croire
infaillibles; le médecin qui prononce fur le fort de
fo n malade à la première infpe&ion 6c dès le commencement
de la maladie, eft femblable à un juge
qui condamneroit à m ort fur des indices faifis au premier
interrogatoire. P eu t-ê tre fe ro it-il utile qu’on
introduisît en médecine des formes auffi détaUléês
que dans l’exercice de la juftice criminelle ; elles
autoriferoient le médecin à paroître ignorant fans
e xpofer fa réputation, elles lui fourniroient le tems
néceffaire pour réfléchir & comparer les fymptôme s ,
elles garantiroient enfin l ’efpece humaine des imprudences
meurtrières des charlatans, 6c mettroient dans
to u t fon jour le médecin philofophe dont le feepti-
cifme eft toujours malignement interprété. L’utilité
de l’expeûation en médecine eft trop avérée pour
qu’on eût à craindre que le délai dans les remedes
fut généralement pernicieux.
Si les particuliers pris féparément peuvent retirer
quelque fruit de Y inoculation, k plus forte raifon l’état
doit - il y trouv er fon avantage & protéger Cette pratique
par tous les moyens poffibles. On a quelque
peine à làifir le vrai m otif de l’arrêt du parlement, qui
défend à la partie la plusprécieufe de la nation d’ufer
d’une méthode reconnue pour bonne: en effetles particuliers
font dans l’impoffibilité de fe déplacer foit par
la nature de leurs occupations, foit par le peu d’étendue
de leurs facultés: on ne v o it d’autre bien dans
cette prohibition que célui de calmer la fermentation
qu’avoient excité les clameurs des anti-inocu- '
lifte s , 6c de raffurer les crédules citoyens qui s’étoient
laiffés effrayer. C es raifons ne fubfiftent plus, le public
eft accoutumé aux oppofitions des uns 6c aux
fuccès des autres ; il eft prefque devenu juge par la
quantité de faits arrivés fous fes y e u x , 6c cette rév
olution , que les vérités long - tems combattues
amènent enfin, eft fur le point de fe terminer.
Les principales raifons qui troublèrent la paix publique
, 6c portèrent l ’autorité à regarder l’inoculation
comme pernicieufe, furent de deux fortes ; les
unes théologiques, les autres prifes dans la médecine
même.
Les premiefes font de toutes les inconféquences
la plus abfurde ; les miniftres éclairés de la religion
ont avoué que ce qui concerne la fanté du corps h’a
aucun rapport av e c leur miniftere : plufieurs d’en-
tr’eux ont approuvé 6c même fait l’apologie de cette
méthode, & il ne refte aux anti- inoculatêurs déclar
é s , que.la honte d’av o ir voulu abufer des moyens
les plus refpeôables pour é tayer leurs opinions. Je
n’ai rien à ajouter à Ce qu’a dit M. d’Alembert fur
Ce fujet; ceux qu’une confcience fcrupulèufe rend
irréfolus ou méfians, peuvent s’y convaincre qu’il
n’y a aucun rapport entre l’inoculation 6c la faculté
d e théologie.
Une objeétion im portante, non en elle-même, mais
parce qu’elle a fait bannir l ’inoculation de l’enceinte de
la capitale, eft celle qui fuppofe que Xinoculation étend
& multiplie la contagion du virus variolique. C ’eft
cette objection qui paroît av o ir donné lieu à l’arrêt
du parlement, 6c c’eft auffi par ce feul côté que la
queftion de Vinoculation peut trouv er place dans un
article deftiné à examiner les rapports de la médecine
a v e c la légiflation.
"W"agftaff avo it, depuis long - tems, accufé l’inoculation
de répandre le virus variolique en même tems
qu’il nioit que^ la maladie donnée par l’infertion fût
une vraie petite v é ro le ; on réfuta viâorieufement
fes calculs & fes preuves, 6c l’on démontra fur-tout
fa mauvaife foi. On a renouvelle depuis cette fingiuierè
prétention * on a cité qüelquës épidémies'
cruelles dont les ravages s ’étoient accrus , on n’a
pas manqué de les attribuer aux inoculations faites
par quelques médecins, comme fi de deux chofes Amplement
coexiftantes, l’une d ev oit être néceffaire-
ment la caufe de l’autre. L’inoculation préfentée alors
comme un attentat à la vie des citoyens & à la tranquillité
publique, a été déférée aux magiftrats dont
la vigilance éclairée 6c allarmée tout à la fois a cru.
important d’écarter les Gaufes de la contagion fans
proferire une pratique reconnue utile.
On a répondu 6c prouvé depuis long-temps que:
les épidémies qu’on av o it citées comme un exemple
de la contagion produite par l’inoculation, n’étoient,
rien moins que concluantes ; on a heureufement reconnu
que ces épidémies avo ien t commencé avant
qu’on s’avifât d’inoculer, & en celalehazard a fourni
une réponfe décifive ; je dis le ha zard , car enfin il
é toit poffible qu’on inoculât avant ces épidémies 6c
dans cette circonftance même on n’en eût pas été
plus fondé à les regarder comme un effet de l’inocu^
lation, puifque la coexiftence ne fuffit point pour
démontrer la relation de deux ch o fe s , mais qu’il faut
une liaifon entr’elles pour l’établir. Combien d’épidémies
cruelles n’a-t-on pas v u & ne voit-on pas encore
indépendamment de Vinoculation ? Plus de deux-
mille enfans moururent de la petite vérole à Montpellier
en 1 7 4 4 , avant même qu’on penfât à Xinoculation,
6c qu’on s?y doutât de les avantages. Il n’y a
point de partie de 1 Europe qui ne préfente , dans fon
hiftoire, des exemples d’épidémies meurtrières avant
que l ’inoculation fut connue. La petite vérole ne ceffe
jamais entièrement dans les grandes villes telles que
Paris, Londres, elle fie ranime par intervallesavec vigueur
6c s’étend fur un grand nombre de fujets; mais
nousignorons quelles font les caufes de cette aêhvité
nouvelle qu’ elle paroît acquérir dans certaines circon*
ftances ; ces caufes ne paroiffent pas dues à la concentration
du v irus, s’il eft permis de s’exprimer ainfi, dans
unniêmelieu ; on voitquelquefois dans l’Hôtel - D ieu
de Paris plufieurs centaines de petites véroles à la
fo is , fans qu’il paroiffe que le voifinage de cette mai?
fon s’en reffente. C e quartier de N o tre -D am e n’eft:
pas plus fujet à cette maladie que les autres quartiers
de Paris, quoiqu’il foit certain qu’il y a toujours
quelque petite v éro le dans, l’enceinte de l’Hôtel-
D ie u ; on convient même que cette maladie ne fe
communique pas d’une falle à l ’autrê dans cet hôpital.
Perfonne ne s’eft encore avifé ÿ dans les petite*
véroles naturelles, d’ interdire toute communication
entreceux qui en font atteints 6c ceux qui ne le font pas ;
les médecins, les chirurgiens, les prêtres, les gardes-
malades fe répandent indifféremment dans, tous les
quartiers après avoir affifté les perfonnes attaquées
de la petite vérole ; on eft fans méfiance fur cet article
, 6c pourquoi voudroit - on être moins indulgent
pour la petite vérole artificielle? N’e f t - il pas dér
montré que c ’eft la même maladie , 6c que. s’il y a
quelque différence ce n’eft qu’en c e que l’artificielle
e ft prefque toujours moins confidérable que l’autre?
La petite v érole inoculée eft contagieufe fans doute,
6c perfonne ne le contefte, mais elle ne l’eft pas plus
que la petite vérole naturelle, & une foule de raifons
plaufiblés indiquent au contraire qu’elle eft
moins à craindre à cet égard. 11 paroît que l’inoculation
eft de toutes les barrières la plus puiffante que
l’on puiffe oppofer aux progrès de la Contagion naturelle,
parce qu’en affranchi (Tant à la fois, fil’on v e u t ,
une partie des citoyens de cette cruelle maladie, elle
les met hors d’état de la contraâer de nouv e au, 6c
conféquemment.de la communiquer.
La plupart dès maladies qui emportent rapidement
ceux qu’elles attaquent font, comme l’obferve M.
Bordeu, la preuve d’une contradiction manifefte dahs