Weftphalie &dans le comté de la Mark, fur la rivière
d’Emfcher, Sc fous la domination Pruffienno.-
Elle eft munie d’un château, oîi les anciens comtes
du pays ont fait fouvent leur réfidence , ôc elle renferme
uneéglife Luthérienne &z une Réformée. L’on
travaille beaucoup en fer dans fon enceinte, & l’on
cultive de très-bons champs dans fes environs. Elle
donne l'on nom à un grand bailliage qui produit beaucoup
dè charbon : l’abbaye de Claremberg eft à fes
portés. ( D . G. y
HOF-GEISMAR, ( Géogr. ) ville d’Allemagne ,
dans le cercle du haut-Rhin & danslaHeffe inférieure
, fous la domination de Heffe-Caffel. Elle eft fort
ancienne, & renferme deux églifes de paroiffe. Tous
fes environs font fertiles: c’eft le chef-lieu d’un bailliage
, où l’on trouve de bonnes eaux minérales.
( 2 J .C . )
HOHENBERG, ( Géogr. ) comte d’Allemagne,
dans le cercle de Souabe , le long du Nekre : il le di-
vife en haut & bas , & ces deux parties font féparées
Tune de l’autre par quelques-uns des états de Wir-
temberg & de Hohenzollern. La première renferme
les villes de Schemberg, de Fridingen & Oberndorf,
£c. avec le château ruiné deHohenberg; & dans la
fécondé on trouve celles de Rotenbourg, d’Ehingen
& de Horb , &c. C’eft un pays montueux & chargé
de bois. L’Autriche en fit Tacquifition l’an 1381,
pour la fomme de foixante-fix mille florins. Il y a dans
P Allemagne plufieurs autres lieux.de ce nom , mais
dont aucun n’eft remarquable. ( D . )
HOHENBOURG ou HOMBOURGfu r le Mein,
( Géogr. ) ville d’Allemagne, dans la FrancOnie &
dans l’évêché de NVurtzbourg, dont elle forme un
des bailliages. Le château qui la couvre eft fur un
mont, remarquable par l’antre où faint Burchard ,
premier évêque de V urtzbourg, alla mourir. (Z>. G S
HOHEN-EMBS, ( Géogr. ) comté d’Allemagne,
. dans le cercle de Souabe &,dans le Rheinthal, fur le
Rhin, au centre de la feigneurie Autrichienne d’Al-
berg. Il renferme le bourg d’Embs , avec quelques
villages & châteaux , & appartient, à une ancienne
famille desGrifons, laquelle fut revêtue parCharles-
Quint de la qualité de membre de l’Empire. Le comté
de Gallara & d'autres poffeffions, ont dans la fuite
augmenté les richeffes de cette famille, laquelle
fiege Sc vote aux dietes fur le banc des comtes de
Souabe, & paie vingt florins pour les mois Romains,
& foixante rixdallers vingt-un creutzers pour la chambre
de Wetzlar. ( D . G. )
* HOLLANDE, HOLLANDOIS. D e là Littérature
Hollandoife , ( Hijl. Litt. ) Les favans & les gens de
lettres que la Hollande a produits, ne le cedent peut-
être ni en nombre , ni en réputation à ceux d’aucun
autre pays. On peut même avancer que les hiftoires
écrites en Hollandois font comparables à ce que la
langue Françoife fournit de meilleur dans ce genre.
Pour ne pas parler de Van-Ryd, de Van-Meteren,
de Brandt, & d’autres, Hooft a ramaffé dans fes
hiftoires tout ce que le Hollandois a de nerveux, de
concis , de grand, de fententieux: il ne cede ni à
Salufte ni à Tacite ; & peut-être que la feule chofe
qu’on pourroit reprendre en lui, c’eft qu’il leur ref-
femble en tout. Son ftyle a quelque obfcurité ; & ,
trop grand amateur de la pureté du langage, il a
mieux aimé employer quelquefois de vieux termes,
que de fe fervir de mots étrangers, qui, par une longue
prefcription , avoient acquis , pour ainfi dire ,
droit de bourgeoifie dans la langue Hollandoife.
Au commencement de ce fiecle,les lettres étoient
aufli cultivées en .^o//<i/2ïfequepar-toutailleurs. Il n’é-
toit pas rarede voir de fimples bourgeois partager leur
tems entre leur négoce & l’étude. On y lit encore
beaucoup ; & après la France & l’Angleterre, c’eft le
pays où l’on vend le-plus de livrés, où il fe débite
un plus grand nombre de journaux étrangers, fans
parler de plus de fept à huit journaux Hollandois qui
s’impriment dans la feule ville d’Amfterdam.
La poëfie Hollandoife eft en général fort inférieure
à la Françoife : nous ne nous en prendrons pas à l’air
du pays, qui, fe communiquant à ceux qui le refpi-
rent, leur donne plutôt le flegme propre au raifon-
nement, que la vivacité requife pour les faillies
poétiques. Cette raifon phyfique eft démentie par
l’expérience ; & l’oaa remarqué que les provinces
de France, où le feu de l’imagination regne le plus ,
ont produit le moins de poètes. Les plusexcellens au
contraire, comme le remarque Vigneul-Marville,
ont vu le jour dans la Normandie , où les gens font
d’un caraôere pofé & flegmatique. Cependant plufieurs
d’entr’eux n’auroient jamais brillé fur le par-
naffe François, s’ils n’avoient été animés par l’efpé-
rance de l’eftime publique des bienfaits du roi &
des grands , dont lès poètes du premier ordre font
rarement privés: en France. La nature, dit un auteur
célébré , donne les talens, mais la fortune les met en
oeuvre. Un art qui ne mene.ni à la réputation, ni au
bonheur, eft rarement cultivé comme il faut,: &
c’eft-là la, véritable raifon pourquoi l’art poétique
a été négligé en Hollande.
Depuis Vondel, à qui la poéfie Hollandoife doit
ce qu’elle a d’élevé & de nerveux, à peine conte-
t-on cinq ou fix poètes dignes de ce nom. Il noiis pa-
roît cependant qu’en profitant de ce qtfilyade beaut
dans ces ouyrages , il n’auroit pas été difficile à des
génies, même inférieurs au fien, de l’atteindre &
de le furpaffer. Mais il y en a eu peu de ceux qui
avoient des talens naturels pour la verfification, qui
fe foient piqués de cette émulation infruClueufe 5
ils ont mieux aimé s’adonner à la poéfie Latine,
qui, n’étant pas renfermée dans les bornes de la
Hollande , pouvoit du moins les payer de leur travail
par une réputation acquife chez les étrangers.
Il n’y a eu qu’un nombre médiocre de bons génies ,
qui ne fe fentant peut-être pas affez favans pour
briller parmi lés.poëtes Latins , fe font appliqués aux
vers Hollandois, poètes" d’un ordre inférieur. On n’en
voit que trop : il n’y a point de petit maître d’école
qui ne s’érige en faifeur d’épithalames & d’épitaphes;
qui ne fe falle un point de confcience de ne pas fouf-
frir qu’on meure ou qu’on fe marie impunément ;
ôc qui,toujours à l’affût desévénemens de la guerre,
ne croie les victorieux mal couronnés s’ils ne le font
de fa main.
Voici une autre raifon du peu de progrès de la
poéfie Hollandoife. Elle eft comme une conféquence
de la première. Les Hollandois n’ont guere fongé
à établir des préceptes pour leur art poétique. Les
réglés que quelques-uns en ont données, très-
fenfées en elles-mêmes., font en fi petit nombre &
fi générales, qu’on n’en fauroit tirer qu’un fruittrès-
médiocre. Les François au contraire, & même de
très-habiles gens, ont cherché le beau des ouvrages
d’éfprit, dans la fource même : ils ont donné des
réglés admirables fur les penfées & fur les expref-
fions, ils fe font efforcés d’aflërvir toujours les faillies
poétiques à la jufteffe du raifonnement. Les équivoques,
qui marquent un efpritfaux ; les faux brillans,
qui font chercher en vain quelque fens fous des dehors
pompeux ; en un mot, toutes ces fubtiles fadai-
fes ont été bannies de préfque tous les genres de
poéfie, trou vant à peine quelque retraite dans une épi-
gramme. On eft entré dans un détail bien plus grand
encore : on a affigné à chaque forte de Vers les penfées
& les expreffions qui leur conviennent ; & les
poètes ont été obligés de reftreindre leur génie, au
degré d’élévation, de délicateffe, ou de naïveté, proportionné
à la nature de leurs fujets, ôc aux carac-;
teres de leurs ouyrages.
Les livres qui contiennent ces préceptes ont été
tiniverfellement applaudis ; ils n’ont pas feulement
formé le goût des auteurs, mais encore celui du public,
qui s’eft cru autorifé à juger fur ces réglés
toutes les pièces qu’on luicommuniquoit, & de cen-
furer hardiment les auteurs les plus célébrés. La réputation
qu’ils avoient acquife dans un genre de
poéfie, ne les a pas mis à l’abri de la critique, quand
ils fe font voulu mêler de produire des ouvrages
d’un autre cara&ere. Le mérite d’un La Fontaine &
d’un La Motte, ne leur a pas pu attirer un refped
aveugle ; ce qu’ils ont fait pour le théâtre a été fifflé,
comme les productions du moindre verfificateur.
Ce n’eft pas tout : des critiques éclairés, & quelquefois
l’Académie en corps , fe font fait une affaire d’a-
nalyfer les meilleures pièces ; d’en pefer chaque
penfée, chaque maniéré de l’exprimer, & de faire
ientir des défauts dans les endroits qu’on admiroit
le plus! C’eft par-là qu’un écrivain apprend à ref-
peCter fes leCteurs, à le défier du feu de fon imagination
, à confulter des amis éclairés , à laiffer refroidir
fon amour de pere pour fes productions nouvelles
; enfin c’eft par-là qu’un auteur s’accoutume à
polir fes pièces, avant que de les expofer à l’examen
du public impitoyable.
L e le&eur Hollandois , ayant le goût moins cultivé
, eft bien plus débonnaire -, & bien plus porté à
pardonner les fautes, en faveur de quelques beautés
qui le frappent. Dès qu’une fois un auteur s’eft mis
en réputation de grand poète par quelques ouvrages
généralement applaudis ,. il femble que cette réputation
foit un bien dont la poffeffion lui doit être
affurée pour toujours , & auquel l’on ne fauroit toucher
fans facrilege.
On ne juge plus dé lui par fes ouvrages ; on juge
de fes productions par leur auteur. La crainte de déplaire
ne fert point de frein aux licences de fa mufe ;
il adoptera tout ce que fon imagination lui préfente :
lahardieffe de fon ftyle ira impunément jufqu’à la
témérité ; il tombera de l’élévation la plus noble
dans des expreffions triviales ; de pleine autorité il
forgera des termes nouveaux, en rétablira de vieux,
& il livrera des endroits obfcurs, fans aucune réfer-
v e , à l’admiration d’un leCteur facile qui déchargera
le poète de cette faute pour la prendre fur fon compte.
C’eft ainfi que plufieurs poètes Hollandois en-
taffent poème fur poème ; & qu’exerçant leur génie
fur tous les différens caraCteres de la Poéfie , ils
veulent être à la fois Horace, Virgile, Juvenal,
Sophocle , Terence , &c. On ne prétend pas foute-
nir que tous les poètes de ce pays en agiffent de la
forte ; mais qu’il eft naturel qu’un auteur, délivré des
attaques de la critique , n’en agiffe pas autrement.
Une marque certaine qu’on n’a pas encore porté
la poéfie Hollandoife à fon point de perfection, c’eft
que les poètes de cette nation , même les plus applaudis
, n’ont pas fongé à obferver le repos dans
les hémiftiches, ni à éviter les enjambemens. Ils en
font quelquefois de fi fenfibles, qu’un vers finit par
un car, ou par un adjectif, dont le fubftantif fe trouve
au commencement du vers qui fuit. Ils pourront
s’autoriferN, il eft vrai, de l’exemple des poètes Latins
& Grecs , qui ont très-fou vent pris de pareilles
licences : mais il faut imiter les perfections, & non
pas les fautes des plus habiles gens ; & le défaut dont
il s’agit ici, paroît être très-réel. Le but d’un poète
eft de mettre dans fes vers du fens & de la mefure :
il s’agit donc de les y mettre d’une telle maniéré , que
1 un neprejudicie point à l’autre. Cependant dans les
vers ou 1 hémifticne n’eft pas obfervé, & qui enjambent
rudement les uns fur les autres, fi vous voulez
en lifant obferver la mefure, le fens difparoît ; fi vous
voulez faire fentir uniquement le fens, on n’eft point
frappé de la mefure.. Ajoutons que la rime qu’on a
joint à la mefure dans les vers de prefque toutes les
langues vivantes -, devient prefqu’inutile par cette
inexactitude. Il y a des fens entiers dans Vondel
meme qui, prononcés comme il faut, ne laiffenc
qu’à peine entrevoir la rime.
- Le feul Catz , grand penfionnaire de Hollande ,
a évité ces defauts. Ses vers font aifés, côulans,
bien cadences ; & peut-être fes ouvrages n’auroient-
ils perdu l’eftime qu’ils acquirent d’abord, fi certaines
chevilles favorites , qu’on y trouve très-fou-
vent , ne les avoient décrédités auprès du public.
D’ailleurs fa diction eft pure & naturelle, fes penfées
fines & délicates, fes'defcriptions exaCtes & agréables.
Ce poète a de plus parfaitement bien touché
les paffions : il intérefte, il attache ceux qui le lifent,
pour peu que leur efprit, libre de prévention, n’im-
pofe pas filence auxfentimens de leur coeur. Le genre
de poéfie, où ce vénérable magiftrat étoit le plus
original, ce font deshiftoriettes en vers ou de petits
romans-, dont il avoit tiré les fujets de l’Hiftoire ou
de la Fable. Il auroit bien fait fans doute de ne choi-
fir que des matières profanes, & de ne point altérer,
par des fictions poétiques, des événemens confa-
cres dans la Bible. Il a fait un nombre prodigieux
d’ouvrages ; & c’eft-là peut-être fon plus grand défaut.
Nous ne parlons point de beaucoup de chofes
baffes qu’on trouve dans plufieurs de fes pièces,
auffi bien que dans celles des autres poètes Hollandois,
qui ont multiplié leurs ouvrages fans difcrétion.
Aucun poète , de quelque réputation, n’a daigné
l’imiter, ni dans fon genre d’écrire , ni dans fon goût ;
& fon ftyle fimple & naturel a pafle pour foible
auprès de l’élévation recherchée qu’on a affeCtée
.fans. diftinClion dans prefque toutes les fortes de
poéfies.
C’eft fans doute à l’amour du merveilleux mal dirigé
, qu’il faut s’en prendre de cette affeâation,
auffi-bien que du fréquent ufage qu’on fait des dieux
du pagànifme, dans des pièces qui ne demandent
que de la naïveté & des fentimens. Veut-on féliciter
un ami le jour de fa naiffance, veut-on déclarer fa
paffion à une maitreffe, on ne manque pas de dépeupler
le ciel ôc le parnaflè, & de faire venir à fon
aide des divinités forties d’une machine, qui com-
paroiffent en foule, comme fi elles craignoient d’être
condamnées par contumace.
La fiClion eft l’ame de la poëfie ; mais c’eft de la
poëfie épique : le coeur parle fort bien , fans le fe-
cours de la fable ; & les comparaifons pompeufes
dépeignent mal latendreffede l’amour. Pour donner
à une maitreffe une haute idée de fa beauté, il n’eft
pas néceflaire d’enlaidir les déeflès & les héroïnes de
l’antiquité., &. de compofer fon corps d’aftres, d’ivoire,
de perle , & de corail.
Mais, fi les poètes de ce pays cedent aux François
pour le tendre, le naïf, le délicat & l’enjoué, ils
leur difputentla palme pour ce qui regarde le poème-
épique. Antonides a décrit la gloire d’Amfterdam
dans une fiction ingénieufe ; Rotgàns a écrit la vie
du roi Guillaume avec tous les ornemens de la poé-
fie-épique : & ces deux poètes ‘ont des morceaux
comparables aux beaux endroits de la Henriade.
Les Hollandois réuffiffent dans le burlefque. Le
Typhon & le Virgile riavefti ont été parfaitement
bien imités par un certain Focquembrog, qui n’a pris
que le plan du poète françois, pour fuivre dans fes
expreffions fon propre génie, & le goût de fes lecteurs.
Un autre, nommé R ujlihg, a eu tous les talens
imaginables pour cette poéfie boufonne. On le
liroit aveè plus de plaifir, s’il etoit un peu plus décent
& plus délicat dans fes expreffions. Son baçlir
nage eft fouvent licentieux. -
Ce goût dépravé a fur-tout infefté le théâtre.
Les comédies Hollandoifes fententplusTabarin, que