Le repos éft une condition fi néceffaire à la fermentation
, qu’ elle n’a que difficilement lieu dans
les vaiffeaux continuellement balotés. La méridienne
qui procurera ce repos important à l’e ftomac, fa vorisera
donc ce mouvement inteftin fans lequel la
'digeftion feroit imparfaite.
Mais il feroit à craindre que la fermentation ne
fut portée trop loin; il faut que la pâte alimentaire,
après av o ir éprouvé un commencement de ce-mouvement
inteftin, paffe dans 1« duodénum où le mélange
du fuc pancréatique & de la bile lui fait éprouv
er une autre modification. Quoique ce -paffage fe
'faffe par le feul mouvement organique de l ’eftomac,
il eft avantageux qu’une légère agitation le facilite.
’Cette agitation eft encore néceffaire pour que le
chy le parcoure les petits inteftins, & fe préfente
iaux orifices des vaiffeaux qui abforbent le chyle ;
pour que ce chyle parcourant le fyftême des glandes
& des vaiffeaux laélés fe porte dans la foucla-
v ie re , enfin pour que cette liqueur nourricière introduite
dans la maffe humorale s’y affimile par le
jeu des vaiffeaux. Si la' méridienne étoit continuée
trop long-tems, elle nuiroit à la fécondé & à la troi-
fieme digeftion.
Sa durée doit, donc être limitée au tems néceffaire
pour opérer la première ou tout au moins pour
la porter aù point où elle puiffe s’achever facilement
& fans le concours de toutes les circonfiances dont
la néceffité eft prefqu’indifpenfable dans les premiers
momens. Il n’eft pas poffible de déterminer
cette durée av e c une précifion mathématique, parce
que les données de cette efpece de problème font
trop multipliées. Mais heureufement que cette précifion
n’eft point d’une néceffité abfolue ; qu’on
pourroit fans grand inconvénient faire une méridienne
ou un peu trop courte ou un peu trop longu
e , & même s’y refufer, & que l’expérience a répandu
fur cet objet des lumières fuffifantes. Elle a
fait connoître que les perfonnes affoiblies par les
maladies, par l’âge ou par les fatigues de l’e fprit,
digèrent plus lentement que celles qui jouiffentd’une
fanté vigoureufe, qui font à la fleur de leur â g e , &
exercent plus leur corps que leur efprit; que pendant
l’hiver & dans les pays froids, la digeftion fe
fait plus facilement qu’en été & dans les climats
chauds ; qu’un eftomac, toutes chofes étant égales,
digéré plus promptement une petite quantité d’ali-
mens qu’une grande. Enfin que fi dans quelques
tempéramens & dans quelques circonftances la première
digeftion e x ig e , pour être faite en pa rtie ,
une ou deux heures & même p lu s , il en eft d’autres
dans lefquels cette fonftion s’exécute avec tant de
célé rité , qu’avant la première Heure la pâte alimentaire
paffe pour la plus grande partie dans les inteftins
; qu’ainfi la méridienne ne doit jamais excéder
deu x heures, & que fouvent il fuffit d’y donner une
heure & même un tems moins long. La fa ifo n , le
c lim a t, l’état des fo rces, la nature du travail auqu
e l on fe liv r e , la qualité & la quantité des ali-
mens : voilà ce qui doit décider la durée de la méridienne.
D ’ailleurs tous les hommes n’ en ont pas un égal
be fo in; elle n’eft pas également néceffaire dans tous
les climats & dans toutes les fa ifons, & l’habitude
en rend l’ufage plus ou moins important.
Il eft des hommes qui donnent tous les jours au
fommeil plus de fix à fept heures, efpace de tems
que la raifon permet d’y employer, & la méridienne
n’eft point faite pour eu x , parce que l’excès du fommeil
eft dangèreux. Il en eft q u i, après avoir facrifié
une grande partie de la nuit à l ’étude ou aux plai-
fir s,n e s’éveillent qu’alors que le foleil a déjà parcouru
une partie de fa carrière, & ils ne doivent
pas dormir après le dîner, à moins que ce repas ne
fo it beaucoup retarde ; encore alors ce fommeil hé
leur conviendra-t-il que très-rarement, parce qu’il
fera trop rapproché de celui qu’on eft difpofé à prendre
la nuit.
L’indigence, l’ambition, le louable defir de fe
rendre utile à la fo c ié té, mille autres motifs auffi
preffans, forcent la plupart dès hommes à fe refu-
ler à ce fommeil, & l’habitude qu’ils en ont contractée
le leur rend moins néceffaire. T ou s peuvent
cependant s’y livrer fans inquiétude, tous lé doivent
lorfque la chaleur exceffivë affoiblit confidéra-
blement leurs fo rc es , lorfqu’ils ont furchargé leur
eftomac d’une grande quantité d’alimens, lorfque le
fommeil de la nuit n’a été ni alfez tranquille ni affez
long ; & il en eft pour lefquels la méridienne eft
d’une importance qui leur impofe l’obligation de la
fa ire , fous peine de v iv re dans la langueur, & de
fuccomber à leurs maux.
D e ce nombre font les enfans, les vieillards &
l'es valétudinaires ; les uns, fur-tou; dans le premier
â g e , ont befoin de c ro ître , il leur faut un chyle très-
parfait ; les autres ont fi peu de cha leu r, fi peu de
fluide n e rv e u x , que fans la méridienne leur digeftion
fëroit très-difficile.
Le défaut de chaleur intérieure la rend très-utile
aux phlegmatiques & aux pituiteux ; elle eft néceffaire
aux.gens de lettre s , aux vaporeux & aux mé^.
lancoliques, à raifon de la féchereffe de leurs fibres,
à raifon de la prodigieufe déperdition d’efprits animaux
qu’ils font pendant la veille. C e dernier mot
i f doit engager également les voluptueux .à y a v o ir
recours.
Quelque avantageux cependant que le fommeil
pris après le repas puiffe être à ceux à qui il conv
ie n t, les avantages qu’il eft capable de procurer
ne dépendent pas feulement de fa durée, mais encore
du lien dans lequel on s’y liv r e , de la fituation
que l’on garde pendant ce fomme il, & même de la
maniéré dont on eft habillé ou couvert.
L ’eftomac a deux ouvertures, l’nne donne entrée
aux alimens, l’autre leur livre paffage dans les intefi.
tins. C e n’eft qu’après avoir été atténués p a r la fermentation
& par les autres agens de la digeftion ,
qu’ils doivent pénétrer dans le canal inteftinal. II
faut donc qu’ils ne s’échappent point avant que cette
atténuation ne foit faite; & l’eftomac, pendant qu’elle
s’o père , doit être dans une pofition qui oblige les
alimens à y féjourner. L’orifice par lequel ils for-
tent de ce vifeere eft un peu fupérieur à fon fond ;
fi l’on fe couchoit horizontalement, la pâte alimentaire
en feroit trop rapprochée, elle pourroit entrer
dans le canal inteftinal avant d’être affez digérée ;
d ’ailleurs l’ eftomac peferoit trop fur les gros vaiffeaux.
La fituation horizontale eft donc à craindre ;
la perpendiculaire feroit beaucoup plus favorable ,
mais elle auroit l’inconvénient d’occafionner un t iraillement
incommode, une compreffion nuifible.
On doit lui préférer la pofition dans laquelle le
corps eft un peu incliné à l’ho r izo n , parce qu’alors
les alimens font retenus dans le fond de l ’eftomac
par leur propre po id s , & que la pefanteur de ce
vifeere n’eft plus fatigante.
Ceux qui voudront faire la méridienne, né doivent
donc pas fe coucher fur un lit & parallèlement à
l’horizon, mais s ’affeoir fur une chaife ou fur un fo-
f a , la tête hau te, le corps légèrement penché en arriéré
, & même un peu tourné fur le côté gauche.
Dans cette fituation l ’eftomac ne pefe point fur
les gros vaiffeaux qui rampent le long des vertebres,
le cours du fang n’eft point gêné, la liberté de la cir culation
eft meme ici d’une néceffité fi indifpenfa-
b le , qu’il faudra ôter ou relâcher tous les liens dont
Iq mode & l ’ufage nous embarraffent ; il faut encore
ê tre
être modérément cou v ert, & choifir pour fe livrer
au fommeil un endroit ni trop chaud ni trop
froid.
On fent aifément les motifs de ce çorifeil ; on fent
que dans un moment où une chaleur modérée eft
néceffaire, il feroit également dangereux de s’ex-
pofer à l’affoiblir ou à la trop augmenter.
On trouve dans le traité de Valverdus D e fani-
tate tuenda, éd. de P aris, i j 5 1 , & que Caftor D u rante
a prefque copié, entièrement dans un ouvrage
qui a pour titre Tefore délia fan ità , & dans les dialogues
latins de George Pi&orius, éd. de Paris, 1555,
des détails précieux fur les précautions avec lesquelles
on doit fe livrer au fommeil de l’après-dîner.
I l en eft même une bien importante fur laquelle ils
infiftent également, & qui mérite qu’on y ait egard,
c ’ eft de ne pas éveiller brufquement ceux qui font
la méridienne. On fent l’impoVtance de cè confie il ,
quand on réfléchit à l’efpece de commotion que
donne la furprife.
En s ’aftreignant à fuivre les réglés preferites
pour l’ufage de la méridienne, on n’aura nulle pe-
îanteu r, nulle douleur de tê te , nul engourdiffement
à craindre, accideris qu’on a quelquefois éprouvés
en les négligeant, & qui ont autorifé plufieurs médecins
à la proferire. ( M. M. )
_ M É R IN D O L , ( Géogr. ) village de Provence au
diocefe de Cavaillon , parlement d’A i x , viguerie
d ’A p t , près de la Durance , à trois lieues de Cav a illon
: ce lieu, ainfi que celui de C abrieres, étoit habité
par des fettaires des anciens Vaudois. .
On parloit déjà fous Louis X II de les exterminer;
mais ce prince humain y envo ya l’illuftre Laurent
Bu re au , bourguignon, fon confeffeur , prélat fage
& éclairé, pour les prêcher & les c o n v e r tir , vers
,1500.
François I , preffé par les moines & le cardinal de
T o u rn o n , qui étoit d ur, ordonna de les détruire s’ils
ne rentroient dans le fein de l’églife. Le célébré Chaf-
fen eu z , Autunois, alors premierpréfidentdu parlement
d’A i x , qui incünoit à la dou ceu r, empêcha
toute fa v ie l’exécution d el’arrêt demortdu parlement
d’Aix rendu le 18 novembre 154 0 , contre ces malheureux
; mais après la mort de ce grand magiftrat,
Jean Meynierd’O p e d e , fon fucceffeur, pouffé par
les évêques & le v ic e -lé g a t d’A v ign o n , marcha
contre eux a y ec des troupes, brûla leurs v illages ,
& fit paffer les habitans au fil de l’épée.
Nous ne répéterons pas les feenes tragiques de
cet événement cruel : elles ont été livrées à l’horreur
de la poftérité par un grand maître qui réunit
les couleurs fortes de Rembrant à la délicateffe du
pinceau de Raphaël. Il n’y a plus dans ce village que
quatre feux & demi de càdaftre. ( C. )
MÉRITE MILITAIRE {l'ordre du) , a été inftitué
par Louis X V , le 1 o mars 17 5 9 , en faveur des officiers
d elà religion proteftante, qui fervent'ënFrance.
Il y a trois gran d -cro ix , quatre commandeurs &
les chevaliers.
La marque diftinâive de cet ordre eft un ruban
gro s -b leu avec une croix d’o r à huit pointes pom-
metées, & an g lé e de quatre fleurs de lis de même;
au centre eft une épée ën p a l, la pointe en haut ; &
pour légende ces mots: Pro virtute bellica. Au revers
è ft une couronne de laurier & cette légende : Ludo-
vicus X V ^ injlituit tySc) . Planche X X I I I , figure C) de
Blafàn dans le Diàionnaire raif. des Sciences. & c .
( G. D . L. T. )
M E R L E T T E , f. f. merula mutila, (terme de Bla-
fon. ) petit oifeau repréfenté de pçofil, fans bec ni
pied. Les merlettes font le plus fouvent en nombre
dans l’écu : elles lignifient les voyages d’outre-mer,
parce qu’on prétend que ces oifeaux paffent la mer
chaque année.
Tome I I I ,
D u Bouchet de, Villeffix , à Paris; d ’argent à la
merlan de fab le, au chef d ’azur chargé de trois befatts
Guierna de Berenger, en Orléanois; d ’argent i
trois merlettes de fable.
Bongard d’A r filly , à Bourges; de gueules à trois
■ merlettes d'argent, ( ô . D . l . T. )
MERLÜS1N E , f. f. ( terme de Blafon. ) firene qui
paroit dans une cuve ; elle fert de cimier à la mai-
ion de la Rochefoucaud & à quelques autres mailons.
L ’origine de ce cimier vient d’une comteffe de Lu-
fignem nommée Merlufine, laquelle étoit fort abfolue
& commandoit à tous fes vaffaux avec une telle autor
ité , que lorfqu’elle leur envo yo it des lettres ou patentes
fcellées de fon fceau ou cache t, fur lequel
étoit gravée une firene, il falloit obéir dans l’inftant;
& de - là fes vaffaux la nommèrent magicienne.
Il y a un vieux roman, intitulé Merlufine, qui eut
beaucoup de vogue en fon tems. ( G. D . L . T. )
M E R O P E , ( Aßron. ) eft le nom que les aftro-
. nomes donnent à l’une des fept pleïades.
Septima mortali Merope, tibi Syfiphe nupfit,
Poenitet, & facti fo la pudore laut.
O v id . Faß. lib, I V , v. ryS:
C ’ eft ainfi qu’Ovide explique pourquoi on avo it
coutume de dire qu’il y a fept pleïades, quoiqu’on
n’en diftingue que fix à la vue fimple. Au relie a v e c
des lunettes on en diftingue un bien plus grand nombre.
Voy. Pleïades, dans le Dlcl. raif. des Sciences
& c . ( M. d e l a L a n d e . )
M É R O U É E , IIIe roi de France, ( Hifi. de France. )
fucceffeur de Clodion. L ’origine de ce prince eft incertaine
: on fait feulement qu’il étoit fils de la femme
de Clodion : on lui donnoit pour pere une divinité
de la mer : cette fable qui prouve la groffiéreté des
peuples qui l’adopterent, rendroit fufpefte la vertu
de la femme de C lod ion, fi l’on ne favoit quelle
etoit la fainteté des mariages parmi les Francs, dans
fes tems voifins de leur origine : cette princeffe put
recourir à ce ftratageme pour enchaîner la vengeance
d u-roi qui devoit refpe aer dans cette adultere la
maitreffe d un dieu. Peut-être auffi que la reine avo it
eu Mérouée d’un autre lit: & ce conte put ê;re imaginé
pour lui faire obtenir la préférence fur fes freres
q u i , dans cette fuppofition , avoient plus de droit à
la couronne ( nous parlons ici par figure, car la couronne
n’étoit point encore le fymbole de la royauté
parmi les Francs) auprès d’un peuple qui n’admet-
toit pour le gouverner que les princes du fang le plus
illuftre. Toujours eft-il certain que Mérouée eut à
foutenir une guerre, longue & fanglante contre un
fils de Clodion que l’hiftoire ne nomme pa s, & qu’il
ne parvint à l’exclure de la royauté qu’en faiîant
alliance a v e c les Romains : on a prétendu que Chil—
d er ic , fon fils, étoit allé à Rome cimenter lés noeuds
de cette alliance, qui prouve que les Francs dès-lors
offroientune puiffance refpeèlable. C ette conjefture
eft fondée fur le. rapport de Prifcus qui dit avoir v u
dans cette ancienne capitale du monde un prince
Franc dont les traits conviennent affez au fils de
Mérouée. Cette guerre civile excitée par la rivalité
de ces princes, accéléra la chute de l ’empire d’Occi-
dent & de celui d ’O r ie n t; car celui-ci ne fut plus
qu’un fantôme dès que l’autre fut détruit. Le fils de
Clodion qui v o y o it fon ennemi foutenu par une
puiffance auffi formidable que les Romains -t fe mit
fous la proteôion des Huns, les feuls peuples en état
de les vaincre; & telle fut la caufe ou l ’occa fionde
la fameufe invafion d’A ttila dans les Gaules. Mérouée
voulut en vain défendre Cologne contre un
auffi terrible ennemi, il en fut chaffé : cette ville fut
brûlée, & Childeric fon fils tomba au po u vo ir du
vainqueur. D e s écrivains ont prétendu qu’il fut