d’Ifraël, pour l’avertir de tous les maux qui arrive-
roient à fa maifon. Le texte de la vulgate ajoute que
Baafa, irrité de la liberté de Jéhu, fils d’Hanani, le
fit mourir : ob hune caufam occidit eum , hoc eß Jehu ,
filiumHananiprophetam,III. R o is ,x v j.y . Mais, fui-
vant le texte hébreu , on ne fait fi c’eft Baafa qui fit
mourir Jéhu , ou fi c’eft le Seigneur qui fit mourir
Baafa. Ce qui pourroit faire croire que c’eft plutôt
le dernier, c’eft que l’on voit trente ans après un
Jéhu, fils d’Hanani, qui vient faire des reproches de
la part du Seigneur à Jofaphat, roi de Juda, 6c qu’il
eft vraifemblable que c’eft la meme perfonne : Cui
occurrit J ehu , filius Hanani videns, & ait ad eum, im-
pio preebes auxilium, &c. I I . Par, x ix . z . Quelques-
uns ont cru qu’il y avoit eu deux prophètes de ce
nom. (+) r , • ' ' '•
Jéh u , (Hiß. facrée.) fils de Jofaphat, petit - fils
de Namfi, 6c capitaine des troupes de Joram , roi
d’Ifraël, fut deftiné par le Seigneur pour régner fur
Ifraël, &facré par un difciple d’Elifée l’an du monde
3120. Jéhu commandoit l’armée de Joram au fiege
de Ramoth Galaad, lorfque le jeune homme envoyé
par le prophète pour le facrer entra dans la falle du
confeil, où étoit Jéhu avec les principaux officiers
de l’armée. Il l’appella , le prit en particulier, lui
donna , de la part de Dieu, l’on&ion royale , 6c lui
déclara les volontés du Seigneur contre la maifon
d’Achab, & s’enfuit. Jéhu étant rentré dans la falle,
les officiers, informés de ce qui s’étoit paffé, le
reconnurent pour roi. Il partit auffi-tôt pour Ifraël,
où étoit Joram, 6c ce prince étant venu au-devant de
lui, il le tua d’un coup de fléché, & fit jetterfon corps
dans le champ de Naboth qu’Achab avoit fait mourir.
Il fit auffi tirer furOchofias qui étoit avec Joram, &
qui fe fauva tout bleffé à Mageddo où il mourut. Jéhu
étant enfuite entré à Jefraël, Jefabel, femme d’Achab,
fe mit à la fenêtre de fon palais , & ayant infulté ce
prince, il la fit précipiter par les eunuques qui étoient
auprès d’elle. Le corps de cette reine impie fut foulé
aux pieds des chevaux, 6c dévoré parles chiens, ainfi
qu’Elie l’avoit prédit ; 6c quand Jéhu voulut la faire
enfevelir, on ne trouva que les os. Après cela il
ordonna aux habitans de Samarie de lui envoyer les
têtes de foixante 6c dix fils d’Achab qui demeuroient
dans cette ville, & cela ayant été exécuté, il fit mourir
tous les parens d’Achab, &tous ceux qui avoient
eu quelque liail'on avec ce prince. Etant parti lui-
même pour Samarie , il trouva en chemin quarante-
deux freres d’Ochofias qu’il fit maffacrer ; 6c ayant
affemblé tous les prêtres de Baal dans le temple de
cette fauffe divinité , fous prétexte d’une fête qu’il
difoït vouloir célébrer en fon honneur, il les fit tous
égorger, brifa laftatue, 6c détruifit le temple. Le
Seigneur , fatisfait de la vengeance que Jéhu avoit
exercée contre la maifon d’Achab, lui promit que fes
enfans feroient affis fur le trône d’Ifraël jufqu’à la
quatrième génération, ce qui fut accompli dans la
perfonne de Joachaz, Joas, Jéroboam & Zacharie :
F ilii tui ufque ad quartam generationem fedebuntfuper
ironum Ifraël, IV. Rois, x .g o . Mais comme ce prince,
qui avoit paru fi zélé à exécuter les ordres de Dieu
fur la maifon d’Achab , ne l’avoit fait que par des
vues politiques , 6c pour s’affurer à lui & à fa maifon
la poffeffion du trône ; qu’il ne fe retira point des
péchés de Jéroboam , & qu’il eut le malheur de tomber
enfuite dans l’idolâtrie, Dieu l’en punit en le
livrant à Hafaël, roi de Syrie, qui défola fon royaume
, tailla en pièces tout ce qu’il trouva fur les frontières
, & ruina fout le pays de Galaad que poffé-
doient les enfans de Ruben, de Gad & de ManaffiL
Il mourut lui-même après un regne de vingt-huit
ans , 6c fut enfeveli à Samarie l’an du monde 3128.
(+)
JELL1NG, (Géogr.) lieu jadis très-fameux en
Danemarck par le lèjour que les rois du pays y
faifoient, 6c par la fépulture qu’ils y recevoient ;
quelques-uns de leurs tombeaux conlervés , le rendant
encore aujourd’hui remarquable. 11 eft fitué
dans le nord-Jutland, au bailliage deColding, tranf-
formé depuis 700 ans par la révolution commune à
toutes chofes, de ville éclatante en village obfcur.
■ C - )
JELSAVA, JÖLSVA, ALNOVIA, (Geogn) ville
de la Haute-Hongrie, dans le comté de Gomor, fous
le canon d’un château affez fort, 6c fous la feigneu-
rie de la famille de Kohar. Les beaux cuirs qui s’y
préparent & s’y travaillent la rendent fameufe en
Hongrie, où les bottes & bottines-font la chauffure
ordinaire deprefque tous les hommes. (D . G J)
JEMGUM, (Géogr.) bourg confidérable de l’Oft-
frife, dans le cercle de Weftphalie, en Allemagne. Il
a un bon port fur l’Embs, dont la navigation l’enrichit
; 6c il donne fon nom à l’un des bailliages du
Bas-Reiderlarid. Il y eut fous fes murs en 1568 un
combat entre les troupes du duc d’Albe 6c celles du
comte de Naffau ; & trente-cinq ans auparavant celles
du duc de Gueldres y étoient déjà venues aux mains
avec celles des comtes d’Oftfrife. (D . G.)
JEMMA-O, (H iß . mod.) Xaca , dont la feéle eft;
très-répandue dans le Japon, enfeigne que, dans le
lieu du fupplïce que les méchans vont habiter après
leur mort, il y a un juge févere , nommé Jemma-o,
qui regle la rigueur 6c la durée des châtimens, félon
les crimes d’un chacun. Il a devant les yeux un grand
miroir qui lui repréfente fidèlement les aftions les
plus fecretes des hommes. Il n’y a que l’intercef-
fion d’Amida qui puiffe fléchir ce juge inexorable;
6c les prêtres ont grand foin d’inculquer au peuple
que fi , par leurs offrandes, ils peuvent gagner la
proteéiion d’Amida, les prières de ce dieu puiffant
peuvent foulager les maux de leurs parens qui fou'f-
frent dans les enfers , & même les faire fortir de cet
horrible lieu. La pagode de Jemma-o eft fituée dans
un bois à quelque diftance de la ville de Méaco. Ce
dieu redoutable y eft repréfenté ayant à fes côtés
deux grands diables plus hideux encore que lui, dont
l’un eft occupé à écrire les mauvaifes aéHons des
hommes , tandis que l’autre femble lés lui diâer.
On voit fur les murailles du temple d’effrayans tableaux
des tpurmens deftinés, dans les enfers , aux
âmes des méchans. Les peuples accourent en foule
dans cette pagode. C’eft la crainte , plutôt que la
dévotion , qui les y conduit. Il n’y a perfonne qui,
par fes dons & fes hommages, ne tâche de fe rendre
favorable le terrible Jemma-o. (+)
JEPHTÉ , qui ouvre, (H iß . fac r .) fucceffeur de
Jaïr, dans la judicature des Hébreux, étoit fils de
Galaad, & d’une courtifanne. Celui-ci ayant des enfans
d’une femme légitime, Jephté fut chaffé de la
maifon par fes freres qui ne vouloient pas qu’il héritât
avec eux. Alors, il fe retira dans le pays de
Tob, où il devint chef d’une troupe de brigands.
Les Juifs fe voyant preffés par les Ammonites, eur
rent recours au courage de Jephté, qui leur offrit fes
fervices, à condition qu’ils le.reconnoîtroient pour
chef à lafin de la guerre. Il marcha donc èontre les
Ammonites, après avoir effayé vainement de les
porter à la paix, 6c il fit voeu au Seigneur, de lui
facrifier la première chofe qu’il rencontreroit en retournant
à fa maifon,- s’il lui accordoit la viûoire.
Jug. x j . 3/. La bataille fe donna, Jephté fut victorieux,
& ravagea toutle paysd’Ammon. Mais il eut
bientôt fujet de fe repentir du voeu qu’il avoit fait ;
car, lorfqu’âl'revenoit, fa fille unique, tranfportée
de joie, vint au-devant de lui. Jephté l’ayant vue,
déchira fes vêtemens, lui déclara le voeu qu’il avoit
fait, 6c fa fille l’exhorta à i’acepmplir, en demandant
feulement un délai de deux mois, qu’elle employe-
roit à pleurer fa virginité. Au bout de ce tems elle
revint, ce pere infortuné s’acquitta de fon voeu. Ceux
de la tribu d’Ephraïm, picqués de jaloufie de ce que
Jephté ne les avoit pas invités à la guerre contre les
Ammonites, fe révoltèrent ; mais Jephté ayant affemblé
le peuple de Galaad, leur livra bataille, les
vainquit, 6c en tua 42000. Ce juge, après avoir gouverné
les Ifraélites pendant cinq ans, mourut, 6c fut
enterré dans la ville de Mafpha en Galaad, an du
monde 2823. Saint Paul le met entre lesfaints de l’ancien
Teftament,qui fe font diftingués par leur foi.
Hebr. x j . 32. L'opinion la plusraifonnable eft que
l’immolation de la fille de Jephté ne fut que fpirituelle,
que Jephté confacra la virginité de ta fille au Seigneur,
& qu’il l’obligea de paffer le refte de fes jours
dans la continence. (+)
JÉRÉMIE, grandeur du Seigneur, (Hifl. facr.') fils
d’Helcias, de place facerdotale, naquit a Anathoth,
ville de la tribu de Benjamin. Dès le fein de fa mere
il fut deftiné à l’emploi de prophète, qu’il commença
d’exercer vers la quatorzième année du régné de
Jofias , l’an du monde 3375. Il fe contenta d’abord de
prêcher de vive voix, lâns rien écrire, jufqu’à la quatrième
année de Joakim, roi de Juda, qu’il commença
à rédiger fes prophéties, qui roulent prefque
toutes fur les ctimes de Juda, 6c fur le châtiment
que Dieu en devoit faire par les mains de Nabpcho-
donofor. Le prophète les fit écrire par Baruch fon
difciple, qu’il chargea de les aller lire dans le temple,
nelë pouvant faire lui-même, parce qu’il étoit dans
les liens , où il avoit été mis par les ordres du roi. Le
livre ayant été porté à Joakim, ce prince en fit lire
trois ou quatre pages en fa préfe'nce; mais ayant ouï
ce qu’il contenoit, il le coupa avec un canif, 6c le
jetta au feu .Jérémie reçut ordre d’écrire ces mêmes
menaces dans un nouveau volume , 6c d’y en ajouter
plufieurs autres. Cependant la liberté avec laquelle
le prophète invettivoit contre les crimes des Juifs,
l’expofa à leurs perfécutions. Il fut mis plufieurs fois
en prifon, 6c pendant le fiege de Jérufalem, les cour-
tifans de Sédécias, qui régnoit alors, ne pouvant
fouffrir que malgré fa captivité, il continuât à prédire
les malheurs qui alloient fondre fur la ville, le
jetterent dans une citerne remplie de boue, après
en avoir arraché le confentement de ce prince foible,
qui, quoique convaincu dé l’innocence de Jérémie,
n’eut pas la force de réfifter à fes perfécuteurs. Il y
auroit été bientôt étouffé, fi un Ethiopien, nommé
Abimelech, n’eut obtenu de Sédécias la permiffion
de l’en retirer. U reftà cependant toujours en prifon
jufqu’à la pfife de la ville, l’an 3416. Alors, Nabu-
zardan, général de Nabüchôdonofor, à qui fon maître
avoit ordonné d’avoir foin de Jérémie, lui laiffa
la liberté de le fuivre à Bàbylone, ou de demeurer
dans la Judée avec le refte du peuple. Le prophète
accepta ce dernier parti., & fe retira auprès de Go-
dolias à Mafpha, où vinrent auffi fe réunir plufieurs
Juifs. Ils y vivoient en paix, lorfque Godolias fut tué
en trahifon par lfmaël, fils de Nathanias. Alors le;s
Juifs craignant la fureur du roi de Bàbylone, voulurent
chercher leur fureté en Egypte. Jérémie s’op-
pofa avec force à ce deffein, & les menaça de toute
la colère' de Dieu, s’ils l’exécutoient : Omnefque viri
qui pofuerunt faciern fuarn ut ingrediantur Ægyptum ,
& habitent ibi, moriehtur gladio, & famé & pejle : nullus
de éis renianebit, nec éjfugiet à facie malt quod ego affe-
JÇMfhpereos. J er .x lij. \ J . Mais ils s’opiniâtrèrent,
& forcèrent Jérémie à' les fuivre avec Baruch fon dif-
cipte.VLà, il ne ceffa de leur reprocher leurs crimes
avec fon zele ordinaire, & prophétifa contr’eux &
contre les Egyptiens. L’Ecriture ne nous parle point
de là mort ; mais on croit que les Juifs, irrités de fes
menacés tontinuelles, le lapidèrent à Taphnis. C’eft
de lui que plufieurs interprètes entendent cette parole
de faint Paul : ils ont été lapidas. Hebr. x j. 37.
Depuis fa mort, il apparut tout éclatant de gloire 6c
de majefté à Judas Macchabée, à qui le faint pontife
-Oniasdit enlui montrant le prophète, qu’il,étoit l’ami
véritable de fes freres & du peuple d’Kraël: Jérémie,
•le prophète de Dieu, qui prioit beaucoup pour le
peuple 6l pour toute la ville fainte : Hicefifratrumamà-
tor & populi Ifraël: hic ejl qui multüm orat pro populo &
unïverfâ fanclâ civitate, Jeremias , propheta D e l. //.
Mac. xv. 14. Toute la vie de ce fatin't homme, depuis
qu’il eut été appellé à la fonâion de prophète , qu’il
-exerça pendant quarante-cinq ans, porte un caractère
admirable de fainteté, de pénitence, de zèle 8c
de fidélité à remplir fon miniftere parmi les plus
rudes épreuves. Figure de Jefus- Chrift dans fa niif-
fion, il le fut encore dans l’exercice de fon ministère
, où il exprime d’une maniéré admirable le zele,
les Souffrances, la douceur 6c la patience de l homme-
Dieu. Jélus - Chrift , comme Jérémie , eft haï des
princes, des prêtres des do&eurs de la loi, dont il
reprenoit les vices. Saifi 6c arrêté comme un malfaiteur
, il fouflre en filence les pliisindignes traitemëris,
& ne parle que lorfqu’il eft néceffaire de rendre témoignage
à la vérité: jugé digne de mort paf le côn-
feil des Juifs, traduit devant le magifti at romain, 8c
accufé par les prêtres , qui excitent la populace rà
demander fa mort par des cris leditieux, il Succombe
à la calomnie par la timide politique oé ce juge,
qui, à l’exemple de Sédécias, n’a pas la force cie• le
déclarer pour ce nouveau Jérémie. La prophétie de
Jérémie contient- cinquante - un chapitres ; il ÿ en a
un cinquante - deuxieme qu’on croit être de Bafnch
ou Eldras. Le ftyle de ce prophète eft majèftueüx 6c
fublime. Son grand talent etoit de toucher 6c d’éxci-
ter la tendrefie 6c la pitié. C’eft ce qu’il fait admirablement
dans fes’ Lamentations , qui font un chef-
d'oeuvre en ce genre. On croit qu’il le compola à
•Boccafion des derniers malheurs de Jérulàlem, & de
fa ruine entière par les Chaldéëns : il eft comme les
autres prophètes, rempli d’aftions fymboliqües, que
nous avons expliquées à leur plàce..(-f-)
‘ JERIMOTH, les hauteurs, ( Géogr. fa t . ) ville de la
tribu de Juda, fituée entre Enaïm 6c Adullam, qui
avoir pour roi Pharan, que Jofué tua. Jof. x ij. Cette
ville eft la même que Jérimath, une des premiere-s que
les Ifraëlites habitèrent après lé retour de la captivité.
I I . Èfd. x j. (-f)
' JEROBO AM , qui combat le peuple , ( Hiji. facr. )
premier de ce nom, fils de Nabath 6c de S'arVa E^toit
deSuréda, dans la tribu d’Ephraïm, & fut l’â'uteur
du fchifme & de l’idolâtrie des dix tribus. Salbmdn ,
qui connoiffoit les talens de Jéroboam, lui avoir donné
la commiffion de lever les tributs fur toute la maifon
de Jofeph, c’eft-à-dire, fur les. tribus d’Ephraïm
6c de Manaffé. Un jour que Jèrobdam alloit feu! dan’s
la campagne, le prophète Ahias lui prédit1 que Dieu
diviferoit le royaume de Salomon , qu’il lui en don-
neroit dix tribus. & que la feule tribu de Juda refte-
roit à ce prince. Jéroboam, plein d’ambition, voyant
le peuple mécontent des fubfides 6c des travaux
dont il étoit accablé, chercha à le foulager pour
avancer fa fortune. Salomon, informé de fa démanché
, 'donna ordre de l’arrêter ; niais il s enfuit en
Égypte, 6c y demeura jufqù’à là mort du roi. Ro~
boam qui fuçceda à Salomon,'ayant traite fon peuple
avec une rigueur exceffive , dix tribus fe féparerent
de la maifon de David , 6t firent un royaume à part,
à là tête duquel elles mirent Jéroboam. Ce nouveau
roi, craignant que fi le peuple cOntinuoit à aller à
Jérufalem pour y facrifier,. il né rentrât peu - à - peu
dans l’obéiffancè de Robôarri, fon princ'è légitimé,
fit faire deux veaux d’or, dont il plaça l’ün à Béthe!,
l’autre à Dan, ordonna à fifs fujèt de les adorer, 8t