
des mathématiques dans la médecine. On n’en voit
aucun veftige dans fes ouvrages, pas même dans
ceux qui paffent fauffement fous fon nom. Celfe ,
beaucoup plus à même que nous de juger des écrits
d’Hippocrate, dit expreffément que ce grand homme
fépara le premier la médecine de la philofophie.
Hippocrate a parlé fans doute de la nature : il
paroît même avoir entendu par ce terme un être
prévoyant, qui dirigeoit les mouvemens du corps
humain à fa confervation. C’eft une hypothefe qui a
eu des fe&ateurs, 6c dont apparemment notre auteur
fàifoit la fiepne. Mais cette découverte n’eft que celle
d’un terme ; Hippocrate en guériffant les fievres ne
s’en eft certainement pas fié à la fageffe de la nature ;
il n’a pas attendu de la rapidité du mouvement du
fang cette coftion fidefirée : il faignoit, il donnoit
des remedes rafraîchiffans, il dirigeoit la diete d’une
maniéré à rompre l’impétuolité de ces mouvemens,
à diminuer la fievre, 6c à éteindre le feu allumé dans
le fang : il en ufoit comme nous en ufons, nous qui
croyons ces mouvemens exceffifs 6c pernicieux, 6c
qui les déprimons dans les maladies aiguës.
Pour les maladies chroniques, elles ne font pas
fufceptibles de ces violens mouvemens & de ces révolutions
fubites, qu’on a cru devoir attribuer à une
caufe intelligente.
L’anatomie d’Hippocrate, répandue dans fes écrits
fuppofés, eft celle d’Erafiftrate ; & ce qui peut lui
appartenir eft généralement trop court 6c trop peu
circonftancié , pour mériter, ou de grands éloges,
ou une critique exafte. Ce qu’il a fait de mieux m’a
paru être l’expérience anatomique faite fur le corps
de l’homme , dans la vue d’éclaircir' un précepte de
chirurgie. Cette expérience fe trouve dans le livre
des articulations, qui étant intimement lié à celui des
fractures , paroît être d’Hippocrate. Sa théorie phy-
fiologique reffemble d’ailleurs à celle d’Héraclite.
La chirurgie lui doit beaucoup davantage. Il
l’avoit exercée dans les différentes provinces qu’il a
parcourues. Ses Traites fur les bleffures de la tête 6c
fur les fraétures, font très-bons. Il y a des chofes
utiles même pour notre fiecle, qui a par-deffus Hippocrate
l’expérience de mille ans, 6c les lumières
que de grandes guerres &c des hôpitaux nombreux
ont dû fournir aux modernes.
Sa matière médicale ne fauroit être comparable à
celle de nos jours. Le& deux Indes n’avoient pas encore
enrichi la médecine des excellens remedes que
nous leur devons. La chymie n’avoit pas fourni des
fecours, que la nature feule n’offre pas, on craignoit
encore le mercure. Hippocrate dans fes véritables
ouvrages nomme peu de remedes , prefque tous
végétaux , 6c cette indigence influe fur fa pratique.
Ses émétiques , fes purgatifs font d’une violence
qui à obligé fes defcendans de les abandonner.
La diete eft plus parfaite, elle l’eft même plus que
la nôtre en un fens. La gymnaftique, négligée par
les modernes, fourniffoit à Hippocrate bien des
fecours , même pour les maladies chroniques. Il a
très-bien connu le véritable régime des maladies
aiguës, & la poftérité fùit encore les préceptes de ce
grand homme.
Il a excellé dans l’obfervation des maladies aiguës,
cle leurs progrès, de leurs fymptômes, 6c de leurs
révolutions. Le prognoftic n’a rien acquis depuis lui ;
il a donné des modèles parfaits de l’hiftoire des maladies.
Il n’y a eu là-deffus qu’une voix depuis vingt
fiecles. Quand même les crifes ne tomberoient pas
exa&ement fur les jours afîignés par Hippocrate ,
quand il y auroit des crifes heureufes à des jours
qu’il a condamnés, quand les nombres de Pythagore
auroient eu trop de pouvoir fur cet obfervateur ,
quand tous fes prognoftics ne feroient pas également
infaillibles, il y a cependant un fonds de'vérité dans
J toutes ces defcriptions , que la poftérité ne cefTera
jamais de révérer.
La pratique des maladies aiguës a été généralement
adoptée. Il n’en eft pas de même de celle des
maladies chroniques. Il eft vrai qu’il n’en eft guere
parlé, que dans des ouvrages étrangers à Hippocrate.
Mais fi par le titre de médecin dogmatique, on
entend un médecin , tel que Galien l’étoit effeâive-
ment, qui éleve fur des principes généraux un corps
de préceptes, qui afligne à chaque maladie fa caufe
méchanique ou phylique, & qui oppofe à cette caufe
des remedes calculés pour la détruire, dès-lors Hippocrate
, dans fes ouvrages légitimes, ne fera pas
un médecin dogmatique. Il n’y perdra certainement
rien. Il étoit impolïïble dans fon fiecle de fonder une
’ théorie. L’anatomie, 6c fur - tout l’ouverture des
corps morts de différentes maladies, la phyfique,
la chymie n’avoient pas encore fourni les matériaux
, de cet immenfe édifice. Toutes, ces fciences n’ont
fourni de nos jours que des matériaux plus folides,
à la vérité, mais qui très-foUvent dans des cas particuliers
ne fuffifent pas encore pour completter un
fyftême.
Nos jugemens ne doivent partir, ni d’une critique
injufte, ni d’une flatterie plus excufable. Ils doivent
être le miroir exact des faits. ( H. D . G. )
HIPPOLYTE, (Myth. ) fils de Théfée 6c de l’amazone
Hippolyte, étoit élevé à Trézene fous les
yeux du fage Pithée fon grand-pere. Ce jeune prince
uniquement occupé de l’étude de la fageffe 6c des amu-
fement de la chaffe, ennemi d’ailleurs de l’amour 6>C
de Vénus, s’attira l’indignation de cette déeffe. Pour
fe venger de fes dédains, Vénus infpire à Phedre une
violente paflion pour lui : la reine fait un voyage à
Trézene, fous prétexte d’y faire bâtir un temple à
Vénus, 6c en effet pour voir le jeune prince 6c lui
déclarer fon amour. Hippolyte rejette avec horreur
la propofition, & d’une façon à ôter toute efpérance
à la malheureufe Phedre: celle-ci au défefpoir du
mauvais fuccès de fa tentative, 6c craignant de fe
voir diffamée , prend le parti, pour mettre à couvert
fon honneur, d’accufer la première Hippolyte dans
une lettre, 6c fe donne enfuite la mort. Théfée qui
étoit abfent revient fur ces entrefaites, 6c abufé par
ce funefte écrit, fans autre examen il fait mille imprécations
contre fon fils, 6c l’abandonne à la vengeance
de Neptune qui lui avoit promis d’exaucer trois de
fes voeux. Le jeune prince fortoit à peine de Trézene
monté fur fon char, qu’un monftre furieux paroît fur
le rivage; taureau énorme, dit Euripide, dont les
affreux mugiflemens font retentir tous les’lieux d’alentour
: les chevaux effrayés mordent leur frein 6c
ne connoiffent plus ni la main de leur maître ; ni les
rênes, ni le char: le malheureux Hippolyte eft ren-
verfé de fon char, 6c traîné à travers les rochers qui
lui brifent latête & déchirent fon corps : il devient ainfi
la vittime de l’amour de Phedre 6c de la crédulité de
! fon pere. Mais Diane rend enfin l’honneur à Tihno-
eent opprimé 6c détrompe fon infortuné pere. Voilà
le fujet de la tragédie d’Euripide qui a pour titre
Hippolyte. Il n’y a de fabuleux dans ce récit que l’intervention
des divinités 6c du monftre. (+ )
§ HIPPONE, Hippo-Diarrhytus, ( Géogr. ) L 'Itin.
d’Antonin l’appelle Hippo - Zàrrytho, 6c la Table de
Peut. Ipponte - Diurito. Pline dit qu’il y avoit trois
lacs qui forment deux golfes : les Grecs l’ont fur-
nommée Diarrhytum à caufe des eaux dont elle eft
arrofée : c’étoit lé fiege d’un évêque : dans le concile
de Carthage, ténu fous faint Cyprien, on trouve le
martyr Pierre, évêque de cette Hippone, qui appar-
tenoit aux Carthaginois, 6c que Strabon a mal-à-
propos confondue avec Hippone-la-royale : c’eft
aujourd’hui Biferte. (G.)
Hippone - la - royale , ( Géogr. ) ainfi appéllée
Hippo -réglas, parce qu?elle étoit dans le pays des
rois de Numidie : Procope dit que Bélifaire vint à
une forte place des Numides fituée au bord de la mer,
éloignée de dix journées de Carthage, 6c nommée
Hippone-lit- royale. On croit qu’elle étoit colonie
romaine ; mais elle tire fon plus grand luftre de faint
Auguftin fon évêque, l’une des plus grandes lumières
qui aient éclairé l’églife. C’eft préfentement la ville
de Bonne, prife par Charles V , en 1 5 5 5 : elle eft fituée
dans un terroir très - fertile en bleds, en fruits
exquis 6c en pâturages.
Près de Bonne eft le baftion de France, fort con-
fidérable oh les François ont une bonne garnifon :
ce pofte eft important pour favorifer le commerce
en Barbarie : on y pêche beaucoup de corail. Voycg
La Martiniere , Nicole de la Croix. ( G.)
HIPPOTHORE, ( Mujiq. des anc. ) Plutarque au
commencement de fes conjugalia pracepta, rapporte
qu’il y avoit un mode appellé hippothore, qui exci-
toit les étalons à couvrir les jumens. ( F .D .C .)
HIRONDELLE, f. f. hirondo, inis, ( terme de
Blafon. ) mèuble qui repréfente un petit oifeau noir
qui a quelques taches blanches, dont la vue eft très-
bonne.
Les hirondelles peuvent être de différens émaux
dans l’écu.
On prétend que fi les petits de Xhirondelle perdent
la vue, ce qui leur arrive quelquefois, la mere leur
frotte les yeux avec l’herbe nommée par les bota-
nifteschélidonium du latin chelidonia, 6c vulgairement
éclaire, 6c ils la recouvrent peu-après.
L’hirondelle eft par là le fymbole de la tendreffe
maternelle.
De Gironde de Monclara , en Guienne; d'or a
trois hirondelles de fable, deux affrontées en chef, Vautre
éployée en pointe. ( G. D . L. TV)
H1RSCHHOLM , ( Géogr. ) petite ville de Danemark,
dans l’île de Seeland» à quelques lieues au
nord - oueft de Copenhague, dans une très - belle fi-
tuation. Elle n’exiftoit pas avant l’an 1739,0c quoique
joliment bâtie 6c pourvue de plufieurs privilèges,
elle eft beaucoup moins remarquable par elle-même,
que par le magnifique palais qui la touche 6c dont
elle porte le nom. Le roi Chriftiern V I , jetta les fon-
demens de ce palais en 1737, fur les ruines d’une
ancienne fortereffe ; il en fit conftruire l’édifice avec
tout le bon goût 6c toute la fofidité de l’architeélure
moderne ; il en décora les environs avec tout l’art
poffible ; il en abandonna la jouiffance à la reine fon
époufe, & il y mourut le 6 août 1746. (D . G. )
HIRZBERG, ( Géogr. ) petite ville des états de
Cologne, dans le comté d’Arensberg, au duché de
"Weftphalie, en Allemagne ; elle eft au fommet d’un
mont, 6c décorée d’une maifon de chaffe à l’ùfage
des éle&'eurs, princes du pays. ( D . G. )
HIRZHOLMEN, ( Géogr. ) c’eft le nom de trois
petites îles du Danemarck, fituées dans le Catte-
gat, à un mille de Fladftrand au Nord Jutland: elles
font habitées de gens dont la pêche eft l’unique occupation,
6c qui finguliérement habiles 6c heureux dans
ce métier, fourniffent à-peu-près eux feuls 6c de
foies 6c d’autres poiffons pareils, la ville de Copenhague
& prefque tout le royaume. ( D . G. )
HISINGEN, ( Géogr. ) île'-de la Suede, dans la mer
du nord , fur les côtes de W eftrô-Gothie , entre Go-
thenbourg 6c Bahus : elle peut avoir trois milles de
longueur & un de largeur ; 6c elle eft le' fiege d’un
paftôrat de fept paroiffes. ( D . G. )
flITCHIN, ( Géogr. ) bonne ville d’Angleterre,
dans la belle province deHertford, au bord delà
forêt appellée Hitchin Wood. Ses marchés font renommés
dans tout le royaume par la quantité de froment
6c de dreche que l’on y débite. L’on dit aufîi beau-
Cdup de bien de fon école gratuite ; 6c les antiquaires
peuvent trouver plufieurs monumens curieux dans
fon églife, l’une des plus anciennes du pays. (Z). G.)
HITTEROE, (Géogr.) île de Norwege, fur les
côtes du gouvernement de Drontheim, dans le bailliage
de Fofen. Elle peut avoir dix milles.de circuit
: fes habitans ne vivent que de la pêchei
m m ■
HITZOOL, ( Géogr. ) montagne d’Iflande , au
quartier feptentrional de cette île. C’eft l’une des
trois qui, dès l’an 1725, ont commencé à jetter des
flammes comme l’Hekla. ( D . G. )
H O
HOCHSTET , ( Géogr. Hiß. ) bourg 6c château
de Bavière, près du Danube, entre Donavert 6c
Dillengen : le comte de Stirum , général des impériaux,
y fut défait, le 20 feptembre 1703 , parle
duc de Bavière, aidé des François. Mais le 13 août
1704, les alliés eurent leur revanche : le prince
Eugene 6c le duc de Malbouroug y remportèrent
une viftoire complette fur les Bavarois 6c les François
, commandés par les maréchaux de Tallard 6c
Marfin: Tallard perdit fon fils 6c la liberté. Cette
défaite eut des fuites terribles, & fit perdre à la
France plus de quatre-vingts lieues de pays. Les An-
glois ont donné à cette fameufe bataille le nom de
Blenheim, Adiffon , alors âgé de trente-trois ans, fut
prié, par le chancelierBoyle, de célébrer en vers
cette mémorable journée : fon poëme fît fa fortune ;
car il eft mort fecrétaire d’état en 17 19 , après avoir
époufé, en 17 16 , la comteffe de "Warwick.
Cet auteur a été élevé au premier pofte de l’état,
6c couronné d’une gloire immortelle, pour avoir
écrit quelques lignes en vers 6c en profe. De q u i,
dit l’ingénieux abbé Prévôt dans fon Pour & Contre
, faut-il prendre une plus grande idée , ou de M.
Adiffon, dont le mérite à paru digne de cette récom-
penfe, ou de ceux qui la lui ont décernée ? Pour
& Contre, vol. I l , 1733. ( G. )
HOECHSTATT, ( Géogr. ) ville de l’évêché de
Bamberg, dans le cercle de Franconie en Allemagne
: elle eft fur la riviere d’Aifch, & fe compte
pour l’une des donations pieufes de l’empereur
Henri I I , à l’églife de Bamberg : c’eft le chef-lieu
d’un bailliage. ( D . G. )
HOEFE, ( Géogr. ) ou Dinckhoefe gu Pfaffiken,
&c. diftritt de pays fur la côte méridionale du lac de
Zurich. Il appartenoit anciennement aux comtes de
Rapperfchwyl,&après eux auxcomtesdeHabfpourg
Laufenbourg. Les ducs d’Autriche Tachetèrent en
13 58. Le canton de Zurich acquit le militaire 6c la
jurifdiâion en 1391 ; mais dans la guerre des Suiffes
contre ce canton, celui-ci fut obligé de le céder â
celui de Schwitz, qui en eft encore en poffeflion , 6c
qui le fait gouverner par fon tréforier, landsfeckel-
meifter. En 1712 ce canton reftitua le village de
Hürden. Ce diftriél eft très-fertile en grains, en vin
6c en fruits : il y a auffi une belle carrière , dont on
fe fert pour bâtir des maifons , même à Zurich : il y
a auffi des moulins à fcie, des martinets. L’île d’Uf-
nau , qui fait partie de ce diftriâ, appartient à l’ab-
bayede Notre Dame des Hermites depuis le dixième
fiecle. (H .)
HCECKSCHEWAARD , ( Géogr.) île de la Hob
lande méridionale, à l’occident de celle de Voorn,
& à l’orient du Biesbofchrenfermant le Beyerland
6c le pays de Strÿen ,■ qui font deux cantons , dans le
premier defquels on trouve la ville de Beyerland ,
avec deux bailliages feigneuriaux ; '6c dans le fécond
les feigneuries de Maesdam 6c d’Anthoni Polder,
avec plufieurs villages. ( D . G. )
HOERDE, ( Géogr. ) ville d’Allemagne, dans la