noires & luttantes. Lesracines de cette plante tracent
& pivotent beaucoup , font vivaces * branchues ,
ordinairement de la groffeur d’unfort tuyau de plume,
couvertes d’une pellicule brunâtre. Quand elles
font fraîches, leur caffure e-ft d’un jaune orangé, 5c
cette couleur devient rouge par l’impreffion de l’air.
Plus ce changement eft .prompt, plus la racine eft
parfaite. Le coeur de ces racines eft un peu
amer.
z. Rubia Jylvzjlris Monfpc[fulana maj or > C. B. eft
plus petite Ôc plus rude, que l’efpece précédente. Ses
fleurs font -jaunes. Ses fruits viennent en été 6c en
automne, 8c fubfiftentfur la plante pendant l ’hiver,
fl cette faifon n’eft pas trop rigoureufe. Elle croît
d’elle-même dans les haies & fur les bords des
champs, prefque par-tout aux environs de Montpellier,
en Provence, auprès de Fontainebleau , 8c
ailleurs. Ses racines font menues, 8c naturellement
rouges.
3. M. Garidel croit que le gallium vulgare album
dç M. Tournefort eft la plante nommée par G.
pauhin rubia fylveflris levis ; la molltigo vulgatior de
Parkinfon, à qui cependant M. Garidel donne pour
fynonyme rubia angulofa afpera, J. B.
4. Rubia pratmjislevis, C . B. eft un gallium, félon
M. Linné. Sa feuille eft douce. Les branches fe
îoutiennent, 8c les femences font rudes.
5. A Kurder, aii voifinage de Smyrne, 8C dans
les campagnes d’Alchiffar 8c de Yordas, on cultive
une e'fpece nommée dans le pays açala, ka^ala,
ekme, bo'ia, & chioc-boya. Les Grecs modernes l’appellent
li{ari ou ou a\al ; ÔC les Arabes foüoy.
Nous ne fournies pas en état de décrire cette plante,
célébré par le beau rouge qu’elle donne au coton ,
mais dont l’effet peut dépendre de la maniéré dont
on la fait fécher.
6. M. Hellot met au nombre des garances la plante
^e la côte de Coromandel, dont la racine teint le
coton -en beau rouge^ Il nomme cette plante chat,
& il ajoute qu’elle fe trouve abondamment dans les
bois de la côte de Malabar ; qu’on la cultive à Tuc-
corin & à Vaour, & qu’on eftime particuliérement
celle de ’Per-fe , nommée Dumas. Puis il donne comme
une autre plante de la côte de Coromandel
le raye de chaye, qu’il traduit racine de couleur.
Selon M. Garcin, le chaye a l’air de garance par
fon port & fes feuilles, mais il porte Aine petite fleur
blanche , à quatre pétales difpofés en croix ; 8c le
fruk eft une très-petite capfule feche, un peu appla-
tie en forme de bourfe, qui s’ouvre par le haut, 8c
renferme des femences fort menues. La racine eft
longue, menue, ondée , piquant droit en terre ,
de couleur jaune pâle. Cette plante croît dans
des endroits fablonneux peu diftans de la mer.
7. M. Hellot parle d’une tyffa-voyana de Canada ,
comme d’une efpece de garance , dont la racine,
extrêmement menue, a un effet à-peu-près fembla-
m à notre garance. Mais on démontre cette plante à
Paris au jardin du r o i , fous le nom d’aparine , jlo-
ribus albis caule quadrato infimo , foliis ad genicula
quatuor, fructu rotundo glabro lucido> r
8. Rubia fylvejiris afpera^ qtia fylvejlris Diojcoridis,
C . B. Les feuilles du bas des tiges font verticillées au
nombre de fix. ou fept:celles d’en haut fe trouvent feulement
quatre , trois ou deux enfemble. Ces feuilles
font rudes en-deflus comme en-deffous. Les racines
font vivaces, 5c beaucoup plus groffes que celles du
n°. 1. Les tiges font plus menues , & affez douces.
Les fleurs font petites, jaunes, 6c paroiffent vers
la fin de juin. Cette efpece vient fans culture en
Efpagne.
9. M. d’Ambournay a cultivé une garance trouvée
fur les rochers d’Oifel, en Normandie, dont
les racines lui ont donné une aufli belle teinture ,
que celle du /20'. 5 , ôc qui a mieux réfifté au débouilli
que la teinture du n°. 1. Cette plante pouffe plutôt
au printems, que celle du n°. 1. Ses tiges font menues,
& fe penchent jufqu’à terre dès qu’elles ont un
pied de longueur. Les feuilles font plus étroites que
celles de la première e'fpece. Les racines font moins
groffes, moins vives en couleur, moins garnies de
noeuds 8c de chevelu. Cet amateur éclairé ajoute
qu’il a retrouvé dans la plante d’Oifel celle que lui
a produit la graine du n°. 5 tirée de Smyrne.
Culture. L’efpece , n°. / fubfffte dans toutes fortes
de terres, mais n’y réuflit pas également.
Elle aime une terre douce, légère, dont le fond
feul eft humide , 8c oîi l’eau ne léjourne pas. Aufli
la voit-on réuflir dans des fables gras affis fur un fond
deglaife, qui empêchant les racines de s’étendre en
profondeur , les oblige à fe couler fur ce fol humide,
6c dès-là favorable à leurs progrès. On affure que les
Zélandois de l’ifle de Tergoès cultivent la garance ,
dans .un terrein gras, argilleux , 8c un peu fa lé. On a
recueilli de belles racines dans des terres fertiles mêlées
de beaucoup de cailloux. M. Guettard en a
même tiré de très-belles d’un fable affez fec, dans le
Poitou. Cependant on peut dire en général que les
terreins fecsy conviennent moins que les humides.'
Les marais deffechés y font favorables. Mais elle
, périt immanquablement dans les endroits oii l’eau
féjourne.
> Quand la terre oîi on veut mettre de la garance
eft déjà en valeur, il fuffit de lui donner quelques
labours, comme fi c’ètoit pour femer du grain ; finon
les labours doivent être multipliés. On peut abréger
les travaux du défrichement, en coupant d’abord
la terre avec des charrues à plufieurs coutres , fana
focs : puis labourant tout. de fuite , avant l’hiver ,
avec une groffe charrue à verfoir, pour que les gelées
puiffent atténuer cette terre trop compare. Aufii-tôt
que les grandes gelées font paflees , on donne
promptement une couple de labours. Après quoi la
terre a coutume d’être en état de recevoir le plant
au mois d’avril, mai ou juin.
On voit de bons cultivateurs commencer par peler
à la houe pendant l’été un terrein rempli de groffes
8c mauvaifesherbes, 8c brûler les gazons. En général,
la meilleure eft celle qui contribue davantage à ameublir
la terre fans exiger de trop grands frais.
Il eft bon d’unir la terre avec la herfe, après le
dernier labour.
Pour prévenir le féjour des eaux, il convient de
faire des fofîes autour de la garanciere, qui auront
encore le bon effet de la défendre du bétail, ÔC
d’empêcher qu’on n’y forme des chemins.
Les fumiers font très-utiles aux garancieres, fur-
tout quand la terre eft maigre. On doit réfèrver le
fumier de cheval pour ameublir celles qui font trop
fortes : le fumier de boeuf 8c de vache fuffit pour les
autres.
La garance fe multiplie de graine, ou de drageons,
ou de provins.
Onia feme depuis mars jufqu’en mai. Si c’eft dans
le champ oii les plantes doivent refter , il faut fou-
vent y faire les frais du farclage. On trouveroit mieux
fon compte à répandre la femence dans les planches
d’un potager, bien labourées 8c bien fumées; quand
elle eft levée, la tenir nette d’herbeS , 8c l’arrofer
dans les tems de féchereffe ; puis les pieds étant affez
Forts, les planter dans la garanciere : ce qui n’arrive
pour l’ordinaire qu’à l’automne delà fécondé année.
En levant ce plant, on doit ménager foigneufement les
racines. , ‘
La pratique des drageons enracinés, qui ont environ
deux pouces hors de terre, eft plus commode ,
8c évite cette perte de tems. C ’ ë f t aufli la plus commune
aujourd’hui. Comme les racines fupéricures
tracent beaucoup, elles iourniffent une multitude
de drageons qui, trantplantés après l’hiver , forment
bientôt de nouvelles plantes. ... j
Pour formerainfi une garanciere, on prend, ou
de Iwgarancc qui croît naturellement, ou celle d’un
champ qu’on veut facrifier, ou les pieds eleves de fe-
mence dans un- potager : en arrachant,( on ménage
bien les racines * fur-tout les traînaffes qui coulent
entre deux terres. On replante les pieds en entier,
obfervant d’étendre les traînaffes de côté 5c d’autre.
Ce plant fournit beaucoup : trois milliers peuvent
fuffire pour garnir un arpent.
On peut fe ménager une récolte dans la garanciere
©h on lève du plant, en fe contentant de lever les
Oeilletons que les couchis produifent : un arpent fournit
affez pour en planter au moins deux avec fes oeilletons.
. , \ . Lorfqu’on arrache les racines de l? garance, on
peut en tirer quantité de plants, fans diminuer la ventes
puifqu’il eft d’expérience que tout tronçon de racine
garni d’un ou deux boutons, & de quelques cheveux,
produit un nouveau pied quand on l’enterre à une
petite profondeur.
Il y a une autre moyen de multipier la garance ,
fans fe priver du produit des racines , lorlqu’on a
de grands champs de garance : je veux dire que la
Seconde année, dans le cours des mois d’avril, mai
©u juin, fuivant que la faifon eft favorable, les tiges
ayant huit àdix poucesde long, des femmes faififfent
la fane près de terre, 8c l’arrachent comme fi c’étoit
de l’herbe pour le bétaiL: une partie des brins vient
avec de petites racinés au bas : d’autres n’ont qu’un
peu de rouge ; d’autres enfin , feulement du verd Ôc
•du jaune. Les premiers reprennent facilement, fur-;
tout s’il/pleut un «Seu quand ils font en terre. La re-
prife eft douteufe dans les prpvins qui- n’ont que du
rouge en bas. Pour ce qui éft de ceux qui font entièrement
verds 8c jaunes , on doit les rebuter ; ils périront
prefque tous. Les provins, dont le bas eft brun
& ligneux, réufliffent. Au refte, on doit avoir l’attention
de ne pas arracher trop de plant, Sc de laiffer
aux vieux pieds au moins un quart de leurs tiges,(ans
quoi lesracines périroient. Si la terre eft trop dure,
é c qu’en conféquence il vienne trop de brins fans racines,
il eft à propos de le fervir d’un plantoir plat,
large de douze à.quinze lignes, qu’on enfonce en terre
pour rompre la traînaflè, 8c qu’on incline enfuite
pour foulever la racine , & empêcher les tiges de le
rompre au ras de terrè.pendant qu’on les tire doucement.
La plupart de ces levées de plant doivent être faites
au printems. Celle qiii eft attachée à la faifon de
l’arrachispoùr vendre, n’eft pratiqüable qu’en automne
dans l’ufage ordinaire.
A mefure que les ouvrieurs lèvent le plant, il faut
fe hâter de le mettre en terre.
En plantant la garance que l’on veut cultiver en
planches , on fëfert de la houe pour former des filions
tirés au cordeau, de trois à quatre;pouces de
profondeur., ou même davantage, fi le plant eft gros.
Des femmes ou des enfans y couchent les provins ,
ou les pieds, fraîchement levés, à dix, douze ou quinze
pouces les uns des autres , étendant les racines à
droite & à gauche/ Le plant détaché des racinés tirées
pour la vente; doit être tnife affez épais pour que
ce qu’il en périt ordinairement ne laiffe pas trop
de vuides.
Ce n’eft peut-être qu’une attention utile de tremper
tout le plan dans des féaux d’eau avant de le met-
ïre en terre, comme on fait les plants de légumes en
grand. Il eft à propos que les rraînaffes de racines
fe trouvent à un pouce 5z demi de la fuperficie, pour
que les tiges aient pius d’ailance à percer 6c fe montrer
dehors.
A melure qtte la première rigole eft plantée , de$
hom mes la couvrent de la terre qu’ils tirent pour
en former une fécondé ôûl’oh arrange du plant com*
me dans la première. On recouvre celle-ci en formant
la troifieme, qüî eft enfuite éômblée avec la terre
de l’endroit oîi ferâ là plate-bande.
' .Chaque planche, large de deux pieds, hé fcôntient
donc que trois rangées degarance, à un pied les unes
des autres ; ce qui eft préférable à un plus grand
nombres de rangées. Et après la troifieme ôn laiffe
un intervalle de quatre pieds jufqü’à la première de
l’autre planche , pour former une plate-bande Vuide,
mais qu’on laboure par la fuitê, avec la charrue, comme
nous le dirons. Cette diftributiôn d*un arpent de
terre emploie environ quarante ou Cinquante milliers
de provins, ou de plants élevés de.femence : 6c
il eft prefque toujours fuffifamment garni avec trois
milliers de plantes foit venués d’elles - mêmes ,
foit tirées d’un champ que l’on facrifie.
Pour ce qui eft du plant formé d’un morceau de racine
garni de boutons6c de chevelu, l’ayant choifi
dans les racines qu’on arrache en automne, il faut le
mettre en terre fans différer. On peut aufli former1
les planches 6c plates - bandes comme pour le
provin.
On eft maître de planter au printemps ou en automne
les plants enracinés, pourvu que l’on fe conforme
à ce que nous avons dit qu’il faut obfervef à
l’égard des provins. Seulement alors on fait les rigoles
plus larges , 6c proportionnées à la groffeur du plant.
On étale les traînaffes des racines fuivant ladireâion
des rigoles, 6c on a l’attention que ces racines traçantes
rie foient recouvertes que d’un pouce 6c demi
dé terre, afin que lès tiges aient plus de facilité à
percer 6c fe montrer hors de terre.
Comme la garance peut être tranfplantée en toute
faifon, l’on fera bien de profiter d’un tems couvert
& pluvieux , pour faire cette plantation. Mais l’automne
eft préférable, non-feulement parce quel’hu-
■midité de cette faifon eft plus avantageufe pour la
reprife, mais encore parce que les provins qu’on
leve alors pour cette opération , font mieux pourvus
de racines, que ceux qu’on leveroit au printems.
Les plates-bandes font utiles dans un terrein fort
humide , pour recevoir l’écoulement de l’eau. Elles
fe creufent à mefure qu’on charge les planches par les
labours d’été qui font partie de la nouvelle culture.
Mais il vaut mieux rayonner un terrein trop fec'; de
même qu’on le pratique pour planter la vigne : la
garance étant alors plantée dans le fond du fillon ,
comme le font des afperges, le terrein fe trouve de
niveau ou un peu bombé furies planches par les re-
chauffemens.
Il faut veiller pendant quelques jours , pour que
les corbeaux & corneilles, avides des jeunes pouffes
de garance, ne détruifent pas le plant.
Si c’eft en automne que l’on ait planté la garance ÿ
il fuffit de donner de tems en tems quelques labours
aux plates-bandes avec une charrue légère , à une
roue (efpece de cultivateur). Comme ces labpurs
font moins deftinés à donner de la vigueur aux plantes,
qu’à ménager certaine quantité de terre ameublie
à portée des planches, ils ne doivent pas être
faits dans des tems oit la terre trop humide pourroic
être corroyée .par cette opération. Pour ce qui eft des
garances plantées au printems, on ne peut guere fe
difpenfer d’en labourer les plates-bandes avant le
mois de juin ou juillet.
On profite des tems de pluie, en quelque faifon
que ce foit, pour regarnir les endroits où une partie
du plant a péri.
Quelques cultivateurs pour multiplier les plants ,
couchent les plantes vigoureufes ; mais comme les
couchis ne fourniffent jamais autant de teinture que